Fuyao – Livre 1 Chapitre 9
Fuyao – Livre 1 Chapitre 11

Bonsoir tout le monde. Vraiment navrée du délai, des considérations personnelles m’ont tenue éloignée de l’ordinateur. Quoi qu’il en soit, il n’est très clairement plus 10 heures et 22 heures est déjà passé, mais là où je suis, il est toujours dimanche, ouf ! Voici donc le chapitre de la semaine !

Livre 1 – Le vent se lève à Taiyuan
Chapitre 10 – Services rendus, dettes remboursées

La lune brillait dans le ciel, éclairant les montagnes inhabitées et sauvages où se trouvait le duo. Un vent frais soufflait sur leurs profils et tombait dans les bras du bel homme. En ce monde, existait-il une scène plus romantique et plus bénie que celle-ci ?

L’heureuse spectatrice qu’était Meng Fuyao rougit instantanément. Son visage prit même plusieurs teintes de rouge, de l’écarlate au cramoisi en passant par le rouge vif et le rouge clair, avant de retrouver une couleur normale. Puis elle jeta un œil au jeune homme absolument sans gêne qui lui faisait face.

– Puisque tel est ton souhait, laisse-moi te rendre service à contrecœur, répondit Fuyao avec respect et le visage austère.

D’un geste de la main, la demoiselle fit glisser quelques aiguilles en acier étincelant entre ses doigts.

Ose me toucher et je piquerai ton vit à mort.

*******

Deux mains sur le point de saisir, deux joues sur le point de se rencontrer… lorsqu’un gros rat apparut entre eux, poussant à gauche, entravant à droit. En ce monde, il n’y avait vraiment pas geste plus rabat-joie et effronté.

Fuyao n’eut même pas le temps de faire tomber son adversaire pour le percer à mort que Maître Yuanbao avait soudainement fusé d’on ne sait quel coin. Il s’envola dans les airs puis réalisa un « salto arrière, le corps roulé en boule et les jambes écartées de 180° » toutes griffes sorties et percuta les deux visages.

Fuyao gifla immédiatement Maître Yuanbao de sa paume et en profita pour s’éloigner de dix mètres. L’animal tomba au creux de la main tendue par l’homme et se retourna tout de suite pour étreindre les doigts de son maître en pleurant.

Fuyao observa le rongeur gâté et capricieux avec mépris. Elle le remerciait peut-être de l’avoir aidée à s’échapper, mais ses méthodes n’étaient-elles pas trop étranges ? Fuyao examina ensuite l’homme. Après avoir erré tant d’années sur le continent, Fuyao considérait avoir développé un bon sens de l’observation, surtout s’agissant d’autrui. Bien que l’homme lui faisant face n’ait proféré que des plaisanteries stupides et très douteuses, ni ses sourcils ni ses canthus ne présentaient de désir. Son allure raffinée connotait un statut noble et ses yeux n’affichaient aucune intention malveillante.

L’aidait-il vraiment juste parce qu’il avait vu Pei Yuan tenter de la tuer ?

La secte des cieux mystérieux n’était pas de bas statut dans l’empire Taiyuan. En faisaient partie d’anciens hauts-fonctionnaires, des officiels futurs et d’éminents individus. Considérant l’instant et le lieu où il était apparu, possédait-il quelconque lien avec la secte ? S’il en était un ami, pourquoi l’aiderait-il à s’y opposer ?

Fuyao respira profondément et décida de ne pas réfléchir à cette question sans réponse pour le moment. À l’évidence, cet homme était complexe et poser des questions ne lui apporterait aucune information. De plus, s’il voulait la blesser, un simple mouvement de doigt aurait été suffisant : il n’avait vraiment pas besoin de s’embêter tant.

Du reste, elle avait présentement une tâche plus importante à faire.

