SSN Chapitre 186
SSN Chapitre 188

Chapitre 187 : Cupidité mortelle 1/2

 

« Ah, vous voilà, monsieur Namura. » lança Tauric en remarquant le japonais à proximité de l’arbre de vie.

« Très cher moine ! Que puis-je pour vous ? » lui répondit-il de son plus beau sourire.

« C’est que… Nous nous demandions quand arrivera la seconde équipe terrienne. »

« Voyons voir… Un jour sur Terre équivaut bien à 4 sur Alphène, non ? Ils devraient bientôt arriver. »

« Ah, voilà de quoi se réjouir. »

Car si l’armée des morts réalisait des progrès invraisemblables, elle faisait route vers le sud. Le nord, malgré les environs de la montagne Sauros sécurisés, regorgeait encore de grandes menaces qui finiraient tôt ou tard par tourner leur attention vers la colonie. La plupart des réfugiés étaient incapables de combattre, et les héros bien assez occupés avec la colonie. Finalement et contrairement à ce que soupçonna Melody, la guilde Daken tombait à point nommé.

« J’ai discuté avec les autres de votre compensation… » ajouta Tauric.

« Et alors, qu’en est-il ressorti ? »

« Vous obtiendrez des terres, leurs propriétaires s’y sont engagés. Nous discuterons toutefois des détails lorsque nous aurons effectivement sauvé Alphène. »

Car il ne fallait pas se leurrer, on n’obtenait rien sans rien. Particulièrement entre étrangers… La tâche du moine était complexe, mais il fallait pourtant bien négocier cette assistance.

« Bon, je comprends. C’est sans doute mieux ainsi, nous éviterons les dissensions. » assentit Masuro Nakamura.

« Je me ravis de vous voir si compréhensif. » lui répondit Tauric.

« Ce n’est rien. Nous sommes là pour vous aider avant toute chose, non ? »

« Néanmoins, il faudra quand même que vous discutiez avec l’Immortel. »

Dès leur première rencontre, le personnage lui avait déplu. Quelle sorte d’homme se pointait en jogging lors d’un congrès aux implications aussi grave ? À ses yeux, Kang Woojin n’était qu’un bon à rien.

S’il croit qu’il va me faire peur avec son tee-shirt… pensa Masuro Nakamura.

Néanmoins, il parvint sans trop d’efforts à prendre sur lui. Il ne pouvait décemment faire preuve de mépris pour celui qui les avait sauvés.

« Bien évidemment. Nous aurons besoin de son soutien logistique pour organiser les mouvements des troupes, de toutes les manières. »

« Très bien. Alors je vous souhaite une bonne journée, monsieur Nakamura. »

« Bonne journée à vous aussi, monsieur Tauric ! »

… Connard.

Ils n’avaient même pas la puissance de se défendre eux-mêmes, et ils osaient encore essayer de négocier ? Les terres que les terriens libèreraient devaient rester les leurs. Les alphéniens pouvaient déjà s’estimer heureux d’avoir eue la vie sauve… L’Immortel était un problème, mais il avait bien quelques méthodes pour s’en débarrasser. Il sortit justement de sa poche l’une d’elles, sous la forme d’une gemme à la couleur violacée.

Comme quoi, les coréens ne sont pas tous bons à jeter…

Cette nationalité était bien d’ailleurs la seule chose que partageaient Kang Woojin et Lee Sahngho, qui lui avait remis un objet que tous convoitaient.

〈Colonie de la Montagne Sauros.〉
〈Cette colonie est actuellement libre. Souhaitez-vous la capturer ou la détruire ?〉

Mais qu’il est con ! Le Roi Immortel a mis sa culotte à l’envers !

S’il ne craignait pas de s’attirer les suspicions, Masuro Nakamura se serait mis à danser sous l’effet de la musique joyeuse que lui jouait son esprit. L’Immortel allait payer très cher son excès de confiance.

La gloire de l’Empire du Japon sera restaurée !

 


 

La guilde japonaise Daken n’avait jamais eu pour vocation de sauver la planète Terre. Ses éveillés étaient tous de fins traders, formés aussi bien à combattre qu’à vendre leurs obtentions lors des assauts sur les donjons. Mais la concurrence était rude…

« Putain, merde ! Qu’est-ce qu’il se passe encore ?! » hurla le maître de la guilde.

Ils avaient l’impression de marcher sur des œufs, mais il fallait pourtant bien qu’ils fournissent une explication à leurs très mauvais résultats depuis quelques semaines.

« Le marché des batteries de sang est totalement saturé, mais oubliez un peu la courbe d’expansion, nos profits n’ont pas diminué. Nous restons et resterons les leaders du marché. » tenta alors une âme plus brave que les autres.

