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Chapitre 164 : Le château de Vivie 3/4

 

Dans l’assemblée, constituée pour plus de la moitié de représentants étrangers, ce fut justement un homme japonais qui prit la parole.

« En résumé, vous nous dites que vous allez monopoliser tous les trophées de guerre… » bougonna-t-il à haute voix.

Woojin, qui s’était persuadé de faire mouche en parlant de fer de lance, fut un peu surpris. La vanité humaine était sans limite…

« Si ça ne vous convient pas, vous n’avez qu’à prendre ma place. » lui répondit-il sèchement.

« Comment ça, prendre votre place ? » s’étonna l’homme.

« Je n’empêche personne de prendre la tête de cette résistance, pire que ça, si quelqu’un souhaite occuper mon poste, je lui laisse volontiers. J’assurerai de toute manière, une fois l’avant-garde tuée. » expliqua Woojin.

Cette fois-ci, personne n’y trouva rien à redire. Kang Woojin, tous le savaient, était le seul à pouvoir remplir cette fonction. Sans lui, la Terre serait déjà tombée. Mais… à avancer dans son sillage, d’aucuns s’inquiétaient de ne rien récolter.

« Pourquoi êtes-vous si cupides… » lâcha-t-il à haute voix.

Quelques regards s’abaissèrent au sol. Il continua.

« N’y a-t-il donc personne ici qui réalise la gravité de la situation ? Plus de 90% de l’humanité risque de disparaître, et vous, vous vous inquiétez de vos comptes en banque ?! » hurla-t-il, cédant à la colère.

Un silence de mort s’abattit dans l’assemblée. Lui respirait à grand bruit, tentant de se contenir. Après quelques instants, il se sentit redevenir maître de lui-même.

« Oubliez ça. Nous devons mettre nos forces en commun si vous voulons sauver la Terre, vous comprenez ? »

Melody, qui assistait à la scène aux premières loges, fut traversée par un frisson.

Il essaie vraiment de travailler de concert avec eux… Si je racontais ça sur Alphène, on me prendrait à coup sûr pour une folle.

« Vos paroles d’espoir sont bien jolies, mais même si nous acceptons de travailler à perte, qu’est-ce qui nous garantit qu’on va réussir ? » osa demander quelqu’un.

« Alors quoi, on devrait accepter passivement notre fin ? S’il existe le plus petit espoir de réussir, nous devons le saisir et trouver un moyen de détruire les donjons de manière définitive. C’est ça, ou mourir. Qu’est-ce que vous préférez ? J’imagine aisément que certains d’entre vous pensent à une autre voie. À devenir les vassaux d’un seigneur dimensionnel, comme l’a fait Lee Sahngho, qui aurait échangé toute l’humanité pour sa simple vie si je l’avais laissé faire. Autant vous prévenir, ces ordures là seront les premières que je tuerai. » eut pour réponse Woojin, tantôt souriant, tantôt menaçant.

Quelques personnes commencèrent à s’activer, à l’évidence afin de réaliser les pertes et les éventuels profits qu’ils accumuleraient dans cette entreprise. Dans l’ensemble, tous hésitaient encore. En dépit des risques encourus…

« Bien, vous savez désormais tout. Ceux qui souhaitaient m’assister sont les bienvenus, mais dans tous les cas, je demande à l’intégralité des éveillés mondiaux de faire le maximum dans les donjons. Il faut à tout prix éviter les invasions, et si l’une d’entre elles s’avérait inévitable, ne lésinez pas sur les moyens. La meilleure défense, ça reste l’attaque. En ce qui me concerne, je vais tâcher de trouver un moyen de détruire les donjons, et c’est pour cette raison que j’irai dès demain sur Alphène, qui est actuellement aux mains de Trahnet. D’ici à mon retour, faites de votre possible pour maintenir la Terre en état. Si vous avez d’autres questions, je vous invite à vous adresser au Premier ministre Jung Minchan. » expliqua Woojin, avant de quitter la scène sans laisser à qui que ce soit le temps d’argumenter.

