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Chapitre 106 — Je gagne (III)

 

Il était Zorian Kazinski, le troisième fils d’une famille marchande de Cirin, voyageur temporel par accident, et possiblement le plus puissant mage humain de tout Altazia…

…et il avait gagné.

Ce n’avait pas été une tâche facile que d’arranger tout ça. Bien sûr, il aurait pu battre Jornak et Lac d’Argent, interrompre le rituel, et s’arrêter là… mais la conclusion aurait été vraiment amère, trop difficile à avaler. Zach serait mort à la fin de la journée, et Zorian aurait passé le reste de sa vie à fuir les assassins d’Eldemar ou qu’en savait-il d’autre.

Zorian n’avait pas passé toutes ces années au sein de la boucle temporelle juste pour accepter une fin… bâclée.

Sa première tâche, bien sûr, fut de comprendre comment passer le sort de l’Esprit Vide. Avant même de savoir pour le contrat angélique de Zach, il avait su que ce dernier cachait quelque chose d’une importance critique, qu’il allait devoir lui tirer de la tête de force. Aussi, il travailla avec Xvim, les Aranea, et nombre d’autres personnes pour trouver la solution. Un moyen d’outrepasser la meilleure des protections mentales – un sort qui offrait une barrière totale et infranchissable contre la magie mentale, sans exception, depuis des siècles.

Beaucoup des gens avec qui Zorian avait travaillé avaient pensé que c’était quelque chose de stupide. Qu’allait pouvoir faire Zorian et qu’un nombre incalculable de mages avant lui n’avaient pu réussir ? Cela dit, Zorian ne s’était pas embarqué sur ce bateau à l’aveugle. Il avait déjà une idée, et il l’avait depuis un long moment.

Le chrysanthème attrape-âmes était une créature magique très rare et obscure. Elle était si effrayante et dangereuse qu’elle avait depuis longtemps été éradiquée dans toutes les zones civilisées, les humains ne s’étant même pas donné la peine de l’étudier pour faire bonne figure. Qui aurait pris un risque pareil ? Qui aurait été assez brave pour étudier une plante capable de dévorer votre âme si vous faisiez la moindre erreur de manipulation ? Peu de gens. Il n’aidait pas non plus que la fleur fût un composant important de nombreuses potions, ce qui signifiait qu’elle avait encore plus de valeur morte que vivante pour commencer.

Dans les temps modernes, bien sûr, quelques mages et organisations s’y intéresseraient probablement, et organiseraient des chasses afin de pouvoir étudier ses capacités… sauf que la plante ne vivait que dans des zones infestées de monstres, loin dans les profondeurs des étendues sauvages, était étonnamment douée pour se camoufler, et suffisamment maline pour choisir ses proies avec prudence. De plus, ses compétences n’étant pas bien connues, et les descriptions trouvées dans les vieux livres ne rendant pas justice à la créature, les gens la voyaient comme un simple dévoreur d’âmes en forme de plante. Ce n’était pas très impressionnant, et ne poussait pas les gens à vouloir en savoir plus. Le rapport risque intérêt n’était pas là, vraiment.

Zorian avait expérimenté l’attaque de la fleur de plein fouet, cependant. Zach n’en avait pas pensé plus de bien, voyant l’expérience uniquement comme un évènement honteux durant lequel ils s’étaient presque fait tuer par une fleur, et avait très vite oublié. Mais Zorian… Zorian n’avait jamais oublié. La façon dont l’étourdissement initial de la plante dépassait simplement toutes les défenses mentales lui avait laissé une profonde impression.

Si le chrysanthème pouvait le faire, et cibler leur corps et leur âme simultanément… la même méthode devait pouvoir être employée pour cibler l’âme d’une personne protégée par n’importe quel sort mental.

L’Esprit Vide protégeait un esprit en le séparant de ce que les Aeanea appelaient la Grande Toile. L’esprit se refermait sur lui-même, rejetant tout contact. Mais il était toujours connecté au cerveau, et à l’âme. Il devait être possible de cibler l’esprit en passant par l’un de ces deux biais, ça devait être possible ! Le chrysanthème le faisait, et de façon si naturelle ! Zorian ne pouvait croire qu’il n’en serait pas capable, alors qu’une fleur pouvait le faire. Ce n’était bien entendu pas une idée nouvelle, mais la plupart de ceux qui avaient tenté d’inventer une telle méthode auparavant n’avaient pas le chrysanthème attrape-âmes sous la main pour fournir un exemple vivant de la façon dont le lien devait être établi en pratique.

