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Chapitre 384 – Une région où la compassion est superflue

Xiao Yan jeta un regard vers la plaine interminable, et ne trouva qu’un noir monotone à perte de vue. Ajouté à ça le fond sombre du ciel couvert, et le tableau dégageait une ambiance qui rendait nerveux. Pas étonnant que cet endroit étrange ait donné naissance à un chaos pareil.

Une ombre bondit tout à coup depuis l’horizon sur la plaine silencieuse ; elle était extrêmement rapide, au point de sembler se téléporter en apparaissant et disparaissant… Cela étant, à chaque fois qu’elle touchait le sol du pied, elle produisait un bruit étouffé semblable à un coup de tonnerre, qui créait une ondulation s’étendant sur la plaine avant de disparaître au loin…

Alors qu’elle courait aussi vite que possible, elle leva soudainement la tête et révéla un beau visage délicat. C’était le jeune alchimiste, qui avait déjà parcouru des milliers de kilomètres. À ce moment, il observait la plaine les yeux plissés, et murmura : « Cet endroit est me donne l’impression d’étouffer un peu mais cela étant, pourquoi n’ai-je encore croisé personne après avoir parcouru la plaine aussi longtemps ? »

« Continue d’avancer en suivant la même direction. Je pense que Hai Bodong n’est probablement jamais venu ici, et c’est pourquoi la carte qu’il t’a remise ne donne pas la route exacte à suivre à travers les grandes plaines du Territoire Sinistre. Il ne nous reste plus qu’à trouver une petite ville où acheter une carte correcte. » dit Yao Lao d’un air hésitant. Il ne connaissait pas non plus cette région, et ses seules connaissances à son sujet consistaient en des rumeurs qu’il avait pu entendre.

« En. » Le jeune homme opina du chef d’un air désarmé, et il ne put que rentrer la tête entre les épaules et se hâter avec amertume.

« J’y pense, petit bonhomme, laisse-moi te rappeler une chose : évite de te montrer trop compatissant dans cette région où ce sentiment ne vaut rien. Ça ne t’attirera que des problèmes…  » lui rappela brusquement son vieux maître. « Le mieux à faire serait encore de faire un exemple d’un imbécile pour effrayer les choses. »

L’adolescent sourit légèrement et dit : « Je ne suis pas un saint plein d’empathie, et ce n’est pas mon genre que d’aller à la rescousse de tous ceux qui souffrent. Je ne pense qu’à devenir plus fort pour pouvoir protéger ceux auxquels je tiens. Je ne suis en position de me soucier des autres, pas plus que je n’en ai envie. »

Le vieillard sourit en entendant sa réponse : « C’est là la meilleure attitude à avoir dans ce Territoire Sinistre si tu veux survivre ! » Il soupira de soulagement, car il ne voulait pas non plus que son disciple s’avère être un tel saint. C’était généralement le genre de personnes à mourir assez rapidement…

Il préférait encore voir son disciple devenir mauvais et vicieux, capable de tout pour protéger les siens.

Le Da Dou Shi soupira. Il continua sa course folle, la tête baissée et après une demie-heure de course, il vit un point noir à l’horizon. Tandis qu’il s’en approcha, ce point noir grossit peu à peu, et il parvint à différencier diverses tentes blanches. C’était en fait un petit camp tribal.

Il soupira de soulagement en entendant les faibles bruits qui lui en parvenaient. Il pressa doucement le sol du pied, et se changea en ombre noire qui fila dans cette direction.

Après deux à trois minutes de courses, il arriva enfin devant le camp et ralentit peu à peu pour apparaître à son entrée en marchant lentement.

À présent qu’il en était près, Il balaya les tentes du regard et s’aperçut qu’il n’était pas si petit que ça. Il y avait près d’une centaine de tentes de tailles diverses placées les unes après les autres. D’après le bruit qui en parvenait du camp, il devait contenir une bonne population.

Xiao Yan s’approcha de l’entrée quand tout à coup, son expression changea. Il recula abruptement le pied d’un pas, et une grande flèche siffla abruptement l’air avant de se planter dans l’herbe devant lui. D’après les vibrations de la queue de la flèche, l’archer qui l’avait tiré avait des intentions meurtrières…

Il entendit, après son esquive, une légère exclamation surprise parvenir de la clôture entourant le camp.

