IATM Chapitre 66
IATM Chapitre 68

Banchour ! Alors, satisfaits du premier avril ? On sait, on est salauds… mais on a quand même traduit ! Le plus amusant restait quand même ceux qui s’interrogeaient : « oui, mais peut-être que… ». 😀

 

 

Chapitre 67 : La guerre, toujours la guerre… 5/7

 

Le fond de l’air est agréable, à Rins… particulièrement de nuit.

Luther Bale prit une grande inspiration tandis que s’esquissa, sur son visage, un sourire.

C’est un temps parfait pour courir.

Déplaçant son regard aux abords d’une montagne, il y vit des tentes et des barrières de bois. C’était le campement des troupes de Rins, qui lui sembla tout à fait résistant.

Au moins, ils doivent être endormis maintenant… Ils s’imaginent sans doute que nous sommes exténués.

C’était, bien évidemment, loin d’être le cas.

Vous allez voir ce qu’il en coûte de faire de telles suppositions. La Tempête d’Istel vous balaiera tous !

Le surnom de Luther lui avait été donné en raison de son talent tout particulier pour les assauts surprises, de jour comme de nuit.

Le Roi a promis la moitié du territoire à celui qui s’illustrerait le plus…

Ceci ne concernait que les terres à l’est de Rins, mais un Colonel tel que lui ne pouvait qu’être intéressé par une telle perspective. Et c’est ainsi qu’il se décida à les attaquer, malgré la marche forcée que son armée aurait à effectuer.

« Colonel ! Les préparatifs sont terminés. » vint lui annoncer un Major.

On dirait qu’il va être temps de se dégourdir les jambes…

Il se dirigea vers ses hommes. 5000 cavaliers le regardaient avec la plus grande admiration. Leurs chevaux avaient toute la tête recouverte de capuches de cuir, et leurs sabots étaient emmitouflés dans des sacs de tissus remplis d’herbe afin d’en diminuer le fracas à la marche.

« Montrons la puissance du grand royaume d’Istel à ces mauviettes de Rins ! » lança-t-il, le bras droit levé.

« Oui, chef… » répondirent de concert les voix des soldats.

Un témoin de la scène les aurait sans doute trouvés peu enclins au combat. Il n’aurait pu être plus éloigné de la réalité. Si les soldats chuchotaient, ce n’était que pour ne pas faire capoter l’opération avant même qu’elle n’ait commencé. L’air se chargea d’une étrange tension.

« Alors chargez ! » leur dit-il de la même voix étouffée, mais néanmoins déterminée.

De la même manière, leur charge n’en avait que le nom. Ils marchaient aussi lentement que possible afin de ne surtout pas faire claquer les sabots des quelques 5000 cavaliers à sa suite. Ceci lui avait semblé être le nombre idéal pour une attaque nocturne.

Il va falloir sonner rapidement la retraite, qu’ils n’aient surtout pas le temps de réagir.

Il n’allait certainement pas se débarrasser d’un tel campement en un seul assaut. C’était précisément pour cela qu’il en avait prévu un deuxième…

Jamais ils n’iront imaginer ça !

Il sourit très largement. S’il n’avait pas été animé par des désirs de mort, sa joie aurait eu quelque chose de magnifique. Les troupes d’Istel arrivèrent rapidement au niveau des barrières solidement reliées entre elles.

Il va falloir y aller d’un coup, maintenant.

Toujours sur la selle de sa monture, Luther Bale se mit debout sur ses étriers afin d’ôter le capuchon aveuglant son cheval. Les autres cavaliers en firent vite autant avant de cingler leurs montures de coups dans les flancs. 5000 chevaux de guerre passèrent soudain au dessus des renforcements de Rins.

« Incendiez tout ! Frappez comme des possédés ! » hurla Luther Bale.

« Waaaaaaaaaaaaagh ! » crièrent en cœur les soldats.

Ils purent enfin faire sauter la soupape, détruisant les feux du campement afin de répandre les flammes dans les tentes. Malgré tout l’entrain qu’ils y mirent, il ne leur fallut pas plus de quelques secondes pour réaliser que quelque chose clochait. Ils s’interrompirent un moment pour regarder autour d’eux. Le silence, sinon pour les flammes, était total. Le campement était vide. Tout simplement.

Où est-ce qu’ils sont ?

Luther Bale eut beau chercher partout, il ne vit pas le moindre nez des troupes de Rins. Il serra les dents de frustration quand il entendit un sifflement caractéristique.

Une flèche !

Il tira comme un forcené sur ses rênes afin de prendre couvert d’une des tentes en feu, mais de nouvelles flèches se mirent à siffler. Une véritable nuée d’entre elles.

