MoL : Chapitre 2

Coucou !

Comme prévu, nouvelle série, nouvelle traduction et pas des moindres : pour un total de plus de 100 chapitres à 8.000 mots le chapitre en moyenne, on est à plus de 800.000 mots au total pour cette œuvre qui va vous écraser sous la quantité mais également, je l’espère, la qualité. Pour ma part, cette série est déjà dans mon top 3 – toutes œuvres confondues.

Je ne prévois donc de traduire qu’un chapitre régulier par semaine pour la simple et bonne raison qu’un seul chapitre de Mother of Learning en fait facilement trois à quatre classiques par la quantité. Le lexique et le style d’écriture sont d’autant plus fournis et complexes qu’il m’a fallu pas moins de, tenez-vous bien, 7h pour traduire le chapitre 1. Et sans aucune relecture derrière…

Et je ne suis pas loin sur les deux suivants.

Vous comprendrez donc, je l’espère, le faible rythme de publication ainsi que, plus tard, la valeur du chapitre bonus qui s’élèvera, lorsque j’ouvrirai ça (mon PayPal a quelques soucis en ce moment), à une centaine d’euros pièce. Après tout, en terme de quantité, ça reste une réduction de 50% sur ce qu’ils valent d’habitude.

Je préfère être clair tout de suite pour ne pas choquer le lecteur le jour où ça arrivera. Bien entendu, comme d’habitude, il ne s’agira là que de bon cœur de votre côté comme du mien, il n’y a aucun obligation ; la seule chose que je me ferai un devoir de tenir, c’est le chapitre régulier chaque mardi.

Maintenant, parlons d’autre chose. Cette série avait déjà été traduite en partie sur un autre site. Un peu plus d’une trentaine de chapitres sur lesquels je refuse de me baser : pour avoir comparé, le texte est joli et a l’air super bien écrit mais par rapport au « sentiment » que provoque le texte original, la précédente traduction avait ce quelque chose de plat, de trop terre à terre, de trop figé dans une traduction littérale et fidèle au mot original. Pour ma part, je préfère qu’un texte, même s’il doit être légèrement différent, respecte le sentiment qu’il doit faire naître à la lecture. La rythmique également est importante ; sans parler du vocabulaire… Enfin, bref. Vous l’aurez compris, si vous avez déjà lu l’autre version / si vous comptez la lire par curiosité, vous noterez sans doute des différences notables assumées.

Voilà pour la petite introduction ; si vous voulez un synopsis, il est sur la page de sommaire de l’œuvre donc je ne le répèterai pas ici. Ce n’est pas le lieu pour ça.

Je pense n’avoir rien d’autre à dire ; à part peut-être « Cordialement, veuillez accepter mes salutations distinguées, bisou à la femme au chien et aux petits oiseaux cuicui. » © Pérusse.

 

C’est parti pour le pavé dans la mare.

 


 

ARC 1

 

Chapitre 1 – Bonjour, mon frère

 

Zorian ouvrit les yeux d’un seul coup, une douleur aiguë dans le ventre. Son corps entier se convulsa en réaction à ce truc qui venait de lui tomber dessus ; ce fut ce qui l’éveilla brusquement, la moindre trace de somnolence parfaitement dissipée.

— Bonjour, mon frère ! Résonna une voix désespérément joyeuse quelque part sur lui. Bonjour, bonjour, bonjour !

Zorian fixa sa petite sœur en silence et elle lui répondit par un sourire rayonnant, toujours étalée sur son ventre. Elle fredonnait tout bas, visiblement satisfaite en battant des pieds dans le vide tout en observant la grande mappemonde que Zorian avait placardée au mur à côté de son lit. Ou plutôt… fit semblant de l’observer – Zorian pouvait clairement voir qu’elle n’attendait qu’une réaction de sa part du coin de l’œil.

C’était sa rétribution pour ne pas avoir pris soin de placer un verrou arcanique sur sa porte… ainsi qu’activé une alarme de base dans le périmètre entourant son lit.

— Bouge, lui murmura-t-il de la voix la plus calme qu’il put articuler.

— Maman m’a dit de te réveiller, répondit-elle du tac-o-tac sans faire mine de vouloir se lever.

— Pas comme ça. Elle ne t’a pas dit de faire comme ça, grommela Zorian en ravalant son irritation, patientant calmement qu’elle baisse sa garde. Comme prévu, Kirielle commença à s’agiter nerveusement après quelques instants de ce prétendu désintérêt. Juste avant qu’elle n’explose littéralement, Zorian lui attrapa rapidement les jambes et la retourna comme un sac pour la balancer hors de son lit. Elle rencontra le sol dans un bruit sourd en offrant un couinement indigne ; Zorian bondit lui aussi hors du lit pour répondre à la violence qu’elle pourrait avoir envie d’employer désormais. Il lui offrit un regard dominateur et renifla dédaigneusement.

— Je m’en souviendrai la prochaine fois que JE te réveillerai.

— Tu peux rêver, rétorqua-t-elle avec défiance. Tu dors toujours plus longtemps que moi.

Zorian se contenta de soupirer, vaincu. Saloperie de petite démone, elle avait raison…

— Alors… reprit-elle toute excitée en se relevant d’un bond, tu n’es pas enthousiaste ?

Zorian l’observa un moment bondir aux quatre coins de la pièce comme un petit singe dopé. Parfois, il rêvait de posséder la même énergie qu’elle. Juste un peu.

— À quel propos ? Finit-il par demander d’un air innocent en feignant de ne pas comprendre. Il savait ce qu’elle voulait dire, bien sûr mais rabâcher constamment les mêmes questions évidentes était le moyen le plus rapide de frustrer sa petite sœur pour la faire abandonner une conversation qu’il ne souhaitait pas entamer.

— Retourner à l’académie ! Geignit-elle en réponse, clairement consciente de ce qu’il tentait de faire – il fallait qu’il mette au point de nouvelles stratégies. Je vais apprendre la magie ! Montre-moi un peu de magie !

Zorian laissa échapper un soupir aussi long que sa souffrance. Kirielle l’avait toujours traité comme un camarade de jeu bien qu’il ait toujours tout fait pour ne pas l’y encourager. Habituellement, elle ne franchissait pas certaines limites implicitement établies mais cette année-là, elle était devenue impossible à gérer et leur mère restait parfaitement sourde à ses réclamations à chaque fois qu’il lui demandait de resserrer la bride avec elle. Tout ce qu’il faisait, c’était lire à longueur de journée, clamait-elle, aussi n’était-ce pas quelque chose de tellement important… Grâce au ciel, les vacances d’été touchaient à leur fin et il pouvait finalement s’en aller, les laissant derrière lui.

— Kiri, il faut que je fasse mes valises. Pourquoi ne vas-tu pas embêter Fortov, pour changer ?

Elle lui offrit une moue l’espace d’une seconde et son visage s’illumina comme si quelque chose lui était revenu d’un seul coup. Elle se précipita hors de la chambre tandis que les yeux de Zorian s’écarquillèrent. Il venait de réaliser, une seconde trop tard, ce qu’elle avait en tête.

— Non ! Hurla-t-il en lui courant après pour ne voir que la porte de salle de bains lui claquer à la gueule. Il la frappa sous le coup de la frustration. Merde ! Kiri ! Tu avais tout le temps du monde pour y aller avant que je me lève !

— J’aimerais pas être à ta place, lâcha-t-elle pour toute réponse.