Zorian en avait un, en revanche. Et il avait une ribambelle d’experts en magie de l’âme et en magie mentale pour l’aider à le découvrir.

Étudier le chrysanthème et ses capacités avait offert d’incroyables bénéfices. Il n’aurait sans doute pas découvert comment annuler les bombes à spectres en un temps record s’il n’avait pas passé autant de temps à étudier la fleur et ses pouvoirs. Il n’aurait pas non plus été capable de créer l’arme dont Mrva s’était servi pour incapaciter Quatach-Ichl. Ce n’étaient que des bénéfices annexes, cependant, pâlissant devant l’importance du vrai but final de leur recherche : le sort de résonnance collective.

Ce sort n’était pas idéal du tout. Tout d’abord, la magie que Zorian et son équipe créait ne pouvait qu’être utilisée par un contact direct avec la cible. Un lien peau à peau était nécessaire pour qu’il fonctionnât correctement. Il était également incroyablement compliqué à contrôler. Trois esprits étaient nécessaires pour le lancer. Pas impossible pour une personne capable de créer des simulacres aussi avancés et connectés que ceux de Zorian, mais un problème universel malgré tout. Finalement, les cibles finissaient par acquérir une certaine résistance contre ce sort. Les expériences montraient que cibler la même personne à répétition les poussait à y résister instinctivement après plusieurs tentatives. Dans le cas de gens possédant une défense très élevée de base, comme Xvim et Alanic, il ne fallait pas plus de deux ou trois essais pour ça.

Mais ça fonctionnait. C’était compliqué, peu pratique, mais il avait fait l’impossible et c’était ce qui comptait. Avec ce sort sous la main, la victoire – une vraie victoire – était finalement envisageable.

Et ce chemin avait fini par le conduire là : enfermé dans un combat à mort contre les deux autres voyageurs temporels, Jornak et Zach.

Lorsque Zorian se téléporta à proximité des deux combattant et plongea sur eux, les mains brillantes, il savait qu’aucun d’eux n’allait se coucher. Zach eut l’air choqué face à cette trahison subite, mais était un combattant éprouvé et y réagit immédiatement en tirant une paire de rayons aveuglants qui faillirent décrocher la tête de Zorian, sauvé uniquement par son cube défensif. Quant à Jornak, il tira la dague impériale de sa ceinture dans un geste rapide et maîtrisé, et frappa.

Zorian n’en savait pas plus que ça à propos de la dague impériale. Sa capacité principale dans la boucle temporelle était supposée blesser les esprits, mais… Pourquoi Jornak tenterait-il le coup ? Il doutait que Jornak, avocat intelligent et habitué de la dague, décidât de l’utiliser s’il s’était agi de son seul pouvoir. Aussi recula-t-il légèrement, évitant le coup de lame de justesse au prix de son élan, et abandonna un peu de l’avantage lié à son attaque surprise.

— Zorian, que — commença Zach, évidemment outragé, et confus.

Il n’eut pas l’occasion de finir sa phrase. Une bille de marbre de Zorian avait accidentellement glissé de sa poche juste avant qu’il ne bondisse en arrière, et s’activa à ce moment, aspirant l’air et créant une zone de vide entre eux.

L’air ambiant se précipita rapidement dans la zone afin de combler ce vide nouvellement créé, tirant de force les trois combattants vers le centre de la zone. Zach ne fut pas blessé, mais pris par surprise. Zorian était prêt.

Au moment où ils se percutèrent tous les trois, il attrapa les mains de Zach et Jornak et lança son sort.

Une vague bleutée se réverbéra à la surface de leurs corps, se répandant du point de contact pour les envelopper en entier. Leurs Esprits Vides étaient toujours actifs, mais ça n’importait pas. Leurs corps faiblirent et se détendirent, insensibles au monde qui les entourait.

Un moment plus tard, ils étaient plongés dans un rêve construit de toutes pièces, sur lequel Zorian avait un contrôle total.

