IATM Chapitre 61
IATM Chapitre 63

Bonjour ! Voici le chapitre régulier du jeudi, on se retrouvera mardi pour le prochain. Enfin le prochain chapitre régulier en tous cas, parce que j’ai un bonus de prévu pour aujourd’hui. 😀 Il est possible qu’il sorte assez tard par contre, ayant pas mal de trucs à faire aujourd’hui. Alors je vous dis à plus tard pour le début du nouvel arc intitulé La guerre, toujours la guerre…

 

 

Chapitre 62 : Un nouveau départ 5/5

 

Bien sûr, le simple fait d’obtenir un badge militaire ne suffisait pas à devenir noble, il fallait en plus avoir accompli quelque exploit.

J’ai obtenu un badge… Et en plus, de la main de Benjamin Doyle… Notre relation était l’une des pires.

Malgré le sourire qu’il affichait, Roan était saisi d’un certain écœurement. Non seulement, dans sa précédente vie, avait-il ignoré sciemment chacun de ses accomplissements, il avait en plus été rétrogradé à plusieurs reprises. Ce n’était pas vraiment l’envie de le remercier qui l’agitait, mais plutôt celle de le frapper…

« C’est avec la bénédiction que je vous remets ce badge, Aspirant-Major Roan. » lui dit Ive Lever.

Roan s’approcha et s’inclina, comme le voulait l’usage.

« Alors c’est donc toi, Roan. » lui signifia Benjamin Doyle.

Il le regarda d’un air très intéressé.

La bataille du gouffre d’Ale, celle contre les monstres de la plaine Pédian, sans oublier celle de la forêt d’Int et plus récemment celle de Slen… Et que dire alors de l’utilisation de la rivière Prely. Tout ça pour un simple soldat de 18 ans… Tu es promis à un brillant avenir, Roan.

Justement, pour un homme aussi ambitieux que le Vicomte Doyle, il était aussi la promesse du sien.

Je vais convaincre le Baron Tate et tout le septième régiment de te laisser à mes côtés.

Il lui attacha alors le badge sur l’armure.

« Tu as accompli l’incroyable, Roan. Je te félicite. »

« Je vous remercie, Vicomte… »

Bien sûr, le contexte étant totalement différent, Roan n’avait trop de raisons de le craindre. Cependant, leur historique commun tuaient en lui tout désir de s’en rapprocher. Bien au contraire, il désirait plus que tout s’en éloigner, persuadé qu’il ne ferait que lui apporter des problèmes.

Ce type est taré… Il est aussi nul qu’il a sale caractère. Bon… Ça reste mon supérieur, il faut que je me maîtrise.

Le visage de Roan se détendit un peu tandis qu’il s’efforça de contenir son envie de l’épingler. Il paierait trop cher d’oser s’opposer au Régent des terres qu’il servait lui-même.

« Roan, tu es dès à présent promu au rang de Major. Au nom du royaume de Rins, merci pour tes efforts. »

Io Lancephil, Aaron Tate et le Commandant Gale le félicitèrent à leur tour, lui remettant au passage une lance d’excellente facture et de l’argent. Roan prit alors une grande inspiration pour tenter de contenir toutes les émotions qui l’assaillaient.

Comtes, Barons, Vicomtes et même toi, Gale… Je n’ai jamais pu que vous apercevoir dans ma vie précédente. C’est aujourd’hui vous qui m’applaudissez… On dirait que la voie m’est toute tracée, désormais.

Restait à déterminer où son chemin allait le mener. Noble, Général ou Roi… Une chose était sûre, il avait déjà réussi à ne pas mourir sans rien accomplir.

Maintenant, il va s’agir de continuer à avancer sans devenir arrogant.

Sa résolution prise, Benjamin Doyle s’adressa une nouvelle fois à lui, désireux de lui faire bonne impression à son tour.

« Major Roan, j’aimerais de surcroît ajouter une nouvelle récompense. Demande-moi ce que tu veux. »

L’audience, le Baron Lever comprit, se teinta de surprise, tout particulièrement chez Gale et Aaron Tate qui avaient déjà confronté le Vicomte Doyle. Roan, quant à lui, n’émit pas la même réserve que celle qu’il avait témoigné face à son Colonel. Il connaissait trop bien les vices du dénommé Benjamin Doyle pour refuser sa proposition. Ce serait comme tracer une croix sur son avenir.

« J’aimerais faire venir un soldat au sein de mon escouade. »

Benjamin eut un léger sourire.