Après avoir gueulé quelques malédictions et insultes bien senties au travers de la porte, Zorian retourna dans sa chambre d’un pas lourd et colérique pour s’habiller. Elle allait y rester pour des lustres, c’était certain, n’était-ce que pour l’emmerder.

Se débarrassant prestement de son pyjama avant d’enfiler ses lunettes, Zorian prit un moment pour observer un peu sa chambre. Il était reconnaissant envers Kirielle de ne pas avoir foutu le bordel avant de le réveiller ; elle avait après tout une notion très floue de la propriété privée des autres.

Il ne fallut pas longtemps à Zorian pour emballer ses affaires – il n’avait jamais vraiment tout sorti, pour être honnête et serait déjà retourné à Cyoria une semaine auparavant si sa mère le lui avait permis. Alors qu’il rassemblait ses affaires scolaires, il réalisa avec irritation que quelques-uns de ses cahiers étaient manquants. Il pouvait tenter de lancer un sort de localisation mais il était assez sûr de lui pour juger de l’endroit où ils devaient être – Kirielle avait pour habitude de les emporter dans sa chambre peu importe le nombre de fois où Zorian lui disait de laisser ses petits doigts crochus loin de ses affaires. S’activant au plus vite, il découvrit également ses crayons et stylos largement utilisés, évidemment.

Ça arrivait sans arrêt. À chaque fois qu’il rentrait à la maison, Kirielle préparait un raid sur ses affaires scolaires. En mettant de côté les problèmes éthiques inhérents à l’intrusion non-désirée dans la chambre d’un autre afin de lui voler ce qui lui appartient, pour quelle foutue raison pouvait-elle avoir besoin de tous ces crayons et effaceurs ? Cette fois-là, il en avait ramené bien plus que nécessaire en gardant sa petite sœur à l’esprit mais ce n’était toujours pas suffisant : il ne parvint pas à trouver le moindre effaceur dans ses tiroirs alors qu’il en avait acheté un paquet entier avant de rentrer. Pourquoi Kirielle ne pouvait-elle pas simplement demander à leur mère de lui acheter quelques cahiers et crayons bien à elle ? Ce n’était pas très clair pour Zorian. Elle était la plus jeune et la seule fille alors leur mère était toujours heureuse de la gâter… Les poupées qu’elle avait poussé leur chère maman à acheter était cinq fois plus onéreuses que deux ou trois cahiers et quelques crayons.

Dans tous les cas, Zorian n’entretenait aucune illusion : il ne reverrait pas ses affaires mais il avait vraiment besoin de ses cahiers. Gardant cette fatalité à l’esprit, il s’aventura vers la chambre de sa sœur et ignora l’avertissement sur la porte signalant à tout intrus de garder ses distances. Il trouva rapidement ce qu’il cherchait là où il savait que le tout se trouvait – lâchement et idiotement planqué sous le lit, en-dessous de quelques animaux en peluches placés là bien hasardeusement.

Ses affaires prêtes, il descendit afin de manger un petit quelque chose et pour voir ce que sa mère lui voulait.

Sa famille pensait de lui qu’il était un gros dormeur et qu’il aimait ça mais Zorian avait de bonnes raisons de rester au lit le matin. Ça signifiait qu’il pouvait manger en paix, tout le monde ayant déjà terminé avant qu’il ne commence. Peu de choses l’ennuyaient plus que quelqu’un tentant d’initier une conversation alors qu’il mangeait et c’était précisément le moment où le reste de la famille était les plus bavards. Malheureusement, sa mère ne comptait pas attendre ce matin-là et se jeta sur lui aussitôt qu’elle le vit arriver. Il n’avait pas encore posé le pied au rez-de-chaussée et elle avait déjà trouvé quelque chose à critiquer.

— Tu ne comptes pas sortir habillé comme ça, n’est-ce pas ?

— Qu’est-ce qui ne va pas avec mes habits ? Rétorqua Zorian, un ensemble brun sur le dos, à peine différent de celui des autres jeunes hommes qu’on pouvait voir en ville et qui lui semblait juste parfait.

— Tu ne peux pas sortir comme ça, reprit-elle en soupirant longuement. Que penses-tu que les gens vont penser quand ils vont te voir habillé… ainsi ?

— Rien ? Tenta Zorian.

— Zorian, ne sois pas si difficile, trancha-t-elle. Notre famille est l’un des piliers de cette ville. Nous sommes observés de tous les côtés aussitôt que nous quittons la maison. Je sais que tu te fous de ce genre de choses mais les apparences sont importantes pour beaucoup de gens, tu sais. Il faut que tu réalises que tu ne vis pas sur une île déserte et tu ne peux pas décider des choses comme si tu étais seul au monde. Tu es membre de cette famille et tes actions impactent forcément notre réputation. Quant à moi, je n’accepterai pas que tu me mettes dans l’embarras en ayant l’air d’un vulgaire ouvrier sorti de l’usine. Remonte et change-toi convenablement.

Zorian se retint de lever les yeux au ciel, juste suffisamment longtemps pour pouvoir lui tourner le dos. Peut-être que son plaidoyer sur le blabla et la culpabilité aurait été efficace si c’était la première fois qu’elle s’y essayait… Pourtant, ça ne valait pas le coup d’amorcer une dispute pour ça et il remonta enfiler un ensemble plus classe et attirant l’œil. C’était largement excessif si on considérait le fait qu’il allait passer la journée entière enfermé dans le train mais sa mère se contenta de hocher la tête avec approbation lorsqu’elle le vit descendre pour la seconde fois. Elle le fit tourner et se retourner, poser comme un animal pendant un moment avant d’enfin le juger « plutôt décent ». Il se rendit alors à la cuisine, suivi pour son plus grand dam par sa mère.

Pas de petit déjeune en paix, c’était clair.

Son père était fort heureusement parti en voyage d’affaires et il allait éviter tout affrontement avec lui, c’était déjà ça.

Il entra dans la cuisine et fronça les sourcils en se rendant compte qu’un bol de porridge l’attendait déjà sur la table. Généralement, il se préparait son propre repas le matin et ça lui convenait parfaitement ainsi ; mais il savait que sa mère n’aimait pas ça du tout. C’était sa façon à elle de rendre ce genre de petit service, et Zorian s’attendait déjà à ce qu’elle lui demande quelque chose en retour. Quelque chose qu’il n’allait pas apprécier.

— Je me suis dit que j’allais te préparer quelque chose aujourd’hui et je sais que tu aimes le porridge, lâcha-t-elle innocemment devant un Zorian qui serra les dents pour ne pas lui rappeler qu’il n’aimait plus ça depuis ses huit ans. Mais tu as dormi plus que nécessaire alors ça a refroidi alors que je t’attendais.

Zorian leva ouvertement les yeux vers le plafond et lança une version légèrement modifiée du sort « Ébullition » sur le porridge qui retrouva immédiatement une température agréable.

Il avala son petit déjeuner en silence en n’écoutant qu’à moitié sa mère lui déballer une histoire longue comme sa jambe à propos d’une dispute concernant des cultures dans laquelle était impliqué l’un de leurs fournisseurs tout en tournant autour du pot ; elle voulait clairement quelque chose. Zorian parvint à la faire décrocher en changeant de sujet avec facilité ; c’était pratiquement une compétence essentielle de survie pour les enfants de la famille Kazinski, les deux parents étant professionnels dans l’art des tirades à rallonge sur tous les sujets possibles. C’était même pire pour Zorian, mouton noir de la famille, qui était la cible d’encore plus de ce genre de sermon. Fort heureusement, sa mère se fichait de son silence, peu différent de son comportement habituel en compagnie de sa famille. Il avait appris depuis de longues années que se taire était la façon la plus rapide de leur faire perdre tout intérêt le concernant.