Il jeta un regard froid dans la direction d’où avait résonné le cri et cria : « Je ne fais que passer, et je voulais refaire le plein d’eau et de nourritures. Que signifie votre tir ? »

Une silhouette bondit depuis le sommet de la clôture et, à la réflexion du jeune intrus, il parut étonné. Il sembla comprendre quelque chose juste après, leva un sourcil et dit avec une lueur étrange dans le regard : « Tché, ne me dis pas que tu n’es qu’un néophyte qui vient à peine d’entrer dans le Territoire Sinistre ? Tu ne sais même pas que tu dois présenter une taxe de péage cent mètres avant d’entrer dans un camp tribal ? »

Le jeune homme fronça les sourcils. Une taxe de péage ?

Devant son hésitation, la lueur étrange brillant dans le regard de l’homme s’intensifia. Il dit avec lenteur : « C’est cinq cents pièces d’or. Allez, dépêche-toi, ne me fais pas perdre mon temps. Ne me dis pas que tu ne peux même pas payer ça ? »

Quelle règle étrange. L’adolescent soupira en son for intérieur, fit un petit geste de la main, et un sac plein de pièces y apparut. Après quoi, il le lança à l’homme qui l’attrapa avec précipitation, et compta prudemment pour voir si le compte y était. Il fit alors un geste de la main et cria d’une voix sèche : « Ouvrez la porte ! »

La porte en bois branlante commença aussitôt à craqueler et s’ouvrit, dévoilant un passage où des gens allaient et venaient.

L’homme mince rit et dit en souriant : « Entre, néophyte. »

Le jeune alchimiste fronça légèrement les sourcils. Yao Lao avait raison, il n’y avait pas beaucoup de personnes ordinaires dans le Territoire Sinistre. Il posa la main sur la poignée de son arme, les sens en alerte, et marcha lentement en direction de l’entrée qu’il traversa.

Une fois entré, il remarqua que les tentes formaient divers chemins, où on trouvait de nombreux étals où de nombreux objets uniques et étranges étaient proposés à la vente. De nombreuses personnes en armes déambulaient parmi les badauds.

Je devrais tout d’abord voir s’ils vendent des cartes, pensa-t-il. À peine eut-il fait un pas dans la rue que des silhouettes bondirent devant lui : trois hommes armés de couteaux lui bloquèrent le passage avec des sourires sinistres.

Un rire semblable à une trompette éclata derrière lui. Il se retourna et vit que c’était l’homme mince qui lui avait tiré dessus. Il tenait un arc et une flèche en main, et le visait en restant à distance : « Hé hé, laisse-moi t’apprendre la première règle de la Région du Territoire Sinistre, le néophyte : ne laisse pas les gens voir que tu es un petit novice. »

Il ricana : « Donne-moi tes possessions : ton argent, tes armes et le reste. Si tu me donnes tout ce que tu as, je pourrais peut-être te laisser partir en te coupant qu’un bras comme prix pour cette leçon. »

Le Da Dou Shi balaya du regard les hommes l’encerclant et dit : « On est bel et bien dans le Territoire Sinistre… Malheureusement pour vous, même en groupe des minables sont des minables. » À ce moment, nombre de badauds avaient remarqué la situation mais au lieu d’aller à son aide, ils se croisèrent les bras avec des airs moqueurs.

Yao Lao lui parla à ce moment : « Tu as enfin compris de quoi je parlais à présent, pas vrai ? Ce type a raison : ne laisse personne savoir quoi que ce soit à ton sujet dans cette région. Il n’y a pas de gens bien ici, alors ne t’attends pas à ce quelqu’un vienne à ton aide. Je suis déjà très surpris de voir que personne n’a rejoint la cohue pour te donner quelques coups au passage. »

Le jeune disciple hocha légèrement la tête en serrant la poignée de sa lourde règle noire.

Les trois types lui bloquant le passage changèrent aussitôt d’expression en voyant sa réaction : les mots étaient à présent inutiles. Ils frappèrent férocement de leurs couteaux en direction de son coup.

Les lames acérées n’avaient encore atteint leur cible qu’une ombre noire leur passa tout à coup de vent. Les agresseurs blanchirent aussitôt, et ils furent envoyés bouler sur la tente derrière eux comme s’ils avaient été frappés par un énorme marteau. La tente blanche se couvrit de sang frais jusqu’à devenir rouge vie.