Ce sera facilement fait, même s’il vient d’un autre régiment, tant qu’il sert les terres de l’est, je pourrai le faire venir. Parfait…

« Eh bien soit ! Qui est l’heureux élu ? »

« Le lancier Harrison, de la quinzième escouade du bataillon de l’Épine, septième régiment. »

Le génie de l’archerie était enfin à sa portée…

 


 

Au son d’un sifflement, une flèche vint percer une branche menue. Son tireur courut à travers la forêt la récupéra avant, se retournant d’un geste, d’en décocher une nouvelle qui perça une autre branche. Seuls les échos de sa course venaient ponctuer les sifflements ininterrompus.

 


 

« Mais il est où, ce con ! » cria le Sergent Hass, de la quinzième escouade.

Il avait déjà été vertement réprimandé par son Lieutenant le matin même, aussi de ne pouvoir mettre la main sur celui qu’il cherchait raviva-t-il sa colère.

« Hmm, je crois qu’il est parti dans la forêt de Polt. » répondit, hésitant, un soldat.

« Quoi, encore ?! Il commence à me faire chier avec ses flèches à la con ! Je vais lui en mettre des flèches, moi ! Bon… Malgré tout, il est plutôt doué. »

Hass fit légèrement grincer ses dents, s’apprêtant à se mettre en route, quand il vit un jeune homme s’avancer vers sa position, un arc long attaché dans le dos. Il le rejoignit aussitôt en courant et à son niveau, sans s’arrêter, leva le poing pour le frapper. Cependant, il manqua de l’atteindre.

« Tu oses m’éviter, en plus ! Je vais t’apprendre ! »

« Hass ! Qu’est-ce que vous foutez ! »

Le Major Pad, du bataillon de l’Épine, venait justement les trouver tous deux.

« Tu violentes encore les nouveaux, Sergent Hass ? »

« Non, ce n’est pas ça, Major… »

Il secoua la tête et se calma, l’air gêné.

« Harrison, c’est pour toi. » lui dit Pad en lui tendant un papier.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Un ordre de transfert. Ça émane de là-haut, le Commandant l’a signé lui-même. »

« Un ordre de transfert ? » se sidéra-t-il.

Hélas, Harrison ne savait pas lire.

« Hmm, où est-ce qu’on me déplace ? »

« Dans la douzième escouade du bataillon de la Rose. Tu restes dans le septième régiment. »

« Ah ! la Rose… »

L’inquiétude laissa place à la satisfaction. Il avait attendu ce moment…

« Prépare tes affaires et rejoins leur campement. »

« C’est compris ! » répondit-il tout sourire en s’inclinant.

Le Major Pad parti, le Sergent Hass vint le rejoindre, l’air mauvais.

« Regarde-toi un peu, petit con, tu vas nous faire un arrêt cardiaque. Tu n’as jamais aimé l’Épine, hein ?! »

« Ferme ton claque merde, tu veux ? »

La voix glaciale avec laquelle lui répondit Harrison le sidéra. C’était comme s’il n’était plus le même homme.

« Hass, tu n’es plus mon supérieur. Je te conseille de faire attention à la façon dont tu t’exprimes à moi. »

« Mais t’es taré, mon pauvre ? Tu veux que je te tue, c’est ça ?! »

 


 

« Ah, c’est bien. Tu as fait de très nets progrès. »

« C’est uniquement à vous que je le dois, Vicomte Baker. Je ne vous remercierai jamais assez. »

« Ah, arrête un peu. Je n’ai fait qu’améliorer quelques points. »

« C’était néanmoins très aimable de m’offrir votre soutien avant votre départ. »

Roan et Reil Baker se sourirent. C’est alors qu’arriva le chevalier Liam.

« Vicomte Baker, il est temps de partir ! »

« Ça va, je suis au courant, deux minutes ! »

S’il était noble sur le papier, les manières de Reil, capable de hurler sans se soucier du regard des autres, ne laissaient aucun doute sur sa personnalité assez marginale.

« J’aurais bien voulu rester un peu plus longtemps Roan, mais je ne peux pas rester éloigné de mon territoire très longtemps. Trop de paperasse et de choses à gérer… »

Même après l’obtention de son badge, Reil Baker était resté, tout comme le Comte Io Lancephil et le Vicomte Benjamin Doyle, dix jours encore aux côtés de Roan. Il était néanmoins bien forcé de rentrer, suite à la réception d’une lettre de son intendant Kevin qui l’avait particulièrement troublé.

Si le Vicomte Baker s’en va, les autres vont partir aussi. Aaron Tate lui-même repartira pour ses quartiers… J’imagine que le Commandant Gale sera ravi de ne plus avoir à subir la hiérarchie plus longtemps.

« Roan, avant que je parte, prends ça. »

« Un livre ? Qu’est-ce que c’est ? »

« Héhé. C’est une espèce de manuel de ma composition. J’y ai renseigné les différentes choses à ne pas faire, que ce soit en terme d’habitudes, de mauvais placements, et cetera. Je t’ai expliqué pourquoi je ne pouvais pas te prendre comme disciple, mais je veux quand même t’aider. »

L’ambiance se prêtait à un échange plus personnel entre les deux. Roan s’étonna un peu d’une telle attention, par delà ses exploits.

