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Gruïk. Deuxième chapitre régulier de la semaine (plus un bonus pour me faire pardonner…), sachez que les publications auront désormais lieu le mardi, jeudi et samedi. Bonne lecture !

Chapitre 0003 – Cang Le

Des souvenirs de la ville de Cang Le parvenaient à Ning Cheng, mais il allait seulement en fouler le pavé pour la première fois. Il avait l’impression que malgré sa prospérité apparente, elle était très marquée par le temps. La ville lui évoquait ces vieilles femmes de notables impeccablement vêtues et aux parfums délicats, mais dont les rides et la démarche peu assurée ne pouvaient mentir sur leur âge.

Ses rues, très spacieuses, s’entrecroisaient comme dans une toile d’araignée. Des deux côtés de la rue où il se trouvait, Ning Cheng put voir de nombreux commerces, d’aucuns vendaient des produits dont il n’avait jamais entendu parler et encore moins vus. La plupart vendaient des matériaux et fourrures de bêtes, des herbes spirituelles de faible niveau et quelques armes. D’autres encore s’adressaient à une clientèle plus aisée, proposant artéfacts et élixirs médicinaux. Il y avait en outre de très nombreux restaurants, magasins de vêtements et des bordels.

La ville était constituée de toutes sortes de bâtiments d’influences variées, comptant même un château construit selon le modèle occidental, ce qui donnait à Cang Le un style très hétéroclite difficile à décrire.

Ning Cheng s’arrêta près d’un vendeur d’armes. Il y vu un long couteau assez inusuel, vendu au prix d’une pièce d’or, ce qui équivalait à cent pièces d’argent. Or donc, la somme que lui avait remis Ji Luo Fei n’était-elle que de cinquante pièces d’argent… il n’aurait pas fait grand chose d’une moitié de lame.

Il ne s’arrêta même pas aux antiquaires et aux herboristes, bien conscients que ceux-ci devaient rarement faire leurs transactions même en pièces d’or, y préférant les Pierres de Collecte de Chi, qui représentent l’équivalent de cent pièces d’or. Même dans son ancienne famille, cela réprésentait pour Ning Cheng un luxe.

Il y avait quelques chasseurs, en armes, au milieu de la foule. Ils puaient le sang, laissant clairement apparaître le genre de vie qu’ils pouvaient mener, où les risques s’évaluent en pièces. Malgré leur aspect bourru, ceux-ci étaient appréciés du peuple de par leur propension à dépenser beaucoup sans jamais négocier. N’ayant, à l’exception de ceux à même de cultiver le chi, qu’un confort de vie très sommaire, la plupart étaient souvent ivres et ils dilapidaient tous leurs profits dans le bordel le plus proche.

Ning Cheng vaguait dans ces rues florissantes quand il fut sorti de sa rêverie par un cri perçant. Une bête à corne montée par un jeune homme vêtu de blanc fonçait comme un éclair, et les gens s’écartèrent de chaque côté de la rue pour ne pas se faire écraser par cette masse blanche. Ning Cheng, qui avait presque totalement récupéré, n’eut aucun mal à réagir instantanément.

C’est alors qu’il vit un petit garçon paniqué, figé au milieu de la rue. Ning Cheng l’attrapa par derrière et courut se réfugier à l’angle de la rue quand la bête lui parvint, et ses yeux se mirent à pleurer à cause de l’effet venturi. Il soupira de soulagement. La monture folle ne semblait pas sauvage, et il pensa plutôt que son cavalier en avait perdu le contrôle. C’est alors qu’elle s’arrêta brusquement puis se retourna pour parvenir jusqu’à lui.

« Vous venez de ruiner mon amusement… vous allez mourir ! »
.Ning Cheng voulut s’échapper, mais il ne pouvait éviter le fouet s’apprêtant à le cingler, une force invisible l’ayant soudainement paralysé. Il était abattu. Mais avant même d’avoir eu le temps de le réaliser, une autre force le souleva dans les airs.

Quelqu’un venait de le sauver. Il réalisa alors que cette échappée folle n’avait rien d’involontaire. Pour son amusement, le cavalier aurait donc été jusqu’à écraser des gens. Sauver ce jeune garçon constituait donc un affront… Ce n’était pas la terre. C’était donc normal de péter les plombs comme ça en pleine journée, et mort à celui qui oserait se comporter de façon raisonnable.