« Argh ! » hurla un cavalier, touché en plein poitrail.

« Urgh ! » fit un autre, lui touché à la guibole.

La scène était lamentable. Les cavaliers, absolument pas préparés à l’éventualité, prirent rapidement des allures de porcs-épics, s’effondrant sur leurs chevaux ou à même le sol.

Bordel, ces ordures de Rins savaient ?!

Luther Bale se mit à trembler, et s’efforçant de reprendre ses esprits, sonna à la retraite en s’époumonant. C’était un parfait échec. Les cavaliers encore en vie répétèrent son ordre et repartirent qui au galop, qui en courant, vers les barricades d’où ils étaient entrés. Hélas…

« C’est une entrée libre, mais par contre pour sortir, il faut une permission ! Vos papiers ! »

« Tu vas où, toi ! » cria un piquier en embrochant l’un des cavaliers, bien trop avancé à son goût.

Avec les piquiers, des milliers d’épéistes s’étaient alignés le long des murs de fortune. Les soldats d’Istel furent rapidement cernés de toutes parts.

Putain, tout est foutu !

Luther manqua de se briser une dent en les faisant grincer. Il n’y avait plus qu’une chose à faire…

« Percez la ligne, foncez ! » ordonna-t-il.

Il fallait fuir coûte que coûte, sous peine de mourir. Les cavaliers tentèrent alors de forcer le passage, suivis de près par le Colonel Luther Bale lui-même.

« Empêchez-les de passer ! »

« Tenez la ligne, levez vos lances ! »

« Attaquez les chevaux ! »

Du côté de Rins, les ordres pleuvaient tous en un seul sens : former un amas compact et impénétrable de lanciers. Le fer commença à s’entrechoquer, et le véritable combat commença seulement. Les cavaliers ne pouvaient plus sortir et ne parvenaient pas à repousser les soldats face à eux. C’est à cet instant qu’un nouveau son, particulièrement inquiétant, leur parvint aux oreilles.

« La puissance de Rins vous étouffera ! »

« Bienvenue en enfer ! »

Les cavaliers de Rins les avaient contournés et s’apprêtaient à les attaquer dans leur dos. Pris dans un étau, ceux d’Istel commencèrent à perdre tout espoir. Certains allèrent même jusqu’à prier, cédant à la panique.

« Poussez-vous abrutis, poussez-vous ! » grogna Luther en fonçant tout droit.

Il banda toute sa force dans son épée. Sous ses coups, lanciers et épéistes commencèrent à tomber. Il avait quelque chose de différent des autres soldats, parvenant à les décapiter d’un seul coup malgré leur armure. C’était du mana.

« Laissez-moi passer si vous tenez à votre vie ! » prévint-il les soldats de Rins.

Lesquels, d’ailleurs, eurent un moment d’hésitation. La machine de mort était trop dangereuse pour s’y risquer… ils s’écartèrent progressivement.

Bien sûr, de simples soldats ne peuvent s’opposer à un Colonel versé dans l’art du mana…

Roan, qui regardait d’une position plus en arrière, prit un air désolé.

Si je les laisse ainsi, ils vont tomber… Je ne peux pas tolérer autant de pertes humaines !

Il foudroya un cavalier ennemi de sa puissance, l’empalant au sol de sa lance, puis se tourna vers ses deux comparses.

« Austin, Keep, balancez-moi ! » leur dit-il.

Les deux, pourtant occupés à combattre des cavaliers, comprirent aussitôt sa requête et s’exécutèrent, dressant leurs lances face à eux, les pointes jointives. Roan sauta sur cette nouvelle structure et ferma les yeux. Sous l’influence de son mana, ses mollets se mirent à trembloter légèrement. Austin et Keep sautèrent alors de toutes leurs forces.

Maintenant !

Joignant leurs forces, Roan fit un bond formidable au dessus des cavaliers, en la direction de Luther Bale. Sidérés, les cavaliers ne purent même penser à l’interrompre. Quant à la cible de Roan, elle ne se rendit compte que trop tard du danger.

« Impossible ! » cria-t-il par réflexe.

Désespéré, il tenta d’interposer son épée entre lui et la lance, sans toutefois y parvenir. Il fut touché au niveau du plexus.

Merde !

Afin d’éviter un nouveau coup qui finirait immanquablement par l’atteindre, il se courba autant que possible sur sa monture. Roan visait pourtant autre chose. Le cheval, blessé aux côtes, se mit à saigner abondamment en hennissant. C’est alors que celui qui l’avait blessé le frappa d’un simple coup de pied en pleine tête, qui le fit chavirer. Luther Bale sauta dans l’urgence et roula au sol. Quand il leva la tête, il vit son assaillant debout face à lui.

