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Chapitre 197 : Trahnet 2/5

 

– Professeur Toppler ! cria une jeune femme à son intention.

– Eh bien ! Qu’est-ce qu’il vous prend de hurler comme ça ? paniqua-t-il légèrement.

– Kang Woojin est parti à la rencontre d’Isaz, s’expliqua-t-elle.

– C’est impossible…

Depuis quelques jours déjà, il avait l’impression de marcher suspendu au dessus du vide… Cette nouvelle-là lui fit presque regretter de ne pas avoir été cardiaque. Une nouvelle fois, leur plan s’emballait. Leur rencontre survenait beaucoup trop tôt.

– Avez-vous une hypothèse sur… commença la secrétaire.

– Les hypothèses nous mèneront à notre perte ! Préparez mon vaisseau, lui ordonna le professeur.

– C’est trop dangereux !

Il avait dédié toute sa vie à ses recherches, à conjecturer en hypothèses, mais son travail lui semblait d’un seul coup avoir perdu tout son sens. Il fallait agir maintenant, être sur le terrain pour pouvoir réagir aux changements. Sans quoi, le monde lunaire serait pour de bon perdu.

– Je pars pour la Terre.

 


 

– Alors, où en sommes-nous ? demanda Woojin.

– Mon Roi, la situation n’évolue pas à notre avantage, je me dois de vous l’avouer. Les forces armées stationnées à Suwon ont déjà battu en retraite, lui répondit l’homme en charge de la surveillance, au sein de la forteresse volante.

Ce n’était plus seulement de monstres, mais bien aussi de seigneurs dimensionnels que grouillait l’endroit. Parmi eux, il reconnut le dragon Rajakoi et l’Effroyable, la pieuvre rencontrée sur Jaku. Aucun doute, c’était bien à lui qu’on devait les invasions précédentes.

– Il est encore pire qu’Ibrit… lâcha-t-il d’un air désabusé.

– Un seigneur dimensionnel, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes, lui répondit l’autre, un français au teint blafard du prénom de Brice.

À juste titre. Tuer seulement Isaz ne lui serait d’aucun secours, il fallait tous les avoir. C’était un piège formidable, destiné uniquement à sa personne. Pourtant, Kang Woojin souriait.

Je vais obtenir le niveau maximal facilement, avec un tel comité…

Ce n’était pas de l’inquiétude qu’il ressentait, mais davantage de la reconnaissance. Il n’aurait pas à les traquer, et avec le concours de Jaemin, toujours occupé à combattre en batailles dimensionnelles, il allait enfin acquérir suffisamment d’énergie pour réaliser ses moindres désirs. La Gloire de Gehen était proche. Restait à savoir qui, de l’obtention de l’objet ou de son niveau maximal, lui fournirait en premier des informations sur l’Exécuteur.

– Bon, pas la peine d’atterrir, trancha-t-il. Je reviens bientôt.

– Faites attention à vous, mon Roi…

– Oppa ! cria une voix juvénile.

– Sooah ? Qu’est-ce que tu fais là ? Je t’ai dit de rester avec les autres… se surprit Woojin, tout en la prenant dans ses bras.

– C’est…

– Tu es malade ? Tu as de la fièvre ?

– Non, non…

– Alors, qu’est-ce qu’il y a ?

– Est-ce que… tu veux bien rester ici ? Je veux pas que tu y ailles… finit-elle par lui admettre, le visage blotti contre son épaule.

– Eh ben ? Tu as peur pour moi ? s’attendrit-il.

– Non, mais je… Enfin, c’est pas important…

– Petite chipie. Allez, va retrouver maman. Je serai revenu avant même que tu puisses dire « rutabaga » !

– Rutaba… quoi ?

– File !

Sooah s’éloigna lentement, semblant hésiter. Lorsqu’il fut enfin seul, Woojin sauta en contrebas et à peine arrivé au sol, invoqua armée au grand complet.

– La fin est proche, jugea Jaenis.

– On dirait, confirma Woojin.

– Si on ne trouve rien sur l’Exécuteur…

– On trouvera bien une solution, ne t’en fais pas. Kiba ?

– Mon Roi ? se manifesta l’intéressé.

– Tu n’étais pas sorti depuis quelques temps. Ça va mieux ?

– Mes états d’âmes n’ont aucune importance. Je vis pour vous servir.

– QUEL EST VOTRE SOUHAIT ?! hurla soudain Ryong.

