IATM Chapitre 49
IATM Chapitre 51

Bonjour. Fin d’un arc, le prochain commencera dès jeudi avec le chapitre régulier. Il porte le doux nom de Mana… L’histoire commence à devenir très intéressante. Pour ceux qui n’ont pas encore lu IATM, ça commence à être le moment de se lancer !

 

 

Chapitre 50 : Direction sud 4/4

 

Posquin était un lac tellement immense qu’on pouvait y voir une ligne d’horizon, et des vagues s’y formaient même. Ceci n’avait pas empêché le jeune Daiv, natif du village de Pierr, de suivre les pas de son père comme pêcheur dans le seul et unique but de réaliser son rêve.

Un jour… Oui, un jour, je naviguerai sur ce lac. Il me faut de l’argent, des soldats et un bateau capable de résister même aux monstres.

À la mort de son père, il récupéra une vieille maisonnée qu’il revendit aussitôt, ainsi qu’un peu d’argent qui lui permirent de réparer et modifier la structure même du vieux bateau familial. Il n’avait plus grand chose d’un bateau de pêche, mais il était encore bien loin d’honorer son rêve.

Il me faut plus d’argent… Si je l’amène à Potter, il va peut-être bien me payer ?

Or donc il advint qu’un jour, le jeune Daiv croisa la route de Roan, dont le projet fou fit écho au sien. D’aucuns l’avaient invectivé, mais pour lui, c’était l’occasion rêvée d’enfin réaliser ce qu’il avait si durement tenté de refouler.

Parvenu devant le bateau sur lequel était vulgairement peint à la peinture blanche le nom Flangtek, Roan eut un sourire gêné.

Il a vraiment une sale tronche ce rafiot… Enfin, il a l’air de flotter.

« Nous sommes bien d’accord, vous voulez seulement aller à Potter, hein ? » lui demanda Daiv.

« Oui, c’est bien ça. Plus tôt nous y serons, mieux ce sera. » répondit-il, tentant de masquer l’inquiétude qui le saisissait.

Ce n’était pas seulement pour repérer un potentiel talent qu’il désirait traverser par les eaux, mais bien parce que la bataille de Slen l’avait retardé dans ses plans. Il avait un événement à empêcher, or donc procéder de telle manière lui permettrait-il de gagner une dizaine de jours.

« D’accord. Nous naviguerons proche des berges, j’aime autant vous prévenir. »

« Ah ! » s’exclama Roan.

C’est donc pour ça qu’il semblait si sûr de lui… Ceci étant…

Il eut bien sûr été plus rapide de traverser le lac en ligne droite, mais les monstres à profusion au sein de celui-ci rendraient le périple particulièrement périlleux. Rester proche du bord était plus sûr mais néanmoins complexe.

Entre les bancs de sable et le vent qui risque de souffler fort, il y a de fortes chances qu’on s’échoue. Je suis quand même étonné qu’avec un seul mois de navigation à son actif, il soit prêt à prendre le risque…

Sans doute n’était-il pas si inconscient ? Roan le regarda droit dans les yeux et voulut en avoir le cœur net.

« Vous n’avez navigué que pendant un mois, vous pensez réellement en être capable ? »

« Ha ha. Vous savez, ça fait dix ans que je navigue. C’est juste que je ne suis que récemment devenu capitaine. J’ai toutes les compétences nécessaires à la traversée. Et puis j’ai ma botte secrète… »

« Laquelle ? » s’étonna-t-il.

Affichant un large sourire, Daiv lui désigna son bateau et répondit : « Je peux vous dire que c’est pas un bateau du dimanche ! »

Je ne suis pas certain que ça me rassure…

« Équipage, vous êtes tous prêts ?! » cria tout à coup Daiv.

« Oui, capitaine ! » répondirent les voix de concert.

Ils montèrent sur le bateau et assez rapidement, l’ordre fut donné de dresser les voiles. Son bois se mit à craqueler, aidé par le chaud vent d’ouest.

 


 

Roan, appuyé sur un rebord du pont, était penseur. Il s’était un peu renseigné sur son jeune capitaine, autant par lui que par son équipage, aussi en était-il venu à bien le considérer comme un adulte. Tout comme chez Roan, son apparence juvénile n’était pas à la hauteur de son intelligence.

Il a suivi son père depuis ses dix ans… Il a grandi sur le bateau, et avec lui. Il n’y a rien de très étonnant à ce qu’il en ait formulé le désir de naviguer librement sur le lac…

D’ailleurs, l’équipage lui-même lui reconnaissait ses qualités de navigateur. Il ne semblait pas craindre le lac, au contraire. Daiv pouvait bien se révéler être la pierre qui manquait à l’édifice que Roan cherchait à construire… Il porta le regard sur lui, quelque peu admiratif.

« Retendez les voiles ! Et tirez vers l’ouest, pas l’est ! On ne doit pas s’éloigner du rivage, je vous l’ai déjà dit ! »

Ce n’était pas seulement un brillant opérateur, il était en plus capable de diriger son équipage d’une main de maître. Personne ne s’opposait jamais à ses ordres, lui reconnaissant un véritable talent à lire les informations météorologiques. D’aucuns le voyaient presque comme clairvoyant.

