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Chapitre 145 : Professeur Toppler 1/2

 

« C’est une abréviation des Yeux et des Oreilles du Sauveur. » lui répondit le journaliste.

« Ouais, mais ça me dit pas ce que c’est ? » reprit Woojin.

« Oui. Eh bien, nous sommes un groupement composé des journalistes que vous avez sauvé au Moyen-Orient. Notre mission est de vous suivre dans chacune de vos expéditions. »

Woojin haussa les sourcils, l’air dépité. Le journaliste ne s’en offusqua pas, et c’est tout au contraire l’air fier qu’il se saisit de sa chance.

« Si vous avez besoin de quoi que ce soit, nous ferons tout pour vous assister. Tout ce que vous avez à faire, c’est demander. »

« Hmm… »

Il eût été normal de percevoir ce groupe comme une menace pour sa vie privée. Tout au contraire, Woojin sembla intéressé par la perspective que lui offrait cette annonce. Il lui passa une main autour du cou et prit la pose devant les objectifs des caméras, s’affublant même d’un signe de la paix avec ses doigts, chose qu’il exécrait.

« Si je comprends bien, c’est une espèce de fan club ? » demanda-t-il à son interlocuteur privilégié.

« On peut voir ça comme ça, oui. »

« J’aurai besoin de vos services. »

« Nous avons une dette envers vous, Kang Woojin. »

Quelques photos supplémentaires furent prises avant qu’enfin, lui et Melody décollent. Le journaliste remonta dans sa voiture en toute hâte et se saisissant de son ordinateur portable, commença à rédiger un message à l’intention des membres de Y.O.S.

[Annonce importante à tous les membres : le Sauveur vient de nous confier une première mission. Il faut trouver et organiser un rendez-vous avec le professeur Toppler. Voyez les images jointes pour preuve de notre rencontre, c’est un véritable trésor !]

Déjà très ému, il devint plus euphorique encore en voyant pleuvoir toujours plus de réponses.

 


 

〈Vous avez pris un niveau.〉

Désormais de niveau 81, Woojin s’empressa de dépenser tous ses points d’attributs dans le contrôle.

« Je vous laisse finir. »

« Votre ordre est notre vie, Roi d’Alandal ! »

L’évacuation des civils avait été difficile et l’armée avait tardé à faire feu par crainte de les blesser, ce qui avait laissé place à une véritable catastrophe. Les dégâts dans Londres étaient tels que même la tour abritant Big Ben s’était effondrée.

« Tiens, j’en ai un… »

Tandis qu’il rangea le fragment dimensionnel dans son inventaire, il entendit soudain du bruit derrière lui. C’était le chef de la Fédération Britannique des Éveillés, le ministre Tom Clarkson.

« Ah, la description était plutôt fidèle… Les forces armées britanniques ont beaucoup de pertes à déclarer, mais sans votre intervention, c’eût sans doute été pire encore. Au nom de la couronne, merci, Kang Woojin. »

« Eh, ça nous arrange tous les deux. » lui répondit Woojin en souriant.

Il disait vrai. Il les avait aidés, certes, mais pas sans récolter lui-même d’intéressants gains. Il avait désormais en sa possession un total de six fragments dimensionnels, de quoi créer des sceaux dimensionnels ou acheter des donjons.

« Vous ne pensez pas si bien dire. J’aimerais vous proposer un marché concernant les trophées de guerre… »

« Pas la peine, je n’ai besoin de rien. Vous pouvez même garder les artéfacts. » le rassura Woojin.

Récupérer les pierres de sang lui aurait coûté un temps bien plus précieux que les gains qu’il aurait pu en tirer. Alandal était déjà riche à outrance, et ça ne risquait pas de changer de si tôt.

« Hmm… Nous vendriez-vous le cristal que vous venez de récupérer ? »

« Le fragment dimensionnel, vous voulez dire ? »

« Ah, c’est comme ça que ça s’appelle ? »

Woojin sortit alors l’étrange gemme à la lueur violette. Même un non-éveillé pouvait ressentir la puissante énergie qui s’en dégageait. On leur connaissait un lien aux seigneurs monstres, mais l’Angleterre, tout comme la Chine, le Japon, les États-Unis et l’Allemagne cherchaient à en apprendre davantage sur ces objets. Il lui fallait à tout prix.

« Ha ha. Eh bien, vous m’en offrez combien ? »

« Vous… Vous allez vraiment me la vendre ? »

« Disons que je suis prêt à écouter votre proposition. » répondit-il en hochant de la tête.

Tom Clarkson resta un moment silencieux, les yeux rivés sur la précieuse gemme. Il ne savait à la vérité même plus quoi dire.

« Eh bah mon vieux, on va pas y passer la journée ? »

« C’est que… Si ça ne dépendait que de moi, je vous aurais déjà signé un chèque. Accepteriez-vous de me suivre au Palais de Westminster ? »

Woojin fronça les sourcils. Il détestait plus que tout négocier, et il n’avait à sa disposition ni Jung Minchan, ni Woo Soonghoon.

