MoL : Chapitre 19
MoL : Chapitre 21

Et un cadeau, c’est cadeau ! Pour vous mes amis, de bon cœur !

Je rappelle que ce chapitre ainsi que le suivant sont également disponibles pour d’éventuels généreux donateurs sur uTip, dont le lien est en bas de page dans ma description !

Excellente lecture 🙂

 

Chapitre 20 – Question de foi

 

Zorian n’aimait pas les temples. Partiellement à cause de ses mauvaises expériences en leur sein lors de sa prime jeunesse mais essentiellement à cause de son incapacité à comprendre la révérence avec laquelle le prêtre parlait des dieux disparus qu’ils étaient supposés vénérer. Virtuellement chaque histoire qu’il avait pu lire ou entendre à propos de l’âge des dieux les dépeignait comme de gigantesques enfoirés, alors pourquoi quiconque aurait voulu les voir de retour ? Personne n’avait jamais pu lui donner réponse satisfaisante et surtout pas ses parents, religieux tant que regardaient les voisins.

Le temple devant lequel il se tenait à ce moment n’avait rien à offrir pour disperser cette aversion. Le grand bâtiment en forme de dôme situé en périphérie de Cyoria était bien plus imposant que tous les temples que Zorian avait pu fréquenter, quand bien même il était décrit comme l’un des plus petits de la ville. Pourtant, la matriarche Aranea prétendait que ce temple-là hébergeait le devin humain le plus talentueux de la ville et son malaise devrait être mis de côté pour le bien de sa mission.

Il s’avança d’un pas hésitant vers les lourdes portes en bois qui servaient d’entrée au temple, jetant des coups d’œil prudents aux anges de pierre qui gardaient l’arche de la porte. Réalistes et l’air sévère, les anges portaient sur lui un regard hautain tandis qu’il approchait, semblant le juger et lui trouver tous les manquements du monde. Aussi bien qu’il tentait, Zorian ne parvint pas à effacer totalement ce sentiment malsain que lui imposaient les statues, gardant toujours dans un coin de la tête qu’il pouvait s’agir de golems ou d’un autre système de sécurité. Il était sur le point d’ouvrir la porte pour s’introduire dans le temple quand il remarqua une série d’image gravées dans le bois et s’arrêta pour les étudier.

Bien que les gravures fussent assez peu détaillées et sans vraie succession, il reconnut instantanément le sujet quelle abordaient. Elles formaient une sorte de bande dessinée brute qui décrivait l’histoire familière de la création du monde selon les Ikosiens (et par extension, la plupart des religions qui en tiraient leurs traditions). Selon les Ikosiens, le monde était initialement un chaos sans forme et tourbillonnant habité par les 7 dragons primordiaux. Un jour, les dieux descendirent de leur plan supérieur d’existence et les tuèrent tous, sauf un. Le dernier fut façonné en un monde matériel actuellement habité par les humains, changeant son corps en poussière et en pierre, son sang en eau, son souffle en air et son feu en magie. Le vaste réseau de tunnels courant sous la surface du monde n’était en réalité que les anciennes veines du dragon, désormais vides de ce sang qui avait été changé en océans. Veines qui étaient toujours emplies de magie, cette magie qui débordait du Cœur du Monde – le cœur enflammé et toujours vivant du dragon primordial qui gisait quelque part dans les tréfonds du monde. Loin d’être content de son destin, le Dragon du Dessous luttait toujours avec rage contre ses liens en donnant naissance à des désastres naturels, volcans, séismes, tsunamis. Incapable de s’en prendre aux dieux, le dragon déversait sa rage sur les humains – leur création favorite – en utilisant son cœur, celui que les dieux n’avaient pas jugé utile de lui enlever. Des fragments s’en détachaient continuellement pour donner naissance à d’horribles monstres en touchant le sol, monstres qui montaient peu à peu vers la surface pour terroriser ses habitants…

Etc.

Zorian n’y croyait pas en totalité, voire très peu. Après tout, les histoires de ce genre étaient toujours largement inventées, exagérées et déformées au fil du temps, créées par les premiers humains ayant cherché à donner un sens à ce qu’ils voyaient. Cependant, cette légende s’avèrerait plutôt horrible si rien qu’une partie possédait un fond de vérité. Avec des dieux pareils, il ne fallait pas se demander pourquoi les Vieilles Fois perdaient peu à peu leurs fidèles, qui se convertissaient à de nouvelles religions nées après la disparition des dieux.

— Puis-je vous aider, jeune homme ?

Zorian s’arracha à ses interrogations pour regarder l’homme qui venait de lui parler. Jeune, arborant des cheveux verts et une robe de prêtre, celui-ci souriait à Zorian de façon détendue. Zorian se sentit à l’aise mais ne put s’empêcher de s’interroger sur la signification de cette couleur de cheveux. Pour autant qu’il le sut, les seules personnes possédant naturellement cette coloration étaient membre de la maison Reid et il semblait peu probable que l’un d’eux eut rejoint le clergé. Cette maison particulière était sinistrement célèbre pour ses relations avec le crime organisé.