Fuyao ne perdura pas sur ce qu’elle n’avait le pouvoir de changer. Cela dit, elle ne laisserait pas celle qui l’avait blessée s’en sortir si facilement. Fuyao régula sa respiration, s’épousseta les manches, mit de l’ordre dans sa tunique et sortit de son corsage des « fleurs jamais blessantes ». Il s’agissait d’un genre de sève produite par la nation du Vent adonnant de la région Qing. Elle n’était pas toxique, mais lorsqu’elle entrait en contact avec une blessure, cette dernière suppurait, durait plus longtemps et devenait plus difficile à guérir. Un sourire froid aux lèvres, Fuyao en appliqua minutieusement plusieurs couches sur son poignard tout en regrettant de ne pas avoir de vrai poison à portée de main. Cela dit…

Pei Yuan, ton physique séduisant et arrogant et ton teint laiteux occasionnent d’innombrables hommes à te tourner autour comme des abeilles autour d’une fleur. Ils te surnomment même la poupée de jade. Et si un jour, ce physique est entaché de quelques blessures empestant la chair pourrie ? Je me demande si tu arriveras à garder ce faux sourire hypocrite lorsque papillons et fleurs partiront.

L’homme prit ses jambes entre ses bras avec le sourire, ses yeux appréciant la scène. Lorsqu’il vit Fuyao terminer ses préparatifs, il se leva et pointa en direction du village.

– Tu ignores probablement que ta secte possède un tunnel secret, informa-t-il en souriant. Si tu entres discrètement par là, tu pourras éviter la majorité des gardes. De plus, ton maître et tes camarades d’armes accueillent actuellement le grand précepteur de l’Empire éternel dans la salle de réception, ajouta-t-il avec une expression singulière sur le visage. Tu peux d’abord te cacher dans la chambre de Pei Yuan.

– Comment le sais-tu ? demande Fuyao d’un air soupçonneux. Qui es-tu ?

– Tu peux m’appeler Zhaoxu, Yuan Zhaoxu.

L’expression souriante du jeune homme était telle une brise printanière. Lorsque ses yeux mouvaient, c’était comme si l’eau pouvait s’écouler à l’envers et la neige fondre en un instant.

– Yuan Zhaoxu ? murmura Fuyao.

Pour une raison quelconque, Fuyao trouvait ce nom familier, comme si elle l’avait déjà entendu quelque part auparavant, mais elle ne put remettre le doigt dessus. Elle se contenta de hocher de la tête et prit à grands pas la direction donnée par Zhaoxu. Sa silhouette disparut progressivement dans les sentiers montagneux accidentés.

Derrière elle, Yuan Zhaoxu gardait un léger sourire aux lèvres. Debout les mains jointes dans le dos, il fixait du regard son ombre évanescente. Ses larges manches voletaient au vent et réfléchissaient le clair de lune argenté. Dans son dos, une silhouette noire et élancée apparut lentement en lieu et place d’une roche montagneuse. L’ombre s’inclina un mètre derrière Zhaoxu, la tête baissée avec respect.

– Prince…

Zhaoxu tourna légèrement la tête et lui jeta un seul coup d’œil éloquent. La silhouette fut immédiatement horrifiée et se tut prestement.

– Pas besoin de me le rappeler. J’y vais de suite.

Zhaoxu semblait savoir ce que son interlocuteur avait l’intention de dire. Après un instant de réflexion, il tourna la tête vers Maître Yuanbao qui se tenait actuellement sur son épaule.

– Hé, garde un œil sur elle ?

Maître Yuanbao se retourna, montrant son derrière à Zhaoxu.

– Quand tu reviendras, je te donnerai un goûter de minuit. Trois qilins rouges.

Maître Yuanbao garda la tête détournée et le postérieur relevé, mais commença à descendre docilement de l’épaule.

– Je t’interdis de procéder à ta vengeance personnelle. Sinon, je te priverai de qilin rouge durant trois jours.

