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Chapitre 154 : Alandal à Séoul 1/2

 

Sur le désert de glace, deux points se faisaient face. Kang Woojin s’était volontiers représenté l’autre ivre de colère, mais il en fut tout autrement. Liah souhaitait discuter.

« J’aimerais vous faire une offre, si c’est ok. »

« Tu me provoques en duel, et tu voudrais qu’on discute ? » s’étonna Woojin.

« Oui. Je n’ai plus de pied à terre à Jaku, vous vous en êtes assuré. » lui expliqua-t-elle.

En effet, en l’absence de donjon en sa possession, le seul moyen de lui adresser la parole était par le truchement des batailles dimensionnelles. Woojin se détendit un peu et entama la discussion.

« Tu abandonnerais ta chance de te venger ? »

« Dès ma résurrection, j’ai été mise au fait de vos agissements. Je me dois de vous admettre que j’ai été très surprise de voir que vous aviez la puissance nécessaire à laisser libre cours à votre bravoure pour défendre votre planète. »

« Ma bravoure… » reprit Woojin.

« Cependant, votre force importe peu. Ce que vous cherchez à accomplir est tout bonnement impossible. » eut pour propos Liah, agitant la main comme pour chasser l’idée de son esprit.

« Tu veux vraiment crever, hein ? » lâcha-t-il, d’un ton blasé par sa seule considération.

Il se saisit alors de son arme de guerrier. Liah ne fumait pas, cette fois, mais peut-être essayait-elle de gagner du temps autrement ?

« Oula, calmez-vous. Je ne désire pas combattre quelqu’un d’aussi puissant que vous. Il m’est bien plus intéressant de vous rejoindre. » dit-elle en toute hâte.

« T’as vraiment aucune fierté… Tu te rends compte de tout ce que tu as perdu contre moi ? »

« L’énergie n’est qu’un faible tribut à payer pour m’allier à vous. »

Woojin fronça les sourcils. Non, décidément, il ne pouvait pas la comprendre. Comment pouvait-elle seulement oser lui tendre la main, alors qu’elle avait de ses mains péri, perdu sa colonie, et tous ses sujets ? Il comprit alors… elle ne voyait ces éléments que comme des possessions qu’elle pouvait racheter à gré. Âmes comprises.

« Je refuse. » lui dit fermement Woojin, à qui s’était imposée cette réponse.

Transformant son arme en hache, il s’apprêtait à lui sauter dessus quand elle explosa de rire. D’un de ces rires francs mais néanmoins menaçant.

« Tu ne peux pas refuser. » finit-elle par lui dire.

« Pourquoi ça ? »

« J’ai essayé la politesse, mais ça ne donne rien. Sache juste que si tu refuses, d’autres humains seront beaucoup plus intéressés. »

« Attends, je… hmpf. Je suis désolé. Je crois que j’en ai rien à carrer. » répondit-il avec un sourire.

Woojin s’avança cette fois d’un pas décidé, la hache en position d’attaque. Liah ne bougea pas d’un iota.

« Tu crois vraiment que tu pourras briser les liens de la Terre ? D’autres se formeront. » l’avertit-elle.

Sa témérité allait bien finir par lui coûter. Il ne pouvait espérer vaincre à lui seul ce danger…

« Haha. Non, je suppose que tu as raison. Le contrôle de quelques donjons pourraient bien m’échapper. » admit Woojin.

« Que… Mais alors, pourquoi refuser mon offre ? T’en as vraiment rien à foutre que les gens autour de toi meurent ?! » répondit-elle, des trémolos dans la voix.

« Bien sûr que si. »

Sa mère, la petite Sooah, les gens qui avaient souhaité le rejoindre à Alandal… Il lui appartenait de les protéger. C’était même là son but.

« Alors explique-moi pourquoi tu… »

« Il y a une tripotée d’autres connards qui me menacent. La prochaine fois que tu dois me faire une offre de ce genre, ou me menacer, mets-y du tiens. » la coupa-t-il, dans les deux sens du terme.

C’est à cet instant seulement qu’il réalisa qu’elle n’avait jamais eu l’intention de le combattre. Sa tête, découpée dans la longueur, s’affaissa en même temps que son corps. Sa charogne disparut en s’effaçant dans le paysage, comme de la poussière.

〈Duel remporté. Vous pouvez maintenant lancer la Clameur du Vainqueur.〉
〈Veuillez sélectionner un mode : Pillage du domaine, pillage de la salle aux trésors.〉

Victoire trop facile… On va piller sa salle aux trésors.