Son désir d’offrir un souhait n’ayant toujours pas été satisfait, Ryong restait bloqué sur cette idée fixe, comme un vieux disque rayé… Un peu désolé pour lui, Woojin ordonna à Dolsae de se matérialiser en lui, afin de lui offrir des ailes.

– Mon souhait… Fais ce que tu veux. Tu n’as qu’à tout détruire, tiens, lui lâcha-t-il.

– Avec grand plaisir… souffla le dragon.

Il invoqua alors Shingshi et partit au galop, accompagné de ses fidèles chevaliers noirs. Vivie était elle aussi de la partie, se servant de la puissance de son bâton pour voler. Les monstres allaient enfin découvrir la force de la sorcière des illusions.

Pendant ce temps, Jung Minchan, resté sur la forteresse volante, fit pleuvoir quantités d’ordres. Blanka et l’unité spectrale étaient restés avec lui afin de protéger Sooah coûte que coûte. Ils volaient en formation autour d’elle, installés sur leurs wyvernes. On ne pouvait jamais prévoir quand surviendrait un nouveau problème…

 


 

– Tiens, tiens… On dirait qu’il arrive, observa Isaz. Il est grand temps de débarrasser la Terre de cette souillure. Vous, là, qui m’avez juré fidélité ! Tuez l’Immortel !

Plusieurs dimensionnels capables de voler partirent aussitôt à sa rencontre. L’un d’eux avait déjà pris de l’avance, motivé par les griefs qu’il entretenait encore envers l’Immortel. C’était Rajakoi…

– Insecte. Tu es trop jeune pour supporter le poids du temps, le menaça Ryong.

– Hmpf ! Ignoble saloperie ! s’indigna Rajakoi, après avoir été heurté par une giclée de sang pourri.

Ryong, beaucoup plus lourd, le plaqua au sol comme un rugbyman. Les deux commencèrent à échanger les coups, et les deux armées en firent autant.

– Tuez-les tous ! aboya Jaenis à ses mages squelettes.

L’intégralité des squelettes furent cette fois invoqués. Si la scène était déjà inquiétante, elle le devint en cet instant bien plus encore.

– Immortel… Je vais le tuer, grogna Isaz. Lee Sahngho, tu es libre. Ne me fais pas regretter ma décision.

– Il… Il arrive ! paniqua Lee Sahngho.

Comme une nuée d’insectes géants, la cavalcade infernale descendait en hurlant vers lui. Isaz se recouvra tout entier de lames de glace, et en créa une autre plus grande et plus tranchante qu’il plaça entre ses deux mains. Il décolla en direction de l’Immortel et commença à frapper. Aussitôt et en réaction, sa cible transforma son arme de guerrier en épée et bloqua successivement les coups, malgré la force sans cesse augmentée du seigneur dimensionnel. Par respect pour leur Roi, les chevaliers noirs le laissèrent à son duel et s’élancèrent dans la mêlée.

– On ne passe pas ! revint à la charge Lee Sahngho, rassuré de n’avoir pas à l’affronter lui.

Il étendit les deux bras et forma un solide bouclier magique. Ce sort avait la particularité d’être plus résistant qu’une barrière, mais étendu sur une zone moins large. Les chevaliers noirs furent ainsi bloqués, à l’exception d’un seul, isolé du reste de la formation…

– Hurle pour moi ! aboya tout à coup Kiba, en lui découpant les deux bras d’un seul coup de hache.

– Aaaaaaaargh ! s’exécuta l’intéressé.

– Mon Roi te fait l’honneur de sa présence. Crie plus fort pour lui, lui ordonna-t-il sèchement, en exposant ses crocs menaçants.

Il ne lui en laissa cependant pas l’occasion, estimant que cette seule offense méritait un châtiment tel que la mort. Ainsi, ses frères d’armes purent reprendre leur avancée, d’un rire aux implications macabres. Sa hache se déchaina alors.

– Hmpf, tu es plutôt bon… On s’est pas déjà vus quelque part ? s’interrogea Woojin.

– Tu ne sais même plus qui tu es, et tu voudrais savoir qui je suis ? Je n’ai aucune envie de converser avec un fantôme. Bats-toi ! fulmina Isaz.

– Ça, c’est à moi d’en juger.

S’il avait perdu la mémoire ou peut-être même son identité, Isaz allait lui perdre la vie. Woojin s’en fit en tous cas la promesse.

 


 

– C’est non, vous ne partirez pas ! explosa le garde en poste à la troisième porte du monde lunaire.

