IATM Chapitre 17
IATM Chapitre 19

Bonjour ! Dernier chapitre de la semaine des aventures de Roan. Bonne lecture et on se donne rendez-vous lundi pour la suite.

 

 

Chapitre 18 : Le spectre du champ de bataille 4/6

 

« Putain, heureusement qu’il fait beau. » grommela allongé un soldat âgé d’une trentaine d’années répondant au nom de Tarem.

« Dire qu’on a perdu face à des humains… »

Il toucha son menton et fit glisser sa main jusqu’à sa gorge afin d’apprécier pleinement les aspérités d’une longue cicatrice.

« C’est vraiment pas passé loin… »

Tarem grinça des dents.

« Enfoirés du royaume Byron… »

Il grogna en exposant ses dents.

« C’est de mon honneur d’orc que tout ça dépend. Je me vengerai. »

Le guerrier orc qui était venu du village Crack, au sud du royaume, avait en effet essuyé une terrible défaite l’hiver dernier face au royaume Byron et n’avait eu d’autre choix que de fuir encore davantage au sud, suivi par les membres de sa tribu. Tout semblait perdu, quand il avait fait cette rencontre.

« Le commandant suprême de la coalition orc du nord de Rins… Rak. »

Rak avait en effet organisé un assaut conséquent sur la plaine Pedian, rassemblant sous son égide orcs et autres monstres. Tarem, guerrier de renom, avait lui aussi accepté la main qui lui était tendue.

« Si tu m’aides à prendre la plaine, je t’aiderai à te venger des enfoirés de Byron. »

La proposition avait eu le mérite d’être intéressante. Tarem n’avait pas hésité une seule seconde et vint jusqu’au sud de la plaine avec ses guerriers et d’autres encore dont Rak lui donna le commandement.

« Nous allons attaquer les villages humains pour ramasser armes et nourriture. »

Pour Tarem, le plan était clair : sécuriser la plaine et mener un nouvel assaut contre le royaume Byron. Sa vengeance était un feu ardent que Rak avait rendu accessible.

« C’était quoi ça… » grogna-t-il en entendant un étrange bruit. Celui d’un sifflement dans les airs.

Il se redressa quand il vit le ciel s’assombrir.

« Putain ! »

Il se saisit très rapidement de son bouclier en s’abritant dessous.

« C’est l’ennemi ! Ils nous attaquent ! » hurla une voix orc.

La réaction se fit trop longue. Le rêve de nombreux guerriers s’acheva dans le sang, et la pluie de flèches continuait à pleuvoir. Soudain, c’est le sol tout entier qui semblait pris de tremblements.

Tarem jeta un œil derrière son bouclier et vit, dans un nuage de poussière, des cavaliers chargés.

« Préparez-vous au combat ! Défendez la position ! » hurla-t-il de toutes ses forces.

Cependant, les orcs ne pouvaient penser clairement, totalement sonnés par la violence du réveil.

« Eh merde, mais c’est nous qui sommes pris en embuscade ! » déplora-t-il en se saisissant d’une formidable épée de guerre chinoise.

« Amenez-vous petites merdes ! Vous allez voir ce que c’est qu’un orc ! » hurla sa puissante voix.

Les cavaliers furent rapidement dans la mêlée, aussi Tarem balaya-t-il l’un d’eux qui passait un peu trop proche. Son arme traversa l’armure du pauvre cavalier comme un sac de paille, qui s’effondra aussitôt au sol, stoppé net dans son élan. Tarem le chargea et son épée en position en haute, s’apprêtait à frapper. Le cavalier ferma les yeux. Il ne pouvait éviter le coup.

« Crève ! » hurla une voix avant qu’une lance ne surgisse du nuage de poussière.

Tarem en repoussa la pointe de la lame de son épée avant de grogner en montrant toutes ses dents menaçantes en se tournant vers cet importun. Il avait un visage enfantin et une faible taille, en tous cas pour lui.

« Qu’est-ce que tu espères réussir, gamin ! » lança-t-il à son attention en faisant tourner son épée sur elle-même.

Sans effet. La lance fondit à nouveau dans sa direction, et Tarem fut obligé de parer le coup de son bouclier. Le choc terrible résonna à grand bruit. Il fit une roulade au sol à toute vitesse pour se dégager de son champ de vision, mais les coups continuaient à tomber comme un robinet qui coule.

« Il a peut-être l’air d’un gosse, mais il se bat comme un vétéran. » pensa l’orc.

Il prit une grande inspiration et se lança à sa rencontre. Tout ce qu’il avait à faire, c’était parvenir à se rapprocher. Il était pour le moment désavantagé par la longueur de l’arme de son opposant, mais il savait qu’une lance serait bien plus complexe à utiliser à courte portée.