— Mère, l’interrompit-il, je viens de me réveiller après que Kiri m’ait sauté sur le ventre. Je n’ai eu aucune chance d’accéder à la salle de bains et maintenant tu m’embêtes pendant que je mange. Viens-en au fait ou attends que je termine.

— Elle a recommencé ? Demanda la mère, d’une voix assurément amusée.

Zorian se frotta les yeux en silence avant d’empocher une pomme sans se faire remarquer, quand sa mère regardait ailleurs. Il y avait tant de comportements ennuyeux que Kirielle répétait encore et encore mais s’en plaindre était une perte de temps. Personne n’était de son côté, dans cette famille.

— Oh, ne sois pas comme ça, soupira-t-elle en remarquant sa réaction implicitement désapprobatrice. Elle s’ennuie et veut jouer avec toi. Tu prends les choses bien trop au sérieux, comme ton père.

— Je ne suis en rien comme mon père ! Insista Zorian en levant la voix et les yeux vers elle.

Voilà pourquoi il aimait prendre son petit déjeuner seul et détestait la compagnie. Il retourna vers son repas avec une vigueur nouvelle, pressé d’en finir au plus vite.

— Bien sûr que tu es différent, plaça sa mère avec légèreté avant de changer de sujet. En réalité, ça me rappelle quelque chose. Ton père et moi allons à Koth pour rendre visite à Daimen.

Zorian mordit sa cuillère pour retenir tout commentaire sarcastique. C’était sans arrêt Daimen par ici, Daimen par là. Certains jours, Zorian se demandait pourquoi les parents avaient pris la peine de faire trois autres enfants quand ils étaient clairement amourachés de leur premier né. Vraiment, aller jusqu’à un autre continent pour rendre visite à une personne ? Quoi, allaient-ils en mourir s’ils ne le voyaient pas pendant un an ?

— Qu’est-ce que ça a à voir avec moi ? Finit par demander Zorian.

— Ce sera assez long. Nous allons y rester pour six mois pendant lesquels nous allons majoritairement voyager d’un endroit à un autre. Toi et Fortov serez à l’académie, bien sûr… mais je suis inquiète pour Kirielle. Elle n’a que neuf ans et je n’aime pas l’idée de l’emmener avec nous.

Zorian sentit son visage se drainer de son sang. Il avait enfin compris le fin mot de l’histoire.

— Mère, j’ai quinze ans, protesta-t-il immédiatement.

— Et ? Ton père et moi étions déjà mariés à ton âge.

— Les temps changent, continua Zorian. D’ailleurs, je passe le plus clair de la journée à l’académie. Pourquoi ne demandes-tu pas à Fortov de s’occuper d’elle ? Il a un an de plus que moi et possède son propre appartement.

— Fortov est en quatrième année, reprit sa mère d’un air strict. Il va passer son diplôme cette année et il faut qu’il se concentre sur ses résultats scolaires.

— Tu veux dire qu’il a refusé, conclut Zorian à voix haute.

— Et d’ailleurs, continua-t-elle en ignorant sa remarque, je suis sûre que tu sais à quel point il peut être irresponsable parfois. Je ne pense pas qu’il puisse élever une petite fille.

— La faute à qui ? Marmonna Zorian en laissant tomber sa cuillère avant de pousser son bol au loin. Peut-être Fortov se montrait-il irresponsable parce qu’il savait que les parents lui foutraient la paix et céderaient à Zorian tout ce qui concernait les choses importantes s’il la jouait suffisamment stupide. Pourquoi était-ce toujours à lui de s’occuper de la petite peste ? Eh bien, il n’allait pas se laisser faire, cette fois ! Si Fortov était trop bien pour s’occuper de Kirielle, alors Zorian aussi !

En plus, la petite moucharde allait sans aucun doute rapporter absolument tout ce qu’il ne fallait pas aux parents sans y réfléchir à deux fois. La meilleure chose à propos de l’école en internat, loin de la maison, était cette liberté inhérente à la distance. Il pouvait faire tout ce qu’il voulait sans subir sa famille à chaque coin de couloir et chaque remarque, il n’allait certainement pas abandonner ça. Vraiment, il s’agissait clairement d’un plan de la part de sa mère, si transparent qu’il en devenait limpide. Elle voulait garder un œil sur lui et se donner l’occasion d’encore plus de sermons à son attention à propos de la famille et des bonnes manières.

— Je ne fais pas l’affaire non plus, continua Zorian plus ouvertement. Tu viens de dire, il y a quelques minutes, que j’étais un gosse qui te mettais dans l’embarras et qui fait honte à la famille. Nous ne voudrions pas corrompre la petite Kiri par mon attitude nonchalante et je-m’en-foutiste, pas vrai ?

— Je n’ai pas…

— Non ! Hurla Zorian.

— Oh, fais comme tu veux, soupira sa mère résignée. Mais vraiment, je ne suggérais pas…

— De quoi est-ce que vous discutez ? S’écria joyeusement Kirielle en arrivant.

— Nous parlions de la petite peste gâtée pourrie que tu es, répliqua aussitôt Zorian.

— Non, ce n’était pas ça ! Cria-t-elle en retour.

Toutes deux virent les yeux de Zorian rouler vers le plafond et il se leva de son siège afin de se rendre à la salle de bains. Tout ce qu’il trouva fut cette envahissante petite sœur lui bloquant le chemin. Avant qu’il puisse lui dire quoi que ce fut, on toqua à la porte.

— Je vais ouvrir ! Annonça rapidement Zorian, qui savait que sa mère allait demander à l’un des deux enfants d’aller s’en occuper et que Kirielle ne bougerait pas de son poste de garde du couloir – elle pouvait être la plus têtue quand elle s’y mettait.

C’est ainsi que Zorian se retrouva planté là, à fixer une femme à lunettes vêtue d’un ensemble kaki à l’apparence hors de prix et serrant un énorme livre dans ses bras.

Elle lui accorda un regard scrutateur et analytique en relevant ses lunettes sur son nez.

— Zorian Kazinski ?

— Euh… Oui ? Bégaya-t-il, pris au dépourvu et incapable de réagir à ce développement inattendu.

— Je m’appelle Ilsa Zileti, je fais partie de l’Académie Royale des Arts Magiques de Cyoria. Je suis ici pour discuter avec vous des résultats de votre certification.

La couleur disparut une fois de plus du visage de Zorian. Ils avaient envoyé un vrai mage pour lui parler ?! Qu’avait-il donc fait pour mériter ça ? Sa mère allait le dépecer !

— Ne vous inquiétez pas, monsieur Kazinski, il n’y a pas de problème, lâcha-t-elle un peu amusée. L’académie a pour habitude d’envoyer un représentant à la rencontre de tous les élèves de troisième année pour parler de certains points d’intérêts. J’avoue que j’aurais dû venir plus tôt mais j’ai été si occupée ces dernières années… Je vous demande pardon.

Zorian continua à observer en silence, quelques secondes encore.

— Puis-je entrer ?

— Hein ? Oh ! Réalisa Zorian. Veuillez pardonner mes mauvaises manières, Miss Zileti. Entrez, entrez !

— Merci, accepta poliment la professeure en entrant dans la maison.