« Vous n’allez pas m’apprendre mon métier ! Et ensuite, les États-Unis ont plusieurs dizaines de brevets d’armes de sang, qu’est-ce que vous voulez que j’en ai à secouer de vos batteries ?! »

« Je… je vous prie de m’excuser, monsieur. »

« Chier… quelqu’un d’autre a une idée brillante, histoire d’achever de me pourrir la journée ? »

« J’ai repensé à cette histoire d’expédition sur Alphène… » tenta alors un autre.

« Et moi, je me suis dit que j’allais mettre une cravate rouge, aujourd’hui. Où est-ce que vous voulez en venir ? »

« Comme nous l’a expliqué le maître de la guilde Alandal, les risques sont très élevés. Mais pensez-y : un territoire en guerre est forcément un territoire inexploité. Nous pourrions en dégager de formidables profits. »

La question était de savoir si les coûts à engager parviendraient à être contrebalancés par ces hypothétiques profits… Surtout si Alandal était de la partie. Ce conflit ne les concernait nullement, aussi pouvaient-ils bien se passer des honneurs.

« Monsieur, il est arrivé. » vint chuchoter une femme à l’oreille de Masuro Nakamura.

« Ok, faites-lui savoir que j’arrive. Bon, vous vous y prenez comme vous voulez, mais vous me trouvez une solution. Il faut qu’on reste en tête ! » aboya-t-il alors à ses sous-fifres.

« Bien, maître… »

Il sortit donc de la salle de réunion en claquant la porte, laissant ses employés se faire de la bile en silence, et partit immédiatement à la suite de sa secrétaire personnelle.

« Alors, il l’a ? » lui demanda-t-il.

« Il ne veut s’entretenir qu’avec vous, monsieur Nakamura. »

Sa curiosité avait bien des raisons d’être. Seuls Alandal et quelques très rares pays en avaient à leur disposition, mais à sa connaissance, Kang Woojin jouissait encore de l’exclusivité de son utilisation. Il n’en fallut pourtant pas plus que sa grande rareté pour exciter la convoitise de la guilde japonaise, qui remuait ciel et terre afin d’obtenir l’un de ces précieux fragments dimensionnels. C’était dans ce contexte qu’un homme étrange prétendant en posséder un les avaient contactés. Habillé de robes de mage et le visage caché, il faisait désormais face à Masuro Nakamura.

« Bonjour. Tout d’abord, merci d’avoir accepté de nous rencontrer. Je suis… »

« Je sais qui vous êtes, Masuro Nakamura. On m’appelait Lee Sahngho. »

« Vous avez changé de nom ? » s’étonna l’intéressé.

« La guilde Hwarang, ça vous dit quelque chose ? » lui demanda son maître d’une voix d’outre-tombe.

« Lee… Sa… Sa… Vous êtes mort ! » se sidéra Nakamura, tout en réalisant quelques pas en arrière, à la recherche d’un mur auquel s’adosser.

« Et pourtant je suis ici. La mort n’est qu’une phase. »

« C’est… c’est impossible… Quelqu’un est mort à votre place, c’est ça ? »

« N’y pensez plus. Voici un contrat dimensionnel et un fragment dimensionnel. Tenez, prenez-les. »

Masuro Nakamura regarda alors les deux gemmes déposées dans ses mains, fasciné par la puissance folle furieuse qui s’en dégageait.

« Que voulez-vous en échange ? » parvint-il à demander.

« Vous irez sur Alphène saisir une colonie. » lui répondit Lee Sahngho.

« Et qu’avez-vous à y gagner ? »

« Tss… Ne cherchez pas à jouer les inquisiteurs, mon ami. D’autres y ont perdu la vie. Ce que je veux, moi ? C’est très simple : que Kang Woojin perde sa colonie. »

« Vous plaisantez ? »

Lee Sahngho n’avait-il pas lui-même trouvé la mort des mains de Kang Woojin ? S’opposer à Alandal n’était pas seulement risqué, c’était en opposition même avec l’idée de profit.

« Hinhinhin… Est-ce que j’ai l’air de plaisanter ? » lui lança-t-il d’une voix empreinte de menace et d’une énergie qui entrait en résonnance avec les gemmes dimensionnelles. Il ajouta alors : « Vous y gagnerez la vie éternelle ! »

« La… la vie éternelle… »

Ainsi se déroula la rencontre entre les deux maîtres de guildes.

 


 

« Mon maître… » lança Lee Sahngho pour s’annoncer face au trône de glace, dont l’influence sibérienne s’étendait désormais jusqu’au dehors de la grotte.

« Des progrès ? » lui demanda froidement Isaz.

« L’Immortel ne pourra retourner sur Terre. »

« Tu sembles bien sûr de toi, petit insecte… »

« À juste titre. J’ai tout prévu. » lui assura-t-il.

