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Chapitre 191 : Seigneur des glaces 3/3

 

Peut-on vraiment laisser cet endroit en l’état… ? se demanda Woo Soonghoon, allongé dans une tente.

Le gouvernement coréen, depuis l’acquisition du territoire par Alandal et aussi désolé l’endroit eût-il désormais l’air, considérait que sa gestion et les réparations nécessaires suite au passage des monstres ne lui incombaient plus. La meilleure preuve du fait était que des grues et d’autres engins de chantier quant à eux mobiles avaient déjà fait leur apparition tout autour et nettoyaient les routes et les immeubles coréens, à nouveau vierges de la présence de monstres.

Ainsi, Kang Woojin parvint sans avoir à lever le petit doigt jusqu’à la tente où s’était confortablement installé son secrétaire particulier.

« Debout ! » lui lança-t-il.

« Les journa… Ah non. Bonjour, mon Roi. » se surprit Soonghoon.

En le remarquant, quelques employés d’Alandal occupés eux aussi à nettoyer les tas de gravats accoururent en sa direction.

« Notre Roi ! » crièrent-ils en chœur.

« Ouais, ouais… Vous cherchez à reconstruire, ou quoi ? »

« Il faut bien qu’on sauve ce qui peut l’être, non ? Du reste, il me semble important de garder un pied à terre à proximité du donjon. » lui répondit Woo Soonghoon.

« Ça ne sert plus à rien. Nous partons pour la forteresse volante, rassemble tout le monde. »

« Comment ? Mais, qui assurera la mission diplomatique avec la Corée ? »

« T’as encore l’impression qu’il y a quoi que ce soit à sauver, sérieusement ? Regarde autour de toi… »

« C’est… C’est juste que je n’ai pas encore eu l’occasion de… »

« Soonghoon… » grogna Woojin.

« Ce que je veux dire, c’est qu’on devrait au moins laisser un membre d’Alandal ici. Une sorte d’otage, ça nous permettra au moins de poursuivre les pourparlers. » se corrigea-t-il à la hâte.

« Et qui s’en chargerait ? »

« Votre secrétaire particulier, bien sûr. Je ne suis pas éveillé, ma présence ne manquera à personne. »

Il était vrai qu’en comparaison à Jung Minchan et Kim Haemin, sa position était comparable à celle d’un insecte. Il occupait pourtant un rôle capital. Du fait de n’avoir jamais su trop quoi faire, il remplissait une très grande variété de tâches. C’était un homme à tout faire.

« Hors de question. » trancha donc Woojin.

Que pouvait bien valoir la diplomatie face à un atout aussi puissant que celui-ci à ses côtés, dans le Château de Vivie ? Sa simple présence le soulageait, même si les 25 employés sous sa supervision directe n’étaient pas totalement innocents du fait. Sans doute, d’ailleurs, Woo Soonghoon pourrait-il l’aider à faire un léger tri dans les réfugiés, qui n’étaient pas tous terriens.

« Comment allons-nous nous y rendre ? » s’empressa de demander Soonghoon.

« Bah, par le portail… Ah, oui, non. Vous n’êtes pas éveillés. On va se faire un petit vol. » lui répondit Woojin.

« La plupart des vols ont été annulés… Les rares avions qui circulent toujours ne sont certainement pas à l’aéroport d’Incheon. »

« Je pensais à autre chose. Ryong ! »

Un nuage d’une fumée compacte se forma soudainement, laissant progressivement apparaître les contours d’une cage thoracique, puis de tout un squelette digne d’un musée. C’était un dragon.

« Quel est votre souhait ? » lança le dragon primordial.

« Il… Il peut vraiment voler ? » s’étonna Soonghoon.

« Il y a bien un moyen, oui… » répondit Woojin.

Il apposa alors une main sur lui et commença à lui insuffler de la magie. Ryong leva les yeux en grommelant paisiblement, sans doute mû par le désir de retrouver sa liberté. Il grogna pourtant tout à coup de manière brutale.

« Grmpf ! Stop ! » cria Ryong.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » se surprit Woojin.

