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Chapitre 102 – Mon âme vagabonde 3/9

 

Yu Ilhan choisit quelques Elfes forgerons afin de l’assister et se mit à fabriquer des armes. Naturellement, les matériaux utilisés furent l’abondance de monstres de troisième classe dont il disposait dans sa besace ! Les yeux des Elfes se révulsèrent quand ils virent ce qu’il avait entre les mains.

— Comment faites-vous pour travailler un matériau de si haute qualité ?

— Comme ça.

Des flammes pourpres embrasèrent à nouveau le fourneau. Le feu possédait une telle intensité que les os des Dragons de troisième classe fondirent en moins de dix secondes.

— V… Votre majesté l’empereur est incroyable !

— Je ne peux pas en croire mes yeux !

— Je n’ai pas le temps de vous enseigner le travail du fer, alors tâchez de retenir quelque chose en m’observant, décréta Yu Ilhan.

— Oui, votre majesté ! crièrent les forgerons à l’unisson.

Et travailler dans le même atelier et sur la même forge que Yu Ilha, maître forgeron, était déjà une expérience indescriptible pour ces Elfes.

Comme il n’avait pas beaucoup de temps, il ne travailla pas énormément les os, et en fit simplement de l’équipement en les moulant, mais puisque la qualité des matériaux bruts et sa compétence de forge étaient trop élevées, tout ne fut que de l’équipement rare, au minimum.

Les Elfes écarquillèrent les yeux afin d’apprendre ce qu’ils pouvaient, même juste un peu, et rien qu’avec ça, firent déjà des progrès gigantesques.

Le dixième jour arriva, et puis trois jours de plus. L’armée des Elfes était désormais totalement équipée et commença à chasser des monstres de leur niveau après avoir poli leurs techniques en entraînement et au combat.

Pendant ce temps, Yu Ilhan s’occupait des classes civiles.

— Si vous faites de la nourriture et l’empaquetez, vous n’aurez pas à vous inquiéter si un puissant ennemi apparaît et que vous devez vous cacher.

— De la nourriture empaquetée ? Qu’est-ce donc ? Nous autres Elfes mangeons ce que la nature nous offre…

— Je m’en fous, mais si vous ne voulez pas mourir, alors mangez plus de viande et musclez-vous un peu, nota Yu Ilhan premier du nom.

— Oui ! acceptèrent sans broncher tous les Elfes qui l’entendirent.

Il commença également à éduquer les cuisiniers. Il avait choisi quelques milliers de monstres dont la viande n’était pas empoisonnée, les chassa et les dépeça avant de leur enseigner quelques techniques de grillade façon Yu Ilhan. Puis vint le rôti, la friture et tout ce qui s’ensuivit, avant de passer aux méthodes de séchage de la viande, en passant par la fabrication de saucisses, de bacon et d’autres types de nourriture pouvant facilement être empaquetés pour une consommation future.

Ce n’était pas comme si les Elfes ne pouvait pas manger de viande, ils le faisaient plus par tradition. Lorsqu’ils s’y habituèrent, ils se mirent à en redemander sans que Yu Ilhan eût à insister.

À l’époque où l’empire était intact, ils n’en auraient pas mangé, même si on avait tenté de les y forcer. Cela dit, leur raisonnement avait changé après leur déchéance ; ils avaient réalisé qu’ils devaient faire tout ce qui était en leur pouvoir afin d’éviter de s’effondrer à nouveau. Yu Ilhan respectait les Elfes pour cette force mentale.

Vingt jours après sa décision de ne rester que dix jours, Yu Ilhan entama l’écriture d’un nouveau chapitre de l’histoire des Elfes – en tout cas, c’était ce que les Elfes prétendaient. De réfugiés, ils devinrent des êtres de talent.

Contrairement à la période durant laquelle ils vivaient cachés, ils se lavaient désormais. Ils mangeaient sans avoir à se limiter, et entraînaient leurs corps en combattant des monstres. Leur beauté naturelle commença à briller à nouveau.

Si Yu Ilhan les amenaient sur Terre, ils auraient conquis Hollywood les yeux fermés. Peut-être seulement la beauté numéro 1 Na YuNa serait-elle capable de rivaliser.

Leurs sourires étaient revenus. Ils chassaient des monstres de leur niveau, sans que Yu Ilhan n’eût plus à les y pousser. Les Elfes de première classe gagnèrent leur seconde, et prouvèrent rapidement leur génie.

Les forgerons réparaient et créaient de l’équipement avec le peu de compétences qu’ils avaient et les habitations devinrent également plus solides tandis que les jours passaient. La quantité de nourriture stockée augmentait, et les cuisiniers la préparaient de mieux en mieux.