« Hmm… Reil, qu’est-ce qui te motive à prendre autant soin de moi ? »

« Je vais enseigner tout ce que je sais à Pierce. Si je fais confiance à notre jugement, je pense qu’il pourra même devenir plus fort que moi. Rien n’est plus flatteur pour un maître, mais… »

Son sourire semblait un peu vide, le regard perdu au loin.

« Mais ? »

« Quand il y a arrivera, il n’aura plus personne avec qui combattre. Ça n’a peut-être pas l’air comme ça, mais c’est une sensation assez désagréable. »

« Je comprends… »

Il se sent seul…

« Roan, je veux que tu deviennes encore plus puissant. Pas seulement pour toi, mais aussi pour Pierce, et peut-être même pour moi. J’ai écrit ce livre dans l’espoir de pouvoir le transmettre à quelqu’un, et j’espère qu’il pourra t’aider à t’accomplir vraiment. »

« Je vois ce que tu veux dire. »

« Alors garde ça en tête et si tu ne veux pas que Pierce te foute une raclée, continue de t’entraîner. »

« S’il n’est question que d’efforts, je n’ai aucune raison de m’en faire. »

« L’effort ne suffit pas, dit-il en lui prenant les mains, il va falloir que tu démontres ton talent. »

« Merci pour tout, Reil. »

« Ha ha. Bien, il va falloir que je parte. »

« Je t’accompagne. »

« Attends. Je veux que les gens comprennent. »

« Hmm ? » s’étonna Roan en voyant Reil venir à son niveau et lui placer le bras autour du cou.

Reil Baker ne répondit rien. Roan avait compris. Ils étaient amis.

 


 

« Venez donc me voir au château de Pavel, vous serez toujours bien reçus. » dit Io Lancephil.

« N’oubliez pas mes conseils, hein ?! » dit Reil Baker.

« Si vous le souhaitez, je peux déplacer votre place forte plus à l’est. » signifia à son tour Benjamin Doyle.

Les trois hommes ayant fait leurs adieux, il ne restait plus que ceux de Pierce.

« Major Roan… Si je dois être tout à fait honnête, l’idée de rester ici m’est plus agréable. »

« Pierce, ça va bien se… » s’interrompit Roan.

« Mais Roan, si je pars, c’est parce que je te fais confiance. Je vais travailler dur et revenir le plus rapidement possible. »

« J’attendrai ton retour. »

Ils se regardèrent un moment, jusqu’à ce que Roan remarque Reil lui-même l’attendait.

« Le Vicomte Baker t’attend, vas-y Pierce. »

« Bien… »

Les épaules légèrement tremblantes, Pierce commença à s’avancer vers Reil sans même pouvoir lever la tête. Pour chasser sa peine, Roan lui envoya une grande tape dans le dos. En vain. C’est finalement Reil Baker qui l’aida à se calmer.

« Allez mon vieux, ça va bien se passer ! »

Pierce monta à cheval et après quelques ultimes signes, laissèrent seul Roan.

Fais bon voyage, Pierce. De nombreuses choses auront changé à ton retour, et tu auras quantité de choses à faire…

Plus qu’une pierre angulaire dans ses projets, Pierce était quelqu’un de très important à ses yeux et à son cœur. Aaron Tate et Gale le quittèrent à leur tour, retournant à leurs bureaux.

Je ne les vois même plus avec la larme de Kalian…

Il soupira et s’apprêtait à effectuer un mouvement du regard pour en chasser l’effet, ses yeux étant encore sensibles après la joute l’ayant opposé à Reil Baker, quand il vit un homme de l’autre côtés des plaines avancer d’un pas rapide et léger.

« Ah ! » s’exclama-t-il.

C’était bel et bien lui. Il prit la décision de l’attendre, appuyé contre un pilier de soutien de la grand porte. Lorsqu’enfin l’homme arriva, c’est au son de son essoufflement qu’il le salua, fatigué par la route autant que son paquetage.

« Bon… Ah… Bonjour… Fiou… Oh ! Lancier Harrison du bataillon de l’Épine, j’ai reçu l’ordre de transfert… »

Il arrive au moment où Pierce s’en va… Étrange jeu du destin.

Roan lui adressa un sourire et lui tapa sur l’épaule. Il avait perdu un ami mais en retrouvait un autre.

« Tu tombes bien, Harrison. Je t’attendais. »

Nostra
Les derniers articles par Nostra (tout voir)
IATM Chapitre 61
IATM Chapitre 63

Related Posts

9 thoughts on “IATM Chapitre 62

Répondre à essitam Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com