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Si j’avais la possibilité de revenir dans le passé, je deviendrais riche à outrance. Roan, quant à lui, est un homme simple qui préfère caresser des arbres.

 

 

Chapitre 14 : la lance de Travias 5/5

 

Les rôles s’étaient inversés : les gens avaient été libérés et les esclavagistes attachés. La perte d’un de leurs chefs après une telle embuscade les avaient fait abdiquer rapidement.

Dosen jeta un rapide coup d’œil aux bandits et s’adressa à ses hommes : « Tous les escadrons sauf le cinquième, vous venez avec moi. On va livrer ces ordures au village de Bason. »

Après s’être assuré du soutien des différents capitaines, il annonça au chef de la cinquième escouade de cavaliers, le Capitaine Ched, qu’il serait chargé d’escorter les villageois jusqu’au village de Trum.

Toutefois, avant même que les villageois aient eu le temps de s’y opposer en raison de la fatigue manifeste sur leurs visages…

« Je ne sais pas où se trouve ce village. » répondit Ched avec l’air gêné.

« Vous n’avez qu’à demander votre chemin aux… » commença Dosen avant de s’interrompre.

« Oh, et puis merde. »

« Roan, tu prends la suite des opérations. Accompagne-les. » continua-t-il en se dirigeant vers Roan qui était occupé à soigner les blessures qu’arboraient certains villageois.

« Compris. » répondit Roan en s’inclinant, tentant de masquer son sourire.

« La lance sera mienne. Enfin, ça n’aurait rien changé.” pensa-t-il.

S’il avait dû partir avec Dosen, il aurait toutefois dû attendre dix-sept ans avant de la récupérer à nouveau.

Le Major s’assura une dernière fois que ses ordres avaient été bien compris, et partit en route vers Bason, accompagné de quatre escadrons et d’une multitude de bandits enchaînés.

« Roan, à toi l’honneur. » lui dit alors Ched.

Roan commença à se mettre en marche, cette fois à pieds. Les autres soldats suivirent son exemple et offrirent leurs chevaux aux villageois les plus faibles le temps de parvenir jusqu’à Trum.

Ils marchèrent ainsi un moment et sortirent de la forêt. Aux abords d’une colline, ils virent un petit village.

Roan se tourna alors vers Ched et lui annonça qu’ils étaient arrivés.

« C’est plus petit que ce que je pensais… » répondit Ched avec un air surpris.

« C’est bien pour ça que personne ne se doute que la lance de Travias s’y trouve… » pensa Roan avec un sourire narquois.

En arrivant aux portes du village, des hommes s’avancèrent vers eux en leur demandant d’une voix autoritaire : « Qui va là ? »

Malgré tout, l’homme qui s’était exprimé eut soudainement l’air gêné en voyant qu’il s’agissait de soldats.

« Nous sommes la cinquième escouade des cavaliers du bataillon de la Rose. Je suis Ched, le Capitaine. »

Face aux mines pour de bon sidérées, il expliqua les récents événements. Les visages se firent alors plus souriants et c’est avec une joie visible que ces hommes guidèrent les soldats dans le village.

« On va vous préparer un repas ! » s’exclama le chef du village en faisant des signes de main à des femmes jusqu’à présent occupées à regarder.

Il continua : « Comment vous remercier ? Vous avez fait tellement pour nous… »

Les villageois abondèrent en son sens en exprimant eux aussi leurs remerciements aux soldats.

Ched secoua la main et leur répondit qu’ils avaient simplement fait leur travail.

Pendant ce temps, Roan discuta un moment avec les parents de Lia, celle qui était venue les trouver au campement.

« Vous dites que c’est grâce à elle si nous sommes libres ? » s’étonna le père.

« Oui. Elle a été demander à notre Commandant de sauver les villageois. On peut dire que c’est une fille intelligente… Son courage nous a tous inspirés. » continua Roan.