Peut-être obtiendrait-il à nouveau l’un des composants nécessaires à la confection de l’ensemble de Gehen ? Un véritable trésor valait toujours plus que de l’énergie et quelques résidents…

De toute manière, avec ou sans elle, ça ne change rien.

Il avait été parfaitement sincère avec elle : d’autres cherchaient à intenter à sa vie. De plus, s’allier à quelqu’un, c’était prendre le risque d’être trahi. Au final, il était bien plus sûr de la considérer comme une ennemie.

S’affairant alors au pillage, Woojin se rendit rapidement compte qu’il était bien plus intéressant de s’attaquer directement aux possessions des seigneurs dimensionnels, chose qui n’était possible, bien sûr, qu’à condition de connaître l’emplacement de leurs donjons.

« Eh merde, elle a vraiment rien… » bougonna-t-il.

Pas un seul objet n’attira son attention. Il retourna alors à son domaine dimensionnel, où Jaemin l’attendait avec la plus grande excitation.

« On fait une autre bataille, hyung ?! »

« Non, on a déjà obtenu la période de protection. »

En cas de victoire, seuls 4 jours lui étaient conférés.

« Ah, alors les points… » commença Jaemin, les yeux vers le sol.

« Tu peux m’en prendre. Il t’en faut combien ? » lui demanda Woojin, remontant d’un seul coup son moral.

En des temps plus calmes, Woojin entretenait le projet d’utiliser Jaemin pour obtenir ces précieux points d’énergie. Lui en donner quelques-uns d’avance était une espèce d’investissement…

« Il m’en faut 170 000. » répondit Jaemin.

« Hein ? » eut pour réponse Woojin, surpris par le montant nettement plus élevé qu’il ne l’avait supposé.

« Ça fait trop ? »

Woojin aurait été parfaitement malhonnête en prétendant le contraire. Une telle quantité suffisait à obtenir un domaine dimensionnel tout à fait convenable. Mais son entourage se devait se progresser, aussi le problème vis-à-vis de l’énergie, si problème il y avait, ne pouvait que résider autre part. Enfin, il ne tourna pas plus longtemps autour du pot. C’était la curiosité qui l’animait.

« Tu veux acheter quoi ? » demanda-t-il.

« Je voudrais un cœur de seigneur vampire. »

« De quoi ? » s’étonna Woojin.

« Ah… Laisse, je vais continuer d’économiser. J’aurai tout le temps de l’acheter plus tard. » répondit aussitôt Jaemin, honteux d’avoir osé formuler une telle requête.

Après tout, Woojin avait déjà tant fait pour lui… quelle sorte d’ami pouvait ainsi abuser de la générosité ? Jaemin se sentit les jambes trembler. Où l’avait mené son désir de puissance… ?

« Attends. » dit tout à coup Woojin.

Ouvrant le magasin dimensionnel, il put de lui-même voir que le prix d’un cœur de seigneur vampire coûtait bien 200 000 points. À l’évidence, Jaemin devait déjà en avoir accumulé 30 000.

〈Cœur de seigneur vampire.〉
〈Le rang du Comte Kiet sera transmis à son nouvel hôte.〉

En tuant le vampire qui l’avait mordu, Jaemin avait par le rituel du sang absorbé son pouvoir et était lui-même devenu un vampire. Cependant, du rang d’un vampire dépendait aussi la puissance à laquelle il pouvait prétendre en se repaissant de ses victimes. Pour progresser davantage, Jaemin devait réaliser un nouveau rituel du sang.

Il visait dès lors le cœur d’un vampire noble, le plus faible d’entre eux étant le Conte. Une fois seigneur, un vampire pouvait utiliser les relations sanglantes pour donner des ordres à des vampires de plus faible rang, là où un vampire standard devait se contenter de simples goules. Finalement, un seigneur vampire pouvait devenir maître d’un clan.

« Tiens. Mange-le. » dit Woojin, après avoir validé l’achat du cœur et refermé son interface.

« Oh… merci ! »

Jaemin l’accepta sans broncher. Il aurait tout le temps de le remercier, mais il avait pour cela besoin de pouvoir, que lui offrirait justement ce cœur.

« Quand tu auras terminé, tu devrais retourner sur Jaku et boire autant de sang que possible. On partira bientôt pour une autre planète. »

« Ah, bon ? » s’étonna Jaemin.