Une lueur horrifiée et brutale brilla dans les yeux de l’homme maigrelet en voyant ses trois compagnons déjà hors de combat. « Bâtard ! » Il s’apprêta à lâcher la flèche qu’il tenait quand une ombre noire apparut tout à coup derrière lui. Une voix sourde et dure lui parvint doucement : « Tu ferais mieux de t’assurer du niveau de ton adversaire la prochaine fois. Cela étant… Je ne pense pas que tu aies de prochaines fois. »

Une fois cela dit, le Da Dou Shi abattit lourdement sa règle sur le dos de l’homme. « Glug ! » Immédiatement, ce dernier vomit un mélange de sang et d’organes pulvérisés…

Xioa Yan le regarda tomber doucement au sol avec indifférence. Il rengaina la règle dans son dos, et descendit lentement le long de la rue. La foule, jusque là moqueuse, le regarda passer d’un air hébété avant de cacher sa stupeur avec précipitation. Ils laissèrent cette silhouette humaine sentant le sang passer devant eux…

Ce ne fut que lorsque Xiao Yan disparut au coin de la rue que les badauds retrouvèrent leur vivacité. Ils sourirent en observant les cadavres au sol, le regard dépourvu de la moindre pitié. Au contraire, ils félicitèrent le jeune combattant : « Heï, ce jeune homme est vraiment brutal. Il a agi décisivement et n’a pas hésité une seconde à les tuer. Il a assez de couilles pour vivre confortablement dans la région. »

Xiao Yan, à ce moment, ignorait que sa brutalité lui avait apporté les louanges du public, et que son maître n’avait en rien exagéré sa description.

Il parcourut quelques rues relativement longues et s’aperçut, à sa grande déception, que personne dans le camp ne vendait de cartes.

Il secoua la tête, abattu, et au moment il allait demander son chemin à un quidam, un type assez gras tout sourire apparut devant lui.

Il lui sourit et dit : « Vous voulez vous procurer une carte, monsieur ? Je vous ai entendu en demander sur votre route. »

Le jeune homme le dévisagea et lui demanda d’un ton neutre : « Vous en avez une ? »

« Je suis un marchand ambulant alors naturellement, j’ai une carte des plus précises avec moi. » lui répondit le gros marchand en souriant toujours.

« Et à quel prix ? » lui demanda l’adolescent d’un ton parfaitement égal. Rien n’était gratuit dans cette région.

« Ké ké, je vais être honnête avec vous, monsieur. Vous allez avoir du mal à trouver exactement votre chemin dans le Territoire Sinistre, même avec une carte. Parfois, les grandes plaines sont balayées par une Tempête Noire, qui couvre le ciel au point d’en bloquer la lueur du soleil. Quand elle frappe, les cartes sont inutiles, et seuls les gens qui connaissent bien ce phénomène parviennent à en sortir. Cependant, je pense que ça ne soit pas votre cas, n’est-ce pas monsieur ? »

Le gros secoua la tête et dit : « Je ne vais pas tourner autour du pot : j’ai remarqué tout à l’heure, à l’entrée du camp, que vous étiez plutôt fort. Du coup, j’aimerais vous embaucher et que vous fassiez partie du groupe de mercenaires qui m’accompagne. Si vous avez l’intention de traverser les grandes plaines pour rejoindre le centre du Territoire Sinistre, vous pouvez m’accompagner le temps du voyage : en échange, vous devez aider mes mercenaires si jamais nous veniez à rencontrer des problèmes. Qu’en dites-vous ? »

Le jeune alchimiste fronça légèrement les sourcils, et demanda prudemment en son for intérieur : Dit-il vrai, Maître ?

« Euh… Les grandes plaines de cette région sont effectivement connues pour la Tempête Noire. Les gens pris dans ses vents perdent réellement toute direction… Il paraît qu’un pauvre hère, pressé de voyager, entra dans une de ces tempêtes et au final, il traversa la moitié des plaines avant de mourir d’épuisement. » Yao Lao hésita un temps et continua : « Tu serais vraiment plus tranquille à voyager avec un marchand sachant trouver son chemin. »

Le gros homme sourit et s’expliqua : « Ké ké, mon groupe se rend à la Ville du Marché Noir, au cœur de la région du Territoire Sinistre. La grande enchère annuelle s’y tiendra après-demain là-bas, et c’est pourquoi j’ai besoin de me hâter tout en augmentant mes forces. Je ne me serais pas adressé à un inconnu, autrement. »

« La grande enchère annuelle ? » Ce nom intéressa légèrement le jeune homme, car la principale attraction de la zone était tous ces objets mystérieux capables de laisser les gens cois. Chaque enchère attirait un nombre incalculable de gens.

Xiao Yan réfléchit un temps, puis il cessa d’hésiter et hocha la tête.

Le marchand poussa aussi un soupir de soulagement, et lui tendit la main en souriant : « Soyez le bienvenu parmi nous. Vous pouvez m’appeler Duo Ma. »

Son jeune interlocuteur lui serra sa main grasse et dit avec indifférence : « Yao Yan. »

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7 thoughts on “BTTH Chapitre 384

  1. Merci pour le chapitre. Malheureusement étant belge, je n’ai pas férié le 8 mai et donc pas de ‘pont’ non plus 🙁

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