C’était un succès incroyable que d’avoir créé cette chose, et ce n’était pas de l’autosatisfaction. Les Aranea étaient également en extase face à l’ampleur de ce qu’il avait fabriqué. Ceci dit, il ne le faisait pas seul. Mis à part lui et ses simulacres, un nombre extravagants d’Aranea l’aidaient à contrôler ce monde illusoire. En plus de ça, il n’inventait pas de personnages pour le remplir. Pour le décor, les becs-de-fer lui donnaient suffisamment de matière depuis les cieux.

Il dut trafiquer légèrement leurs souvenirs. En particulier pour leur faire croire qu’ils avaient gagné d’une manière convaincante – un processus qui devrait être finalisé par l’erreur et la correction, puisqu’il ne connaissait pas totalement leurs compétences et leurs habitudes. Heureusement, toute erreur qu’il faisait pouvait être corrigée en effaçant la mémoire à court terme et en la réécrivant jusqu’à avoir tout juste. Il fut également ajuster la perception de Zach concernant la liche, parce que le contrat n’aurait pas été rempli s’il n’avait pas été persuadé qu’elle était morte. Il lui fit alors croire que son arme vivante l’avait effectivement annihilée et avait dévoré son âme pour de bon, ce que Zach accepta fort heureusement comme plausible. Zorian prit comme un compliment qu’il eût tant foi en ses créations.

Et puis, il avait le problème de Zach, qui errait en tentant de lire les souvenirs des gens inconscients. Zorian avait su qu’il allait tenter ça. Après tout, comment pourrait-il confirmer que les gens ne savaient rien à propos de la boucle temporelle, sinon ainsi ? Malheureusement, Zach avait raison, et Zorian ne pouvait pas créer d’esprit artificiel convaincant. Même le plus stupide et la plus ennuyante personne au monde avait un esprit plus complexe et intriqué que ce qu’il était capable de faire naître, purement de son imagination. Alors il n’essaya même pas. Via son réseau, il était connecté à chaque personne toujours en vie. Il pouvait agir comme un pont mental, permettant à Zach de se connecter directement à leurs esprits à travers lui. Les esprits qu’il touchait était on ne pouvait plus réels.

Malheureusement, cela signifiait que le fait qu’ils ne se souvenaient plus de rien du mois en cours n’était pas simulé, lui non plus. Ils ne se souvenaient réellement pas. Zorian avait été forcé de les débarrasser de leurs Esprits Vides de force, et d’effacer tout ce qui concernait le mois en cours. Il avait pensé se montrer plus sélectif, mais il voulait que les choses fussent absolument convaincantes pour toute évaluation que Zach pourrait fournir au contrat des Anges. Ça devait être parfait, ne pas laisser place au doute.

Il avait fait don à des personnes comme Xvim, Alanic et Daimen de cristaux contenant les souvenirs effacés pour un usage reporté, mais il savait que ce n’était pas vraiment la même chose que de conserver ses propres souvenirs… Ils n’étaient pas des psychiques entraînés comme lui, et digérer même leur propre mémoire serait une lutte ardue.

Quant aux Aranea, effacer leur mémoire du mois entier fut plus délicat, parce qu’elles aidaient Zorian à maintenir cette illusion, et qu’il avait un besoin absolu d’elles pour ça. Évidemment, qu’elles n’eussent pas de souvenirs serait légèrement problématique. Aussi, seules les Aeanea à qui Zach daigna parler effacèrent elles-mêmes leurs souvenirs, et Zach n’avait jamais été vraiment adepte des araignées géantes, alors elles ne furent pas nombreuses. Aussi, les dégâts à l’intégrité de l’illusion furent minimes. Même mieux, Zorian n’eut pas à aider les Aranea à récupérer après ça ; elles possédaient leur propre système de sauvegarde mémorielle et avait une expérience infinie dans le domaine. Effacer un mois de souvenirs et le récupérer par la suite était plus que facile, c’était on ne pouvait plus trivial.

Zorian n’avait jamais été aussi reconnaissant pour le désintérêt de Zach à propos de la société Aranea qu’à ce moment. Si Zach avait su plus de choses à leur sujet, il aurait gardé à l’esprit que la vraie seule façon de leur faire oublier quelque chose était de toutes les éliminer. Ce qui, bien sûr, n’aurait pas été vraiment compliqué à feindre, mais bon. Zorian était sûr que les Aranea lui en auraient voulu à tout jamais s’il avait fait ainsi, même dans une illusion, même si c’était compréhensible dans la situation actuelle.