Je le tiens, mon petit génie…

La ligne d’horizon laissait déjà entrapercevoir la région de Potter, chose qui aurait de toute évidence été impossible sans l’intervention de Daiv. Le voyage avait connu son lot de difficultés à cause du vent puissant, mais il n’avait pas une seule fois cédé à la panique. Roan avait d’ailleurs mieux comprit dans ces moments le concept de botte secrète que constituait le Flangtek.

Il ne payait pas de mine et semblait vieux, mais les modifications effectuées par son capitaine l’avaient rendu aussi confortable à naviguer que performant.

Je ne comprends pas que je n’ai jamais entendu parler de lui auparavant… À moins que…

Il secoua tout à coup la tête.

Il a dû s’attaquer au lac trop tôt, avant d’y être parfaitement préparé. Je dois empêcher Daiv de mourir, dans cette vie. Je sais qu’il en est capable.

« Terre ! » cria l’un des matelots.

Daiv s’approcha de Roan avec un sourire.

« Nous sommes arrivés à Potter. Le voyage s’est-il bien passé pour vous ? »

« Bien mieux que je ne l’aurais espéré, répondit-il avec sincérité, avant d’ajouter : Je sais que je vous ai déjà payé au moment du départ, mais tenez. »

« Comment ? »

« C’est un investissement… »

« J’ai déjà des vêtements… » répondit Daiv, un peu troublé.

« Écoutez, monsieur Daiv, j’aimerais vous soutenir dans votre projet. » dit Roan en étouffant un rire.

« Je ne suis qu’un navigateur, pourquoi feriez-vous ça ? »

« C’est simple, monsieur Daiv. Je pense que le lac Posquin est notre avenir. »

« Notre avenir ? »

Les sourcils froncés, il ne comprenait pas trop bien où désirait en venir Roan, ni même l’essentiel de ses propos.

« Le Royaume qui prendra possession du lac sera celui qui possèdera le continent. Rendez-vous compte, en parvenant à dompter cette zone, de formidables perspectives commerciales s’offriraient aux quatre Royaumes. Les routes commerciales vont se développer, j’en suis certain. Quantités de marchandises circuleront dans la région. Si quelqu’un venait à prendre possession du lac… »

« Il deviendrait riche de par les simples droits de passage ! Je comprends enfin. Sans compter que personne ne pourrait passer sans son accord… Mais si je devais vous trahir ? Je pourrais très bien prétendre ne jamais vous avoir rencontré, c’est risqué comme placement de fonds. »

« Je suppose que je verrais sur le moment, répondit calmement Roan, encore qu’aucune solution viable ne me vient à l’esprit. »

Roan avait trop à penser pour se focaliser sur l’hypothèse d’une faille. Il était de plus pressé par le temps. Daiv n’étant qu’une pièce dans l’échiquier et n’ayant qu’assez peu de chances de parvenir à conquérir seul le lac, il fallait penser à l’avenir. Il fit d’ailleurs part d’une partie de sa réflexion au principal intéressé.

« Hmm. Ce sont là des paroles de sagesse. À trop s’inquiéter, on n’accomplit rien. Merci, Roan. »

Le bateau débarqua à un petit port de pêche adjacent au village de Tig. Ici se séparèrent les routes des deux jeunes hommes, et Roan se mit aussitôt en marche. Il arriva sur une grande route où après quelques heures de marche, il attira une nouvelle fois l’attention.

« Il fait tellement chaud… » remarqua une personne profitant de l’ombre offerte par un grand arbre.

« Vous l’avez vu, lui ? Il n’a pas l’air d’avoir si chaud que ça ! »

« C’est sans doute parce qu’il est jeune… » observa une vieille femme.

Les cheveux ébouriffés, le jeune Roan continuait sa progression sans trop prêter attention aux regards curieux.

Heureusement que j’ai l’anneau de Brent…

« Eh, gamin ! Viens te reposer un peu, on a de l’eau fraîche ! » lui lança un homme.

« Je vous remercie, répondit-il en secouant la tête, mais j’ai encore beaucoup de route à faire. »

« Ah, bon ? Vous allez où comme ça ? »

« Vers le sud, à la montagne Maiel. »

« Tsss, ces jeunes… Si j’étais vous, je remettrais ça à plus tard. »

« Pourquoi donc ? Il s’est passé quelque chose ? »

« On peut dire, oui ! Venez donc par là, je vais vous expliquer. »

Peu désireux d’être entendu, il lui servit un peu d’eau et s’éloigna un peu avant de commencer à chuchoter.

« On raconte des histoires sur la montagne… Il paraît que des monstres y rôdent, même les ours ont fuit. »

« Je vois. » répondit Roan d’un air un peu sévère.

« Je ne plaisante pas, vous savez. Je pense qu’il vaut mieux remettre ça à plus tard, jeune homme ! » insista l’autre, le visage sincèrement inquiet.

« Je vous remercie de votre avertissement. Bonne journée. »

Roan se remit en marche comme si de rien n’était. En vérité, le regard tourné vers le sud, il était lui aussi terriblement inquiet.

Ça a déjà commencé… Il va falloir faire vite.

Nostra
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12 thoughts on “IATM Chapitre 50

  1. Merci pour le chapitre, je suis content qu’il ait quitté l’armée, ça aurait stagné et Roan ne pourrait pas progresser comme il le souhaite

    1. Tout à fait d’accord avec toi. J’aime beaucoup la trame guerrière de l’histoire, mais là on sentait que ça commençait à le freiner. 🙂

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