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Bonsoir. Désolé du retard, j’ai eu une grosse journée.

 

 

Chapitre 31 : Une récompense bien méritée 5/6

 

Après dix jours d’une longue marche, le corps du Baron Aaron Tate arrive au château d’Ipen où il se mit déjà à récompenser les bataillons, avant même, pour certains, qu’ils n’aient le temps de s’installer, par opposition à celui de la Rose qui faisait partie des derniers. Tous en profitaient pour se reposer, à l’exception d’un seul soldat.

« Il faut que je progresse… »

Il se souvenait encore de bien d’autres techniques que celle de Pierce, utilisant ou non la lance.

« Je dois m’entraîner jusqu’à-ce que ça devienne instinctif. »

Depuis son retour, Roan n’avait eu de cesse de s’entraîner. C’était sa force, son endurance, sa rapidité et sa pratique qui progressaient aux yeux de tous. Ce n’était toutefois toujours pas assez pour lui. Il en rejetait la notion même de temps libre.

« Sans Pierce, rien de tout ça ne serait possible. C’est lui qui m’a appris à aiguiser mes sens… »

Car il n’était pas question de stagner, il devait continuer, usant de la plus grande discipline pour compenser d’éventuels manques de motivation face à la fatigue. Il s’entraînait dans un endroit isolé du camp et totalement désert, cinglant de sa lance le vent qui caressait ses cheveux.

Ses mouvements étaient incontestablement plus souples, et la corne qui s’était déjà formée sur ses mains lui permettait de s’entraîner plus de temps durant. Enfin, jusqu’à-ce que lui parvienne l’impression d’une présence.

Il s’arrêta et accueillit d’un sourire un homme à la constitution très robuste.

« Aspirant-Major Roan ! » le salua le Lieutenant Austin.

« Qu’y a-t-il ? »

« C’est notre tour. Vous allez enfin recevoir la récompense que vous méritez. »

« Ah bon ? » s’étonna Roan.

Les autres bataillons avaient d’ores et déjà été récompensés.

« Nous sommes arrivés depuis déjà quatre jours ? Hmm. Il faut que j’arrive à accéder à la librairie de Brent. » pensa-t-il.

En vérité, ceci ne constituait aucunement une difficulté. Certes, seuls les nobles pouvaient y accéder, mais aucun ne l’avait fait depuis bien longtemps. Dans son état, ce n’était plus qu’un grand nom.

« Euhm, Aspirant-Major Roan ? » dit soudain Austin pour récupérer son attention.

« Oui, allons-y. »

Les deux hommes rejoignirent alors la tente du commandement du bataillon de la Rose, où l’attendait déjà de pied ferme le Commandant Gale.

« Ah, te voilà enfin. Tu as dû attendre ça un moment, hein ? » lui dit-il avec un grand sourire.

« Non. » répondit Roan en s’inclinant.

« Bon, tu pourras demander ce que tu veux au Colonel. Dis-lui sincèrement ce que tu souhaites, il est là pour ça. Tu sais, je le connais bien. »

Ils se dirigèrent alors vers le château d’Ipen, sous les explications de Gale.

« Donc il est direct aussi… C’est bon à savoir. » pensa Roan.

C’était une information qui pourrait lui servir à l’avenir. Un soldat les salua et les invita à traverser la grande porte. Traversant la grand place, ils furent guidés par un autre soldat jusqu’à une pièce où étaient alignées des chaises de bois. La pièce avait un plafond assez haut, mettant en avant l’impressionnante table à laquelle était installé Aaron Tate, occupé à trier des documents.

« Commandant Gale, du bataillon de la Rose. » se présenta Gale en s’inclinant.

« Aspirant-Major Roan, du bataillon de la Rose. » fit à son tour Roan.

La petite audience leva alors les yeux des documents et prirent une mine intéressée.

« Ainsi donc, voici l’homme qui s’est le plus illustré durant cette campagne. » fit l’un des Majors-Chefs, qui même s’il s’occupait d’une tâche essentiellement administrative, était d’un grade supérieur à celui du Commandant Gale.

Les autres se demandaient s’ils ne devraient pas le recruter eux-mêmes, avant que le Commandant Richard ne le fasse. Roan ne prêta toutefois aucune attention à leur intérêt, plus intéressé par ses objectifs.