Les deux parents fondirent en larmes, emplis de bonheur. Cet échange fut alors interrompu par la voix de Ched :

« Pose-toi une heure, puis rejoins les rangs. »

Roan s’approcha alors de lui et d’une voix faible lui demanda : « Je n’ai pas eu l’occasion de revenir ici depuis bien longtemps. Je peux me balader un peu autour du village ? »

Ched hocha de la tête et répondit : « Vraiment ? Oui, évidemment. Tu nous rejoindras après. »

Après de tels exploits, il eut été plus que malvenu de l’en priver. Roan s’inclina pour le remercier.

« Il connaît le coin. Évidemment. C’est pour ça qu’il a sû nous guider. » pensa Ched en le regardant s’éloigner.

« Ce genre de petits villages ne change jamais. Admirable. » s’abandonna à penser Roan.

Il avait découvert Trum dix-sept ans plus tard, dont l’aspect et l’organisation ne semblaient pas avoir changé le moins du monde.

Prétextant profiter de la vue, il se dirigea vers la barricade située au nord du village pour parvenir hors de ses limites à un grand arbre. Son tronc était aussi épais que celui d’un chêne bicentenaire, mais nettement plus haut. Chaque souffle du vent en faisait bruisser les feuilles et les longues branches comme une chatouille dans l’oreille. C’était un sentiment bien étrange que ressentait Roan.

Il plaça une main sur son écorce dont il put apprécier chaque rugosité tout en faisant le tour de celui-ci. Il sentit soudain une petite bosse.

« Elle est là. »

Roan eut un regard illuminé. Il s’approcha de l’arbre et commença à manipuler les abords de cette aspérité. Soudain, un morceau de bois long comme un bras tomba au sol, laissant apparaître une cavité dans l’arbre. Roan y plaça une main et sentit quelque chose.

« Je l’ai ! »

Roan s’en saisit alors et remit rapidement en place la pièce de bois. L’arbre fit un étrange bruit et toute trace de son forfait disparut aussitôt. Après quoi, il jeta un coup d’œil aux alentours et s’assit pour mieux admirer ce qu’il avait récupéré. C’était un manche éclaté ceint d’une pointe de lance rougeâtre, sans doute en raison de l’oxydation. Sa couleur d’origine devait plutôt être noire si on en croyait les légendes circulant sur la lance de Travias qui aurait été façonnée dans une écaille métallique de dragon magique, aussi appelée Dionium.

Il se mit à tirer très fort sur le manche de sa main droite en retenant la garde de la lance de la gauche. Le bruit d’un frottement métallique se fit entendre et Roan tira encore plus fort, laissant apparaître ses veines temporales à mesure que son visage devenait de plus en plus rouge.

Enfin, il parvint au résultat qu’il espérait. Enfin, presque…

La lance s’était allongée d’un seul coup et la pointe se révéla être une lame, tandis que le manche s’était lui développé en longueur tout en laissant apparaître de nombreuses pointes sur une partie de sa longueur. Peu importe la façon dont on regardait l’objet, ça ne ressemblait plus du tout à une lance. Elle semblait comme armée d’un mécanisme de défense.

« J’avais oublié ce détail… Elle ne sert absolument à rien sans Mana. »

Il eut un air mauvais. La lance de Travias ne se montrait dans toute sa splendeur qu’à condition que son porteur puisse y insuffler de la Mana. Roan s’affaira alors à inverser le processus et y parvenant, la plaça le long de son pantalon. Il se leva.

« Tu paies rien pour attendre… » pensa-t-il en souriant. Il regardait en direction du sud.

« Potter… Ma vie va pour de bon changer là-bas. »

Cependant, l’heure n’était pas encore venue. Il devait pour l’heure continuer à travailler sa condition physique en combattant les monstres des plaines Pedian.

« On verra ça cet été. Je me souviens encore de ce combat… »

Il comptait bien profiter de l’occasion pour devenir, à tout le moins, Capitaine. Il n’y avait rien de tel qu’une guerre pour espérer une promotion.

« Étape par étape, je vais y arriver. »

Il n’était plus question de faire les mauvais choix. Il ne connaissait que trop bien les conséquences de ceux-ci. Une pensée vint toutefois troubler sa réflexion apaisée…

« C’était donc ça ! Il était là aussi ! »

Nostra
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