IATM Chapitre 56
IATM Chapitre 58

[Interruption temporaire] Heyoooooo ! Voici un cas bien rare : un chapitre bonus ! Merci beaucoup à Florian et Lipton de leur soutien, et vive IATM. 😀

 

 

Chapitre 57 : Direction nord 4/4

 

La lance finit par s’abattre sur les gobelins, empalant d’affilée deux d’entre eux. Les yeux injectés d’entre eux, quatre individus partirent en hurlant à la rencontre de cette nouvelle menace. Quand la distance fut assez courte, ils commencèrent à agiter leurs épées.

Pauvre garçon…

Gut se sentit triste pour ce jeune héros venu leur prêter assistance. La plupart des gens détournèrent le regard. Les épées s’apprêtaient à le trancher en morceaux distincts quand Gut remarqua que loin d’être paniqué, il souriait.

Approchez encore un peu, petits cons…

Il apparaissait aux yeux de tous comme parfaitement immobile… Cependant, on ne pouvait pas être plus loin de la vérité : le mana s’agrégeait tout autour de lui. Évitant une lame, il sortit une épée courte de sa ceinture et poignarda le gobelin dans le dos. Il vit alors distinctement chaque goutte s’échapper de la blessure tandis qu’il ramena son arme à lui.

Je ne suis plus celui qu’on a connu.

Il n’en était encore qu’aux balbutiements de l’utilisation du mana, mais la différence était déjà colossale.

Je peux enfin utiliser la larme de Kalian à la hauteur de ses capacités…

Ce n’était pas encore parfait, mais il était désormais capable de combattre des adversaires aussi simples que des gobelins et des orcs bien plus facilement qu’auparavant. Son arme suivait sa vision.

Il évita un autre coup et enfonça sa lame sous le menton du gobelin, la faisant ressortir à l’arrière de sa nuque, avant de se saisir d’un autre de la main gauche, le soulevant du sol. Il le fit pivoter en même temps que lui en direction du quatrième assaillant qui, surpris, ne put retenir le coup qui décapita son camarade.

Soudain, l’homme manqua de perdre l’équilibre, déstabilisé par la reprise normale du cours du temps. Ses yeux le brûlaient, mais il vit les trois gobelins s’effondrer en même temps. Le seul survivant dont les pieds ne touchaient plus le sol poussa un cri de stupéfaction, son dernier avant sa propre mort.

« Que… Que vient-il de se passer, là (Ndwaz : Il s’est passé quoi, là ) ? Vous avez vu comme moi ?! » cria Gut.

« Il s’approchait des gobelins, et… Je sais pas ce qui s’est passé ensuite. » confia un soldat.

Comment a-t-il pu faire une chose pareille ? C’est qui, ce type ? Un mercenaire ?

L’objet de ses interrogations courut jusqu’à sa lance, qu’il tira à lui dans une formidable effusion de sang. Les gobelins occupés à essayer d’atteindre le mur, et persuadés que le petit groupe avait réussi à le défaire, ne le virent même pas arriver. Une vague de mort commença à se déferler sur eux.

 


 

Io Lancephil, qui avait longtemps combattu dans sa jeunesse, aimait tout particulièrement s’entourer de soldats dont les valeurs étaient aussi belles que leurs prouesses au combat. C’était d’ailleurs à cette seule condition qu’il tolérait les hommes armés, allant même jusqu’à inviter certains d’entre eux dans ses quartiers privés pour passer un moment en leur compagnie.

Le Vicomte Reil Baker était l’un de ces hommes qu’il estimait tant. Le ‘joyau du royaume de Rins’, comme s’amusaient à l’appeler certains, ne brillait en effet pas seulement de par sa maîtrise de la lance, mais aussi de par sa personnalité. Pour cause, Reil Baker n’était pas homme à se laisser corrompre par l’ambition.

Il me rappelle ma jeunesse… Ah, si seulement il avait accepté mes invitations…

Malheureusement, il avait un défaut : il était comme retiré des affaires du peuple. Si jeune soit-il, il apparaissait aux yeux de certains comme un vieil ermite.