— Peut-être, osa Zorian. Je m’appelle Zorian Kazinski, mage débutant. Je me demandais si la prêtresse Kylae se trouvait disposée à discuter avec moi. Oh, et désolé si je vous ai inquiété… Je suppose que je suis resté un peu trop longtemps à observer la porte d’entrée.

— Prêtre junior Batak, se présenta son interlocuteur. Et ne vous en faites pas, de nombreuses personnes sont intimidées par les portes. C’est pourquoi j’aime venir saluer les visiteurs personnellement ainsi. Quant à Kylae… eh bien, elle est actuellement en plein rituel mais si vous souhaitez attendre une petite heure, je suis sûr qu’elle sera ravie de vous recevoir.

— Bien sûr, accepta Zorian.

C’était bien mieux qu’il n’espérait, pour être honnête. Il s’attendait à moitié à entendre l’homme lui parler de religion et mettre ses connaissances à l’épreuve avant de le laisser voir la prêtresse en chef. Attendre une heure ou deux n’était qu’un petit problème mineur à payer.

— Euh… dois-je revenir plus tard ou… ?

— Absurde, pouffa le prêtre. Entrez, je vais nous préparer quelque chose à boire pour nous faire patienter. Ce sera agréable de pouvoir discuter avec quelqu’un d’autre, pour changer. Nous recevons si peu de visiteurs, ces derniers temps…

Oh oh, il semblait qu’il allait finalement être sujet à un test malgré tout, sous la forme à peine masquée d’une conversation agréable.

— Petite semaine ? demanda Zorian tandis qu’ils entraient dans le temple.

L’intérieur était agréablement frais et plutôt sombre, des rais de lumière multicolores descendant de plusieurs vitraux surélevés mais également totalement vide. Zorian était reconnaissant pour l’absence de foule mais il était inhabituel de voir un temps aussi désert que ça.

— J’aimerais, soupira Batak en conduisant Zorian à travers des rangées et des rangées de ces bancs en bois qui remplissaient l’intérieur de la salle principale du temple, ses pas résonnant derrière lui. Je dirais plutôt… Une petite décennie. Les retombées du Grand Nettoyage n’ont pas été tendres avec ce lieu.

— Que voulez-vous dire ? demanda Zorian. Qu’a à voir le Nettoyage avec cet endroit ?

Batak le regarda d’un air scrutateur avant de soupire profondément.

— Même si les dieux sont désormais silencieux, le clergé n’a jamais été totalement impuissant. La majorité des prêtres possèdent des talents en magie et ceux de haut rang peuvent généralement invoquer des anges et d’autres entités spirituelles mineures… mais notre vraie légitimité sur le pouvoir vient de quelques mystères qui nous ont été confiés avant le départ des dieux pour… un endroit inconnu. Avec le temps, un grand nombre d’entre eux ont été volés ou perdus mais ce en quoi nous avons toujours été indétrônables, ce sont les arts de la guérison. Ainsi, quand la Peste du Nettoyage s’est déclarée et répandue dans les terres comme un feu de forêt, les gens attendirent de nous que nous fassions quelque chose. Malheureusement, nous fûmes non seulement aussi impuissants que l’était le reste de la population mais nos contacts avec les infectés a provoqué du dégât dans nos rangs. Avec le manque de prêtres qualifiés, les temples annexes comme celui-ci ont largement été abandonnés, à la fois par les croyants et par le Triumvirat Sacré.

Zorian regarda autour de lui mais ne nota aucun signe évident de dégradation ou de déclin à l’intérieur du temple. Il était propre et intact, et l’autel ! Fait d’un marbre blanc et quadrillé de soie et d’autres matériaux rares et luxueux, il avait l’air pratiquement neuf. De nombreuses statues en pierre étaient dispersées au travers du bâtiment, fondues dans les murs ou dans les piliers de soutien et la majeure partie de l’espace libre qui restait était occupé par des panneaux en bois gravés d’images saintes, comme les portes d’entrée. En clair, c’était un bâtiment au luxe absurdement évident si l’on se basait sur les standards des temples ruraux comme celui de Cirin ; et il était bien mieux entretenu. Zorian était presque effrayé de demander à quoi ressemblait le temple principal de Cyoria si l’un des temples annexes abandonnés avait cet aspect-là.

Batak le conduisit vers une petite porte sans prétention proche de l’autel et l’invita à entrer dans ce qui était apparemment une pièce bien moins formelle. Plutôt qu’un bureau officiel, c’était un savant mélange entre une cuisine et un salon, moins propre et impeuplée que le temple l’était. Batak se mit immédiatement à préparer du thé avant de bombarder Zorian de questions. Elles étaient plutôt classiques – qui il était, ce qu’il faisait, d’où il venait, qui était sa famille, ce genre de choses – et Zorian y répondit en toute honnêteté. Étrangement, Batak ne l’interrogea pas une seule fois au sujet de sa religion, chose pour laquelle Zorian était reconnaissant. À son tour, il lui posa également quelques questions à propos de lui et Kylae en tentant de comprendre ce qu’ils faisaient là si le temple était abandonné.