Après une présentation rapide à mère et sœur, Ilsa demanda à Zorian s’il y avait un endroit dans lequel ils pourraient discuter des choses concernant l’école en privé. Sa mère décida rapidement qu’elle devait se rendre au marché, en ville ; Kirielle partit avec elle et Zorian se retrouva seul avec Ilsa à la maison. Celle-ci se hâta de répandre une multitude de papiers sur le plan de travail de la cuisine.

— Bien, Zorian, commença-t-elle sur un ton sérieux. Vous savez déjà que vous avez passé la certification.

— Oui, j’ai reçu la notification, répondit l’intéressé. Cirin ne possède pas de tour des mages alors je m’apprêtais à récupérer mon badge en revenant à Cyoria.

Ilsa lui tendit alors simplement un parchemin scellé. Zorian l’inspecta pendant un instant avant de tenter d’en briser le sceau afin de pouvoir le lire. Par malheur, ce dernier était résistant, de façon surnaturelle, même.

Il fronça le sourcils. Ilsa ne lui aurait pas donné ce parchemin si elle le jugeait incapable de l’ouvrir. Un test ? Il n’était pas quelqu’un de particulièrement spécial et ça aurait dû être quelque chose de plutôt simple. Il n’était pas un héros dont on devait jauger les super pouvoirs, ni un dieu qui s’ignorait. Un simple élève, oui, voilà ce qu’il était. Quelle compétence devait donc posséder un gamin de son…

Oh. Il faillit lever les yeux au ciel en réalisant le propos de la visite de la professeure. Il concentra un peu de mana dans le sceau, qui céda de lui-même sans opposer de résistance. Zorian put enfin dérouler le papier et découvrir de quoi il s’agissait. Écrit dans une calligraphie propre et soignée, classe et luxueuse, le texte apparaissait comme étant la preuve de son identité en tant que mage du premier cercle. Il leva les yeux vers Ilsa qui hocha la tête en souriant, lui confirmant qu’il venait bien de passer un test haut la main.

— Vous n’avez pas vraiment besoin de récupérer un badge avant la fin de votre scolarité, reprit-elle. Le badge est onéreux et précieux, personne ne vous embêtera avec ça tant que vous ne comptez pas ouvrir une boutique ou vendre vos compétences en tant que mage. Si quelqu’un vous cherche des noises à ce propos malgré tout, contentez-vous de les référer à l’académie et les choses se résoudront d’elles-mêmes.

Zorian haussa les épaules. Il comptait bien sûr se séparer de sa famille mais il comptait attendre la fin de sa scolarité pour ça et ça allait devoir se passer deux ans plus tard. Il fit un signe de la tête à Ilsa pour l’inciter à continuer.

— Très bien, dans ce cas. Les archives mentionnent que vous vivez dans l’internat de l’académie depuis deux ans. Je suppose que vous comptez continuer ?

Zorian acquiesça en la regardant fouiller dans une de ses poches. Elle en sortit une bien étrange clé qu’elle lui tendit. Il savait comment les serrures étaient supposées fonctionner et était capable de crocheter les plus simple si on lui donnait un peu de temps mais il ne pouvait comprendre comment celle-ci était censée ouvrir quoi que ce fut. Elle ne possédait aucune dent pour pousser sur les goupilles. Sur un coup de tête, il concentra un peu de mana à l’intérieur de la clé et vit des lignes dorées apparaître silencieusement à sa surface. Levant une nouvelle fois la tête vers Ilsa, il lui posa la question du regard.

— Les habitations pour les élèves de troisième année fonctionnent différemment de ce à quoi vous êtes habitué, expliqua-t-elle. Comme vous en êtes sans doute conscient, maintenant que vous être un mage du premier cercle certifié, l’académie est autorisée à vous enseigner des sorts du premier cercle. Puisque vous allez toucher à du matériel sensible, nous avons besoin d’une sécurité accrue et vous allez vivre dans un bâtiment différent. La serrure sur votre porte est liée à votre mana personnel, aussi vous devrez répéter ce que vous venez de faire avec la clé afin de la déverrouiller.

— Ah, se contenta de répondre Zorian en jouant nonchalamment avec la clé, qu’il fit tournoyer dans sa main en se demandant exactement de quelle façon ils avaient eu accès à la signature de son mana. Il faudrait qu’il se renseigne plus tard, sans doute.

— Normalement, je devrais vous expliquer en détail ce que signifie être un élève de troisième année dans l’académie de Cyoria mais j’ai entendu que votre train part bientôt. Aussi vous proposé-je d’en venir immédiatement à la raison principale qui m’a fait venir ici : votre mentor et les options qui vous sont données. Vous pourrez me demander ce que vous voulez après ça.

Zorian releva la tête à la mention d’un mentor. Chaque élève de troisième année se voyait octroyé un mentor qu’il voyait une fois par semaine et qui était censé apprendre aux élèves des choses impossibles à enseigner dans un format scolaire standard afin de les aider à atteindre leur potentiel maximum. Un choix de mentor pouvait construire ou briser une carrière de mage et Zorian savait qu’il devait choisir avec précaution. Heureusement, il avait déjà posé des questions autour de lui aux élèves plus âgés afin de définir qui serait bon et qui ne le serait pas. Il pensait être capable d’en trouver un au minimum au-dessus de la moyenne.

— Alors, qui puis-je choisir ? Y a-t-il une liste ? S’enquit-il.

— Eh bien, en réalité… J’ai peur que vous ne puissiez pas choisir, lâcha-t-elle d’un air navré. Comme je l’ai dit, je devais vous rencontrer plus tôt et tous les mentors ont déjà rempli leur quota d’élèves, à l’exception d’un seul.

Zorian sentit un frisson lui parcourir l’échine. Un très mauvais pressentiment, oui.

— Et qui est mon mentor ?

— Xvim Chao.

Zorian grogna en enfouissant le visage dans ses mains. De tous les mentors, Xvim Chao était largement réputé comme étant le pire de tous. C’était forcément lui hein ?

— Ce n’est pas si mal, tenta de le rassurer Ilsa. Les rumeurs sont vraiment exagérées et surtout répandues par des étudiants peu envieux d’effectuer le travail donné par le professeur Xvim. Je suis sûr qu’un élève talentueux et travailleur comme vous n’aura aucun problème avec lui.

Zorian renifla froidement.

— Je suppose que je n’ai pas l’opportunité de demander un autre mentor, n’est-ce pas ?

— Pas vraiment. Nous avons eu un bon taux de réussite l’an dernier et tous les mentors ont été phagocytés par les élèves à une vitesse folle. Le professeur Xvim est vraiment le tout dernier choix possible désormais.

— Oh, mon dieu, je me demande bien pourquoi, ironisa-t-il avec un rictus fataliste. Bon, bien. Et les options ?

Ilsa lui tendit un autre parchemin, déjà ouvert. Il contenait une liste de tout ce à quoi les classes pouvaient adhérer, tout ce à quoi elles pouvait participer, offert par l’académie. Et la liste était longue, très longue. On pouvait s’inscrire à pratiquement n’importe quoi, même des choses qui n’avaient rien de magique par nature : les mathématiques avancées, la littérature classique ou l’architecture par exemple. C’était prévisible cela dit, vraiment. La tradition magique Ikosienne avait toujours été intimement liée à une poursuite infaillible des arts culturels et intellectuels.

— Vous pouvez choisir entre trois et cinq options cette année. Ce serait nettement plus pratique pour nous si vous le faisiez immédiatement, ainsi nous pourrions terminer les emplois du temps au plus vite, cette semaine même, pour les cours qui reprennent dès la semaine prochaine. Ne soyez pas intimidés par la taille impressionnante de cette liste : même si votre choix se porte sur une chose qui ne vous correspond finalement pas, vous pouvez toujours changer pendant le premier mois.