Et pourtant, il est venu… C’est une belle opportunité, et je serais bien idiot de ne pas la saisir.

La distance séparant les châteaux de Pavor et d’Ipen étaient suffisamment courtes pour qu’il puisse rapidement la couvrir et ainsi le rencontrer. Pour Io Lancephil, la marche à tenir était déjà toute décidée.

Au grand dam, d’ailleurs, de son vieil ami Albert, qui s’inquiétait de le voir à son âge entreprendre si rapidement un tel périple.

« Comte ! » s’écria tout à coup Kali Owells.

« Eh bien, que se passe-t-il ? » s’étonna Albert.

« Je ne sais pas encore, mais il se passe quelque chose. » répondit Kali en indiquant du doigt une position en avant de la plaine.

Sur la ligne d’horizon, ce qui ressemblait à un village semblait être en proie aux flammes, tout du moins à en juger par la fumée noire qui s’en érigeait. Io Lancephil lui-même s’en inquiéta.

Peut-être des monstres…

« Dépêchez-vous, on fonce ! » ordonna-t-il.

Les sabots se mirent à sonner comme la plus énergique des mélodies.

 


 

Les gardes et les villageois furent tellement sidérés par l’évolution de la situation qu’ils en abandonnèrent toute idée de combattre, regardant la silhouette évoluer entre d’autres, tel le vent entre des herbes folles. Tel le vent, il couchait les mauvaises herbes sous son poids.

Les gobelins hurlaient, cherchant désespérément à fuir celui qui les fauchait, tellement capable qu’il portait attention même à la sécurité des villageois. En effet, l’un d’eux qui avait sauté parmi la mêlée pour lui porter assistance fut d’un coup projeté très fort en arrière, peu avant qu’une lame s’abatte devant lui.

« Me… Monsieur… Merci… Il m’aurait tué… » lui adressa l’homme.

« C’est dangereux, ici. »

Sa voix douce mais légèrement éraillée poussa alors un râle rauque tandis qu’il frappa à nouveau de sa lance la ligne face à lui. Ce n’était pas un combat. C’était un massacre. Le chef gobelin, le visage menaçant, leva tout à coup le poing.

« Gryork ! »

Les rares gobelins encore survivants commencèrent à fuir le village aussi bien que la barrière de défense, tentant à tout prix de rattraper leur chef.

Pas question d’en laisser un seul survivre !

Il s’apprêtait à s’élancer à leur poursuite quand il vit le ciel s’assombrir. Une nuée de flèches se mit à pleuvoir, stoppant net les monstres dans leur course. Dans le même temps, il entendit des sabots.

Des soldats ? Uh… Non. Ce sont des chevaliers.

Leurs armures étincelantes et les longues épées dont ils étaient armés attestaient de ce fait. Les chevaliers eurent tôt fait de tuer jusqu’au dernier des gobelins, leur chef compris.

Les villageois, rassurés, vinrent rejoindre leur héros. Parmi eux, Gut reconnut aussitôt les armoiries de la famille Lancephil, détail dont il fit part à ses soldats. Les visages se firent alors nerveux.

L’un des chevaliers se dirigea tout droit jusqu’au village sans même porter au groupe qui en était sorti, et frappa de toutes ses forces contre la grande porte.

« Ouvrez ! »

Gut ordonna alors aux gardes de s’exécuter. Les chevaliers entrèrent finalement en rang dans la ville. Seuls Io Lancephil et Albert étaient restés en arrière, plus intéressés pour leur part par ce jeune prodige.

Il a tué des dizaines de gobelins à lui tout seul… Il a beau avoir l’air d’un adolescent, c’est indéniablement un vétéran.

L’homme en question se mit à sourire.

Comte Lancephil, nous nous rencontrons enfin…

Il faisait partie de ses plans de le rencontrer. C’était inattendu mais tout à fait bienvenue.

« Le Comte Io Lancephil est venu vous porter assistance, à genoux ! » hurla Kali Owells.

Mieux né encore que le Baron Tate, le Comte Lancephil forçait le respect. Les gens se mirent alors face contre terre pour le remercier de les honorer de sa présence, chose qui lui fit aussitôt froncer les sourcils.