— Bien, décida Yu Ilhan.

Il était enfin prêt à les laisser se débrouiller, cette fois. Il était resté trois fois plus longtemps qu’il avait initialement prévu de le faire, et ne voyait maintenant plus aucune raison de s’éterniser.

Il jugea qu’il n’avait plus à s’occuper de Darus, maintenant que ses fondations étaient à nouveau solides.

— Je vais rentrer chez moi, maintenant, déclara-t-il.

— Votre majesté ?!

Il tenta de les quitter le plus nonchalamment du monde avec cette simple phrase, mais les Elfes y réagirent immédiatement avec force.

Lorsqu’ils comprirent que Yu Ilhan ne plaisantait pas, certains s’effondrèrent en pleurs, d’autres pleurèrent en s’accrochant à ses jambes, et certains se contentèrent de pleurer.

— Pourquoi devez-vous nous abandonner ! cria l’un d’eux entre deux sanglots. Avons-nous fait quelque chose de mal ?

— C’était décidé ainsi depuis le départ, rappela Yu Ilhan.

— Et alors ! protestèrent plusieurs voix désarticulées.

— Votre majestééééé !

Yu Ilhan ne le savait pas, mais il semblait que les Elfes étaient vraiment des êtres obstinés une fois leur décision prise. Au début, ç’avait été vous pouvez juste être notre empereur. Maintenant, leur foi était telle, après ces semaines passées à travailler sous ses ordres, qu’ils ne le voyaient plus de cette œil.

— Et voilà le résultat, une mer de pleurs, nota Herta.

— Si tu le savais, tu aurais dû me le dire tout de suite ! grogna Yu Ilhan.

— Je ne savais pas, rectifia-t-elle. Pas que tous les Elfes étaient comme ça. Et honnêtement, même pour des Elfes, ces types sont très étranges.

— Ouin, votre majesté !

— Emmenez-moi !

— Votre majesté !

— Ces mecs tentent de créer un tube de l’été nommé Votre majesté, ma parole, grommela encore Yu Ilhan.

Si ç’avait été de la malice, de l’hostilité ou même n’importe quel sentiment négatif, il lui aurait été plus facile d’agir ; il ne pouvait compter sur personne à part ses parents, et ne croyait en personne.

C’était d’ailleurs la raison pour laquelle il s’était préparé à la trahison de Reta, et celle pour laquelle il pouvait comprendre les intentions des autres si facilement.

— Votre majesté, non !

— Votre majestéééééé !

Mais cette situation, qui lui valait de recevoir un pur amour de la part de tant de gens, lui était extrêmement nouvelle. Il n’avait jamais reçu ce genre de cadeau à sens unique, et il ne savait ni ce qu’il devait faire, ni ce qu’il allait faire.

S’il disait que ça ne lui plaisait pas, alors ce serait un mensonge. Cependant, il était plus effrayé qu’autre chose.

Cet amour était-il réel ? Ne cherchaient-ils pas à le tromper pour recevoir quelque chose en retour, comme l’avait fait Reta ? En commençant à se poser ce genre de questions, il avait peur que cet amour ne pût disparaître ou changer, alors il n’osait pas.

Yu Ilhan désirait juste se retourner et courir. Fuir, loin. Alors, il n’aurait plus besoin de douter d’eux, de craindre que ces émotions pussent changer à l’avenir.

En revanche, l’idée de les laisser seuls ainsi le retenait. S’il s’enfuyait sans rien leur dire, alors il se sentirait désolé pour eux. Ce n’était pas comme s’il avait veillé sur eux comme s’il jouait à un jeu vidéo pendant plus de vingt jours.

— Il faut que j’y aille, finit-il par déclarer honnêtement.

— Cet endroit est dangereux, mais mon monde natal, la planète Terre, n’est pas moins en danger, expliqua-t-il.

Il avait créé l’Avant-Garde et avait augmenté la puissance de combat de plusieurs guildes. Les gens de la Terre devenaient clairement plus forts grâce à lui.

Mais il était toujours inquiet. S’il n’avait pas eu l’excuse de la nécessité de stabiliser Darus, alors il n’aurait jamais reçu la position que les Elfes lui avaient accordée, même temporairement.

— Je voudrais pouvoir pour superviser encore, mais je ne peux pas. Je suis désolé.

— Comment cela se peut-il…

Les Elfes acceptèrent ses mots, avec dégoût et abattement.

Ils ne pouvaient plus retenir leur empereur adoré après avoir entendu ça : ils ne savaient que trop bien ce que ça faisait, d’être chassé de son monde, persécuté, parce que personne n’avait été là pour changer les choses.