De ces quelques mots, Zhaoxu exhorta le gros rongeur à bien se tenir. En réponse, Maître Yuanbao se contenta de secouer son épaisse queue. Nul ne sut s’il agréait la requête.

Ce fut avec ahurissement que la silhouette vêtue de noire vit la boule de poils blanche disparaître dans l’obscurité. Au fond de lui, il ne comprenait pas vraiment les agissements de son maître. Yuanbao était loin d’être un animal domestique ordinaire : il s’agissait d’un “rat divin mystérieux” du temple Sempervirent. N’en naissait qu’un tous les quelques siècles dans les terres les plus sacrées de la Cour céleste de la région Di. Cet animal vivait très longtemps et était extrêmement intelligent, d’une sagacité comparable à celle de l’Homme. De plus, il portait chance et éloignait les calamités. Du reste, lorsqu’il choisissait un maître, c’était à vie. Aussi spéciale pût être leur identité, les gens sans relation avec le temple ne pouvaient qu’espérer en voir un de leur vivant, sans parler d’en détenir un.

Le maître avait vraiment envoyé un tel trésor avec tant d’insouciance ?

La jeune fille de tantôt… Se pourrait-il que…

Mais le destin du maître n’avait-il pas montré que….

Les pensées fourmillaient et tournoyaient des centaines de fois dans sa tête, mais il n’osa rien laisser paraître sur son visage. Après avoir suivi son maître durant tant d’années, l’homme vêtu de noir avait très clairement conscience de la grande perspicacité de son maître. S’il bougeait ne serait-ce que le sourcil, son maître devinerait vraisemblablement ses pensées les plus secrètes de son regard lucide et perçant. Cela dit, même en faisant preuve d’autant de vigilance, Zhaoxu sembla découvrir quelque chose. Le maître se retourna à moitié, souriant légèrement, pour l’observer du coin de l’œil. La silhouette s’inclina alors profondément et se replia dans la nuit noire.

Zhaoxu se retourna de nouveau, plissa les yeux et observa l’obscurité au loin. Avait complètement disparu dans la pénombre le profil gracieux de la demoiselle qui aimait et haïssait hardiment, qui acceptait et confrontait vaillamment son destin. Épée en main, cheveux attachés, le corps agile enveloppé d’une aura meurtrière, elle s’était précipitée vers cette descendante royale à l’apparence belle et moralisatrice mais au cœur vil et égoïste. Elle s’était pressée vers ceux qui l’avaient blessée et insultée, prête à lever et abattre sa lame.

– La vie est pleine d’entraves et d’épreuves douloureuses. Ceux qui ont le plaisir de rembourser leurs dettes et de se venger sont rares… exprima-t-il d’un léger soupir qui se dispersa dans le vent.

*******

– Grand précepteur, vous êtes encore en pleine forme malgré votre âge avancé. J’admire vraiment du fond du cœur votre noble aura, hihihi…

– Maître Lin, vous êtes plus noble et plus compétent encore, hahaha….

Dans la salle de réception de la secte des cieux mystérieux, deux vieux hommes conversaient tout sourire à la lumière des bougies de suif. Leurs paroles n’étaient que mondanités insensées, aussi belles et respectueuses fussent-elles. Ils échangèrent ainsi des salves et des salves de mots, comme s’ils n’avaient vu ni la nuit noire à présent bien installée ni les nombreux disciples qui bâillaient continûment.

– Venez, venez… Grand précepteur, reprenez un peu de thé Jade printanier. C’est une spécialité locale de la secte des cieux mystérieux.

En versant le thé, Lin Xuanyuan couvrit discrètement son visage avec ses manches, profitant de l’occasion pour bâiller furtivement. Après tout, il tenait compagnie à leur invité depuis un long moment maintenant : cela faisait plusieurs heures qu’ils digressaient et radotaient ; minuit était déjà passé. Cependant, l’estimé grand précepteur de l’Empire éternel avait beau être très âgé, il restait en pleine forme et ne semblait avoir aucunement l’intention d’aller dormir.