– Avez-vous la moindre idée de la personne à laquelle vous osez vous adresser en ces termes ? s’indigna son interlocuteur.

– Que trop bien, figurez-vous ! On ne parle que du fameux professeur Toppler, ces temps-ci !

– Alors ouvrez immédiatement cette porte. Notre futur, non, nos vies, dépendent de mon succès.

– Aucun problème, professeur. Puis-je voir votre autorisation ?

– Co… comment ?! s’offusqua Toppler.

– Vous m’avez entendu. J’ai reçu des ordres. Si vous souhaitez y contrevenir, veuillez m’apporter la preuve que le conseil a intercédé en votre faveur.

Grommelant et se retenant de frapper contre les murs, le professeur Toppler fut bien forcé de faire demi-tour. Si lui refusait de l’écouter, peut-être le conseil… Celui-ci se trouvait dans une salle tout de verre faite, où l’on pouvait apprécier un ciel vierge de toute influence lumineuse ou matérielle. Il regarda une étoile proche. Son regard s’en fit d’ailleurs triste, car il la savait mourante.

– Monsieur, que faites-vous ici ? l’appela soudainement un garde.

– Encore… Ouvrez-moi, c’est un ordre.

– Vous n’êtes pas habilité à…

Jamais, de mémoire, ce garde-là n’avait reçu un regard noir d’une telle intensité. Il s’écarta alors sans oser prononcer le moindre mot, et le professeur Toppler fut enfin face au grand conseil. Composé de 12 membres, ils l’accueillirent en essayant autant que possible de ne rien laisser transparaître. Plutôt que de répondre à leurs obséquiosités, il en vint directement aux faits.

– Laissez-moi utiliser la base spatiale !

– Vous n’irez pas sur Terre, professeur. Vous resterez ici. Le conseil vient à l’unanimité de voter la décision de vous confiner en isolement, l’informa l’un des membres, à l’âge assez avancé.

– Dites-moi que c’est une plaisanterie ? lança-t-il d’un air incrédule.

– Absolument pas, lui répondit une femme aux traits anguleux et à l’aspect sévère. Vos petits plans sont contraires aux principes même de notre assemblée et mettent en péril la sécurité du projet.

– J’ai fait tout ça justement pour sa sécurité ! Et pour la survie du monde lunaire !

– Ramener à la vie le dieu de la destruction pour notre survie ?! Cette fois, c’est moi qui espère que vous plaisantez ! Vous avez déjà contacté Kang Woojin sans même nous en avertir !

– Je pense que…

– Il suffit ! le coupa un homme aux cheveux rouges. Votre idée n’est pas totalement dénuée de sens, mais elle comporte bien trop de risques.

– C’est précisément pour ça que je ne vous ai pas consulté, et spécifiquement vous, conseiller Shelt. L’administrateur des récupérations ne sert plus à rien, on perd notre temps !

– Notre décision est déjà prise, professeur Toppler. Vous nous avez été d’une grande aide, et vous savez tout le respect que j’ai pour vous. Mais dans le cas présent, vos agissements sont beaucoup trop risqués. Nous réfléchirons de nous-mêmes quant à la voie à suivre.

Même le conseiller Shelt l’avait finalement abandonné… Restait-il le moindre futur au monde lunaire ? C’était la peur qui les animait, mais c’était peut-être bien elle aussi qui allait les tuer.

– Si nous n’agissons pas maintenant, tout est perdu ! tenta-t-il une dernière fois.

– Vos actions ont déjà causé bien trop de mal, professeur. Kang Woojin n’a pas toutes les clés en main et se tient déjà face à Isaz. Je pense pour le bien de tous qu’il vaut mieux que vous en restiez là, pour le moment. Gardes…

– Mais, lâchez-moi ! Gehen n’est pas une calamité, mais une opportunité !

– Le cheval est fatigué, certes. Mais nous ne chevaucherons pas à dos de dragon.

Toppler, hurlant comme un possédé qu’il était leur seul espoir, fut emmené par les soldats. Le chef de session finalisa alors la décision prise.

– Préparez le vaisseau Léon et envoyez-le sur Terre. Isaz doit triompher de l’Immortel.

Nostra
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15 thoughts on “SSN Chapitre 197

  1. « – Un seigneur dimensionnel, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes, lui répondit l’autre, un français au teint blafard du prénom de Brice. »

    Hahaha j’ai tellement ri ! Et en VO, ça donne quoi normalement ?

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