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Chapitre 67

Les jours qui suivirent se passèrent sans heurt. Shi Kun eut enfin l’occasion tant attendue de se reposer, dormir jour et nuit et passer son temps à observer les nuages dans son petit jardin.

« Bon sang, ça m’avait tant manqué ! » Shi Kun réalisa que malgré tout ce qu’il avait vécu, dangers et récoltes fructueuses, rien n’était tel que ça. Le repos dans son petit jardin, la face plantée vers le ciel et les yeux mi-clos qui suivaient la course impassible des nuages sur un joli fond bleu.

De la sorte, Shi Kun ne s’en rendit pas bien compte mais il passa plusieurs jours à faire tourner sa base de cultivation encore chaotique afin de la renforcer et de permettre à son dantian d’accepter cette existence plus large en son sein. Sans même le remarquer, il avait récemment commencé à le faire sans y penser, de façon machinale et en n’y pensant pas plus qu’à sa respiration régulière.

Seuls les quelques coups de butoir qu’il pouvait sentir de temps en temps le rappelaient légèrement à l’ordre mais il s’arrêtèrent aussi peu de temps après.

Au bout d’une petite semaine, Shi Kun se leva.

« Eh ? »

Il venait de remarquer que son corps était parfaitement adapté à sa nouvelle puissance ; son dantian s’était élargi et consolidé et déversait désormais le Qi du troisième niveau de la maitrise du Qi dans chacun de ses muscles, dans chacun de ses vaisseaux sanguins.

« Je me sens bien ! » Il réalisa qu’il était alors temps de percer à nouveau. Et rien ne serait plus facile : il était au tout début du troisième niveau mais il n’avait accumulé aucune impureté et possédait un nombre de fruits et de bouteilles d’alcool spirituels important.

Le patriarche n’était pas revenu de toute la semaine. Pas une seule fois Shi Kun n’en avait entendu parler à l’exception de quelques rumeurs sans doute infondées. Il serait parti en voyage afin de régler un problème qui avait fait son chemin jusque dans les hautes sphères de la cour de justice impériale, celle-là même qui décidait de la résolution des affaires mêlant cultivateurs et mortels.

« A-t-il vraiment payé cet alambic avec des pierres spirituelles vides ? » Shi Kun n’était pas dupe. Il avait depuis quelque temps fait le rapprochement entre ce que la secte devait payer pour son achat impulsif et la demande du patriarche, qui avait réclamé un grand nombre de pierres spirituelles vides. Il avait aussi entendu de quoi il retournait le jour de son retour et n’avait plus eu vent du patriarche depuis lors.

« La facture précisait qu’il s’agissait de pierres spirituelles. Pas qu’elles devaient être pleines. Sans doute s’en sortira-t-il s’il la joue finement. Et… oh, que je sais qu’il peut être sournois. » En disant ça à voix haute, Shi Kun se retourna, un frisson lui parcourant la nuque. L’espace d’un instant, il eut l’impression que le patriarche en personne l’avait entendu mais en regardant autour de lui, il constata qu’il était toujours seul chez lui.

Shi Kun se permit de soupirer.

« Il faut vraiment que je fasse attention à ce que je dis quand je parle seul. »

Le patriarche n’avait donc pas encore eu l’occasion de lui réclamer le retour de sa superbe et si rare sacoche spirituelle, ce qui arrangeait bien Shi Kun, finalement. Tout ce qui y était rangé pouvait le rester encore longtemps ; il n’avait nul besoin de chercher un autre endroit où ranger tous ces bons fruits.

« Bien. Il est temps, n’est-ce pas ? » Sji Kun se leva et épousseta légèrement sa toge. Puis il se rendit dans sa cabane et tapota sa sacoche spirituelle pour en faire surgir l’alambic.

« Maintenant que j’y pense, pourquoi n’en ai-je pas demandé un neuf lorsque j’étais à la montagne impériale ? Je suis certain qu’ils auraient été heureux de m’en fournir un gratuitement. Ah ! Et si j’avais su, j’aurais pu demander aussi à ce que cette facture soit déclarée nulle. »

Shi Kun haussa les épaules. Ce qui était fait était fait et il n’avait nul intérêt à se lamenter sur ce qu’il aurait pu faire mieux. Il déposa l’alambic au sol et avant de chercher à distiller quoi que ce soit, il sortit également le reliquat de ce qu’il avait distillé lorsque le doyen était inconscient.

