IATM - Chapitre 1
IATM - Chapitre 3

Bonjour. Bonne lecture !

 

 

Chapitre 2 : Le retour 2/2

Malgré le temps qu’il s’était écoulé, il s’en souvenait parfaitement.

« Exception faite de Pierce et moi, tous les nouveaux avaient péri… », continua-t-il, perdu dans ses pensées.

En vérité, Oliver et Tane y étaient eux aussi restés.

« On avait été attaqués près du village d’Ale par des gobelins… »

En effet, non loin de là se trouvait un passage en goulot où étaient placés, en embuscade, ces vermines. Le bataillon de la Rose qui s’y rendait sans précaution aucune y fut annihilé.

« Qu’est-ce je peux faire… »

Annoncer au Capitaine que des gobelins s’apprêtaient à les attaquer ?

« J’aurai de la chance s’il me laisse en vie… »

Non, il ne l’aurait certainement pas écouté sans preuve. C’eut déjà été un miracle s’il acceptait de lui adresser la parole, il n’était pas connu pour être particulièrement amical. Ce n’était pas une option.

« Hmm… Si j’essayais de prendre les choses sous un autre angle ? Comment nous ont-ils attaqués déjà ? »

Toutefois, tenter de changer l’issue de la bataille aurait bien pu lui faire perdre la vie. Il n’aurait certainement pas de deuxième chance.

C’est alors qu’il se souvint d’un détail et se dérida. Il regarda Tane, la bouche entre-ouverte et les yeux à l’affût.

« Ah ! Autre chose… », cria Tane, jusqu’alors occupé à rassembler ses propres affaires. Il continua.

« Y’aurait-il quelqu’un qui connaisse un peu Ale et ses environs ? Un de ses anciens habitants, dans l’idéal. »

Roan saisit sa chance. Il s’avança d’un pas vers lui et levant la main droite, annonça : « Je connais le coin. »

« Toi ? », lança-t-il en fronçant les sourcils. « Le type que Pete a dû corriger… Casse-couilles. « , pensa-t-il. En effet, Pete n’était pas du genre à recourir à la violence sans raison. Il avait dû le provoquer. Il reprit : « Tu connais la région, soldat ? »

« Oui. Je peux aller de la forteresse d’Ellin à Ale les yeux fermés. », répondit enfin Roan.

Il soupira et prit un air plus circonspect encore et lui dit finalement : « Bon, de toute façon, c’est au Major que la décision incombe. »

Il ne lui fallut que peu de temps pour s’y décider. Ce n’était pas vraiment le genre à s’accorder un temps de réflexion.

« Quel est ton nom, soldat ? »

« Roan »

« Dépêche-toi de boucler tes affaires et rejoins-moi sur le champ. », conclut le Capitaine avant de se diriger vers le Lieutenant Lander et de lui dire :

« Lander. Quand tu en auras terminé ici, va rejoindre les autres. »

« Compris. », répondit laconiquement celui-ci. Il souriait un peu, d’un air de lui dire de ne pas s’inquiéter. Tane porta alors son poing à la poitrine 1)Salut militaire et sortit.

Roan le suivit rapidement. En sortant de la tente, il sentit une odeur familière…

« L’odeur de la guerre… Non. Celle de la mort. », se dit-il.

Le fer, le feu, les bêtes, la sueur et le sang. C’était une odeur très chargée. Une odeur qu’il avait senti ces vingt dernières années jusqu’à en devenir malade. Une odeur abominable, mais qui le rassurait.

« Il paraît que plus l’on s’approche de la mort, plus on l’apprécie… ». Il eut un sourire blasé et secoua la tête pour se sortir de sa réflexion, interrompu par une question de Tane :

« D’où viens-tu ? »

« Je suis d’un petit village dans les montagnes, à la limite de la chaîne Grain. »

« C’est un endroit difficile… »

Il reprit sa marche, mais réfléchissait. « Comment se fait-il qu’un type de ce coin là connaisse la région d’Ale ? »

Il avait l’impression que quelque chose clochait, mais comme il le pensa : « Ce n’est pas sur moi que ça retombera. »

Il eut un petit sourire en pénétrant dans une nouvelle tente, où il vit un homme d’un certain âge lire des documents.

« Major Dosen… »

Tane s’inclina. Cet homme était l’une des cinq personnes en charge de la reconnaissance.

« Tiens, il en a déjà désigné quelques-uns », pensa-t-il en regardant les éclaireurs déjà désignés qui se tenaient derrière lui. Il y en avait déjà plus de dix.

« Ah, Tane ! », lui dit Dosen en affichant un large sourire. Il fit un hochement de tête.