Zorian fronça les sourcils. Il y avait tant d’options disponibles et il ne savait pas vraiment lesquelles lui sembleraient intéressantes et adaptées. Il s’était déjà fait couillonner question mentor, il n’allait pas en plus se foirer là. Il lui semblait bien que ça allait prendre un bon moment.

— Ne le prenez pas mal, s’il vous plait, Miss Zileti… mais seriez-vous d’accord pour que nous fassions une petite pause avant de continuer avec tout ça ?

— Oh, bien sûr que oui, répondit-elle en hochant la tête. Quelque chose ne va pas ?

— Rien du tout, rassurez-vous. C’est juste que je dois vraiment aller aux toilettes.

Peut-être pas la meilleure façon de faire une bonne première impression. Kirielle allait payer pour l’avoir mis dans cette position, oh oui.

___

 

Zorian traînait les pieds en suivant sa famille en silence tandis qu’ils arrivaient à la gare de Cirin, ignorant les salutations exubérantes de Fortov à chaque fois qu’il rencontrait des amis à lui. Il étudia la foule sur les quais afin d’y reconnaître un visage familier mais il n’en trouva aucun, bien entendu. Il ne connaissait pas réellement tant de monde en ville comme ses parents adoraient le lui rappeler. Il sentit le regard de sa mère tomber sur lui alors qu’il observait un attroupement de gens un peu plus loin mais refusa de le lui rendre. Elle prendrait ça comme une permission de démarrer une conversation et il savait déjà ce qu’elle allait dire.

Pourquoi ne pas rejoindre Fortov et ses amis, Zorian ?

— Parce que ce sont des connards immatures à l’image de Fortov, voilà pourquoi, marmonna-t-il tout bas.

Il soupira en regardant les rails où ne circulait aucun train pour le moment. Ce train qui était en retard. Il n’avait rien contre le fait d’attendre un peu mais pas dans une telle foule, c’était de la torture d’être coincé entre ce peuple. Sa famille ne comprendrait jamais mais Zorian abhorrait la foule. Ce n’était pas quelque chose de terrible, bien sûr, plutôt quelque chose de dérangeant : les rassemblements de personnes projetaient une espèce de présence de masse qui pesait sur ses épaules sans discontinuer. La plupart du temps, ce n’était qu’ennuyeux et parfois, ça pouvait s’avérer utile – ses parents avaient cessé de l’emmener à l’église en se rendant compte que le serrer au milieu de ces gens provoquaient vertiges et nausées.

Heureusement, la gare n’était pas assez peuplée pour que ça en arrive à ce point-là. Il espérait que le train allait vite arriver parce qu’il ne voulait certainement pas finir la journée affublé d’une migraine.

Le rire gras et bruyant de Fortov résonna et le sortit de ses pensées sinistres. Son frère aîné n’avait pas ce genre de problème, c’était certain. Comme toujours, il était joyeux, sociable et possédait ce sourire qui pouvait illuminer le monde. Ceux qui l’entouraient étaient clairement fascinés par sa personne et il ressortait du groupe au premier regard même s’il possédait en réalité la même carrure fébrile que Zorian. Simplement, il possédait cette présence innée. Il était comme Daimen sur ce plan, manquant uniquement des compétences de ce dernier pour appuyer son charme naturel.

Il trembla et secoua la tête. Zorian ne savait pas vraiment comment Fortov avait été accepté dans une institution d’élite comme l’académie de Cyoria mais il suspectait fortement leur père d’avoir graissé la patte de quelques décideurs afin d’y faire admettre Fortov. Ce n’était pas tant que ce dernier était sutpide mais plutôt fainéant et incapable de se concentrer sur une tâche, aussi importante fut-elle. Peu de gens connaissaient cet aspect de sa personnalité, bien entendu – l’adolescent était charmant comme un dieu et sacrément capable dans l’art de balayer ses incompétences sous un tapis métaphorique.

Son père plaisantait constamment sur l’idée que Daimen avait cédé une partie de lui-même à chacun des deux autres fils ; Fortov avait reçu le charme, Zorian la compétence.

Et Zorian n’avait jamais apprécié ce sens de l’humour paternel.

Un sifflement perça l’air. Le train entra dans la gare dans une immense cacophonie métallique des freins étincelant contre les roues et les roues contre les rails. Les trains, à l’origine alimentés par de la vapeur qui crachaient de la fumée où qu’ils pussent aller et consommaient des quantités astronomiques de charbon pour pouvoir avancer, avaient bien changé. Celui-ci était alimenté par des moteurs technomagiques de dernière génération et qui consommaient du mana cristallisé pour bouger. Propre, peu coûteux, peu de maintenance. Zorian pouvait sentir le mana irradier du véhicule alors qu’il approchait bien que sa capacité à ressentir la magie était trop peu développée pour lui en dire plus et de façon plus détaillée. Il avait toujours voulu jeter un œil dans la salle des machines mais n’avait jamais pu trouver de bonne raison pour approcher les opérateurs du train.

C’était une pensée qui allait devoir attendre une autre occasion. Il salua brièvement sa mère et sa sœur et entra dans le train afin d’y trouver une place. Il s’enferma volontairement dans un compartiment vide, chose étonnamment facile à trouver. Apparemment, malgré la foule, peu étaient destinés à prendre ce train en particulier.

Cinq minutes plus tard, un craquement retentit alors que les moteurs technomagiques reprenaient leur travail. La cloche sonna et le train démarra.

___

— Nous arrivons à Korsa, clama une voix électronique sans émotion, qui répéta son annonce après un craquement et un grincement métallique de plus. Nous arrivons à Korsa.

Les haut-parleurs se turent pour de bon après ça.

Zorian laissa échapper un long soupir d’irritation et ouvrit les yeux. Il avait horreur des trains. L’ennui, la chaleur et les sons trop rythmiques conspiraient tous pour le rendre somnolant et grincheux car à chaque fois qu’il parvenait à s’endormir, il était tiré brutalement du sommeil par une annonce ou une autre sortant des haut-parleurs. Et c’était précisément le but premier de celui qui activait ces annonces – réveiller les passagers afin qu’ils ne manquent pas leur arrêt. Zorian en était conscient mais ne s’en trouvait pas moins ennuyé pour autant.

Il regarda par la fenêtre pour voir une gare comme toutes les autres. En fait, elle était totalement identique aux cinq précédentes, jusqu’à la ligne bleue entourant le panneau arborant le nom du lieu : Korsa. Apparemment, ceux qui avaient bâti la gare travaillaient sur un schéma qu’ils reproduisaient un peu partout. Sur les quais, Zorian put voir une foule attendant leur train. Korsa était en effet un centre névralgique majeur et un rond-point du système ferroviaire proche : un bon nombre de familles marchandes vivaient là et envoyaient leurs enfants vers la prestigieuse académie de Cyoria pour qu’ils y deviennent mages et qu’ils se développent au milieu des gosses d’autres familles influentes. Zorian souhaita vivement qu’aucun de ces élèves ne le rejoigne dans son compartiment mais il savait que c’était un doux rêve. Ils étaient trop nombreux et aucun autre compartiment n’était aussi vide que le sien. Il fit ce qu’il put pour se réinstaller confortablement et ferma les yeux une fois de plus.