Malgré l’acte héroïque de Ning Cheng et ce qui s’en suivit, l’homme à la robe blanche se calma aussitôt en le voyant ainsi secouru. Le ton bien plus aimable,, il dit alors « Oh, Su Jie, euh, c’est juste un marginal… » tout en descendant de sa monture.

« Xian Yuan Kui… nous ne nous entendons pas particulièrement, mais sache que mon sauvetage n’a rien à voir avec toi. » répondit une voix claire et incisive. Ning Cheng vit alors une femme à l’apparence froide, vêtue d’une robe rose très gracieuse.

Ning Cheng ne savait plus trop quoi faire. Il reconnaissait celle à qui il aurait dû exprimer sa gratitude. Son nom n’était autre que Jian Su Jie. Il est plutôt sain d’affirmer qu’on pouvait la considérer comme une ennemie du clan, et de la famille.
Toutefois, Ning Cheng ne parvint pas à se remémorer comment ni à quel point son prédécesseur avait bien pu lui manquer de respect. La seule chose dont il se souvint, c’est qu’à la vérité, Ning Cheng l’aimait beaucoup. Mais deux mondes les séparaient, et quelles que fussent les circonstances, il était inimaginable qu’ils puissent finir acoquinés.

Accessoirement, en comparaison à Jian Su Jie, l’ancien Ning Cheng n’avait jamais bien été qu’un idiot et il était désormais impossible de réparer les pots cassés. En ce monde, était-il si étonnant qu’il fut jeté en prison et torturé pour avoir osé l’approcher, même s’il n’avait rien dit de particulièrement scabreux ?

Le cavalier, répondant au nom de Xian Yuan Kui porta alors son attention vers Ning Cheng, sentant son calme le quitter. « Eh, toi, tu ne serais pas Ning Cheng ? T’es pas crevé ? Sœur Jian, ce type… » . Conscient de l’avoir froissée en l’appelant Su Jie plus tôt, il y mit cette fois les formes. Mais elle l’interrompit une nouvelle fois et lui lança : « Ne t’en occupe pas, et ne fais plus de rodéo dans des rues bondées. », Elle se tourna alors vers Ning Cheng, puis d’un regard et d’une voix froide lui annonça qu’à sa place, elle se cacherait sous terre.

Il eut un léger frisson, et sans trop prêter attention à qui que ce soit, reprit sa route dans l’autre sens.

« Celui-là, il ne sait vraiment pas apprécier un service… » dit alors Xian Yuan Kui en le voyant ainsi s’effacer en ignorant Jian Su Jie, y laissant cette fois tout à fait son tempérament, allant jusqu’à l’insulter de tous les noms.
Jian Su Jie était habituée à le voir essayer d’obtenir ses faveurs, mais cette fois, il ne lui avait pas prêté la moindre attention. Elle fronça les sourcils. Estimant avoir du reste fini ses affaires, elle partit.

Ning Cheng était profondément secoué. Il commençait à se demander comment il allait bien pouvoir faire pour mener sa vie. Il ne savait même pas récolter de chi, sa cause semblait sans espoir. Il n’avait plus la force de continuer ses emplettes. Il voulait s’y mettre. Il apprendrait bien à en récolter, sa vie en dépendait.

« Papa, c’est lui qui m’a sauvé ! » dit une petite voix à son côté. Étant donné les évènements qui venaient de se produire, Ning Cheng avait oublié jusqu’à l’existence de ce garçon, et était loin d’espérer qu’il allait se souvenir de lui. Il traîna son père jusqu’à lui, un homme d’âge moyen aux nombreuses cicatrices. Escomptant quelque remerciement, il s’arrêta. Quelle ne fut pas sa surprise en constatant son regard se figer de torpeur ! L’homme s’inclina alors jusqu’au sol et lui dit : « Jeune maître Ning, je suis désolé que mon fils vous ait importuné, nous vous laissons tranquille… ». Tout en attrapant le bras de son fils, il s’éloigna et disparut en toute hâte dans la foule.

Ning Cheng se porta la main au visage, secoua la tête comme pour se rappeler, mais il ne connaissait pas cet homme. Il semblait pourtant évident qu’il le craignait. Mais il laissa ces billevesées de côté et se recentra sur la seule chose qui le préoccupait : le chi. S’il ne pouvait en récolter, il devrait essayer autre chose. Ou quitter cette province. Peu importe. Il devait trouver quelque chose s’il souhaitait rester en vie.

Nostra
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