L’air grave, Jung Minchan vint prendre sa place au pupitre et écouta péniblement la vague de questions qui se mit à déferler à son intention.

« J’ai une question, moi ! »

« Moi d’abord ! Combien de membres compte cette avant-garde ? »

« Au sujet des trophées d’Alphène, comment se passera le partage ?! »

Si seulement il avait pu s’enfuir de là, loin, de préférence sur une plage ensoleillée… Hélas, c’était à lui qu’incombait de dissiper le nuage de confusion laissé par Kang Woojin.

 


 

Une fois dehors, Woojin rentra aussitôt vers Alandal, afin de voir sa mère et sa jeune sœur. Sooah était occupée à jouer avec Bowi, qui avait encore grandi. Sa mère ne parvenait plus à détacher le regard d’elle, partagée qu’elle était entre l’inquiétude et le soulagement.

« Ah, tu rentres enfin. » lui dit-elle.

« Ouais, désolé, j’ai été occupé. Salut Sooah ! » répondit Woojin, un large sourire au visage.

« Coucou grand frère ! » fit la petite, courant vers lui en étendant les bras.

Il la prit contre lui et s’étonna de voir que même Bowi lui faisait la fête, agitant la queue en poussant de petits jappements.

« Tu fais encore des rêves étranges ? » lui demanda Woojin, qui en vint ainsi directement à l’objet de sa visite.

« Non, plus du tout ! »

Depuis son éveil, Sooah avait totalement cessé à la fois les cauchemars et les crises d’épilepsie. Désormais, elle était capable d’entendre la voix de son dieu et d’utiliser ses puissants pouvoirs divins.

« D’accord, c’est bien. Et tu as des nouvelles capacités ? »

« Haha oui, je suis comme un petit fantôme maintenant ! » répondit-elle tout excitée.

Ses deux mains devinrent translucides et bleutées. Woojin la déposa au sol aussitôt, sans pour autant la brusquer. L’énergie divine faisait mauvais ménage avec lui…

« C’est bizarre, les gens aiment bien quand je fais ça d’habitude… » remarqua-t-elle.

« Ton grand frère est un peu différent ! En tous cas, je dois vous dire, on déménage demain. »

« Et pourquoi ça ? On vient à peine de s’installer ! » s’indigna Lee Soogyung.

« J’ai acheté un bateau, ce sera plus sûr. » répondit calmement Woojin.

« Qu’est-ce que tu veux qu’on aille vivre sur un bateau ? »

« C’est un gros… »

« Un genre de yacht ? Il y a une cuisine, au moins ? »

« Oui, voilà, un genre de yacht. »

« Bon. Alors c’est d’accord. »

« C’est bon, t’as fini avec les questions ? »

« Je… Je sais que tu travailles dur et que tu le fais aussi pour nous. Je connais tes raisons, mon grand, je ne voulais pas t’agacer. »

Woojin se sentit un peu coupable et lui adressa un sourire. Il aurait bien pu emmener Sooah dans son domaine dimensionnel, mais sa mère n’était encore que de niveau 2… À l’évidence, elle ne deviendrait jamais éveillée. C’était précisément pour ça qu’il avait fait l’acquisition de ce porte-avions. Pour lui offrir un refuge sauf et l’accès à la colonie. Même en son absence, la colonie pourrait se défendre seule en puisant dans ses importantes réserves d’énergie dimensionnelle, et donc protéger sa mère.

« Je pensais important de vous en prévenir. » finit-il par dire.