La première personne à venir s’installer à ses côtés fut une fille un peu enrobée, portant des lunettes et un col roulé vert. Elle le regarda d’un air curieux et commença à lire un livre en silence. Zorian aurait été extatique s’il avait pu n’être affublé que de ce genre de compagnon de voyage mais il déchanta quand plus tard, un groupe de quatre autres filles arrivèrent et s’accaparèrent le reste des sièges vacants. Les nouvelles arrivantes étaient bruyantes et adeptes des ricanements stridents ; Zorian était presque tenté de se lever pour aller trouver un nouveau compartiment où loger. Il passa le reste du voyage à alterner entre l’observation du paysage à travers les vitres, ces champs sans fin au milieu desquels ils roulaient inlassablement et l’échange de regards ennuyés avec cette fille au col roulé qui semblait tout autant irritée par le comportement des quatre autres.

Il savait qu’ils s’approchaient de Cyoria. Il le sut quand il put apercevoir les arbres à l’horizon. Il n’y avait qu’une seule ville dans cette région bâtie si proche de la grande forêt du nord et les autres trains évitaient de s’approcher de ce lieu infâme. Zorian ramassa sa valise et s’approcha de la sortie. L’idée d’être le premier à débarquer et ainsi éviter la marée humaine habituelle le faisait déjà sourire intérieurement mais il était déjà trop tard. Déjà, une foule attendait près de la porte alors qu’ils approchaient à peine de la ville. Il s’appuya contre une vitre proche et patienta en écoutant la conversation animée entre trois étudiants de première année, qui parlaient de manière excitée de la façon dont ils allaient commencer l’apprentissage de la magie et qu’en savaient-ils d’autre. Merde, ils allaient déchanter et pas qu’un peu. La première année n’était que théorie, méditation et apprentissage de l’accès au mana.

— Eh, toi ! Tu es un de nos seniors, n’est-ce pas ?

Zorian tourna la tête vers la fille qui venait de lui adresser la parole et réprima un grognement d’irritation. Il ne voulait tellement pas parler à ces personnes. Il était dans le train depuis tôt le matin, sa mère l’avait déjà sermonné parce qu’il n’avait pas offert à boire à Ilsa alors qu’elle-même était au marché et il n’était d’humeur à rien d’autre qu’à arriver à destination.

— Je suppose que tu peux me définir ainsi, répondit-il précautionneusement.

— Tu peux nous montrer de la vraie magie ? Continua-t-elle aussitôt.

— Non, claqua Zorian platement, sans même mentir. Le train est scellé afin de corrompre la mise en forme du mana. Ils ont eu des problèmes avec des pyromanes et des gens qui vandalisaient les compartiments.

— Oh, fit simplement la fille, clairement déçue tout en lui offrant une légère moue, tentant de comprendre quelque chose. La mise en forme du mana ?

— Tu ne sais pas ce qu’est le mana ? Demanda Zorian en levant un sourcil.

Elle était en première année, oui mais c’était élémentaire. N’importe qui ayant été à l’école élémentaire savait ce qu’était le mana.

— …La magie ? Tenta-t-elle en désespoir de cause.

— Ugh, grogna Zorian, la main sur les yeux. Les profs t’auraient tellement fait couler pour ça. Non, ce n’est pas de la magie. C’est ce qui alimente la magie. L’énergie, la puissance, qu’un mage met en forme pour lui donner un effet. Tu en apprendras plus en cours, je suppose. Le fait est que pas de mana, pas de magie. Et on ne peut pas utiliser de mana dans ce train.

C’était une explication un peu simpliste mais peu importait. Il n’y avait pas moyen qu’il se mette à expliquer des choses et d’autres à une étrangère anonyme, spécialement une qui aurait déjà dû savoir tout ça.

— Hmm, ok. Désolée de t’avoir dérangé, dans ce cas.

Dans un nouveau fracas assourdissant d’étincelles et de fumée, le train s’arrêta à la gare de Cyoria et Zorian débarqua aussi vite qu’il le put en poussant hors de son chemin tous ces élèves de première année aussi émerveillés que lents.

La gare était immense, un fait rendu évident par le confinement des lieux, qui les faisait ressembler à un tunnel géant. En réalité, la gare était bien plus grande que ça, quatre autres « tunnels » se succédant sur les côtés, sans parler de tous les bâtiments annexes. Il n’existait rien de tel dans le monde entier et virtuellement personne ne pouvait résister à la stupéfaction du premier débarquement. Zorian l’avait été lui aussi, la première fois. Ce sentiment de désorientation général était en outre amplifié par le nombre extravagant de passagers qui traversaient le terminal, fussent-ils passagers, travailleurs inspectant le train et déchargeant les bagages, des gamins criant les nouvelles à qui voulait les entendre ou des sans-abris mendiant pour quelques pièces. Pour autant qu’il pouvait le savoir, ce flux massif de gens ne s’arrêtait jamais réellement, pas même la nuit, pas même les jours calmes. Et ce jour ne l’était pas.

Il leva les yeux vers l’horloge géante qui pendait du plafond et découvrant qu’il lui restait pas mal de temps, s’autorisa un arrêt pour s’acheter du pain avant de se diriger vers la place centrale de Cyoria, décidé à dévorer son repas sur le bord de la fontaine. C’était après tout un bel endroit pour se reposer.

Cyoria était une ville bien étrange. L’une des plus grandes et plus développées dans le monde, ce qui pouvait sembler bizarre et déconcertant à première vue étant donné la proximité des étendues sauvages infestées de monstres et n’étant pas un lieu central du marché global. Ce qui l’avait catapulté à cette position était le trou massif à l’ouest de la ville – probablement l’entrée de donjon la plus évidente au monde et le seul mana de rang 9 connu à ce jour. La quantité absolument massive de mana qui débordait de ce monde souterrain avait attiré les mages comme le miel attirait les mouches et avec le même effet : une fois qu’on y avait goûté, impossible de s’en décoller. La présence d’une telle quantité de mages avait fait de Cyoria une ville différente de toutes les autres, à la fois culturellement, démographiquement et bien entendu, architecturalement. Un paquet de choses impossibles à construire ailleurs l’avaient été à Cyoria grâce à la magie et bon nombre de choses impraticables ailleurs l’étaient de façon routinière. Si vous pouviez trouver un endroit d’où observer la ville, la vue valait le détour.

Zorian s’arrêta net en remarquant une horde de rats qui le fixaient du bas des escaliers qu’il s’apprêtait à descendre. Leur comportement était étrange en soi pour commencer mais son cœur se mit à battre à cent à l’heure quand il remarqua leurs têtes. Était-ce… leur cerveau qui sortait comme ça ? Il déglutit nerveusement et recula d’un pas, effectuant une retraite lente et assurée avant de se retourner pour fuir en toute hâte. Il n’était pas sûr de ce qu’étaient ces rats, mais ce n’étaient pas des rats normaux.

Il réalisa qu’il n’aurait pas dû être si choqué, cela dit. Un endroit comme Cyoria attirait bien plus que de simples mages – des créatures magiques de toutes natures trouvaient cet endroit tout aussi irrésistible. Il était juste heureux que ces rats n’eussent pas eu l’excellente idée de le poursuivre parce qu’il n’était pas versé du tout dans l’art du combat magique. Le seul sort qu’il connaissait et qu’il pouvait utiliser dans une telle situation servait à apeurer les animaux et il doutait de son efficacité contre des rats si clairement magiques et morts-vivants.