« Oui. Sur Alphène. »

« Ah… »

En dépit des différences colossales qui les opposaient, Jaemin et Melody s’était rapprochés lors et à la suite des combats sur Jaku. Combien de fois avait-elle pu lui parler d’Alphène ? Il avait l’impression d’y avoir vécu lui-même.

« Tu vas retourner chasser, hyung ? »

« C’est pas de moi dont il faut s’inquiéter. Dépêche-toi de finir le rituel. »

Craignant l’éventualité que le rituel du sang ne tourne mal, Woojin préférait rester avant de retourner sur Terre. Elle offrait hélas toujours des terrains de chasse, auxquels personne d’autre que lui n’était encore capable de s’attaquer. D’autant plus que s’il partait pour Alphène, il ne pourrait plus offrir à la Terre le moindre soutien. Il était cardinal d’assaillir les donjons qui risquaient d’exploser, mais pour l’heure…

« Il bat encore ! » s’écria Jaemin, surpris.

Il le serra un peu dans sa main et, encore à sa surprise, le sang qui en jaillit se transforma en vapeur qui vint immédiatement à sa rencontre, comme s’il l’avait volontairement absorbée. Il le dévora d’un coup. S’il ne ressentit rien de bien particulier, le changement était bel et bien réel et se ressentirait plus encore chaque fois qu’il se nourrirait.

« C’est bon. Je vais y aller, on se revoit plus tard. » dit Woojin.

« D’accord ! »

Le vampire Jaemin n’avait plus rien à voir avec l’étudiant. Tout, aussi bien dans ses gestes que dans son attitude, respirait la confiance en lui. C’est ainsi qu’il se dirigea sans la moindre hésitation vers Jaku, tandis que Woojin emprunta un portail vers la Gare de Séoul.

« Maître ! Enfin, je veux dire, vous êtes déjà de retour, mon Roi ? » lui lança un garde.

Le titre de Roi aurait sans doute dérangé bon nombre de personnes… pas Woojin.

« Où est Soonghoon ? » demanda-t-il.

« Le ministre des Affaires étrangères est parti pour le Q.G dès qu’il a appris que des occidentaux étaient arrivés. »

« Ah, ouais. »

« Dois-je le contacter, mon Roi ? »

« Non, c’est cool. Je vais marcher. » répondit Woojin d’un air totalement détaché, sous le regard des caméras.

 


 

Dans un bâtiment reconverti en quartier général se trouvait le bureau des Affaires étrangères, occupé par Woo Soonghoon.

« Uh… ils sont tant que ça ? » s’étonna-t-il en voyant le nombre impressionnant de diplomates et négociateurs venus à Alandal.

« Monsieur le Ministre ! La délégation attendue est actuellement dans le bureau du Premier ministre. » lui dit un employé.

« Ah, parfait. Allons-y ! » se satisfit Soonghoon.

Lorsqu’ils parvinrent tous deux au sein du bureau, ils y virent le Premier ministre lui-même, monsieur Jung Minchan, ainsi qu’un délégué de la guilde japonaise Kaneda et les deux détachements anglais venus spécialement négocier une affaire pressante.

« Bonjour ! Ravi de vous rencontrer. Je suis le ministre des Affaires étrangères ici, mais vous pouvez m’appeler Soonghoon. » lança-t-il directement, dans un anglais absolument parfait, avant de s’installer aux côtés de Jung Minchan.

Lequel, d’ailleurs, ne tarda pas à s’offusquer de son interruption, tout en essayant de rester le plus discret possible.

« Ministre Woo, je suis en pleine négociation, là… » lui chuchota Minchan.

« Premier ministre Jung. Regardez-moi bien : je vais diriger cette négociation. » s’opposa aussitôt Soonghoon.

Minchan, un peu perturbé, le dévisagea. Il hésita un moment, mais l’air décidé de Soonghoon finit par triompher du sien. Lui aussi, avait bien changé… Woo Soonghoon, depuis la finalisation du traité d’Alandal, avait travaillé de concert avec ses services d’une main de maître. Jung Minchan savait qu’il ne courait pas un grand risque à le laisser diriger les négociations.

Il prit cependant la décision de rester afin d’éviter tout malentendu, et s’exprima en ce sens : « Bon, si vous voulez. Je reste malgré tout détenteur de la décision finale, alors ne faites rien sans mon accord. »

« Bien évidemment. » le rassura Soonghoon.