Quant à Jornak, la raison principale pour laquelle il avait été enfermé dans sa propre illusion privée relevait du fait que Zorian voulait découvrir toutes les conséquences de sa mort, qu’il avait dispersées un peu partout. Il savait que Jornak les ferait souffrir depuis l’au-delà s’il le laissait simplement mourir. Il devait découvrir ce qu’il avait en réserve et comment tout désamorcer.

Il tenta de le faire simplement perler de ses plans. C’était une bonne chose, il le fit. Il avait bien sûr effectué une recherche basique dans sa mémoire, bien sûr, mais comme d’habitude, ce qu’on trouvait dépendait de ce qu’on cherchait. Il fallait une cible précise pour trouver une réponse. De plus, Zorian savait que Jornak était bien plus expérimenté que lui dans ce jeu de cache-cache. Il ne fallut que quelques conversations avec Jornak, sous divers déguisements, pour comprendre qu’il aurait manqué beaucoup, beaucoup de choses s’il avait simplement tenté de les soutirer de son esprit. Cependant, ce n’était pas encore assez. Jornak n’avait aucun vrai ami. Son attachement émotionnel le plus marqué se trouvait être son amour pour la dague impériale, entre toutes les possibilités. Aussi, il se montrait froid et fermé envers les autres personnes, alors même que Zorian lui avait placé des suggestions et manipulations émotionnelles dans la tête afin de le rendre plus bavard. Finalement, Zorian décida d’avoir recours à la distorsion de la perception du temps, faisant croire à Jornak que des jours ou des semaines s’étaient écoulés, afin d’apprendre ce qu’il aurait fait pour annuler ces pièges, et ce à quoi s’attendre.

Pendant ce temps, l’invasion se faisait réprimer un peu partout dans la ville. Tous les dirigeants, à l’exception des plus hauts échelons du culte, étaient maintenant hors d’état de nuire, arrêtés ou morts, et les forces qui restaient ne pouvaient plus se rallier. Les dirigeants des Ibasiens finirent par découvrir que Quatach-Ichl n’était plus présent, et sonnèrent la retraite. La Maison Iasku était presque démolie, mais Sudomir avait malgré tout réussi à survivre à la colère de l’Ange en protégeant le cœur de sa demeure à l’aide de barrière particulièrement puissantes. Les Ibasiens survivants se hâtèrent de se rassembler autour des ruines, après quoi Sudomir téléporta la tout hors de la ville.

Zorian fut contrarié, mais n’avait d’autre option que de les laisser fuir. Il était trop occupé pour se permettre de les poursuivre, ses plus puissants alliés était hors-jeu, et les défenseurs de la ville ne pouvaient rien faire de plus. Il découvrirait plus tard que la maison avait été déplacée à plusieurs reprises après ça, pour finir par arriver à Ulquaan Ibasa, où il trouva refuge.

Parfait. Si Eldemar avait encore un doute quant aux responsable, où sur qui placer la faute, ils en étaient impeccablement sûrs maintenant. Non que Quatach-Ichl, l’instigateur de l’attaque, s’en inquiétât. Si Zorian avait appris une chose de l’esprit de Jornak, c’était que la liche était vraiment ravie de cette conclusion.

Kirielle et Kana étaient vivantes et en bonne santé, malgré l’assaut sur leur cachette. Zorian soupira plus fort que jamais en l’apprenant. Malheureusement, Kosjenka avait rejoint Mrva dans le hall des golems héroïques en se sacrifiant pour sauver sa petite maîtresse. Un évènement qui provoqua de nombreuses larmes, et poussa Zorian à se demander s’il ne ferait pas mieux d’effacer ses souvenirs et remplacer son golem par une copie en bon état.

…mais non, c’était une mauvaise idée. Il ne devait pas se montrer si nonchalant avec les souvenirs des gens. D’ailleurs, Kirielle ne savait rien à propos de la théorie des golems, et elle ne verrait probablement pas d’inconvénient à ce que son frère réparât Kosjenka pour le remettre dans un état plus neuf que neuf.

Dans l’ensemble, les choses avaient bien tourné. Il avait dû abandonner l’orbe impérial afin de se débarrasser d’Oganj, Quatach-Ichl et Sudomir étaient toujours en vie et agiraient contre eux dans le futur selon toute probabilité, et une guerre continentale avait de grandes chances d’éclater bientôt. Mais l’un dans l’autre, ça aurait pu être bien pire. Ses amis et sa famille étaient vivants, Zach était vivant, et il était vivant. La seule chose qui l’inquiétait était cette peau vide qu’il avait trouvée, là où il avait laissé la sorcière en proie à son originale et à la Chasseuse Grise. Il était clair que l’araignée ne l’avait pas uniquement tuée, mais dévorée.