Batak n’était que trop heureux de l’éclairer. Apparemment, les autorités religieuses ne se sentaient pas à l’aise avec l’idée de simplement détruire le temple… ou pire, le laisser à la merci des éléments et des pillards. Un sentiment parfaitement compréhensible selon Zorian – ç’aurait été non seulement une honte de condamner un aussi magnifique bâtiment mais aussi un aveu de faiblesse de la part des autorités religieuses. Au bout du compte, Batak et Kylae furent assignés au temple, officiellement pour le faire fonctionner mais en réalité pour le préserver des voleurs et des squatters.

Finalement, une fois la tasse de thé terminée, Batak décida qu’il avait suffisamment tourné autour du pot.

— Alors, fit-il. Vous ne m’avez pas encore dit ce qui vous amène ici, monsieur Kazinski. Pensez-vous pouvoir discuter avec moi de la raison pour laquelle vous souhaitez voir Kylae ou est-ce un sujet trop sensible pour les oreilles d’un simple prêtre junior ?

Zorian y réfléchit pendant une seconde avant de juger qu’il n’y avait pas de mal à lui exposer la raison de sa présence. Les prédictions n’étaient pas illégales, après tout.

— Eh bien… commença Zorian. Pour commencer, j’ai entendu que la prêtresse Kylae est très douée pour prédire le futur au travers des divinations.

Batak se raidit légèrement mais se força à se détendre. Cependant, le sourire qu’il n’avait pas perdu depuis le début venait de disparaître.

— Elle l’est, dit-il. C’est un domaine difficile et je pense que personne ne pourrait prétendre le maîtriser… mais elle est ce qu’on pourrait définir de plus proche.

— Mais il y a d’autres personnes qui s’y connaissent un peu en la matière, et l’une d’entre elles m’a envoyé parler à Kylae de ses découvertes, annonça Zorian en se réjouissant mentalement à l’idée de la matriarche Aranea sifflant et pestant pour avoir dit qu’elle s’y connaissait un peu en divination. Certains des… résultats… qu’elle a obtenus ont été très… anormaux et elle souhaite que j’en discute avec la prêtresse pour obtenir son avis sur la question.

Toute prétention de bonne humeur s’était définitivement évanouie du visage de Batak. Le silence s’étira durant de très inconfortables secondes et Zorian commençait à se demander si aborder le sujet était tabou ou s’il avait insulté le prêtre junior ou la prêtresse sans le savoir.

— Et ces… anomalies… Quand exactement apparaissent-elle ? Jusqu’où cette mystérieuse personne peut-elle prédire l’avenir avant que les prédictions déraillent ?

Ce fut à ce moment que Zorian réalisa : Batak savait. Il n’est pas plus un prêtre junior que lui n’était un messager innocent.

— Il n’y a qu’une irrégularité et elle apparait le jour du festival d’été. Spécifiquement, la prédiction revient vide de toute existence au-delà de cette date… comme si le monde entier cessait d’être après ce point. Mais vous le savez déjà, n’est-ce pas ? demanda Zorian de façon rhétorique.

Au lieu de répondre, Batak laissa échapper une injure très peu religieuse à voix basse et se mit à faire les cent pas, agité.

— Je prends ça pour un oui, soupira Zorian.

Le prêtre s’arrêta et le regarda d’un air réservé et prudent. Après quelques instants, il se força visiblement à se détendre.

— Je suis désolé, dit Batak, je ne voulais pas me montrer malpoli, c’est juste… eh bien, il est peut-être bon que j’aille chercher Kylae immédiatement pour que nous puissions en discuter ensemble.

— N’est-elle pas en plein rituel ? fit remarquer Zorian avec curiosité ; il savait qu’interrompre un rituel magique était une très mauvaise idée mais peut-être que celui-ci était purement religieux et n’impliquait rien de magique ?

— Eh bien, en quelque sorte, dit Batak d’une voix tremblante. Je ne pense pas qu’elle sera vraiment irritée si je l’interromps. Pas pour ce cas. Attendez ici pendant que je vais la chercher, s’il vous plaît.

Zorian regarda Batak quitter la pièce précipitamment et ne put s’empêcher de se demander pourquoi il avait été si effrayé par la date terminale qu’ils avaient découverte. Zorian était effrayé, bien sûr, mais parce qu’il savait exactement ce qui provoquait cette anomalie… Pour Batak et Kylae, ça n’aurait pas dû être terriblement inhabituel, pas choquant à ce point en tous les cas. Comme dans la magie relative à l’âme, la prédiction du futur par divination était très peu comprise et des évènements improbables comme celui-ci n’étaient certainement pas une première. Zorian espérait sincèrement que l’agitation de Batak signifiait qu’ils savaient des choses importantes que lui et la matriarche auraient manquées.