« Ibrit. Je sens sa présence. »

« Ah. Tu parles d’une nouvelle… À peine rentré sur Terre, je tombe sur le maître de la soixante-dixième Marche… »

Il était le Roi des corbeaux, le messager de la mort, dont le corps immense recouvert de plumes noires ondulait comme l’eau. Ibrit était considéré comme un véritable dieu dans 70 dimensions. L’Immortel fut ainsi contraint d’enfiler sa toute nouvelle armure.

 


 

Il est temps. Ça a enfin commencé.

Isaz exultait à la simple idée d’être enfin libéré de cette maudite grotte de lave. Il en était venu à haïr jusqu’à chaque poussière que contenait cette prison. Un téléphone portable, objet auquel Isaz était rompu, se mit soudain à sonner.

« Maître. Un drôle d’oiseau est apparu au-dessus de Séoul. » l’informa Lee Sahngho, à l’autre bout du fil.

« Amène-le-moi. » lui ordonna Isaz.

« Je vous envoie un MMS que vous puissiez vous rendre compte. »

« Soit. À plus. »

Une nouvelle sonnerie se mit à tinter.

Ibrit.

Certains seigneurs dimensionnels atteignaient de très hauts rangs tout en étant incapables de véritablement combattre. Mais Ibrit n’était pas de ce genre-là. Il était non seulement un excellent stratège, mais aussi un combattant hors pair. À l’inverse, Isaz n’avait lui atteint que la vingt-cinquième Marche… Toutefois, en combat singulier, peu de seigneurs dimensionnels pouvaient se targuer de pouvoir le vaincre.

C’est parti pour la chasse. Ce soir, c’est corbeau givré !

Dans l’espoir de récupérer le code de la Terre, de très nombreux seigneurs dimensionnels convergeaient vers la Terre, maintenant que sa synchronisation était enfin complète. Isaz le savait, s’il espérait tirer son épingle du jeu, il lui faudrait le soutien des natifs. Il lui suffisait pour cela de vaincre un méchant et de s’illustrer comme sauveur, comme l’avait fait l’Immortel sur Alphène.

Or donc, Ibrit remplissait parfaitement l’office du méchant. Les armes terriennes ne pouvaient espérer ne serait-ce que le blesser, aussi la place du héros lui reviendrait-elle d’office.

 


 

Ibrit n’était bien sûr pas venu seul. Avec lui, des centaines et des centaines de corbeaux au bec d’acier passaient tout Séoul à sac, dévorant le cœur des humains, détruisant leurs véhicules et s’affairant à effondrer des bâtiments. Ils étaient comme une tornade et leur formation avait la puissance d’un dragon. Confiant en leurs capacités, leur Roi se posa sur l’îlot de Bamseom, détruisant le pont qui le reliait à Séoul de son simple poids. Il planta aussitôt un arbre de vie, dont les branches atteignirent immédiatement une longueur telle qu’elles vinrent poser une ombre sur la rivière de Hahn. Il ne lui fallut pas plus de dix minutes pour atteindre sa taille maximale.

Ibrit s’y installa paisiblement et regarda tout autour de lui. De là où il était, il voyait parfaitement Séoul et les nombreuses entrées de donjons. L’énergie ambiante lui parlait presque. Des millions de gens étaient proches…

« Ce territoire est mien ! Soumettez-vous à la gloire d’Ibrit, Roi de tous les corbeaux ! » hurla-t-il à en faire exploser des vitres à des centaines de mètres à la ronde.

Son ordre ne trouva pourtant aucun écho. Seule une personne parvint à le comprendre.

« Excusez-moi monsieur, il est illégal de raconter de la merde ici. Vos papiers, s’il vous plaît, et descendez de votre arbre. » lui lança cette même personne en bondissant sur une branche.

« Qui… Ah ! Le nécromancien… Vas-tu m’affronter, ou bien te soumettre ? » se surprit agréablement Ibrit.

« J’avais plutôt dans l’idée de te tuer, en fait. »

« J’admire ta bravoure, Immortel. »

Ibrit s’éleva en tendant ses très longues ailes, composées de plumes aussi longues et tranchantes que des couteaux de cuisine. Le détail ne laissa d’ailleurs pas Kang Woojin tout à fait indifférent.

Enfin un combat intéressant… pensa-t-il.