« Il me reste encore quelques bouteilles d’alcool… »

Shi Kun n’hésita pas et but tout ce qui lui restait, sans prendre de pause et sans même chercher à respirer. Il fallait qu’il fasse au plus vite s’il voulait profiter de la chance de ressentir légèrement l’effet de l’ivresse qu’il aimait malgré tout.

Et il finit effectivement par tituber, bienheureux. Il faillit tomber à la renverse et se rattrapa de justesse par un pirouette extravagante tel un grand maître des arts martiaux antique. Au bout de quelques instant cependant, il reprit ses esprits, calmement et irrémédiablement.

« Déjà sobre… » Shi Kun pouvait sentir cette étrange énergie argentée couler dans ses veines. Il ne faisait nul doute que l’alcool dont son corps était imbibé avait finir de changer de forme et se déversait désormais en direction de son dantian, le remplissant et le surchargeant sans retour possible.

Shi Kun s’installa rapidement jambes croisées et ferma les yeux. Il sentait pour la première fois que la percée n’était pas chose aisée ; son dantian en souffrait encore plus que les fois précédentes. Il ressentit l’obligation de se concentrer afin de faire tourner sa base de cultivation pour égaliser les forces, pour répandre de façon équitable cette nouvelle puissance qui se déversait en lui.

« Argh… » Shi Kun grinça des dents. Était-ci si difficile de percer au quatrième niveau de la maîtrise du Qi ? Ne possédait-il donc pas un contrôle suffisant sur son Qi pour que ce soit chose aisée ? Ce n’était que le quatrième niveau !

Yeux toujours clos, dents serrées au point de lui faire mal, Shi Kun faisait de son mieux pour limiter les dégâts qu’un surplus de Qi venait infliger à son dantian, comme un ballon qu’on forçait à s’étendre au-delà de sa capacité maximale et qui menaçait de rompre à tout moment.

Il sentait déjà que des fuites de Qi se produisaient au travers des parois intangibles mais déjà abîmées de son dantian et que du Qi suintait de son corps telles des volutes de fumée pour se répandre à nouveau dans la nature et retourner à la terre et au ciel.

« Je dois résister… ! »

Shi Kun finit par faire tourner sa base de cultivation si rapidement, plus vite même que ce qu’il imaginait possible, que son dantian en ressentit un allègement. La douleur diminuait et le Qi restait en lui. Son dantian se réparait rapidement, régénération naturelle d’un cultivateur en pleine méditation pendant que le Qi nouvellement arrivé se mélangeait avec celui qui était sien depuis longtemps désormais.

Au bout de plus de quatre fois le temps qu’il faut à un bâton d’encens pour brûler, Shi Kun entendit des coups de tonnerre dans sa tête et sut que le moment critique était arrivé. Son dantian avait accepté de pouvoir contenir plus de Qi qu’il n’était censé pouvoir supporter et son corps se raffermissait afin d’en soutenir la nouvelle puissance.

Des explosions et des coups de tonnerres retentirent encore plusieurs fois dans l’esprit de Shi Kun, qui fit de son mieux pour ne pas perdre sa concentration. Il devait absolument continuer à faire tourner son Qi tel un tourbillon, un vortex de puissance qui continuait à absorber plus qu’il ne pouvait de cette énergie argentée qui s’y déversait.

Peu de temps après, Shi Kun comprit que c’était fini. Il avait passé le cap et les tribulations de la percée se calmèrent d’elles-mêmes. Plus de tonnerre, plus de douleur. Seule lui restait une base de cultivation chaotique, encore plus qu’avant. Lorsqu’il gardait les yeux fermés et qu’il cherchait à ressentir l’intérieur de son corps, il pouvait comprendre un Qi aussi violent qu’une tempête sur l’océan.