« Bon, je vous la file contre un porte-avions. »

« Comment ? »

« Si vous ne voulez pas, alors on laisse tomber. »

« Non, mais, attendez. »

Son offre était aussi soudaine que troublante. Que pouvait bien représenter le coût d’un tel objet ?

« Nous pourrions négocier tout ça calmement, non ? »

« Je suis occupé. » répondit-il en lui agitant une main, d’un air de répondre par la négative.

« S’il vous plaît, monsieur Kang… »

C’était à se demander quels ordres il avait reçu du Parlement Britannique. Pourtant et même si Woojin était un fin négociateur, capable d’obtenir tout ce qu’il désirait, il jouait ici de magnanimité. Ou, plus exactement, n’avait-il même pas envie de s’en occuper.

« Bon, allez négocier à Alandal. Je vous la laisse pour le moment. »

« Mais ! »

Tom Clarkson écarquilla les yeux. Sa réaction ne pouvait signifier qu’une seule chose : il en avait d’autres en sa possession. Si l’Angleterre négociait bien, elle aurait peut-être même plusieurs de ces objets à sa disposition pour ses recherches.

« Bien, je vous remercie, monsieur Kang. C’est une formidable opportunité pour nous, sachez que nous en apprécions toute la mesure. »

« C’est bon, tu peux retourner à ton boulot. »

« Attendez, j’insiste, m’accompagneriez-vous au Palais ? Vous y êtes attendu… »

« Les gens n’ont qu’à se déplacer s’ils veulent me voir, je suis trop occupé pour ça. »

« C’est une invitation de la Reine… »

« Qu’est-ce que ça peut me faire ? »

Une telle réponse, aux oreilles d’un homme aussi soucieux de son devoir envers son pays et la couronne, le sidéra plus encore que sa tentative avortée de négociation. Woojin s’en amusa.

« Je peux pas sauver le monde et boire le thé. J’ai une autre visite qui m’attend. »

Tom le vit alors lui tourner le dos avant de s’éloigner.

Bon, ça ne dépend plus de moi…

Il n’avait pas l’autorité suffisante pour répondre à sa requête, seul le chef des armées et le premier ministre pouvaient en décider. Néanmoins, il partit en toute hâte vers le parlement, car il le savait, d’autres pays convoitaient ces fragments dimensionnels.

Lorsque Woojin s’aperçut de son départ, il ordonna à tous ses serviteurs de retourner dans son domaine tandis qu’il partit au galop vers une zone reculée.

« Ah, Monarque d’Alandal… Merci du travail que vous avez accompli. » lui dit Melody en le voyant arriver.

« T’es occupée ? » lui demanda-t-il directement.

Bien sûr, elle l’était. Un tel chaos avait nécessairement fait de très nombreux blessés, mais elle les abandonna pourtant à leur sort, dans une litanie de douleur. La volonté de Kang Woojin était trop importante pour être ignorée, il en allait du salut d’Alphène.

« Je comprends que c’est quelque chose d’important. Je vais vous accompagner. »

« Comme tu veux. On va aller rencontrer le professeur, elle fait quoi la journaliste ? »

« Elle est partie chercher son automobile. »

« Ah, pas con. »

Quelques deux minutes plus tard, il vit en effet arriver la dénommée Jonie, qui descendit de son 4*4 citadin, l’air un peu désolé.

« J’aurais aimé avoir mieux à vous offrir, mais ce sera notre véhicule… » lui signifia-t-elle.

« C’est rien, je suis pas vraiment habitué au luxe. »

On pouvait s’attendre à ce qu’il en eût été autrement du Roi d’Alandal, mais il passait tant de temps sur le champ de bataille qu’il vivait effectivement comme un miséreux. Il vint alors s’installer sur le siège passager avant. Le véhicule roula un moment après avoir quitté Londres, et ne s’arrêta finalement qu’au cœur d’une ville de toute évidence nouvellement formée, composée presque exclusivement de bâtiments de 4 étages.

« C’est quoi, cet endroit ? »

« C’est une ville qui a été construite après le Jour du Choc. Elle répond aux nouvelles normes de sécurité, d’où l’architecture un peu étrange. » lui répondit Jonie, confirmant ses doutes.

Qui disait métro disait donc manifestement Jour du Traumatisme… Si le nom pouvait selon les pays différer, la résultante restait toujours la même. Il n’était intéressant que pour les éveillés d’habiter aux abords des donjons, les autres faisaient tout pour s’en éloigner le plus possible.

« C’est ce bâtiment là, monsieur Kang. »

« Hmm, ça ne ressemble pas vraiment à un centre de recherche… »

« C’est normal, il a été détruit lors d’un incident il y a peu. Vous vous trouvez face à l’habitation du professeur Toppler. »

« Je vois… »

Ils partirent alors tous trois en direction de la porte d’entrée, où Jonie sonna. Ils entendirent une voix à partir de l’interphone.

« Qui est-ce ? »

Il en reconnut immédiatement le timbre. C’était bien celui du professeur qu’il avait découvert lors d’une conférence télévisée.

« Kang Woojin. »

« Ah ! Entrez. »

La porte s’ouvrit, révélant un bordel sans nom. C’était à se demander si le ménage avait jamais été effectué…

« Bien, merci Jonie, on va pouvoir continuer sans toi. » lui dit Woojin, s’apprêtant à entrer.