Caché par sa manche, Lin Xuanyuan roula les yeux d’impatience lorsqu’il aperçut soudainement le quatrième disciple entrer discrètement dans la salle par la porte dérobée. Il ne put s’empêcher d’être surpris. Cet enfant… ne lui avait-il pas dit de garder Meng Fuyao ? Pourquoi revenait-il avec une expression inquiète sur le visage ?

Toutefois, avant qu’il eût pu finir de s’interroger, un éclair rouge attira son regard : Pei Yuan était apparue, toujours aussi noble et hautaine. Elle se tenait contre l’encadrement de la porte dérobée et remettait tranquillement de l’ordre dans sa tenue. Son teint était comme à l’accoutumée, mais Lin Xuanyuan n’était pas un vieux renard pour rien : il perçut un air mauvais caché entre ses sourcils. Soulevant sa tasse un peu plus haut pour cacher ses yeux, Xuanyuan maugréa intérieurement.

Que s’est-il passé ? Pourquoi leurs expressions faciales clochent-elles ?

Toutefois, l’heure n’était pas au questionnement. Sans compter qu’au vu du statut de Pei Yuan, même Lin Xuanyuan n’osait pas trop la réprimander. Pour le moment, il ne pouvait que reprendre des forces pour continuer à accompagner leur invité.

Le grand précepteur de l’Empire éternel était un vieil homme aux cheveux gris qui avait enseigné à plusieurs empereurs. Sa renommée était en grande partie due à son élève, le prince héritier de l’Empire éternel, un jeune homme incroyablement brillant. Normalement, à un âge si avancé, le précepteur ne devrait pas avoir tant d’énergie. Hélas, il résistait aux cernes et persévérait à divaguer avec le maître de secte qui bâillait constamment.

– Les cinq régions Qing, Yi, Heng, Ming et Di sont divisées en sept États : l’empire du Fléau, l’Empire éternel, la nation du Vent adonnant, la Cour céleste, Taiyuan, le Septentrion et Xuanyuan. Le premier se concentre sur la guerre, le second met en valeur le talent, Taiyuan estime les arts martiaux, le Septentrion encourage la connaissance, la nation du Vent adonnant prise la moralité, Xuanyuan maîtrise les anciennes techniques et la Cour céleste…

Subitement, un coup de vent souffla d’on ne sait où et les bougies au sol vacillèrent. Le grand précepteur se tut en plein milieu de sa phrase, rit et but du thé.

– Woah, vous et moi discutons si joyeusement que nous en avons oublié l’heure…, énonça-t-il comme s’il venait juste de le remarquer.

– Très juste, très juste, répondit Lin Xuanyuan en se levant précipitamment. Les connaissances du grand précepteur sont si exceptionnelles que l’humble maître que je suis a été envoûté. J’en ai oublié de vous montrer votre chambre. Toutes mes excuses ! Que quelqu’un vienne aider Monsieur jusqu’à ses quartiers dans la cour interne…

Se fit entendre un ensemble de soupirs soulagés. Les disciples se dispersèrent comme le vent dès que le grand précepteur tituba hors de la salle de réception. Restait Lin Xuanyuan qui se tenait les mains croisées dans le dos et dont le regard changea prestement.

– Quatrième disciple, Pei Yuan ! cria-t-il soudainement.

Le duo qui s’apprêtait à s’éclipser s’immobilisa et se retourna lentement. Pei Yuan esquissa un sourire calme à l’encontre d’un Lin Xuanyuan qui l’observait avec méfiance. À l’extérieur, un éclair zébra le ciel. La lueur incandescente éclaira le visage de la demoiselle, déformant son sourire en un rictus sauvage et cruel et lui conférant un air malveillant tandis que Lin Xuanyuan en sursauta de frayeur. Ce dernier tourna la tête et observa avec surprise la pluie diluvienne qui tombait tout à coup.

Littleangele
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