« Qui es-tu ?! » lui demanda Luther Bale, haletant.

« Le Commandant en second Roan, du bataillon de la Rose, septième régiment. » répondit d’un ton macabre l’intéressé.

« Pas même un Commandant ?! Hmpf ! Sache que ta tête tombera aux mains de Luther Bale, Colonel du premier régiment des forces d’Istel. »

Le mépris pour ce fou se gagna de lui. Car il fallait soit être fou pour espérer vaincre un adepte du mana, soit en posséder soi-même.

Luther se releva d’un coup et brandit sa claymore en sa direction, afin de creuser l’écart qui les séparait. À une telle distance, même un simple lancier pouvait s’avérer dangereux. Roan fronça légèrement les sourcils.

Je vais m’en débarrasser à la moindre erreur…

Il ne pouvait qu’éveiller les soupçons en se servant du mana devant des yeux innocents. Roan se contenta alors de frapper l’épée du plat de la pointe de sa lance. Première phrase de la technique de lancier de Roan.

« Huf ! » cria Luther face à la violence du coup.

Il avait chargé trop inconsciemment. Ce lancier était bel et bien capable. Il tenta de balancer sa lance d’un puissant coup d’épée. Il n’y parvint pas, mais elle fut tout au moins repoussée.

Il maîtrise le mana…

Roan ressentit le choc jusque dans le bout de ses doigts, mais put endurer. Il ramena sa lance à lui de toutes ses forces et attaqua droit devant lui.

Merde, merde !

Le Colonel Bale bloqua à nouveau l’attaque mais ne put réagir aussi vite qu’auparavant. Les coups commencèrent à s’échanger dans une mélodie similaire à celle produite par un forgeron travaillant le fer. La gerbe d’étincelles qui s’échappait des deux côtés semblait, à première vue, parfaitement équilibrée, mais Luther gagnait bel et bien du terrain. Son pied toucha soudain le sien.

« Crève ! » hurla-t-il alors, essayant de poignarder Roan alors qu’il semblait décontenancé.

C’est exactement ce que j’attendais.

Avec un calme olympien, Roan insuffla une très faible quantité de mana dans ses yeux. Sous l’influence des Larmes de Kalian, son stimulus visuel lui parvint sous une forme bien plus lente. L’air été chargé d’une lueur dorée. Il regarda l’épée de Luther.

C’est donc ainsi que se déplace le mana…

Il était encore trop faible dans ce domaine pour le déterminer avec certitude, mais il lui sembla que le mana s’échappait, dirigé, de Luther vers son arme. Il suivait en tous cas son mouvement.

Bon, ça suffit.

Ses yeux commençaient à le brûler à nouveau. Le pouvoir de cet artéfact était déjà éreintant en soi, mais l’ajout du mana en décuplait encore l’effet, en mal comme en bien. Il se courba pour éviter le coup et s’approcher de lui. Son mouvement était lent, mais grâce au mana, il put parvenir à aller plus vite que lui. Tout était si lent qu’il dût se retenir de bâiller.

La technique de pugilat de Reid…

La lance dans la main droite, il se mit en position et frappa son adversaire au niveau du torse.

« Kuuuuuuuuuf ! » beugla Luther, le souffle coupé.

Avant même qu’il ne parvienne à réagir, Roan s’approcha de lui sur son flanc, dépassant l’épée. Il tenta de le frapper à nouveau mais le manqua, au grand soulagement de son adversaire qui se mit à sourire.

Tu t’excites trop, Luther. Ce n’est pas terminé.

Son coup raté, Roan ploya de tout son poids du côté gauche, comme s’il allait tomber. Il laissa d’ailleurs tomber sa lance. Il n’était cependant pas troublé. Loin de là. Il se plia davantage encore, se couchant presque par terre, et attrapa ses deux jambes du bras droit. Il se mit alors à tirer de toutes ses forces.

« Espèce de !!! » cria Luther avant, déstabilisé, de chuter au sol progressivement.

Roan aurait pu en profiter mais ses yeux se mirent à le brûler avec une telle intensité qu’il fut contraint de laisser au monde le temps de reprendre ses teintes naturelles. Il ne vit plus le mana, et Luther toucha enfin le sol.

Bordel de Dieu ! C’est trop dangereux, je dois me relever !

Il essaya, en ce sens, de se relever. Mais quelque chose l’en empêcha. Le souffle… le souffle vint à manquer à la Tempête d’Istel. Il se tourna sur le dos et leva les yeux vers le ciel.