Car il n’avait encore jamais affronté ce seigneur dimensionnel-là. Tout ce qu’il en savait lui avait été conté par Jaenis et Ryong. Face à lui, il réalisa qu’ils n’avaient rien exagéré. Ce n’était toutefois pas de nature à l’effrayer. Il ne le combattrait pas seul. Ibrit s’élança tout à coup à une telle vitesse, l’aile levée comme une épée, que Woojin s’y laissa surprendre et fut forcé de sauter de l’arbre. Son premier familier bloqua alors sa chute. Il donna alors un coup puissant à Shingshi qui partit au galop autour de l’île pour éviter les plumes tranchantes.

« J’vais t’faire courir moi tu vas voir, humain va ! » vociféra le corbeau le prenant en chasse.

Les plumes étaient trop nombreuses, trop rapides, et tombaient sur l’Immortel comme une pluie. Son armure spirituelle fut rapidement vidée de sa substance et il commença à saigner. Il n’avait plus eu un seul adversaire de ce niveau depuis qu’il avait quitté Alphène… Il allait lui falloir bien plus que Shingshi.

« Jaenis ! »

Le feu de l’enfer se déchaina alors, tant des mains de la liche que de ses mages squelettes. Pourtant, les plumes ne semblaient pas vouloir prendre feu. Woojin invoqua alors des soldats squelettes afin d’en absorber le plus gros tandis que les mages s’accrochèrent au plumage du corbeau.

« De la friture, tout au plus… » le provoqua Jaenis.

Furieux, Ibrit poussa un nouveau hurlement. Tout comme les dragons, il était capable d’invoquer une aura de peur à même de terroriser le plus puissant des guerriers. Ce cri n’avait pourtant aucun effet sur le nécromancien ni les morts… Son but était autre.

« Alors, tu veux la jouer comme ça ?! » s’amusa Woojin.

Les corbeaux apparus de toutes les directions tentaient de gêner sa progression, cependant Ibrit réalisa ainsi une grave erreur. Tenter de jouer du nombre face à un nécromancien était courir au suicide… Son armée fut alors invoquée dans son intégralité. Les chevaliers noirs prirent pour cible les corbeaux, tandis que Ryong chopa la nuque de leur Roi entre ses immenses mâchoires.

Les deux molosses roulèrent alors au sol en hurlant l’un et l’autre. Leurs poids conjugués étaient tels que par endroits, l’île s’enfonçait dans les eaux. Ryong ne lâchait toujours pas.

« Parfait ! Tiens-le immobilisé comme ça ! » cria Woojin.

Ibrit hurlait en se débattant, sans pour autant y parvenir. Hélas pour lui, une menace bien plus coriace le guettait. Un être tout de métal courait sur l’arbre et s’élança d’une branche en contrebas, et atterrit en plein sur sa gueule, le poing dressé comme une lance. Le coup de Dolsae déchaina une telle puissance que la rivière Hahn fut traversée par des vagues, mais Ibrit respirait encore.

« Comment oses-tu ?! » explosa-t-il de rage.

Malheureusement, Dolsae avait frappé si fort que Ryong lui-même fut soulevé par l’onde de choc et ainsi contraint de lâcher prise. Ibrit parvint in extremis à reprendre son envol et poussa un nouveau cri. Celui-ci eut pour effet de faire réagir plusieurs donjons aux alentours…

Nostra
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9 thoughts on “SSN Chapitre 191

  1. Merci à toi pour tout les chapitres (oui je ne commente que très rarement) et je te souhaite un très bon rétablissement (mais j’ai l’impression que les traducteurs de xiaowaz sont soumis à une malédiction quand même…)

    1. Bof, tu sais, la moyenne de jours d’arrêt de travail est de 35 en France. C’est moins que ce qu’on a arrêté pour maladie, en dehors des éventuels exams et des vacances. 🙂 Et nous, on n’est pas payés !

      1. Ah si seulement j’en avais les moyens je ferai des dons régulièrement mais malheureusement pour vous (et pour moi), ce n’est pas le cas :/.

        1. Oh t’inquiète, je dis pas du tout ça pour ça ! C’est juste qu’en fait vous êtes plutôt bien lotis 😀 On prend quand même relativement peu de pauses, en dehors des périodes obligatoires.

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