« Tu n’as pas froid aux yeux… ou peut-être es-tu devenu complètement givré ? »

Il en vint cependant à regretter immédiatement ses paroles lorsque se posa sur lui le regard glacial du seigneur dimensionnel. Comme il en avait pris l’habitude en ce genre de cas, il eut le réflexe de coller le front à terre. La discussion semblait gelée lorsqu’Isaz lui offrit, en dépit de toutes ses attentes, son assentiment.

« Je vais te faire confiance. »

« Merci, maître… »

Lee Sahngho n’était plus terrien. Seule la dévotion la plus totale à Isaz le gardait en vie, et il le savait.

« Tu as trouvé le dieu de cette foutue planète ? » lui lança Isaz d’une voix à vous donner la chair de poule.

« Pas encore… »

Une nouvelle fois, Lee Sahngho plaqua la face contre terre à s’en faire des engelures aux arcades, craignant de n’avoir de par cette révélation jeté un froid. Pourtant, l’ambiance se réchauffa tout à coup.

« Le sujet est moins brûlant si tu parviens effectivement à geler ses efforts. Il est de toute manière grand temps que je passe à l’action. »

« Comment ? » s’étonna Lee Sahngho.

« Les seigneurs dimensionnels viendront bientôt en masse pour combattre le dieu terrien. J’ai quelques préparatifs à terminer… »

« Je… Votre serviteur dévoué ignore tout de vos projets, maître. Qu’avez-vous en tête ? » lui demanda-t-il.

« Certainement pas de tuer et détruire comme on le raconte. Je vais régner sur cette planète. » annonça Isaz d’un ton des plus impérieux.

La synchronisation de la troisième planète du système solaire serait bientôt accomplie. Les seigneurs dimensionnels pourraient alors déchainer leur ire, et régner en maîtres après avoir tué son dieu. Qui pourrait les arrêter ? Certainement plus l’Immortel… Mais que se passerait-il si, dans des temps si chaotiques, un illustre héros venait à se faire connaître ? Serait-il vêtu d’un masque ? Et, par dessus tout, quel choix allait-il faire ?

Les condamner ou les sauver tous…

Il ne lui suffisait que de serrer les dents quelques temps encore. L’humanité se rappellerait alors à son bon souvenir… et lui pardonnerait tous ses pêchés.

 


 

Même après une semaine, aucune autre force d’expédition ne passa par le portail relié à la Gare de Séoul. Le maître de la guilde Daken était manifestement mis dans l’embarras par cette situation, aussi entreprit-il d’y trouver une explication.

« Je pense qu’il y a eu un problème d’ordre logistique… »

« Quel genre de problème ? » lui demanda Tauric.

« Eh bien… Étant donné que monsieur Kang a toute autorité sur le portail, il m’est difficile de savoir avec précision de quoi il retourne. Je peux toutefois aller vérifier sur Terre, si vous le souhaitez. »

« Ce ne sera pas nécessaire, monsieur Nakamura. »

Si la Terre se décidait à aider Alphène, son peuple n’avait aucune raison de refuser de limiter au maximum les risques. Néanmoins, même si le nord s’activait, la colonie avait déjà repoussé une tentative d’invasion bien plus périlleuse. L’Immortel finirait de toute façon par sauver Alphène, dût-il le faire entièrement seul. Enfin, s’il en était capable… Finalement, peut-être la présence des terriens rassurait-elle le champion de Skia, dont Masuro Nakamura prit rapidement congé.

Pauvre imbécile, si tu t’imagines qu’on va vous aider… pensa-t-il en riant en son for intérieur.

Les recherches étaient d’ores et déjà terminées, et personne ne viendrait. Pour cause, la guilde Daken avait tout fait pour conserver ce projet aussi secrètement que possible. Quant aux soldats, leurs ordres étaient clairs. Une unité se chargerait de prendre des otages, une autre de sécuriser matériaux et marchandises et la dernière assurerait sa sécurité personnelle. Or, tous les membres de la coalition étant présents… Le moment de rentrer en scène était arrivé.

« Capitaine Haesol, un mot, s’il vous plaît ! » lui lança Masuro Nakamura.

« Hmpf. Vous n’avez qu’à monter ! » lui cria-t-elle, offusquée qu’il ose ainsi s’adresser à elle.

Les lieutenants de l’Immortel partageaient donc son arrogance…

Bouge surtout pas, j’arrive ma cocotte…

Nostra
Les derniers articles par Nostra (tout voir)
SSN Chapitre 186
SSN Chapitre 188

Related Posts

9 thoughts on “SSN Chapitre 187

  1. Merci pour le chapitre!!!

    Les jeux de mots sur l’ambiance qui se glace et se réchauffe c’est d’origine ou c’est de ton fait Nostra ?

    Dans les 2 cas c’est tordant XD

  2. concernant mon message sir le chapitre précédent c’est dommage que l’humanité ne soit pas fait que d’un pays dans ce genre de cas (ce qui ne risquent pas de nous arriver :p)
    ty pour le chapitre

Répondre à Nostra Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com