« C’est donc un simple soldat qui m’a vaincu… » soupira-t-il.

« La tempête est terminée, Luther. Tu n’aurais pas dû souffler ici. » lui dit Roan.

Ce furent les derniers mots qu’ils échangèrent. Le décapitant d’un seul coup, il se saisit de sa tête et la leva haut dans le ciel, bien visible aux yeux de tous.

« Le commandant en second Roan, du bataillon de la Rose, septième régiment, a vaincu un Colonel ennemi ! » cria-t-il d’une voix impérieuse.

« Colonel Bale ?! » s’étonna un cavalier d’Istel.

Comme lui, ses frères d’armes eurent du mal à y croire, mais voyant sa tête, ils furent bien forcés d’admettre leur défaite. Ils déposèrent les armes au sol d’un air dégoûté.

« Ha ha ha ! Roan, tu es incroyable ! Quelle victoire ! » le congratula Aaron Tate en venant à son niveau.

À sa suite, les autres Colonels, et quelques commandants, étaient venus le féliciter. Tout s’était produit comme il l’avait prédit… Aaron Tate porta alors son attention sur les tentes.

« Éteignez les feux, maintenant ! » cria-t-il.

D’avoir arraché cette victoire aux soldats d’Istel était formidable, mais il fallait encore sécuriser le campement. Étrangement, Roan s’opposa à l’idée.

« Non, il faut le laisser brûler. » dit-il.

« Comment ça ? Dans quel but ? » s’étonna Tate.

Roan indiqua alors le campement d’Istel du menton, de l’autre côté des plaines.

« Si on éteint le feu maintenant, ils vont comprendre que le raid a échoué. Plutôt que de l’éteindre… Que diriez-vous de lancer une contre-attaque, soldats ?! » lança Roan.

« Oh… Oui, ils vont s’imaginer qu’ils ont gagné. » finit par consentir Aaron Tate.

Il fit ainsi préparer 5000 cavaliers, avec Mendel à leur tête. Derrière eux, quelques 10000 âmes du corps d’infanterie se tenaient prêts à attaquer.

« Nous sommes presque prêts, Colonel. Il ne nous reste plus qu’à couvrir la tête des chevaux. » vint quelques temps plus tard lui annoncer Mendel.

Et à nouveau, Roan s’opposa à l’idée…

« Non, allez-y comme ça. »

« Comment ? Mais pourquoi ? Les chevaux risquent de faire du bruit. »

« Notre campement est en feu… Les troupes d’Istel n’ont sûrement rien raté de ce fait. S’ils voient 5000 cavaliers arriver, ils vont très certainement s’imaginer que Luther Bale revient victorieux. » lui dit Roan.

« Ha ha ! J’aime l’idée ! Ils ne vont pas pouvoir différencier leurs ennemis de leurs alliés, avec l’obscurité ! » eut pour réponse Mendel, hilare.

« Précisément. Allez-y à un rythme soutenu et dès que vous serez dans leur camp, incendiez tout. Ensuite, les lanciers et les épéistes attaqueront. » répondit Roan en hochant de la tête.

Tous hochèrent de la tête. Le plan était parfait.

« Tout le monde a entendu ? Suivez les ordres de Roan ! » cria Aaron Tate.

Mendel s’inclina et sortit du campement de Rins, à la tête de 5000 cavaliers. Les autres soldats sortirent sans un bruit, le visage et l’armure recouverte de terre et de feuillages. Ils ne firent rapidement plus qu’un avec la nuit.

L’odeur du sang qui flottait ne tarda pas à changer de camp, quand les flammes se mirent à danser à l’horizon.

« Chargez ! »

Roan eut un sourire sincère.

À notre tour…

Nostra
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17 thoughts on “IATM Chapitre 67

    1. Non, hélas ! Waz et moi en avons traduit un chacun avec l’aide d’Angel qui a effectué les travaux de vérification dessus, mais pour le reste, ça demeure sa série. 😛

  1. Je déteste le 1 er avril c’est pire qu’être sadique à ce niveau là j’ai cru que mon coeur s’était arrêté. Je suis heureuse de voir un nouveau chapitre ! Vu la peur que j’ai eu et ta complicité je sais pas si je dois te remercier XD
    En tout cas j’adore cette histoire et j’espère en voir plus jusqu’à la fin 😉

    1. C’était pas vraiment de la complicité de ma part… à la base, l’idée venait de moi, mais Waz l’a rendue encore plus perverse. J’parlerais plus de responsabilité partagée 😀

  2. Un grand merci pour ce chapitre.
    Ce Roan est vraiment bon de penser à une cette riposte magnifique

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