Quelque peu choqué mais toujours aussi déterminé à trouver la fontaine, il tenta de faire le tour des rats en passant par un parc proche mais la chance n’était définitivement pas de son côté ce jour-là. Il tomba sur une fillette pleurant tout ce qu’elle pouvait au milieu du pont qu’il devait traverser et il lui fallut cinq minutes pour simplement réussir à la calmer un peu, juste assez pour découvrir ce qui se passait. Il s’imagina qu’il aurait aussi bien pu la pousser et s’en aller mais il avait beau ne pas être sentimental, il n’était pas froid à ce point là.

— L.. Le vélo ! Parvint-elle à glapir en fin de compte en hoquetant violemment, il… il est tombé !

Zorian cligna des yeux à plusieurs reprises en tentant d’interpréter ce qu’elle racontait. Réalisant visiblement que ce qu’elle disait ne faisait pas sens aux oreilles de cet inconnu, elle leva le doigt vers le ruisseau coulant sous le pont. Zorian regarda par-dessus le parapet et assurément, il vit le vélo de la gamine à moitié submergé dans l’eau boueuse.

— Huh, murmura-t-il. Je me demande comment ça a pu arriver.

— Il est tombé ! Répéta la fillette avec un visage qui menaçait de fondre à nouveau en larmes.

— Bon, bon. Pas besoin de ce genre de fontaine. Je vais le récupérer, ok ? La rassura Zorian en œillant le vélo d’en haut.

— Tu vas être tout sale, le prévint-elle doucement en masquant à peine ses espoirs de voir Zorian descendre malgré ça.

— Ne t’inquiète pas. Je n’ai aucunement l’intention de nager dans la boue. Regarde bien.

Il balança les mains devant lui dans une gestuelle étrange et lança le sort de « Lévitation d’objets ». Le vélo s’extirpa de la boue et se propulsa dans les airs. Il était bien plus lourd que tous les objets que Zorian avait pu faire léviter jusqu’alors et il devait le faire remonter bien plus haut que ce qu’il avait jamais fait. Pourtant, il en était capable et finit par attraper le siège du vélo une fois ce dernier suffisamment proche.

— Voilà. Il est tout boueux mais je ne peux rien faire pour ça. Je ne connais pas de sort de nettoyage.

— O… Ok… finit-elle par acquiescer d’un air hésitant avant d’attraper sa bicyclette comme si celle-ci pouvait s’échapper si elle la lâchait.

Il lui souhaita bon vent et s’en alla, décidant qu’après tout, son moment de repos à la fontaine n’était sans doute pas destiné à arriver. Le temps avait l’air d’empirer assez rapidement, des nuages sombres se rassemblaient d’une façon menaçante sur l’horizon, prédisant de la pluie avant longtemps. Il décida donc de simplement rejoindre le flot diffus d’étudiants se rendant à l’académie et d’en finir avec cette journée.

La route était longue de la gare à l’académie, l’une se situant en périphérie de la ville et l’autre juste à côté de l’entrée du donjon. Selon votre condition physique et le nombre de bagages qui pendaient à vos épaules, vous pouviez vous y rendre en une heure ou deux ; Zorian n’était pas particulièrement musclé mais il avait tout bien empaqueté en prévision de ce chemin. Il rejoignit la procession d’élèves toujours en train de rêver éveillés depuis leur arrivée à la gare et ignora les quelques étudiants de première année luttant occasionnellement sous le poids de trop de bagages. Il sympathisa intérieurement avec eux parce que lui aussi avait été dans ce cas : ses enfoirés de frangins ne l’avaient jamais prévenus qu’il fallait garder un minimum d’affaires. Et puis, il ne pouvait rien faire pour eux.

Mis à part la menace de pluie et de mauvais temps, il se sentit revigoré à mesure qu’il approchait de l’académie. Il puisait dans le mana exsudé par le Trou afin de remplir ses propres réserves, qu’il avait épuisées en sortant le vélo de la gamine de la boue. Les académies de mages étaient la plupart du temps construites au-dessus de puits de mana afin de pouvoir les exploiter – un endroit avec un tel taux de mana ambiant était parfait pour des mages inexpérimentés qui désiraient pratiquer et apprendre : à chaque fois qu’ils arrivaient à court de mana, ils pouvaient simplement aider leur régénération naturelle en puisant dans le mana autour d’eux.

 

Zorian sortit la pomme qu’il avait emmenée de chez lui et celle-ci lévita jusque dans sa main. Ce n’était pas réellement un sort, rien de plus que la manipulation du mana – un exercice de mise en forme du mana supposé aider les apprentis mages à améliorer leur capacité à contrôler et diriger les énergies magiques. Ça avait l’air d’une chose simple mais il avait fallu à Zorian deux ans avant de pouvoir totalement maîtriser la chose. Parfois, il se demandait si sa famille n’avait pas raison et qu’il était trop concentré sur ses études. Il savait pour fait que la plupart de ses camarades de classe possédaient un contrôle bien plus ténu sur leur magie et ça n’avait pas l’air de trop les déranger.

Il défit la construction de mana qui soulevait la pomme et la laissa tomber dans le creux de sa main. Soudain, il souhaita posséder une sorte de sort de protection contre la pluie dont les premières gouttes commençaient déjà à poindre. Ça ou un parapluie. L’un aurait été aussi utile que l’autre ; un parapluie était bien plus rapide à maîtriser qu’un sort, cela dit.

— La magie peut être tellement écrasante parfois, soupira Zorian d’un air morose.

Il inspira profondément et se mit à courir.

 

___

 

— Huh. Alors il existe un sort de protection contre la pluie, maugréa Zorian en regardant les gouttes percuter une barrière invisible devant lui. Il tendit la main à l’extérieur de la barrière et elle y passa sans souci. Il la retira cependant bien vite pour la mettre à l’abri de la pluie et se mit à suivre cette barrière qui s’étendait aussi loin que l’œil pouvait voir. Pour ce qu’il pouvait en dire, elle encerclait l’académie entière et ce n’était pas un fait négligeable vu la taille des lieux. Une bulle invisible géante qui empêchait la pluie – et uniquement la pluie – de passer. Apparemment, l’académie avait amélioré son système de protection d’un cran supplémentaire parce qu’elle ne possédait pas ça quand Zorian les avait quittés.

Haussant les épaules, il se retourna et continua vers le bâtiment administratif. Il était malheureux que la barrière ne vous séchât pas lorsque vous la traversiez parce qu’il était passablement trempé. Heureusement pour lui, son sac était étanche, protégeant vêtements et affaires de classe. Il ralentit pour arborer une allure plus paisible, il étudia la collection des bâtiments qui composaient l’académie ; le système de protection n’était pas la seule chose qui avait pris du galon. L’endroit tout entier avait l’air… plus beau, plus clinquant, plus coloré. Chaque bâtiment avait été fraîchement repeint, la vieille route de briques remplacée par une toute nouvelle plus vive, les parterres de fleurs étaient arrivés à leur meilleur moment de l’année et la petite fontaine qui n’avait pas craché depuis des années était désormais remplie.

— Je me demande à quoi tout ça rime, grommela Zorian.

Après quelques minutes de contemplation béate, il décida qu’il n’en avait rien à faire, après tout. Il le découvrirait tôt ou tard et ça ne revêtait aucune forme d’importance au moment présent.

Le bâtiment administratif était de façon prévisible celui le plus vide d’étudiants. La plupart d’entre eux avaient d’autres choses à faire et ne se pressaient pas comme Zorian et ceux qui ne vivaient pas à l’académie n’avaient aucune raison de venir jusque-là. C’était parfait pour Zorian, qui pouvait du coup en finir au plus vite.