Tane, tout en venant à ses côtés, lui désigna Roan : « Il y a quelqu’un dans notre unité qui connaît la région d’Ale. »

« Ah, vraiment ? C’est la première fois que je le vois… C’est un nouveau ? », répondit celui-ci en le regardant.

« Oui, il est arrivé hier. »

« Bon, ça a l’air d’être un brave garçon. », dit-il en l’inspectant de haut en bas. Puis, s’adressant directement à Roan :

« Tu connais le coin ? »

« Oui », répondit Roan sans la moindre hésitation. « Par vingt fois j’ai combattu ici… », pensa-t-il.

Dosen eut un mouvement de tête comme s’il le prenait au défi.

« Alors je vais te poser une question très simple. Quelle est la production principale de la région ? »

Pas bien difficile de répondre. « C’est l’orge. »

« Très bien. Maintenant, le plus grand village du coin ? »

« Ale, évidemment. Puis Riven, Moss et Ferbus. », il souriait, satisfait de sa réponse. Il avait combattu dans tous ces endroits.

D’un air manifestement surpris, Dosen hocha de la tête et lui dit : « Je ne pensais pas que tu connaîtrais Ferbus. Effectivement, tu connais bien la région, tu as dû y vivre longtemps ? Tu feras un très bon éclaireur. »

Roan ne répondit pas. Ca n’avait aucune importance. Ce qu’il fallait, c’était trouver les gobelins avant qu’ils ne se placent en embuscade. Il commença à inspecter les cartes.

« C’est à cause de ces types s’il y a eu autant de morts… », pensa-t-il.

Toutefois, il savait très bien pourquoi ils n’avaient pas découvert les gobelins. C’était une zone sécurisée, personne ne s’attendait à une attaque. Surtout de cette ampleur…

« Mais cette fois, je vais les en empêcher… ». Il se mordait les lèvres.

« Prends ça. Ne la perds pas. », lui dit Tane en lui remettant une lance.

Roan l’en remercia d’un mouvement de tête et la serra fermement. Elle était lourde… Il n’était pas à l’aise avec.

Il avait des mains de pianiste. Ses mains avaient perdu leur cuir… Vingt ans de blessures disparues.

« Ca recommence vraiment… », pensa-t-il.

« Bien, je me retire », dit Tane en saluant formellement le Major Dosen avant de retourner sur le terrain.

Roan prit une profonde inspiration puis soupira aussi intensément en voyant Tane s’éloigner. Un soldat, qui le regardait, lui fit une tape sur l’épaule. Il semblait se méprendre, persuadé qu’il avait peur.

« Ah, t’en fais pas, c’est rien du tout ça. L’année dernière, par exemple… »

Il parlait sans fin, racontant ses exploits.

« Moi aussi j’en ai à mon actif… Vingt années de service. », pensa Roan, un peu agacé.

A un moment, Dosen débarrassa quelques documents d’une table et annonça :

« Mason, je pense que nous avons assez d’éclaireurs maintenant. Tu es le plus expérimenté, donc tu vas diriger. »

Le soldat qui ne cessait de parler afficha un sourire puis répondit :

« Chef ! Ce sera fait ! »

Sa réponse était par trop obséquieuse et il n’inspirait pas vraiment la confiance.

Roan fronça les sourcils en étant témoin de la scène, et se disait : « C’est à cause de ça qu’on est tombés dans leur embuscade… Mais la Rose ne doit pas flétrir 2)A la base, c’aurait plutôt dû être « l’unité de la rose ne doit pas tomber », mais j’me suis dit qu’il était l’heure de faire une métaphore.. Même avec tous les efforts du monde, le mérite revient aux autres… »

On préférait jouer la sécurité à la promesse de nouveaux horizons… Sans parler du fait qu’à la base, personne ne le connaissait. Il était normal en tel cas que d’autres profitent de son succès. C’était la raison pour laquelle, après l’incident, on lui avait remonté les bretelles malgré ses exploits, ayant vaincu de nombreux gobelins, au motif qu’il l’avait fait seul.

« Ca ne se passera pas comme ça, cette fois. »

Il mit toute sa force dans sa main droite, agrippant encore plus fermement la hampe de sa lance.

Comme pour l’appuyer dans sa démarche, la voix de Mason retentit soudain :

« EN AVANT ! »

Il sortit de la tente, l’air décidé. Roan le suivit en prenant de grandes inspirations.

« Ca commence. »

C’était le départ de sa nouvelle vie. Son coeur battait rapidement.

Une bourrasque de vent souffla en leur direction, ramenant de façon plus intense encore l’abominable odeur de la guerre.

Nostra
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1 Salut militaire
2 A la base, c’aurait plutôt dû être « l’unité de la rose ne doit pas tomber », mais j’me suis dit qu’il était l’heure de faire une métaphore.

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