Il ne fallut pas longtemps au prêtre pour revenir, accompagné par une femme d’une quarantaine d’années. La première réaction de Zorian fut de se dire qu’elle était étonnamment jeune pour une prêtresse en chef mais il supposa qu’avec la main d’œuvre en manque, le clergé ne pouvait pas faire la fine bouche. De son côté, la prêtresse lui offrit un long regard scrutateur en entrant dans la pièce avant d’afficher un sourire tendu. Elle s’installa aux côtés de Batak afin que tous deux puissent faire face à Zorian.

— Bonjour, monsieur Kazinski, commença-t-elle. Je m’appelle Kylae Kuosi, prêtresse en chef de ce temple. J’ai entendu que vous désiriez me parler. Spécifiquement à propos de prédictions.

— À propos de la date terminale, le jour du festival d’été, en effet, confirma Zorian.

Ils échangèrent quelques mots et tous deux s’assurèrent qu’ils parlaient bien de la même chose. Puis, la prêtresse s’appuya contre le dossier de sa chaise et regarda Batak d’un air doux.

— Je t’avais dit que tu ne te trompais pas, le rassura-t-elle.

— Et moi, je t’avais dit que le problème ne venait pas de toi, répliqua-t-il. Je suppose que nous avons tous deux raisons.

Kylae soupira avant d’en revenir à Zorian.

— Je suppose que vous ne pouvez pas me présenter à votre mystérieux maître en divination afin d’en discuter directement avec elle ? Ce n’est pas que j’ai quoi que ce soit contre vous mais vous ne possédez simplement pas l’expertise nécessaire et vos informations sont par nécessité de seconde main…

— Désolé, répondit Zorian. J’ai peur de devoir vous confirmer que mon maître souhaite définitivement rester dans l’ombre. Je confirme qu’elle pourrait vous aider bien plus que je le puis, mais je ne peux rien faire de plus.

Et il était absolument improbable que ça change dans un futur proche. Selon le dogme actuel du clergé, les Aranea étaient classifiées comme des monstres – des servant du Dragon du Dessous, pour être exact – et ne devaient pas être côtoyées, de fait. Kylae et Batak semblaient être des prêtres assez libéraux mais probablement pas suffisamment pour ça. Rien qu’admettre qu’il parlait au nom d’une araignée géante télépathe lui aurait valu d’être mis à la porte du temple, dans le meilleur des cas.

— Si je puis demander, pourquoi ce que je vous ai dit vous a-t-il effrayé à ce point ? demanda Zorian avec curiosité. Je veux dire, je sais pourquoi mon… ah, mon maître et moi sommes concernés, mais pourquoi avez-vous un problème avec ces anomalies ?

— Et pourquoi êtes-vous inquiet, si je puis demander ? répliqua la prêtresse d’un air intéressé et curieux.

— On échange ? proposa Zorian, réprimant un sourire en faveur de l’expression la plus innocente qu’il pouvait arborer – canne, hameçon et appât.

La prêtresse échangea un regard silencieux avec Batak, communiquant apparemment sans prononcer le moindre mot avec lui. Apparemment, ils se connaissaient depuis suffisamment longtemps pour pouvoir se permettre ça. Peut-être étaient-ils amoureux ? Si Zorian s’en souvenait bien, les prêtres avaient interdiction d’entretenir des relations les uns avec les autres et devaient conserver toute relation romantique en-dehors du clergé. Cela dit, ce ne serait pas une première. Dans tous les cas, après quelques secondes, ils semblèrent avoir atteint un compromis.

— Nous partagerons nos inquiétudes avec vous si vous commencez, annonça la prêtresse. Et soyez prévenu – je sais quand les gens me mentent. C’est une compétence surnaturelle, innée, et qui ne m’a jamais fait faux bond auparavant. Alors ne me faites pas perdre mon temps avec mensonges et demi-vérités.

Eh bien. C’était plutôt tout sauf pratique. Zorian ne détectait aucune tentative d’intrusion dans son esprit alors quelque compétence qu’elle possédât, c’était quelque chose qui n’avait rien à voir avec la magie de l’esprit. Était-elle instinctivement capable de deviner la vérité dans les phrases qu’elle entendait ? Pouvait-elle espionner son âme même ? Il n’oublia pas qu’elle pouvait aussi bluffer mais décida de ne pas y croire.

Au bout du compte, il fallait prendre un risque. Zorian lança quelques sorts de divination pour s’assurer qu’ils n’étaient pas épiés et qu’il n’y avait aucun rat au crâne explosé dans les environs et ouvrit la bouche quand ses divinations lui retournèrent un résultat négatif.

— Voyons si ce sera un prix suffisant pour votre aide, alors, soupira Zorian. Si je suis aussi inquiet à ce sujet, c’est parce qu’il y a un groupe très organisé et avéré – croyez-moi – de terroristes qui prévoient de tirer parti du festival pour créer des problèmes. Une partie de leur plan, comme l’usage de sorts d’artillerie et de trolls de guerres remontés du donjon, est plutôt classique. Mais il y a une part exotique dans leur plan… Une chose qui affecte la nature même des prédictions.

Un bref moment de silence plus tard, les deux religieux le fixaient toujours, incrédules.