Rejoindre Brent, et partir pour Potter. Il n’était pour lui pas question de changer de bataillon, ou même de corps.

« Mendel, veuillez lire haut et fort les exploits accomplis par le soldat Roan. » dit soudain Aaron Tate.

« Je vais commencer du départ, lorsqu’il a découvert l’armée gobeline aux abords du gouffre d’Ale. » dit un Major-Chef.

Tous n’en connaissaient pas le contenu, aussi quelques exclamations commencèrent-elles à abonder, particulièrement lorsqu’on parla de la tactique d’inondation qu’il avait déployé. Seul le Baron Aaron Tate était resté de marbre. Il scrutait Roan.

« Il cache quelque chose… » pensa-t-il.

Il vint alors à ses côtés, pendant même la lecture. Il lui attrapa fermement le bras en le regardant droit dans les yeux.

« Qu’est-ce qu’il lui prend… ? » pensa Roan, en inclinant la tête.

Alors même qu’il venait d’achever cette pensée, il sentit une étrange sensation traverser son avant-bras. Quelque chose de froid.

« Du mana… »

Il reconnut immédiatement la sensation, qu’il avait déjà expérimenté grâce à Pierce. Aaron lui insufflait du mana pour découvrir si lui-même en possédait.

« Il me suspecte… »

Toutefois, Roan fit tout son possible pour se détendre. Il ne fallait surtout pas le pousser à se poser davantage de questions. Après quelques trente secondes, le Colonel lâcha son bras et eut un sourire assez singulier, qui ne laissait transparaître absolument aucune émotion.

« Si c’est pas le mana… Comment s’y est-il pris pour tuer Sedek ? De la chance, ou est-il si bon que ça ? »

Il avait du mal à y croire, mais une chose était certaine, Roan était un élément très puissant.

« Bon, s’il a eu de la chance, tant mieux. S’il est très doué, tant mieux aussi, on a toujours besoin de ça dans une armée. » trancha le Baron dans sa tête.

Il se mit à sourire tandis que fut faite l’annonce de la fin de lecture. Il le félicita.

« Incroyable ! »

« Vraiment, pas un seul point noir ! »

« Félicitations à vous ! » lança un dernier Major-Chef.

« J’ai eu beaucoup de chance jusqu’à présent. » répondit Roan avec humilité.

Ce n’était pas entièrement faux, mais Aaron Tate lui lança un regard quelque peu trop direct, avant de lui poser une question.

« Avec de tels exploits, il faut une récompense digne de ce nom. Que désirez-vous ? »

Le Commandant Gale adressa un regard évocateur à Roan, auquel il réagit en s’inclinant.

« Bien, je vous écoute alors. Vous êtes encore jeune… J’aime bien votre caractère. Dites-moi, je ferai mon possible. » reprit Aaron.

Roan prit une longue inspiration, et souriant, dit soudain : « J’aimerais obtenir l’accès à la librairie de Brent. »

Son visage se crispa tout à coup, en même temps que celui de ses suppléants. Rentrer dans ce lieu poussiéreux en guise de récompense ? C’était à se demander s’il n’avait pas perdu la tête, aussi le Colonel laissa-t-il un rire s’échapper.

« C’est tout ce que vous désirez ? »

« Oui. » répondit Roan en s’inclinant une nouvelle fois.

Le silence vint à nouveau s’effondrer sur l’audience. Tous se firent penseurs.

« Évidemment, ils ne comprennent pas… » pensa Roan en se retenant de sourire.

Lui-même n’y aurait sans doute jamais mis les pieds s’il ne suspectait d’y trouver quelque chose de bien particulier. Cependant, la requête de Roan signifiait une chose qu’un des Majors-Chefs, un peu plus âgé que les autres comme en témoignait sa calvitie, souleva.

« Vous désirez accéder à la librairie… Dites-moi… Vous savez lire ? »

L’audience prit une mine surprise.

« Mais bien sûr ! S’il a pu faire un truc pareil, il sait forcément lire ! » pensa Gale.

« Oui. Je sais lire et écrire. » répondit finalement Roan.