Ce qui était étrange. Les Chasseurs Gris se nourrissaient habituellement de puissantes créatures magiques. À sa connaissance, ils trouvaient le goût des humains répugnant et vil. La chair n’était pas assez magique pour eux, et ils se contentaient en général de les tuer sans en faire leur repas ensuite. Alors, pourquoi Lac d’Argent avait-elle été vidée de la sorte ? À cause de toute l’essence de Primordial qu’elle contenait ?

Il n’y avait bien évidemment trace de l’araignée, nulle part dans la ville, et Zorian avait une vue sur plus ou moins l’ensemble de sa surface pour le moment. Il avait le très mauvais pressentiment que la bête avait décidé de trouver refuge dans le monde souterrain local.

Ce qui signifiait qu’il venait juste de laisser un prédateur immensément puissant naturellement, gorgé à ras bord d’essence de Primordial, s’échapper dans un lieu où il n’avait aucune chance de le retrouver.

Il soupira. Il était inutile de s’en inquiéter pour l’heure. L’échéance était arrivée à son terme. Le contrat de Zach avec les Anges s’était dissout sans heurt, et le pacte de mort de Jornak avec Panaxeth lui prit la vie d’une façon très morbide, sa propre chair se retournant sur elle-même comme un pays en proie à la guerre civile. L’observant grâce à ses sens magiques, Zorian remarqua que l’esprit et l’âme de l’homme se déchiraient également. Après quelques secondes de dégoûtantes convulsions et d’automutilation, Jornak tomba simplement au sol, n’étant désormais plus qu’un tas d’excréments peu ragoutant.

Zorian ouvrit les yeux, laissant finalement le sort s’effondrer. Il soupira de soulagement. Il était épuisé au-delà de tout ce qu’il avait connu. Lui et ses simulacres avaient maintenu un monde illusoire… Non… Deux, en fait… et l’avaient fait pendant plus d’une journée, sans repos ni sommeil.

Mais il n’était plus seul. Il se rendit dans un endroit secret et sécurisé, Zach et les restes de Jornak avec lui, mais il n’était plus seul. Daimen, Xvim et Alanic le regardaient tous trois avec des expressions graves, légèrement inamicales. Xvim était assis sur une chaise, un livre dans les mains. Alanic se trouvait au centre de la pièce, les bras croisés. Daimen était appuyé contre la porte, bloquant la sortie en jonglant avec la dague impériale que Zorian avait récupérée des possessions de Jornak.

Tous trois serraient également un cristal mémoriel dans l’une de leurs mains. Zorian doutait n’avoir pu y préserver plus qu’une fraction de leurs souvenirs récents, mais ils en savaient probablement déjà suffisamment pour comprendre la situation dans son ensemble.

— Il faut qu’on parle, annonça Alanic.

Plutôt que de répondre, Zorian arracha l’une des pages d’un calepin vierge, et commença à coucher une liturgie de mots, furieusement, tout en leur expliquant la situation. Un grand nombre des contrecoups prévus par Jornak allaient s’activer relativement rapidement, et ils devaient être gérés aussi vite que possible. Ses écritures hâtives allaient servir de pense-bête, au cas où quelqu’un oublierait l’un ou l’autre détail de ce qu’il leur disait.

Tous trois semblaient à moitié ennuyés, et à moitié curieux suite à son explication rapide, mais restèrent suffisamment polis pour l’écouter en silence jusqu’au bout. Ce ne prit pas longtemps d’ailleurs – seuls quelques-uns des plans post-mortem de Jornak étaient vraiment urgents. La liste de ses instructions terminée, Zorian tituba, ses jambes refusant de continuer à le laisser les torturer ainsi. Il lança les écrits en direction d’un Alanic un peu confus, et s’écroula, inconscient.

Il était Zorian Kazinski, le troisième fils d’une famille marchande de Cirin, voyageur temporel par accident, et possiblement le plus puissant mage humain de tout Altazia…

…et il avait gagné.

Maintenant, il était finalement temps de se reposer.

Raka
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