— Ce… Ce n’est pas ce que je m’attendais à entendre, finit par dire Kylae. Dieux et Déesses, c’est bien au-delà de mon autorité. Je… Je ne pense pas vouloir en savoir plus, pour être honnête. Je ne veux pas être impliquée dans de telles choses.

— Probablement pour le mieux, confirma Zorian.

— Si c’est réellement la cause de l’anomalie, alors mes raisons de paniquer sont largement faussées, réfléchit la prêtresse.

— J’aimerais toujours les entendre malgré tout, si ce n’est pas problématique, rappela Zorian.

— Ça concerne les anges, s’interposa Batak. Depuis que les dieux sont silencieux, les anges ont plus ou moins pris leur place. Ils ne peuvent pas offrir de pouvoirs magiques au clergé ou créer des miracles à la façon dont les dieux le pouvaient mais ils peuvent être appelés afin de quérir conseils et aide.

— Et qu’ont-ils dit à propos de l’anomalie, qui vous a fait paniquer à ce point ? demanda Zorian d’un air intéressé et curieux.

— C’est ça, le problème, soupira la prêtresse. Nous ne pouvons pas le leur demander parce que personne n’a été capable de les invoquer depuis plus d’une semaine. Nous avons pris contact avec les églises de Koth et ils ont rencontré le même souci – même le plus abordable des Célestes nous ignore. Merde, j’ai même entendu parle de rumeurs voulant que des adorateurs du démon ne peuvent plus contacter leur divinité hérétique, eux non plus. C’est comme si quelque chose avait simplement coupé le plan matériel des royaumes spirituels.

Zorian déglutit bruyamment. Une semaine auparavant… Le début de la boucle.

— Dérangeant, n’est-ce pas ? reprit Kylae. Si l’on couple cette information avec la ligne temporelle qui semble s’arrêter dans trois semaines, eh bien, je dois dire que je m’en trouve effrayée, en effet. Et découvrir que les deux choses n’ont apparemment aucun rapport l’une avec l’autre me rassure un peu, cela dit. Avant ça, c’était comme si… comme si le mois entier que nous traversons avait été arraché au temps et à l’espace et placé en un endroit où tout cesserait d’exister le mois prochain.

Il y eut une suite à cette conversation mais rien de terriblement productif. Il promit à Batak et Kylae de rester discret à propos des ennuis rencontrés par le clergé et les quitta.

Contrairement à Kylae, Zorian ne se sentit pas rassuré par la conversation.

 

___

 

Suivant sa visite au temple, Zorian décida de s’asseoir dans l’un des nombreux restaurants éparpillés dans la ville et de réfléchir à ce qu’il avait appris devant un peu de nourriture. Sans aucun doute, le lien tranché entre le plan matériel et le plan spirituel était provoqué par la boucle temporelle mais ce que ça signifiait n’était pas aussi clair. Était-ce uniquement le plan matériel qui expérimentait la boucle, isolé du reste dans une espèce de bulle temporelle ? Le fait que le temps semblait littéralement cesser d’exister à la fin du mois le suggérant fortement. Les doutes de la prêtresse étaient peut-être fondés. Apparemment, le sort ne faisait pas que se saisir d’un grand nombre d’âme pour les replacer dans leur corps passé comme il le pensait au départ, mais remontait le temps lui-même en laissant une âme – celle de Zach – intacte dans le processus. Pas étonnant que le sort eut pu être si facilement transmis : comparé à remonter un plan enter un mois dans le temps, le coût d’y emmener une personne de plus devait être à peu près nul.

Et si c’était vrai, c’était très dérangeant. Ce n’était clairement pas de la magie humaine. Une centaine de mages en possession d’une puissance et d’une réserve de mana gigantesque en plus de temps pour se préparer pouvaient lancer des sorts affectant la moitié d’un pays. Mais la boucle devait envelopper plus que ça ! Le continent entier, au minimum et les autres continents auraient largement remarqué une chose pareille après un jour ou deux. Les nouvelles se seraient répandues et franchement, Zorian avait l’intuition que la boucle temporelle enveloppait la planète entière. C’était exactement le genre de puissance qu’on pouvait trouver dans les histoires relatives à l’âge des dieux… Mais si des êtres supérieurs étaient impliqués, pourquoi la boucle pouvait-elle dévier de sa course de base de façon si poussée ?

Ses pensées furent interrompues par le crissement d’une chaise. Quelqu’un avait décidé de le rejoindre.

— Oh, dit-il. C’est toi.

— C’est comme ça que te salue une amie, cafard ? se plaignit Taiven.

Zorian leva les yeux aux ciel.

— Salut, Taiven, lâcha-t-il platement. Quel hasard de te voir ici. Je veux dire, on est plutôt loin de tes trajets habituels. C’est presque comme si tu avais décidé de me traquer.

— Ben oui, c’est ce que j’ai fait, avoua-t-elle sans honte. Qu’est-ce que tu fais en périphérie de la ville ?

— Je visitais un temple proche, répondit Zorian. Superbe architecture.

