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Chapitre 63 : La guerre, toujours la guerre… 1/7

 

Roan soupira longuement. Malgré les chaleurs de l’été encore bien présentes, c’était face à un poêle où brûlait un feu animé qu’il s’était installé.

C’est beaucoup plus facile que dans la caverne de la Reine Biate…

Satisfait de son entraînement de la technique de mana Flamdor du Monarque de Feu Reid, il se leva.

J’aurais bien aimé vivre aux côtés de mes camarades d’escouade plus longtemps, mais… C’était trop risqué.

Aaron Tate s’était arrangé pour lui trouver une maisonnée à proximité du quartier général du bataillon de la Rose, mais il avait finalement préféré s’installer dans un lieu plus reculé encore afin de pouvoir pratiquer en toute quiétude.

Déjà trois mois que Pierce est parti.

Depuis son départ, Roan ne s’était pas seulement employé à la technique de mana, mais aussi à la technique de combat de Reid, et surtout, point plus important encore, il était devenu Adjoint-Commandant du bataillon de la Rose, aux côtés du Major Kenny. Roan, qui avait durant ce temps déjà été promu au rang de Major Suprême, avait bien tenté de s’opposer à cette proposition, mais le Commandant Gale s’y était formellement opposé. Pour cause, il ne pouvait pas le laisser simple Major alors qu’il avait reçu un badge de reconnaisse du royaume… C’était cependant à la seule condition que Kenny obtienne le même grade qu’il avait fini par accepter.

Et maintenant, je vais pouvoir diriger les escouades de lanciers, d’archers et d’épéistes.

Il avait d’ailleurs tenté de former une escouade composée de soldats maîtrisant des disciplines diverses, mais s’était heurté à un mur. Leurs performances en combat et leurs capacités de coordination s’étaient en effet avérées bien en deçà de ses espérances. De son expérience, il en retint tout de même quelque chose de positif : il devait déléguer certaines des troupes afin d’optimiser la combativité de la Rose. C’est ainsi que le Major Kenny se retrouva à la tête des cavaliers, des défenseurs et des escouades d’élite.

Sur ces réflexions, Roan se saisit de la lance de Travias. Comme il l’avait déjà fait précédemment, il commença à y insuffler du mana. La lame lui apparut sans résistance même sonore, bien loin de ce qu’il avait jusqu’alors expérimenté, preuve ultime de ses progrès dans ce domaine. Rapprochant sa main traversée de doux picotements de la lame, il concentra le mana sur ce seul point. Si aucun changement ne s’opéra vis-à-vis de la lance de Travias elle-même, Roan se retint d’exploser de joie en voyant apparaître une lueur blanchâtre sur celle-ci.

Je suis enfin capable d’enduire une lame de mana… On dirait que je commence à progresser.

Après quoi, il se concentra afin de récupérer tout son mana tandis que la lance de Travias revint à sa forme naturelle, celle d’un court bâton de ferraille. La technique de Flamdor était bel et bien incroyable. Seuls les plus grands maîtres étaient capables d’enduire leurs armes de mana, là où il y était parvenu en seulement trois mois d’entraînement intensif. Il n’y avait, en vérité, rien de très étonnant à ce qu’il n’ait pas manifesté d’intérêt particulier à devenir le disciple de Reil Baker, ou plus exactement, qu’il en rejette jusqu’à l’idée. La technique du Monarque de Feu, l’homme le plus puissant de toute l’histoire, n’aurait su être comparée à celle du Vicomte Baker.

Je regrette un peu de n’avoir pu apprendre son art de la lance, mais je n’avais pas le choix. Je ne pourrai peut-être pas obtenir une technique aussi formidable que celle de Pierce en une seconde, mais…

Il avait en sa mémoire quantité d’attaques et de techniques, souvenir de ses nombreux combats. S’il se concentrait sur les meilleures attaques, il était certain de pouvoir en créer une véritablement de sa composition. Sans oublier qu’il avait celle de Reid. Si sa technique de mana était prodigieuse, celle au combat pur l’était tout autant, et si elle n’utilisait pas la lance, il pourrait bien s’en servir pour compenser le handicap de n’avoir pu devenir le disciple de son ami Reil Baker.

Par contre… Pourquoi est-ce que le mana est si pâle ?

Ce point l’inquiétait. Les rumeurs autant que les documents attestant de la vie du Monarque de Feu tombaient toutes d’accord quant au fait que son mana était animé par l’énergie de la flamme, et à ce titre teinté d’une couleur rouge.