Aaron Tate éructa une onomatopée, en pensant qu’il était impressionnant de voir une telle qualité chez un jeune soldat.

Peu dans l’armée savaient lire, et encore moins écrire, tout du moins aucun soldat et seulement de rares Majors. Roan n’avait lui-même appris qu’à l’âge de trente ans, alors qu’il occupait le poste de Capitaine.

« Pour ça aussi, je devrais remercier Pierce… »

Il devait bien lire les nombreux courriers qu’il en recevait.

« Ah, si j’avais su lire plus tôt… Tout aurait été tellement plus simple. »

Or donc, dans cette vie, il avait bien conservé cette capacité.

« Il me le faut… » pensa, tout comme les autres, l’un des Majors-Chefs.

Leurs regards s’emplirent davantage encore de convoitise, chose que même le Commandant Gale remarqua. Se mordant les lèvres, il se dit qu’il devait le garder à tout prix à ses côtés.

« Pas question qu’on me le vole… »

Le regret l’emplit soudain, mais il n’était pas trop tard.

« J’aurais dû directement lui donner le titre de Major. Je vais bientôt le faire. C’est la seule solution. »

Le Colonel sortit soudain de sa réflexion.

« Si vous savez lire et écrire, la librairie de Brent, j’en suis certain, saura satisfaire votre intérêt. Elle est un peu en ruine, mais c’est l’une des plus riches du royaume de Rins. Cependant… J’aimerais vous suggérer une autre récompense. »

Il avait une expression un peu étrange. Il fit un signe derrière lui et bientôt arriva un soldat, avec une lance et deux sacs de cuir.

« J’ai acquis cette lance lors d’un voyage dans la capitale de Miller. Elle a été réalisée par l’un des plus grands forgerons du royaume. J’aimerais vous l’offrir, en plus de pièces d’argent. Qu’en dites-vous ? »

Sa voix douce fit hésiter Roan une seconde.

« Ce doit être une lance formidable, et il y a de quoi voir venir avec une telle somme de pièces… Mais… »

Finalement, la lance ne lui servirait à rien. Il avait encore en sa possession la lance de Travias, avec laquelle dès qu’il pourrait l’utiliser, il pourrait bien mieux gagner sa pécule. Non, la seule chose dont il avait réellement besoin, c’était d’accéder à cette librairie.

Il inclina la tête et se décida : « Non, je ne désire rien d’autre que la requête que je vous ai formulé. »

« Vous osez vous opposer à votre Colonel ?! » s’offusqua l’un des Majors-Chefs du nom de Mendel.

« Laissez faire. » répondit l’intéressé en agitant la main.

« Ce n’est pas assez pour lui… » pensa-t-il après coup.

« Bien, dans ce cas-là, je vous offre le grade de Major ainsi qu’une petite bâtisse aux abords du quartier général du bataillon de la Rose. » dit-il.

Le Colonel se demanda alors s’il allait encore insister pour qu’on accède à son unique désir. L’attente le secouait tant que ses lèvres effectuaient des mouvements involontaires.

« Il me teste, ou quoi ? » se demanda Roan.

Il fallait sans doute être plus direct, selon le conseil de Gale. Ce que Roan fit.

« J’ai eu bien assez de récompenses. Donnez plutôt la lance à un soldat méritant, et l’argent aux plus pauvres d’entre eux. Sans eux, je n’aurais jamais réussi à mettre en place la tactique d’inondation du cours Prely, grâce auquel nous avons pu sécuriser les plaines Pedian. »

« Je vois… » répondit Aaron, se faisant à nouveau penseur.

« Il a vraiment tout ce qu’il faut pour être Général… » pensa Gale.

Roan reprit : « La seule chose que je désire, c’est accéder à la librairie. Rien d’autre. »

« Si je comprends bien… Vous seriez prêt à rejeter mon offre de promotion, le droit de propriété sur la maison, la lance, et l’argent ? » s’étonna cette fois tout à fait le Colonel.

« Oui. » répondit Roan en abaissant la tête.

« Il faut normalement être noble pour y accéder. Mais j’accède à votre requête. »

Roan afficha tout à coup un très large sourire. Il avait réussi.

« Merci. »

Finalement, tout s’était déroulé comme il l’avait souhaité.

Nostra
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