— Toi, visiter un temple ? pouffa Taiven, ce à quoi Zorian ne répondit rien. Bien, bien, faisons comme si. Au cas où tu te demandes, je suis ici parce que j’ai demandé autour de moi si je pouvais trouver un empathe humain qui pourrait t’aider à contrôler tes pouvoirs.

— Tu as fait ça ? s’étonna Zorian, soudain bien plus alerte et enthousiasmé par la conversation.

Taiven lui offrit un sourire léger.

— J’ai plus ou moins trouvé quelqu’un qui voudrait t’aider mais je ne suis pas sûr que tu voudras. La femme en question est guérisseuse dans l’un des gros hôpitaux de Cyoria et elle n’accepte de t’enseigner quoi que ce soit que si tu acceptes de signer un contrat d’apprentissage afin de devenir un guérisseur à part entière.

Zorian fit claquer sa langue de déception. Il avait prévu d’apprendre les bases de la magie de guérison quelque part dans un futur quelconque mais c’était encore loin. Apprendre la médecine n’était pas une chose qu’on faisait pendant son temps libre et demandait invariablement un investissement personnel énorme. Probablement plusieurs boucles pour maîtriser une partie de ce vaste domaine et il n’en avait pas le temps.

— Non, ça ne va pas du tout, soupira-t-il. Je n’ai rien contre les guérisseurs, mais ce n’est absolument pas la carrière que je vise.

— Ouais, j’avais deviné, dit Taiven. Ce serait vraiment un gâchis de laisser tout le travail que tu as fait pour en arriver à ton niveau en formulation. Je suppose que les araignées sont toujours ton meilleur espoir, hein ?

— Ouais, confirma Zorian. Même si… Pour te dire la vérité, ils peinent à faire un pas – même avec toutes leurs pattes – vers moi en ce sens. Peut-être que si elles pensent que je dispose d’alternatives valides, elles se hâteraient un peu plus ? Quel est le nom de cette guérisseuse ?

— Tu es descendu seul ? trancha Taiven en plissant les yeux.

Oh oh.

— Peut-êêêêêêêtre…

Elle tendit le bras au-dessus de la table pour le frapper à l’épaule. Ça faisait mal.

— Zorian, espèce de gros con ! l’insulta-t-elle. Je t’ai dit de ne pas faire ce genre de choses seul ! Même si tu fais confiance à des araignées géantes effrayantes – et je ne pense pas que tu devrais – il y a d’autres choses en bas ! Peu importe ton talent ou ton intelligence, c’est toujours plus malin d’avoir une autre paire de mains et d’yeux avec toi ! À moins que tu n’imagines que je ne tiendrais pas la route avec toi ?

— Je ne pense pas ça du tout, contra Zorian. Je ne voulais pas être un poids, c’est tou –

— Je t’ai déjà dit que je voulais t’aider ! coupa Taiven. Ton excuse ne vaut rien.

— Et les Aranea ont quelques préjugés envers les non-psychiques, termina Zorian.

— Les non… quoi ? bafouilla Taiven.

— Psychiques. Les gens comme elles et moi. Je ne saurais pas expliquer clairement ce qu’être psychique signifie mais c’est une espèce d’affinité instinctive pour la magie mentale. C’est de là que vient mon empathie, paraît-il. Les Aranea prétendent que c’est une compétence télépathique, une forme mineure de lecture dans les pensées et que je pourrai en faire beaucoup plus une fois qu’elles auront daigné m’enseigner des choses.

Taiven sembla perdue, l’espace d’un instant.

— tu lis dans mes pensées ? demanda-t-elle finalement. Je ne t’en ai pas donné la permission !

— Je ne reçois qu’une vague impression de tes sentiments, et même pas de manière constante, répondit Zorian dans un long soupir désemparé. D’ailleurs, c’est pour cette raison que je retourne chez les Aranea. Pour apprendre à ne pas le faire à moins de l’avoir décidé. Comment pensais-tu que fonctionne l’empathie ?

— Je… ne pensais rien, admit Taiven. Mais on s’égare. Pourquoi le fait que je sois psychique ou non importe-t-il à nos chères amies Aranea ?

— Comment pourrais-je le savoir ? Les préjugés ont rarement du sens.

— Eh bien, prends les devant et demande-leur la prochaine fois que tu les vois ! lâcha-t-elle. Parce que si tu ne peux pas me donner de réponse claire la prochaine fois que je demande, je descends et je leur pose la question en personne, avec ou sans ta permission. C’est une vraie connerie !

 

___

 

Mis à part sa visite au temple, aucun des autres devins que Zorian était allé voir ne fut d’une quelconque aide. Au certain nombre d’entre eux ne voulurent même pas lui parler et ceux qui le firent n’avaient pas fait de prédiction à si long terme et n’avaient rien remarqué d’étrange. Bon, l’un d’eux avait prétendu l’avoir fait et trouvé une chose notable mais se trouva être un arnaqueur qui avait passé le plus clair de son temps à essayer de pousser Zorian à payer des informations détaillées sur l’avenir.