Yu Ilhan était sincèrement désolé pour eux. Il songea à leur transmettre la propriété de la formation magique, mais c’était chose impossible.

Peu importait avec quelle passion les Elfes adoraient leur empereur, il ne pouvait pas leur faire totalement confiance, n’ayant vécu que vingt jours à leurs côtés. C’était la première raison. La deuxième ? Il n’était de toute façon possible de le faire que lors de la mort de son propriétaire, il en était convaincu.

Mais il était possible de faire autre chose : diviser le contrôle de la formation magique.

L’empereur précédent ne l’avait pas fait parce qu’il ne voulait pas partager ses pouvoirs et sa prétention au trône, et parce qu’il ne pouvait pas acquérir les matériaux nécessaires. Yu Ilhan était différent.

— Mirfa.

— Oui, votre majesté, répondit une femme en s’agenouillant devant lui.

Elle était publiquement reconnue comme était la seconde entité la plus puissante de leur communauté, à la fois par ses prouesses au combat et par ses compétences de production. Elle prétendait avoir 518 ans cette année-là, et était pourtant une beauté à peine sortie de l’adolescence.

Yu Ilhan lui tendit la pierre magique de manartisanat, artefact créé à partir d’une pierre magique de quatrième classe.

— Tu peux contrôler la formation grâce à ceci, lui dit-il, mais pas aussi entièrement que moi. Cela dit, tu seras capable de l’utiliser afin de transférer un bataillon où tu le désires. C’est un objet très précieux, alors ne le perds pas.

— Ah, fit-elle.

Elle baissa la tête en réalisant ce que ça signifiant pour Yu Ilhan. Avec un sourire amer, celui-ci la prit dans ses bras et la consola. C’était la première fois que Yu Ilhan consolait qui que ce fût dans sa vie.

— Je reviendrai vous voir, de temps en temps, leur promit-il. Ou vous pouvez venir me voir également, une fois que vous serez parfaitement installés. Attends… Pouvez-vous faire ça, en premier lieu ?

— Votre majesté… ? s’interrogea Mirfa.

— Même les monstres peuvent aller et venir, nota Herta. Il n’y a aucune raison pour que les Elfes ne le puissent pas.

— Vous pouvez, bien sûr ! reprit-il.

Yu Ilhan serrait l’Elfe dans ses bras, tout en leur annonçant à tous qu’ils pourraient venir le voir. Elle se dégagea finalement, l’expression plus radieuse…

— Alors emmenez certains d’entre nous, proposa-t-elle.

…pour déblatérer un truc parfaitement stupide.

— Non.

— Je ne pourrai me sentir mieux que de cette façon ! insista-t-elle.

— Si je vous emmène, vous êtes encore trop faible, et ne deviendrez que des obstacles.

Les Elfes se sentirent abattus une fois de plus en entendant la triste vérité. Cependant, ils reprirent vitre leurs esprits et attaquèrent encore plus vivement la situation.

— Alors vous pourrez nous faire faire des choses banales ! Nous voulons vous servir et rester à vos côtés, par n’importe quel moyen !

— Nous ne vous gênerons pas, alors emmenez-nous, votre majesté !

— Votre majestéééééé !

Les regards désespérés des Elfes étaient en train de lyncher Yu Ilhan. Son torse commençait réellement à picoter, là, tout au fond.

Yu Ilhan était quelqu’un de très fort, et savait parfaitement détruire les relations factices, les semblants de surface, qui existait entre les humains. Mais contre l’affection honnête des Elfes envers sa personne ? Il y était faible. Très faible. Même si elle provenait d’une loyauté due à sa puissance formidable et son autorité, apportée par la formation magique.

Bien que, jusqu’alors, il ne l’eût jamais su, à défaut d’avoir jamais reçu une vraie affection à sens unique de la part d’inconnus.

Au bout du compte, il fut incapable de gagner cette bataille, et tourna la tête en rougissant.

— O… Ok. Alors… Quatre d’entre vous peuvent me suivre, décida-t-il arbitrairement.

Arbitrairement… Ou pas. Il s’agissait de la limite de ce que Yu Ilhan pouvait accepter, tant qu’il ne leur ferait pas entièrement confiance, jusqu’au bout de leurs cheveux.

— Quatre ! s’extasièrent les Elfes.

— Yu Ilhan… Tu sais que tu es vraiment super craquant, là ? murmura Herta.

— Laaaaa… ferme, balbutia-t-il, à défaut de trouver autre chose à dire.