« Je… »

« Tu quoi ? Ben parle. »

« Je… Est-ce que je peux faire une photo avec vous ? »

« Ha ha. Vas-y. »

Elle éclata de rire et, un peu gênée, sortit son téléphone en se plaçant à ses côtés. Woojin vit alors Melody toute seule, ne sachant trop quoi faire d’elle-même.

« Viens. » lui dit-il en lui souriant.

« Là, comme ça… Hop ! Attendez, j’en refais une au cas où. Voilà. Merci ! » s’écria Jonie.

« Pas de quoi. Je te rappelle. »

« Vous devriez peut-être vous créer un compte sur Senbook, ce serait plus simple pour contacter le Y.O.S. »

« J’y penserai. »

« Merci ! »

Elle va pas arrêter de me remercier ? J’ai l’impression d’être sur Alphène, avec tous ces connards trop obséquieux de crainte d’en ramasser une…

« Allez, Melody, on y va. »

Ils entrèrent, prenant grand soin de ne pas effondrer les montagnes de déchets en tous genres, et ne voyant personne dans le salon, se dirigèrent vers la cuisine. C’est alors qu’ils le virent, occupé à faire chauffer de l’eau.

« Installez-vous. » leur dit-il.

« Ah, vous parlez bien coréen, professeur Toppler. »

L’eau venant à bouillir, il sortit trois tasses qu’il eut tôt fait de remplir de thé.

« Sainte vierge, vous pouvez aussi vous asseoir. »

Melody sentit un frisson la traverser et se tourna immédiatement vers Woojin. Celui-ci se jeta tout à coup à sa rencontre, révélant une lame qu’il appuya contre sa nuque.

« Comment connais-tu la langue d’Alphène ?! » lui hurla-t-il dans la langue qu’il se surprenait sans cesse d’entendre.

« Je l’ai apprise… »

La réponse, bien évidemment, ne le satisfit pas. On n’apprenait pas l’alphénien comme on aurait appris l’allemand.

« Tu es seigneur dimensionnel ?! »

« Non. »

« Alors qu’est-ce que t’es, putain ? Je commence à sérieusement m’impatienter, Toppler. »

« Vous pouvez parler en coréen, hein… »

Woojin le regarda droit dans les yeux un long moment, durant lequel pas un seul instant le regard du professeur ne flancha.

Mes menaces ne servent à rien…

Woojin le lâcha et, reculant légèrement, transforma la dague en lance. Dire que l’atmosphère était tendue ne constituait qu’un euphémisme.

« T’es quoi, à la fin ?! »

Non content de parler coréen aussi bien qu’un natif, il s’exprimait dans un alphénien parfait que même certains seigneurs auraient pu lui envier. Cependant, ce n’était pas sa maîtrise de ces langues qui l’avait fait réagir ainsi. Melody elle-même avait dès le départ réalisé qu’il y avait autre chose.

« Tu n’as pas d’âme… »

Qu’elle soit aussi blanche et pure que celle de Jiwon ou au contraire d’un noir difficilement perceptible, toute créature vivante en possédait une, furent-ils de simples insectes. La personne qui se tenait face à lui était anormale. Il sentit une grosse goutte de sueur lui perler le front.

« Hahaha ! Ne soyez pas tant que la défensive. Mes buts sont les mêmes que les vôtres, très cher Kang Woojin. »

« Je t’ai posé une question ! » lui cria-t-il en dressant sa lance de façon plus menaçante encore.

« Je suis un être humain, tout comme vous. Je viens simplement d’une autre dimension… »

Même s’il venait d’Alphène, quelque chose clochait chez ce fameux professeur. Woojin le percevait comme une terrible menace.

« Vous pouvez me tuer si ça vous chante, mais vous êtes venus tous les deux pour me poser des questions, non ? »

Woojin lâcha un léger râle. Il en savait en effet bien plus qu’il l’avait prétendu à la télévision. Les masques étaient désormais tombés, aussi Woojin se rassit-il calmement, allant jusqu’à ranger son arme dans son inventaire. Au moindre écart, il n’avait qu’à le tuer.

« Dis-moi tout ce que tu sais. » lui ordonna-t-il, l’air furieux.

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13 thoughts on “SSN Chapitre 145

  1. Merci pour le chapitre, aaaaaaaaaa c’est qui ce professeur ??Qql capable de forcé Kang Wojin a s’incliner O.O

  2. Merci pour ce chapitre ! Par contre, je suis désolée, mais il n’existe pas de verbe confuser autre part que sur internet. Il n’est pas admis pas l’Académie Française.

    1. Hélas, ce que pense l’académie je m’en fous pas mal. D’autre part, d’après le très complet CNRTL, organisme rattaché au CNRS, le mot y est depuis 1696. J’t’invite à regarder cette page :
      http://www.cnrtl.fr/definition/confusionnant

      Ceci étant dit, c’est vrai que ce mot est atrocement laid. Conséquence de quoi, je l’ai remplacé par troublant, qui l’est quand même vachement moins (troublant). Merci de ton retour !

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