Zorian se tourna alors vers un autre pan du problème : ses camarades de classe et la possibilité que l’un d’eux fut le troisième voyageur temporel. Zorian trouvait la possibilité peu probable mais il valait mieux prévenir que guérir. D’ailleurs, c’était un bon moyen de chercher des indices pour autant qu’il pouvait être concerné et il avait songé à en savoir plus sur eux de toute façon.

Lui compris, il y avait exactement 20 élèves dans sa classe – 12 garçons et 8 filles. Parmi eux, certains étaient clairement hors course pour le titre du troisième voyageur – Akoja, Benisek et Kael. Les deux premiers parce qu’il les connaissait suffisamment pour pouvoir juger de leur comportement et avait largement interagi avec eux au sein des boucles pour les juger inchangés et Kael à cause des évènements qui avaient pris place lors des précédentes boucles. Tentant d’écrire tout ce qu’il savait à propos des autres, il en trouva rapidement deux plus louches que les autres : Tinami Aope et Estin Grier.

La maison noble Aope possédait une réputation extrêmement douteuse. Elle était née pendant la Guerre des Sorcières, lorsque l’un des clans majeurs avait accepté de retourner leur veste pour combattre aux côtés des Ikosiens s’ils se voyaient donner le statut d’une maison officielle en retour. Les Ikosiens, toujours pragmatiques, avaient accepté. Sans aucun doute, ils s’imaginaient pouvoir traire ces renégats pour leur soutirer tous leurs secrets magiques avant de les reléguer gentiment jusqu’à pouvoir s’en débarrasser totalement – ce qui n’est jamais arrivé. Au lieu de ça, la maison Aope prit de l’envergure au sein du système politique Ikosien en laissant une traînée de rivaux politique dans son sillage jusqu’à devenir l’une des maisons les plus prestigieuses dans tout Altazia. Ce succès extrême n’avait pas été un simple résultat de politiciens compétents, cela dit. La maison Aope était la cible de rumeurs les dépeignant comme des pratiquants d’arts sombres et de magies interdites trouvant leurs racines dans les rites leur venant de leurs ancêtres. Nécromancie. Invocation de démons. Magie mentale.

Bien entendu, ce n’était qu’une rumeur. Certainement, une personne qui tiendrait à la vie et à sa carrière ne suggèrerait jamais que Tinami Aope, première-née du patriarche de la maison Aope, pratiquait des magies interdites. Pensée hérétique. Et en fait, la fille était douloureusement humble et timide. Elle donnait l’impression de ne pas pouvoir faire de mal à une mouche.

Ça ne prouvait rien, évidemment. Attention aux discrets et à tous ces anonymes ! S’il y avait une personne dans la classe qui possédait l’accès à des magies qui pouvaient neutraliser Zach et pirater la boucle, c’était probablement Tinami. Même mieux, sa nature renfermée assurait que très peu de gens connaissaient suffisamment la personne pour réaliser qu’elle agissait étrangement tant qu’elle ne faisait pas des trucs complètement fous.

Estin Grier, le second suspect, l’était principalement à cause de l’endroit d’où il venait. Lui et sa famille étaient des immigrants venus à Altazia depuis Ulquaan Ibasa – la fameuse île des exilés. Comme l’endroit était majoritairement peuplé de mages qui y avaient été bannis durant le début de la Guerre des Nécromanciens, Estin était la deuxième personne possédant potentiellement l’accès à des magies interdites.

Et Zorian était plutôt certain que les mages qui dirigeaient l’invasion venaient essentiellement d’Ulquaan Ibasa. L’île était l’un des seuls endroits où l’on pouvait trouver suffisamment de nécromanciens et de trolls de guerre pour expliquer leur nombre faramineux durant l’invasion. Il s’agissait également de la dernière demeure connue de Qualach-Ichl – la liche, général de son statut, qui avait combattu l’Ancienne Alliance dans la Guerre des Nécromanciens et donc la description physique correspondait parfaitement au monstre qui avait si bien massacré Zach lors de ce combat qui avait scellé le destin de Zorian.

Évidemment, ces deux-là étaient uniquement des suspects évidents et le troisième voyageur, s’il était présent dans sa classe, pouvait bien être camouflé de façon bien plus travaillée. Réalisant qu’il ne connaissait décidément pas assez ses camarades pour les juger ainsi, Zorian décida de demander l’aide de celui qui pourrait sans nul doute lui dire tout ce qu’il fallait sur tout le monde.

— Salut, Ben, fit Zorian en s’installant à côté de son gras et bavard ami. Je peux te demander une faveur ?

— Bien sûr, répondit Benisek. De quoi as-tu besoin ?

— D’informations basiques sur tous nos camarades de classe. Les dernières rumeurs à leur sujet, tout ça.

 

___

 

[Eh bien, c’est une tournure certainement intéressante,] remarqua la matriarche. [Une confirmation de la coupure de la ligne temporelle et un autre indice sur la vraie nature de cette boucle, c’est bien plus que ce que j’avais espéré. Je dois admettre que je ne m’attendais pas à te voir trouver quoi que ce soit d’utile parmi les devins humains mais te voilà. Je suppose que tu n’as rien sur tes camarades de classe ?]