« Relevez-vous, brave gens ! » lança-t-il tandis qu’il foudroya Kali du regard.

Kali Owells se sentit un peu vexé mais ne s’en offusqua pas, invitant à son tour les gens à se relever : « Vos manières sont excessives, mettez-y fin immédiatement ! »

Io Lancephil soupira. Finalement, il regarda autour de lui et vit des centaines de cadavres gobelins. Il hocha de la tête.

« Ils étaient très nombreux, mais vous êtes parvenus à les repousser. Vous êtes tous de fiers combattants ! Qui est le chef de la garde, ici ? »

« C’est moi, lui répondit celui qu’il cherchait en s’approchant de lui, je suis Gut. »

« Héhé, très bien. Je suis ravi de vous rencontrer. »

« Merci, Comte… »

L’air confus, Gut ne comprenait pas bien ce qui pouvait pousser un noble à le traiter avec autant d’honneur. Il ne fut d’ailleurs pas le seul à être considéré avec autant de respect.

« Jeune homme, rejoignez-nous, je vous prie. »

Tous les regards se tournèrent alors vers le héros du village, un lancier à la constitution puissante.

« Qui êtes-vous, mon brave ? »

L’intéressé inclina la tête.

« Je suis Aspirant-Major dans le bataillon de la Rose, rattaché au septième régiment. Mon nom est Roan. »

« Roan de la Rose, dites-vous… »

Que faisait un soldat si loin de son régiment ? Une telle interrogation ne manqua pas de teinter de surprise l’expression des différentes personnes. Io Lancephil échangea un regard avec Albert. Oui, lui aussi en avait entendu parler…

Roan… C’est bien ce soldat dont je n’ai cesse d’entendre parler ? Je ne pensais vraiment pas le rencontrer ici…

« Monsieur, lui chuchota Albert, c’est le jeune homme qui est à l’origine de la mort de Sedek et de sa femme Violin, entre autres exploits. »

« Ah ! » ne put s’empêcher de s’exclamer le Comte.

Il réalisa soudain qui exactement il était. L’homme aux étranges stratégies et à la technique de combat si singulière. Roan.

« Alors c’est donc vous, Roan. J’ai beaucoup entendu parler de vous. »

« Ah, vous savez, j’ai toujours eu beaucoup de chances. »

« Ha ha, ne soyez pas si humble. J’ai tout de même une question, que fait un officier de la Rose ici ? »

« J’étais en permission ; je vais justement retrouver mon bataillon. »

« Oh, voilà qui est parfait. Nous nous dirigeons justement au château d’Ipen, que diriez-vous de faire route avec nous ? »

Roan eut un sourire. Son souhait venait d’être exaucé.

« Bien, si vous me le permettez… »

« Parfait ! Nous pourrons discuter davantage pendant notre route. Eh, toi, chevalier, donne un cheval à Roan ! »

« Compris ! »

Une monture supplémentaire fut apportée, sur laquelle Roan s’installa d’un seul mouvement. C’était un cavalier expérimenté. Io Lancephil souriait jusqu’aux oreilles.

À l’inverse, l’un des membres de son cortège semblait furieux. Il avait reçu son attention et avait été traité avec plus d’honneur encore que l’homme à la tête des chevaliers. Le Vicomte Kali Owells. Roan remarqua son regard lourd de sens.

Alors c’est lui…

Roan se souvenait parfaitement de Kali Owells. Ses actions dans sa précédente vie lui étaient encore gravées en mémoire comme si l’opération avait été réalisée au fer rouge.

« Bien, nous pouvons repartir, je suppose ? » demanda Io Lancephil.

« Oui, Comte. » lui répondit Albert.

Adressant leurs adieux aux villageois, le cortège se remit bientôt en route. La chevauchée reprit vers l’est.

Comte Lancephil…

Roan n’avait pas décidé de retourner vers ses troupes après avoir appris comment se servir du mana seulement dans le but d’honorer sa promesse. Il existait un élément qui le liait au Comte.

Le vent lui sembla soudain plus doux. Une nouvelle histoire l’attendait.

Nostra
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