La plupart des décisions quotidiennes autour d’Alandal étaient prises, en dehors de son Roi, par le Premier ministre. La situation était comparable à celle des autres monarchies encore en place : le Premier ministre dirigeait, le Roi formulait ses souhaits qui faisaient loi.

Jung Minchan avait donc total règne sur Alandal. Étant donné la très faible superficie de ce nouvel État, d’aucuns auraient pu trouver la position risible, mais Alandal avait une puissance telle qu’elle pouvait faire ployer le monde entier. Dès lors, de très nombreux pays s’intéressaient à eux.

« Bien, monsieur comment ? Peu importe. J’ai épluché les données que vous nous avez transmises. Comme il vous a sans doute été expliqué, nous sommes prêts à porter assistance au Japon pour les donjons de rang 6 et plus, mais il nous faut discuter des assauts conjoints dans les… » commença Soonghoon.

Jung Minchan hocha rapidement de la tête. Woo Soonghoon connaissait déjà le dossier sur le bout des doigts et savait comment faire comprendre à son interlocuteur qu’il était en possession de force. Pour cause, aucune puissance au monde n’égalait Alandal en termes de gestion des donjons. Ainsi, les deux hommes tombèrent rapidement d’accord sur les termes du contrat. Après quoi, Soonghoon se tourna vers le maître de la guilde américaine des Monstricides.

« Je peux d’ores et déjà vous dire que vous pouvez abandonner votre projet de long-métrage, le maître le refusera. Par ailleurs, Alandal est déjà alliée à la guilde Titan, alors… » eut-il pour propos, entamant ainsi une nouvelle négociation.

Au bout d’une demi-heure, aucun des deux hommes ne put parvenir à un compromis ou quoi que ce soit s’en approchant.

« Bien, je propose qu’on continue les négociations demain. Je vous laisse entre les mains de notre secrétaire. Mingji, veillez à raccompagner monsieur. » termina Soonghoon, avant de se tourner vers son dernier interlocuteur.

Cette fois, Woo Soonghoon prit un air bien plus grave, oubliant presque les règles de bienséance.

« Vous ne nous avez envoyé aucune information, on ne sait même pas ce que vous faites là. Faites vite : que voulez-vous ? »

« C’est que… le maître d’Alandal nous a dit de venir ici. » répondit, hésitant, le négociateur britannique.

« Attention à vos propos. Vous parlez du Roi d’Alandal. » s’opposa fermement Soonghoon, accompagné d’un bruit d’agacement féroce.

« Je n’ai fait que suivre le souhait du Roi d’Alandal. Il m’a demandé de venir parlementer avec vous. » se reprit l’homme.

« Ah, c’est le maître qui vous a demandé ça ? Bon… ok, alors que puis-je faire pour vous ? » demanda Soonghoon, bien plus aimable cette fois.

« Inutile de tergiverser pendant des heures. Je souhaite acheter le fragment dimensionnel. »

« Un objet, hein ? C’est bien, les objets… »

« Euh… oui. On m’a dit de négocier avec Alandal. » se répéta le britannique, un peu déstabilisé.

Le maître Kang Woojin avait-il enfin reconnu ses talents ? Soonghoon exultait au point de ne plus savoir comment s’y prendre.

« D’accord, il était question de quel prix ? » demanda Soonghoon.

« Le Roi d’Alandal l’a fixé lui-même : il souhaite un porte-avions. »

« C’est bien… Quoi ?! »

Woo Soonghoon, les yeux écarquillés, se demanda s’il avait bien entendu. Il chercha du regard Jung Minchan mais ne vit dans le sien que la même expression de surprise.

Un fragment dimensionnel… je ne sais même pas ce que c’est. C’est précieux ?

Jung Minchan n’eut toutefois pas à formuler l’objet de sa pensée. Soonghoon le fit à sa place.

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12 thoughts on “SSN Chapitre 154

  1. marci, ca serai drôle de placer son porte avion en plein milieu de seoul : utilité 0 mais style 100

  2. Bonjour,
    Je découvre ce ln actuellement
    En tous cas merci pour votre travail qui permet de mettre en lumière cet œuvre et le rendre accessible aux francophones !

    Sinon pour le prix de porte-avions, j’espere Qu’ils vont penser à négocier la main d’œuvre et l’entretien qui va avec, car cela ne doit pas être donné, et surtout il faut avoir le savoir faire, même si le mini-guilde-état d’alendal est pété de tunes et qu’ils pourront toujours régler ça en payant après…

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