La lance glissa sur son bouclier et vint lui taillader l’avant-bras gauche. La douleur vive fut accompagnée d’un écoulement de sang, mais il essuya le choc en serrant les dents.

« Je dois creuser la distance ! Que… »

Il fut très rapidement face à lui après une charge vivace. Toutefois, la distance qui les séparait lui sembla d’un coup bien trop réduite.

L’homme s’était en effet jeté à sa rencontre. Tarem avait un air surpris. Même son épée était difficile à utiliser dans de telles conditions. Sa réflexion fut interrompue par une sensation froide dans son torse. Il baissa la tête pour regarder.

« C’est… Putain… C’est pas possible… »

D’autres vulgarités suivirent tandis qu’il regardait l’homme qui l’avait poignardé de son épée courte. Pour réponse, le soldat fit un grand sourire et se mit à tourner l’épée sur elle-même, toujours enfoncée dans ses côtes.

« AAAAARGH ! » hurla-t-il accompagné du son des chairs déchiquetées et des os raclés.

Le lancier se recula un peu et lui envoya un coup de pied en pleine poitrine, le pommeau de son épée toujours en main, qui s’en extirpa dans une gerbe de sang.

Tarem s’effondra au sol. Le ciel s’assombrit à nouveau.

« Je vais y passer ? Eh merde… »

Le sifflement de la lance se fit à nouveau entendre. Son visage fut explosé.

« T’oses m’appeler gamin, moi qui ai erré sur les champs de bataille 20 ans durant ? » dit le lancier dans un murmure.

C’était Roan.

« On a l’avantage, mais pas question d’arrêter maintenant. » pensa Roan.

Même si la victoire semblait évidente face à la formation à l’origine de 5000 monstres qui ne parvenait toujours pas à se reprendre en main, il pouvait encore bien tirer parti de la situation. Il devait s’illustrer avant tous les autres.

Roan serra sa lance dans sa main droite et chargea les autres.

Sa lance tournoyait dans une danse infernale, mêlant attaque et défense, qui sans cesse pénétrait les orcs. C’était ça, toute la beauté de la lance. Roan bougeait sans cesse pour ne pas briser la fluidité de son art.

« Agh… »

« Orgh ! »

« Keurfgh… »

La lance tranchait, pénétrait, frappait. Les rares à s’essayer à parvenir à son niveau s’effondraient rapidement au sol repoussés par un puissant coup de pied avant d’avoir la gueule explosée par la lance. D’autres soldats, pourtant pris eux aussi dans le combat, ne purent s’empêcher de commenter la scène.

« Putain, regarde ce type ! »

« Eh mais, c’est le petit nouveau là, de la treizième escouade ! »

« Depuis quand on arrive à recruter des mecs aussi bons ? »

« Il est meilleur que le Capitaine, non ? »

« La dernière fois j’ai vu le Capitaine de la cinquième escouade, il se battait à peu près pareil ! »

« Putain vous avez vu ?! Il lui a éclaté le menton avec la hampe ! »

« On me fera pas croire que c’est un nouveau… »

Les exclamations des soldats continuaient de pleuvoir en le regardant avec fierté. Roan était, à n’en point douter, le combattant le plus illustre de cette embuscade.

Toutefois, un autre lancier se faisait lui aussi remarquer. Il avait déjà tué de nombreux orcs et ne semblait pas prêt à s’arrêter. Ses coups sans cesse changeants donnaient presque l’impression qu’il réalisait un entraînement plutôt qu’un combat. La méthode était propre et nette.

« Si je n’arrive pas à tenir la cadence… Qu’est-ce qu’on va penser de moi ? » se dit Tane en se mordant les lèvres.

De fait, les orcs ne lui posaient pas la moindre difficulté, c’était sa motivation qui était en cause. Heureusement, personne ne le savait. Sauf, bien sûr, Roan…

« Il se bat en dilettante. » déplora en effet Roan en le voyant.

Après quoi jeta-t-il un œil à Pierce qui continuait son massacre de façon totalement relaxée.

« Évidemment. C’est pas des orcs qui vont te poser problème. »

Roan tua deux gobelins désespérés qui tentaient de l’attaquer conjointement et s’arrêta un temps.

« Où est passé Glenn… ? »

Roan fronça des sourcils et chercha partout. Il était introuvable, aussi bien au sein de la cavalerie que des lanciers. Il avait comme disparu du champ de bataille au moment de l’assaut.

« Putain, il est pas là ! » se dit-il avant de se mettre au pas de course.

Tane le vit rapidement quitter les rangs et lui cria : « Roan ! Où est-ce que tu vas encore ?! »

« Je vais sauver Glenn ! » lui répondit Roan sans même prendre la peine de se retourner.

Nostra
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