Tandis que Herta chatouillait cette nouvelle facette de Yu Ilhan, un battle royal démarra entre les Elfes, qui voulaient tous faire partie des quatre élus. Des centaines d’Elfes se mirent à se battre à coups d’épées, de haches, d’arcs et de flèches, de marteaux, et même de poêles à frire. Témoin de cette scène, Yu Ilhan se surprit à rire tout bas, baigné dans le bonheur.

— Si j’y mets un peu plus d’effort, est-ce qu’il y aurait une personne sur Terre qui m’aimerait vraiment ? se demanda-t-il. Pas juste en surface, mais vraiment, du fond du cœur…

Pour la première fois dans sa vie de solitaire, Yu Ilhan venait de se retourner, et observait sa vie passée.

— Probablement pas, à cause de ton camouflage, fit remarquer Herta. Bien que… Ce pourrait être différent, maintenant, puisque tu peux le contrôler.

— Tu es vraiment la pire, quand il s’agit de consoler quelqu’un, bordel.

— Je ne veux pas entendre ça de ta bouche !

La bataille se termina. Les quatre plus puissants, dont les yeux brillaient de satisfaction étaient deux hommes et deux femmes. Tous les quatre, étrangement, auraient pu être décrits comme de splendides… femmes, en réalité, malgré leurs muscles renforcés par le régime et l’entraînement de leur empereur.

Cela dit, Yu Ilhan secoua la tête en les regardant. Ils naviguaient tous aux alentours du niveau 85.

— Que diraient les autres si je choisissais les plus forts d’entre vous ? lâcha-t-il. Recommencez, et sérieusement.

— Les autres sont largement assez forts. Ils le deviendront encore plus.

— Nous voulons vous suivre !

— S’il vous plaît, laissez-nous vous suivre !

— Votre majestéééé !

Yu Ilhan perdit une bataille de plus, incapable d’affronter ces regards plaidant la pitié.

— O… Ok. Mais désormais, nous devez m’appeler Yu Ilhan, et pas de majesté qui tienne. Compris ?

— Oui, votre majesté Yu Ilhan !

— Votre majesté Yu Ilhan !

Il fit ses adieux aux Elfes, et céda la pierre de contrôle partiel de la formation à Mirfa. Puis, les quatre plus puissants Elfes le suivraient, c’était décidé. Les Elfes se creusèrent les méninges à la recherche d’une solution ultime pour le faire rester, mais Yu Ilhan ne le permit plus.

Sur Darus, c’était trop. Il désirait maintenant retourner sur Terre le plus rapidement possible, là où personne ne se souciait de lui ; être là le mettait de plus en plus mal à l’aise.

— Mais tu es le centre d’attention à cause de l’Avant-Garde, non ? lui rappela Herta.

— Ce n’est pas moi, mais mes équipements, alors ça va. Ils ne m’adulent pas pour qui je suis, dedans.

Herta sentit qu’elle venait d’apprendre à connaître Yu Ilhan un peu mieux, après ces simples mots. Pourquoi il rejetait Na YuNa à ce point, et acceptait Kang MiRae plus facilement, ainsi que les raisons pour lesquelles il chérissait Lita et elle-même plus que quiconque.

Yu Ilhan quitta le nouvel empire elfique en pleine construction, suivi par les quatre Elfes victorieux.

Selon leurs niveaux, il était désormais accompagné par la guerrière à l’épée longue de niveau 87 Mirey, l’archer de niveau 86 Paté, le guerrier au bouclier de niveau 85 Jirl et la voleuse Phiria.

Aux yeux de Yu Ilhan, ils étaient des faiblards qui ne pourraient sans doute pas affronter deux Dragons de troisième classe, mais en vérité, son jugement était biaisé par sa propre force, et ils étaient actuellement plus puissants que n’importe quel autre groupe sur Terre.

Il se rendit vers les zones externes du cercle magique, et chercha le portail vers la Terre.

Les Elfes ne cachaient pas l’étincelle dans leurs yeux à l’idée de se rendre à l’endroit où leur empereur avait été élevé, là où il était né et avait presque tout appris. Yu Ilhan les regarda bien, et décida finalement qu’il les camouflerait dès son arrivée en Corée.

Il ne leur fallut pas longtemps pour localiser le portail. Il ne fut pas compliqué d’y percer un autre trou grâce à Herta, et il était naturellement tout aussi facile de les transporter tous les six vers la Terre.

Le problème, c’était la Terre.

En toute honnêteté, Yu Ilhan s’était attendu à ce que le second Grand Cataclysme se fût déjà produit sur Terre, pendant son séjour sur Darus, raison pour laquelle il s’était hâté d’en finir avec les Dragons.

Alors pourquoi se sentait-il maintenant aussi naïf ?!

Après les trois mois qu’il avait passés loin de chez lui, la Terre était l’exemple même de la paix.

Raka
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