« Je t’en remercie, Woojin. Tu devrais retourner travailler ! »

Elle ne put le regarder dans les yeux. Lee Soogyung avait certes retrouvé son fils, mais combien de temps avait-elle passé avec lui depuis ? Bien trop peu. Mais elle ne voulait pas se l’accaparer. Woojin avait des fonctions trop importantes, et lui-même le savait. Ses ennemis étaient nombreux, et il existait plusieurs centaines d’entrées dans ce monde. Bientôt, le combat n’aurait plus lieu en leur sein. Le champ de bataille deviendrait la Terre. Ce qu’il pouvait espérer de mieux était de tenir jusqu’à pouvoir invoquer Ryong.

Une question le taraudait toutefois, qui avait fait de Sooah sa vassale ? La réponse ne viendrait certainement pas de sa simple volonté. Au moins, il pouvait se rassurer du fait que ce dieu-là ne semblait pas vil. Melody lui apprendrait du reste bientôt tout ce qu’il y avait à apprendre sur la fonction de sainte vierge, tout du moins une fois Alphène sauvée. Pour l’heure, il se contenta d’aller voir Jiwon. En entrant dans sa chambre, après y avoir été invité, son regard se posa sur Cindy.

« Hein ? Elle est toujours là, elle ? » s’étonna-t-il.

« Elle est encore un peu sous le choc du drame… Cet endroit est le plus sûr. » se justifia Jiwon.

« À ce sujet, nous allons déménager. »

« Où ça ? Vous allez où ? » demanda Cindy, d’une voix parfaitement claire.

« J’ai acheté un bateau, nous allons nous y installer. »

« C’est le porte-avions ?! » s’excita-t-elle.

« Yep. »

« Hmm… » fit Cindy, prenant un air triste.

« Si t’as un truc à dire, fais-le. Cesse de prendre cet air de clébard malade, c’est excessivement agaçant. »

« Ok… Est-ce que je peux venir aussi ? »

« Tu as quitté ton groupe ? »

« Non, mais… »

« Ce n’est que pour les employés d’Alandal, désolé. »

Plus précisément encore, pour ceux qui avaient formulé la demande d’en devenir les citoyens, ainsi que leurs familles. Seuls ceux prêts à donner leur vie et leurs proches étaient admis.

« Alors, je n’ai pas le droit… » répondit-elle, cette fois véritablement attristée.

« Qu’est-ce que tu sais faire ? »

« Quoi ? »

« Tu ne sais rien faire de tes dix doigts, pourquoi je t’autoriserais à y accéder ? »

La bouche légèrement entrouverte, elle resta sidérée. Sa fierté en prit un tel coup que ce fut Jiwon qui, étrangement, vint à son secours.

« Je prends soin d’elle. Ne peut-elle pas nous accompagner, tout du moins jusqu’à ce qu’elle aille mieux ? »

« Elle récupère de quoi ? Elle a pas l’air blessée, de ce que je vois. »

« Elle est traumatisée, Woojin ! »

« Ha ha ha. Même un gosse serait plus crédible. Elle en fait trop, je te le dis. » répondit Woojin, pour se justifier d’être aussi sec.

Un gosse en particulier, en l’occurrence. Sooah avait été véritablement traumatisée. Cindy ? À ses yeux, ce n’était que du flan.

« Je… J’ai été immature. » dit Cindy, à l’étonnement de Jiwon.

« Au moins, tu le réalises. » s’amusa Woojin.

« Bien. Je vais y aller. »

« Ok, on se voit une prochaine fois. »

Cindy sortit de la chambre, à deux doigts de pleurer. Jiwon voulut partir à sa suite après avoir crié son nom, mais Woojin la retint par le bras.

« Lâche-moi ! »

« Et qu’est-ce que tu vas faire quand tu l’auras rattrapée ? »

« Tu as été beaucoup trop dur. Il y avait un milliard de meilleures façons de faire, et tu le sais. »

Le regard de Jiwon, habituellement si doux, se fit soudain très dur. Loin de s’en offusquer, Woojin se contenta de hausser les épaules.

« À quoi est-ce que ça aurait servi ? » demanda-t-il, comme si de rien n’était.