[Pas vraiment,] répondit Zorian. [Je commence à peine l’enquête. Pour dire la vérité, c’est une tâche qui va sans doute prendre plusieurs boucles alors il ne faut pas s’attendre à des résultats immédiats.]

[Oui, évidemment. Bien, je n’ai rien à ajouter, et à moins que tu n’aies d’autres questions, nous pouvons nous revoir dans une semaine afin de vérifier les progrès que nous avons réalisés.]

[En réalité, j’ai deux questions,] affirma Zorian.

[Pose-les, dans ce cas.]

[Première question : peux-tu m’expliquer ce que tu entends par esprit faible et pourquoi tu les dénigres tant ?] demanda Zorian. [Vous autres Aranea utilisez sans arrêt ce mot et il me semble terriblement insultant, presque fanatique.]

Les pattes de la matriarche se tortillèrent et il en émana une émotion complexe que Zorian ne put décoder avec ses capacités empathiques limitées. Ça avait tendance à arriver plus que de raison, en réalité : les Aranea étaient vraiment différentes des humains, tant en corps qu’en psyché.

[Je te présente mes excuses si nous t’avons offensé,] dit-elle finalement. [Nous n’avons pas eu de contact réel et maintenu avec un humain depuis fort longtemps et le temps donne naissance à toutes sortes de malentendus.]

[Je remarque que tu n’as pas répondu à ma question,] nota Zorian.

[C’est comme tu le suspectes : un esprit faible est une créature non-psychique. Je suis sûre que ce sont potentiellement des personnes formidables mais je – ainsi que mes sœurs Aranea – trouve difficile de vraiment les prendre au sérieux. C’est comme rencontrer une société dont toutes les personnes sont nées aveugles… Ils peuvent se débrouiller sans leurs yeux mais il est naturel de les considérer naturellement handicapés.]

[Tu ne m’as jamais dit ce que signifiait être psychique, tu sais ?] fit remarquer Zorian.

[Tout, du plus petit grain de sable jusqu’aux dieux eux-mêmes, est connecté au travers de la grande toile invisible qui relie toute création. Les psychiques sont ouverts à ces connexions et peuvent contacter l’esprit des autres personnes par ce biais, ou même l’univers lui-même, pour pratiquer ce que vous autres humains appelez magie.]

[Cette explication me semble… presque religieuse,] dit Zorian.

[La grande toile invisible joue un rôle dans notre spiritualité,] admit la matriarche. [Quelle est la deuxième question que tu désires me poser ?]

[Ah, oui. J’ai trouvé un empathe humain qui accepterait de m’enseigner ses compétences. Je voulais te demander ton opin –]

[Non !] l’interrompit la matriarche. [C’est une très mauvaise idée ! Les empathes humains sont de très mauvais professeurs ! Leur entraînement ne consiste en rien d’autre que montrer aux gens comment fermer le lien qui les relie à la grande toile et à la garder fermée la plupart du temps ! Ils lavent le cerveau de leurs étudiants, leur font croire que ressentir les émotions est là tout ce que peut leur permettre leurs pouvoirs et que le reste des arts de l’esprit est immoral ! Ils tournent le grand Don en ridicule !]

Zorian cligna des yeux, choqué. Il avait prévu de provoquer une réaction en abordant le sujet mais il n’avait aucune idée que la matriarche allait s’en montrer aussi affectée ! Colère et outrage suintaient de la matriarche, rendant clair l’idée qu’elle prenait ça très, très au sérieux. Pour la première fois depuis leur toute première rencontre, il se souvint qu’elle était en réalité une créature terrifiante.

[C’est une dénonciation bien plus violente que j’imaginais,] admit Zorian, se forçant à rester calme. [Suggère-moi une alternative, dans ce cas ? Il faut que j’apprenne à contrôler ce pouvoir, quoi qu’il arrive.]

[N’ai-je pas promis de t’aider avec ça ?] demanda la matriarche.

[Oui, avant de ne plus jamais en parler,] rétorqua Zorian.

[Je pensais que tu avais besoin de temps pour accepter ce que tu es. Tu n’as pas agi de façon réellement enchantée quand je t’ai informé du Don, la première fois. Peut-être que si tu n’avais pas attendu six mois avant de me contacter à nouveau, nous serions sur la même longueur d’onde ?]

Outch.

[Mais peu importe,] continua-t-elle. [Cette dispute n’a pas de sens. Si tu veux apprendre à utiliser le Don avec efficacité, je serai heureuse de t’aider. Reviens demain à la même heure et nous commencerons les leçons.]

Elle se tourna pour quitter les lieux avant de faire une pause et d’envoyer un signal de communication final.

[Ensuite, une fois que tu auras expérimenté la grande toile dans toute sa splendeur, tu pourras aller voir ton empathe et décider par toi-même qui discerne la vérité.]

Raka
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9 thoughts on “MoL : Chapitre 20

    1. Non.
      Il l’a prévu, mol ne servant a la base qu’à construire un monde persistant, mais il n’a encore rien fait.

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