Pourtant, c’est bien le feu qui l’anime… Après, ça semble être le seul problème. C’est peut-être à cause de la goutte d’argent ?

Peut-être l’essence de l’eau avait-elle en effet teinté son mana, mais il n’avait aucun moyen d’être sûr, d’autant plus qu’il n’était même pas certain qu’il eût bien s’agit de l’énergie de l’eau.

Il me faudra trouver les autres pièces du puzzle laissé par la Reine Biate.

Il observa une légère grimace. Il ne pouvait pas quitter ses campements pour aller vers le lac Posquin sans une bonne explication, la démarche était trop risquée.

Surtout qu’à bien y réfléchir, c’est plutôt un avantage. Les gens n’iront jamais suspecter qu’il s’agit de la technique de Reid.

Une guerre avait en effet explosé entre les royaumes de Rins et d’Estia à cause de cet héritage, mais s’il ne le révélait pas lui-même, personne n’aurait de raisons de suspecter qu’il le possédait. Il s’étira finalement et ouvrit la porte.

Rien de tel qu’un peu d’exercice pour mettre les idées au clair…

Il sentit l’air frais de la nuit lui caresser le visage. Il sortit malgré tout rejoindre en toute hâte la porte est. Il lui restait encore beaucoup à faire avant le lever du soleil, et ce n’était certainement pas l’obscurité qui allait le déranger grâce à la larme de Kalian. Aux abords de la porte toujours fermée en une heure si matinale, il partit s’isoler vers un lieu quelque peu reculé couvert d’arbres.

Ah, ce sera parfait ici.

Il serra les poings et fléchit un genou légèrement. La technique de pugilat de Reid… Il était temps de s’y employer. Il tapa au sol et se mit à frapper face à lui, alternant droite et gauche, avant d’envoyer divers coups de pieds et de frapper du plat de la main son adversaire invisible.

Je manque de temps, et il va pourtant me falloir bien plus de temps pour maîtriser les aspects plus complexes de cette méthode…

Si seulement les jours avaient pu être dix fois plus longs… Il fut forcé de se contenter de rogner sur son temps de sommeil, et dans la pénombre, continua à se déplacer comme un tigre.

 


 

Du côté des soldats, l’entraînement battait tout autant son plein, quel que soit leur discipline. L’Adjoint-Commandant Roan s’en assurait personnellement. Si la douzième escouade connaissait déjà la plupart des signaux, il leur en enseigna de nouveaux ainsi que de nouvelles méthodes de déploiement. En effet, les lanciers jouaient désormais sur l’entraide entre camarades, et il en allait de même pour les épéistes et les archers.

Le porte-drapeau agita deux drapeaux différents sur les côtés, et toutes les escouades se séparèrent en deux parties distinctes, les uns à gauche, les autres à droite. Satisfait, Roan lui fit signe de les faire se déplacer en même temps. Les soldats retournèrent aussitôt en position, comme s’ils avaient attendus ce signal.

Ils en sont encore à la base, mais ils s’adaptent plutôt bien à l’outil…

Selon son ordre, le porte-drapeau agita cette fois un seul drapeau de gauche à droite, décrivant un large mouvement. Les soldats se mirent à courir à toute allure dans la direction opposée… Le signal de la retraite avait été parfaitement assimilé.

« Adjoint-Commandant ! » lui cria un soldat qui venait tout juste d’arriver.

« Eh bien ? » répondit-il.

« Un homme vient d’arriver, il est venu pour vous voir. Il dit qu’il s’appelle Chris. »

Roan adressa un sourire au soldat. Enfin, il était arrivé au château de Beno. Laissant aux soldats l’autorisation de se reposer, il alla le trouver lui-même.

« Monsieur Chris ! Bonjour ! » lui lança-t-il à l’entrée du château.

« Ah, Major Ro… Enfin, Adjoint-Commandant Roan ! »

« Merci beaucoup d’avoir fait si longue route pour venir ici. »

« Ah, il n’y a vraiment pas de quoi. C’était prévu, non ? »

« Allons chez moi. »

« Bien ! »

Ils firent le chemin les séparant de la jolie maison en discutant des dernières nouvelles, de leur état de santé, et cetera. Ils s’installèrent et Roan s’amusa de voir que même là, Chris ne pouvait s’empêcher de tout scruter.