« Il va me falloir un bout de temps pour stabiliser tout ça… » Shi Kun gardait les yeux fermés tout en se rendant compte qu’il n’allait plus pouvoir tenter de percer avant longtemps. Même si sa base de cultivation précédente était stable, son corps n’était pas entraîné et Shi Kun savait qu’il avait du mal à supporter ce qui venait de se passer. Les courbatures et les douleurs qui le parcouraient en étaient la preuve formelle.

« Je dois entraîner mon corps… ? » Shi Kun comprit que s’il voulait pouvoir percer encore et devenir plus puissant, il devait posséder une enveloppe charnelle à même de contenir ce pouvoir grandissant. Aussitôt blasé, il secoua la tête.

« Je vais vraiment devoir faire des efforts pour m’entraîner ?! Cultiver n’est-il pas assez fatigant comme ça ? Je dois me mettre au sport ?! »

Bien entendu, il conservait encore quelques notions et façons de penser d’un mortel. Il était de notoriété commune que les immortels possédaient d’autres moyens de renforcer leurs corps mais Shi Kun fut si paniqué sur le moment qu’il en oublia totalement la réalité crue.

Au bout de quelques instant, il finit cependant par réaliser.

« Mais non. A-t-on déjà vu un immortel faire un jogging de bon matin ?! Je suis stupide ! »

Il soupira, rassuré. Mais Shi Kun était tout aussi conscient de son état, de son corps faible, qu’il ne l’était de la nécessité de le renforcer s’il désirait encore progresser, jusqu’au point qu’il s’était fixé.

Shi Kun se retourna et quitta sa cabane. Sa base de cultivation tournait pour lutter contre les désagrément d’une percée récente et après avoir nettoyé les impuretés que son corps avait exsudées suite à l’ingurgitation de l’alcool spirituel, il se rendit immédiatement vers la seule personne à qui il pensa à demander des informations.

« Shao Kang ! » Shi Kun se planta devant la demeure de son premier et plus ancien ami dans sa secte de la Porte Azure et se mit à l’appeler. Il pouvait sentir une présence à l’intérieur grâce au mouvement du Qi ambiant et savait que son ami devait être chez lui. Sinon, il aurait filé jusqu’à la porte de la secte pour l’y rencontrer.

Au bout de quelques cris de la part de Shi Kun, Shao Kang finit par sortir, l’oeil ensommeillé.

« Shi Kun ? Mais que se passe-t-il ? Depuis combien de temps es-tu rentré ? Je… Je ne savais pas ! »

Shi Kun hocha la tête, satisfait de l’accueil, avant d’en venir directement au fait.

« J’ai besoin de renforcer mon corps, Shao Kang ! Mon corps ! Je sens que je ne serai pas capable de percer à nouveau si mon corps ne suit pas ! »

Shao Kang ouvrit alors de grands yeux en sondant la base de cultivation de Shi Kun, sans honte ni avertissement.

« Qu… Quatrième niveau de la maîtrise du Qi ? Déjà ?! M… Mais comment… »

« Ne t’en préoccupe pas ! Je… Toi, tu dois le savoir et je ne peux demander qu’à toi ! Le patriarche est absent, et je ne connais personne d’autre… » Shi Kun lui coupa la parole et s’adressa à lui d’un air alarmé.

« Tu as besoin de renforcer ton corps, dis-tu ? Mais… Tu es déjà au quatrième niveau de la maîtrise du Qi… et tu n’as jamais commencé à cultiver une technique corporelle ? Tout le monde le fait… C’est… C’est essentiel… »

Raka
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8 thoughts on “TheDAB : Chapitre 67

  1. Merci pour le chapitre

    Dis Shi Kun n’as pas développé de technique pour le 3eme niveaux ,c’est trop tard ou il peut encore le faire ?

    1. Mais y a-t-il seulement une technique accessible au troisième niveau ? 🙂
      De toute façon, il n’est jamais trop tard.

  2. j’adore vraiment ton travail^_^ je sais la difficulté qu’il y a,à publié en temp et en heure>.< je te remercie pour ton travail qui est vraiment original. Je suis impatiente de savoir la suite de cette histoire passionnante(・ω・)つ⊂(・ω・)

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