Au plus vite s’avéra être un terme des plus relatifs : il lui fallut deux heures de débat avec la fille qui travaillait à l’accueil avant d’enfin réussir à en finir avec tous les papiers essentiels. Il posa des questions sur son emploi du temps mais ce dernier n’était pas finalisé et il devrait attendre lundi pour ça. En y repensant, Ilsa lui avait dit la même chose, chez lui. Avant son départ, la fille lui donna un livre des règles que les élèves de troisième année étaient censés apprendre. Zorian tourna paresseusement les pages tout en cherchant la chambre 115 avant de le jeter dans un des compartiments les plus obscurs de son sac pour ne plus jamais le rouvrir.

Les logements fournis par l’académie étaient plutôt moyens, pour ne pas dire pire et Zorian avait déjà son lot d’expériences désagréables avec ceux-là. Mais c’était gratuit et les logements privés étaient sincèrement hors de prix à Cyoria. Chaque enfant de noble préférait souvent vivre directement dans l’académie plutôt que perdre du temps et de l’argent à avoir son propre appartement. Alors qui était-il pour se plaindre ? D’ailleurs, cela lui permettait de vivre au plus près des salles de cours et le plaçait non loin de la plus grande bibliothèque de la ville donc les bons côtés épaulaient les mauvais avec assurance.

Une heure plus tard, il se sourit à lui-même en pénétrant dans une pièce des plus spacieuses. Il était encore plus ravi de réaliser qu’il possédait sa propre salle de bains. Avec une douche personnelle, rien de moins ! C’était un changement bienvenu après l’année précédente, durant laquelle il avait du partager une étroite chambrette avec un colocataire sans considération ainsi qu’une salle de bains commune à tout l’étage. Pour tout dire, la chambre possédait un lit, une armoire, des tiroirs, un bureau et une chaise. Tout ce que désirait Zorian et tout ce dont il avait besoin, vraiment.

Lâchant ses bagages à même le sol, il changea de vêtements pour en enfiler des secs avant de se laisser choir sur le lit comme un sac, soulagé. Les cours ne commençaient que deux jours plus tard et il décida de reporter l’installation au lendemain. Au lieu de ça, il choisit de gésir, immobile et bienheureux sur son lit, se demandant pendant un moment pourquoi il ne pouvait pas entendre les gouttes de pluie frapper la vitre à côté de lui avant de se souvenir de la barrière anti-pluie.

— Il faut que j’apprenne à lancer ce sort, grommela-t-il.

Sa collection magique était extrêmement limitée et ne consistait qu’en une vingtaine de sorts tout simples mais il prévoyait déjà de rectifier ce manque au cours de l’année. En tant que mage certifié du premier cercle, il avait désormais accès à des zones de l’académie et de sa bibliothèque qu’il n’avait pas le droit de fréquenter auparavant et il avait prévu de les prendre d’assaut pour en apprendre tous les sorts possible. D’ailleurs, les cours de cette année-là devaient être bien plus centrés sur le lancement des sorts maintenant qu’ils s’en étaient montrés capables alors il jugea qu’il allait probablement en apprendre son lot en classe.

Exténué de son long voyage, Zorian ferma les yeux, juste quelques minutes. Quelques minutes qui se terminèrent le lendemain matin.

Raka
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19 thoughts on “MoL : Chapitre 1

  1. Je ne commente jamais d’habitude et j’admire juste votre travail de loin mais la je souhaitait vraiment exprimer cette joie d’apprendre que tu traduit mother of learning.
    C’est vraiment un ln exceptionnel au niveau de l’histoire, j’ai hâte d’avoir la suite. Merci beaucoup à toi et a toute l’équipe pour votre travail (j’en profite pour les remercier aussi) à la prochaine et je vous souhaite que de la réussite

  2. Bonjour vous faites une nouvelle traduction ou reprenez la traduction déjà faite sur un autre site ?

  3. Merci du chapitre
    Il était long je suis heureux de voir un nouveau ln sur le site et pour le moment je suis grave hyper
    Alors continue comme ça

  4. personnellement je suis complètement contre
    je trouve qu’il est mieux de continuer avec les histoires qui n’était pas terminée comme OG …

    1. OG est traduite par Waz, pas par moi.
      Pourquoi devrais-je ne pas entamer autre chose et lui piquer son boulot ?

    2. OG n’est même pas terminé de paraître, le chapitre 1963 est sorti en trad anglaise hier, même si c’était le même traducteur, comment finir une œuvre pas finie ? C’est une bible OG ça se fait pas si simplement.

  5. Merci pour le chapitre. A la base je voulais que tu continues tes histoires mais celle-là est bien aussi. C’est assez lent et ça fait plaisir ; bonne continuation !

    PS : je comprend parfaitement le rythme des chapitres, j’admets aussi que tu puisses prendre des pauses… mais le coût des bonus n’est-il pas un peu cher ? Après tout les payages de bonus n’arrivent pas souvent.
    En vrai il serait temps que vous trouviez un financement parce que vous avez l’air de vraiment galèrer là. ^^’

    PPS : petite faute 4e paragraphe : « C’était sa rétribution pour ne pas avoir pris soin de placer un verrou arcanique sur sa porte… ainsi qu’activé une alarme de base dans le périmètre entourant son lit. »
    qu’avoir activé* plutôt non ? 

    Encore une fois, merci pour la traduction !

    1. Les dons ne sont la que pour nous remercier.
      On ne compte pas dessus pour financer nos vies et ne pas « galerer ». Les lecteurs donnent ce qu’ils veulent, y compris rien du tout : nous sommes bénévoles avant tout, il ne faut pas l’oublier, gratuits et sans pub. Des chapitres bonus, a la base, ce n’est fait que pour remercier le lecteur de nous avoir fait des dons, ce n’est même pas une vente. Nous pourrions tout aussi bien ne pas donner de tarif et le faire quand nous estimons que ce doit être fait, ou ne pas le faire du tout…
      Ce que nous faisons représente les tarifs pratiqués un peu partout dans la communauté (et bien moins élevés que des tarifs professionnels d’ailleurs). Donc ne t’en fais pas pour nous, dons ou pas dons, on est heureux de faire ça pour vous (on ne serait plus là depuis longtemps sinon…) 

      Pour la faute, non, c’est « pour avoir 1+2 » et non « pour avoir 1 et avoir 2 » dans ce cas. Ça évite une répétition. 

      1. Ah ok j’avais pas vu les choses comme ça.

        Sinon pour la faute ça m’avait paru bizarre mais tu as sans doute raison… je n’ai repéré aucune autre faute dans ce chapitre !

  6. Hello et sympa de traduire Mother of Learning, pour l’avoir lu en anglais, en effet, il est bon sur plusieurs points et la qualité du texte est appréciable. Cependant, je croyais que l’auteur lui-même avait arrêter de continuer d’écrire son oeuvre.
    Après, cela fait maintenant quelques années depuis que je l’ai lu, donc je me questionne.

    Bonne continuation et bonne lecture aux autres.

    1. L’œuvre est terminée. La VO est anglaise et il a écrit l’épilogue il y a un moment maintenant 🙂

  7. Merci pour ce long chapitre.
    Ça pose de sacré bonnes bases sur l’environnement et sur le personnage principal.

  8. Bonjour, y’a t il une option pour personnaliser la police sur le site ? Merci pour le novel, je l’avais adoré en anglais j’espère que la version française sera aussi passionnante. (Le boulot de la trad ça fait énormément, c’était une histoire d’une qualité folle mais mal traduit ça doit être atroce)

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