« Ah, ça en fait des livres ! Tu as eu le temps de tout lire ? »

C’était en effet un détail surprenant : s’il n’y avait qu’une table, quelques chaises et un lit, l’endroit était rempli de livres.

« Eh bien… Non, je n’ai pas eu le temps d’en lire même la moitié. » admit-il un peu gêné.

Il se contentait pour l’heure de continuer à les amasser alors même qu’il n’avait pas le temps nécessaire à lire autant qu’il l’eut souhaité. C’était dans l’espoir d’apprendre aux soldats à lire qu’il avait entamé cette démarche, c’était l’une des conditions nécessaires à obtenir une armée puissante. Un soldat intelligent en valait bien un plus fort…

« J’imagine que ma lettre a dû te surprendre ? »

« Pas tant que ça, à la vérité. J’avais déjà prévenu de venir te trouver. »

« Ah, bon ? »

« Oui. Tu te souviens des cinq marchants dont je t’avais parlé à Miller ? »

« Comment oublier ? »

« J’ai investi et surveillé un peu en chacun d’eux au cours de ces derniers mois. Lidia, qui est charpentière, et Eska qui est chef cuisinier, ont su en tirer partie et commencent à faire de très sérieux profits. Tio, spécialisé dans les voyages en calèche, et Nego qui réalise des prêts financiers ne s’en sortent pas si mal, mais il n’y a pas de quoi se relever la nuit non plus. Enfin, monsieur Ford possède une mine, mais… Bon, je vais être honnête, je pense qu’on a fait un mauvais pari sur lui. Il s’est déjà endetté. »

Roan hocha de la tête pour le rassurer face au sourire gêné qu’il exposait. Il se doutait bien que tous n’allaient pas réussir.

« D’après toi, tu penses qu’ils ont un bel avenir ? »

« Lidia et Eska, probablement. Pour les autres j’en suis moins certain, mais… Je pense qu’il serait stupide de s’arrêter sur cette première impression. » répondit Chris d’un air décidé.

Roan se leva et lui sortit un gros sac qu’il posa sur la table, dont il sortit trois bourses de cuir remplies de gemmes.

« Je fais confiance à ton jugement, Chris. Continue d’investir en eux. »

« Ce n’est pas la peine, j’ai déjà récupéré les profits de Lidia et d’Eska, une seule bourse suffira. »

Il s’opposa sans trop y penser à ce que lui proposait Roan, plus étonné par le sac posé sur la table. Ce n’était certainement pas quelque chose qu’un soldat standard pouvait espérer accumuler en même plusieurs années…

Au final, je ne sais rien sur lui… Je pourrais me renseigner mais… Non, je n’ai pas à le faire.

« Ça ne suffira pas, tu as d’autres choses à faire. »

« Comment ? »

« La première chose que vas devoir faire, c’est d’aller t’établir au château de Pavor. Tu y installeras ta nouvelle agence. »

« Au château de Pavor ? » s’étonna-t-il.

« Oui. »

Roan lui-même n’était pas revenu au château de Beno simplement par la satisfaction d’avoir obtenu les techniques du Monarque de Feu Reid. C’était un souvenir désagréable qui l’y avait contraint.

La guerre va bientôt exploser, et il ne s’agit pas cette fois de monstres, mais bien d’un royaume opposé à un autre.

Debout, il posa les deux mains sur la table et approcha son visage de celui de Chris. Le regard enflammé et la voix pleine de détermination, il lui donna un ordre.

« Rassemble tout ce que tu sais sur les terres de l’est. Tu n’as pas une seule seconde à perdre, il faut que tu bouges maintenant. »

Nostra
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12 thoughts on “IATM Chapitre 63

  1. Merci pour le chapitre et bon courage pour ton opération Lipton.

    Et merci à toi aussi Nostra pour le chapitre ^^

  2. Merci pour ton travail et ton sérieux. Merci Lipton pour le soutien apporté à Nostra et pour ton Pdf je jes récupère pour le jour où la série sera terminé et relire d’une traite.

  3. Merci à toi Nostra pour ce chapitre ! Et merci Lipton de le soutenir et courage pour ton opération, ça va bien se passer !

  4. « J’aurais bien aimé vivre plus longtemps aux côtés de mes camarades d’escouade plus longtemps, mais… »

    Quelque chose cloche dans cette phrase, je te laisse deviner 

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