« Mais il est pas possible lui… Lâche-moi immédiatement ! » cria-t-elle alors, hors d’elle-même.

« Ok… »

« Je te jure, il y a des fois où tu me fous la trouille, Woojin. Moi aussi, tu vas me jeter comme une vieille chaussette quand tu estimeras que je suis inutile ? »

« Non, ton âme est pure. La sienne pue. »

Sans trop comprendre sa remarque, elle essuya une larme et partit en courant à la suite de Cindy.

« Tu y vas trop fort, Woojin. »

« Que… Jaemin ? Ça fait longtemps que t’es là ? » s’étonna Woojin.

« J’ai tout vu, si c’est ce que tu veux savoir. »

« T’as beaucoup progressé. Gaebo serait jaloux… »

« Ha ha. Au fait, quand est-ce que Sunggoo rentre ? »

« Quand il sera prêt. Mais d’ici une journée, tout au plus. »

Car tout dépendait de Jaenis. Restait à savoir quand il l’estimerait prêt à aller, lui aussi, sur Alphène.

 


 

Une fois sortie, Cindy laissa toutes les larmes de son corps s’écouler.

C’est lui qui a raison. Mes gémissements n’ont pas leur place dans ce monde devenu fou…

« Mademoiselle ? »

Elle n’accorda pas la moindre attention à l’employé qui l’appela, et se mit à courir vers la sortie.

« Quel enfoiré ! » pleura-t-elle.

La simple idée d’avoir été un jour attirée par cet homme qui n’avait eu à lui offrir que son mépris lui était insupportable. C’était dans la honte qu’elle avançait.

« Si vous sortez maintenant… » insista la personne venue l’interrompre.

C’est tellement la honte !

Arrivée aux abords de la porte principale, elle vit de nombreux objectifs face à elle. Des journalistes… C’était donc de ça qu’était venu l’avertir l’employé. Trop tard.

« Eh regardez, c’est Cindy ! »

« Elle est en train de pleurer, ou je rêve ? »

« Scandale à Alandal ! »

Elle sécha en toute hâte ses larmes et regarda les photographes, parfaitement stupéfaite.

C’est la merde…

Seul son manager pouvait encore la sauver du tracas dans lequel elle venait de se mettre. Il faudrait le rappeler… Son image de marque allait-elle aussi en prendre un coup. À cette simple idée, elle se mit à nouveau à pleurer, haletante, comme en proie à une crise d’angoisse. Lorsque soudain, une source de chaleur vint dissiper ses tourments.

« Pourquoi pleurez-vous ? »

« C’est… Bouh ouh ouh… Ce fils de pute, il est mauvais, je le déteste ! Et les journalistes, ma carrière est foutue ! »

« Ne pleurez pas comme ça… »

La source de chaleur disparut enfin, laissant place à quelqu’un que les journalistes reconnurent immédiatement.

« La Torche Humaine ! » le harangua l’un d’eux.

En fait, la flamme n’avait pas disparu. Elle se dirigeait droit sur eux, et fit exploser l’intégralité des objectifs.

« Espèce de malade ! »

« Héhé. Eh, vous ne seriez pas des Demoiselles de l’Hibiscus ? Vous viendriez me signer un autographe ? »

Et dans les yeux désespérés de Cindy se refléta un lueur d’espoir. Le sourire étincelant de Hong Sunggoo.

Nostra
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11 thoughts on “SSN Chapitre 164

  1. cette fille la jouera surement un rôle tout au tard pour que l’auteur les mise aussi tot et fait en sorte de la garder dans l’histoire

  2. C’est moi ou dans SSN les japonais représentent la cupidité, la Chine le snobisme et les États Unis des amis fiable ?
    Simple supposition !

    1. C’est le cas pour la grande majorité des auteurs coréens, du fait du contexte historique. Je trouve ça un peu chiant, mais en même temps, on n’a pas leur histoire. La littérature française est, elle aussi, assez violente avec ses voisins.

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