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Chapitre 217 – Je viens te chercher, maintenant 1/8

 

Ce n’était pas comme s’il devait mettre ses plans en action immédiatement en acceptant l’Armée du Dragon dans la forteresse. Non seulement avait-il encore des choses à faire, mais il ne pouvait pas accepter d’envoyer des enfants livrer des combats supplémentaires.

— Et donc, tu veux que je fasse tout, duh.

— J’ai toujours cru en toi, Myste.

Laissant le nettoyage des monstres restant à Myste la Forteresse Volante autonome, Yu Ilhan commença tout d’abord par créer de nombreuses attractions sur les vastes terres entourant sa maison.

Liera ne put se retenir bien longtemps en voyant un long toboggan qui connectait nul ne savait où au couloir principal de la maison, et le train miniature qui passait dessous.

— C’est… quoi, ça ? demanda-t-elle.

— Un parc d’attraction, répondit Yu Ilhan en haussant les épaules.

— …

Liera arbora une expression étrange. Mais il était on ne pouvait plus sérieux.

— Ces enfants, continua-t-il, se sont battus pour leur survie, depuis aussi longtemps que… depuis longtemps. Je ne peux même pas imaginer à quel point leur esprit doit être torturé, et ne parlons même pas de leurs émotions. Si nous n’allons pas les faire combattre pour la vie, il faut leur inculquer d’autres choses, des choses essentielles et paisibles, chaleureuses et qui conviennent à des enfants.

— Donc, un parc d’attraction ?

— Ils ne pourront jamais se reposer et en profiter, sinon maintenant.

Ses mots étaient prononcés avec légèreté, mais leur sens était lourd et profond. Liera ne pouvait pas l’empêcher d’aller au bout de son idée, car elle-même savait comment il se sentait en les voyant. Au bout du compte, elle décida d’observer en silence la construction du parc extrême.

Bien sûr, elle finit par se poser une autre question.

— Mais, ne peux-tu pas simplement les emmener dans un parc sur la terre ferme ?

— Les monstres les ont tous bouffés, il ne reste rien.

— Ah, je vois…

Trois ans s’étaient écoulés depuis le départ des humains, et le monde perdait rapidement toute trace de civilisation récente. Yu Ilhan ne pouvait pas s’occuper de ça en plus du reste.

Non, en fait, il n’aidait jamais à préserver les témoignages de la civilisation. Bien au contraire, il en détruisait même beaucoup à chaque fois que la forteresse faisait feu. Libérer la Terre était déjà assez encombrant, il n’allait pas non plus se pencher sur des détails mineurs !

Remettre tout ça en l’état serait le travail du reste de l’humanité lors de leur retour. Un jour… ou l’autre.

— Héros, c’est quoi, ça ?

— Mon cœur palpite quand je vois tout ça, je ne sais pas pourquoi.

— Je ne sais pas non plus !

Peut-être était-ce gravé dans leurs instincts ? Les enfants se mirent à sauter de joie en voyant les attractions prendre forme un peu partout dans la Forteresse Volante. Même Yumir, qui était supposé être leur leader, ne pouvait cacher l’émotion dans ses yeux brillants face à toutes ces choses qu’il n’avait jamais vues auparavant.

Cette scène réchauffa le cœur de Liera, qui assistait à tout ça depuis le banc de touche. Mais elle trouva rapidement Yu Ilhan qui sortait une pierre magique de quatrième classe face à un manège.

— Là, ne bouge plus.

—  Tch, j’ai été repéré ?

— Pourquoi utilises-tu une pierre magique de quatrième classe sur une vulgaire attraction ?!

— Cette attraction, répondit fermement Yu Ilhan, fait également partie de la Forteresse Volante. Il est évident pour tout ce qui la compose d’être utilisé pour attaquer les ennemis, que ce soit un gramme d’air ou un gain de poussière. Non ?

— Attends une seconde… Tu as fait tout ça, en…

— Bien entendu, en os de démons de la vibration !

— Rends-moi mes émotions, et mes sentiments !

Mais il ne mentait pas, en disant que ces attractions étaient faites pour les enfants. Il en profitait juste pour faire d’une pierre deux coups, ou plutôt trois. Liera grinça des dents. Elle voulait lui en coller une, mais d’un autre côté, ne le pouvait absolument pas.

— À l’avenir, explique-moi ce que tu fais avant que j’aie l’impression de me prendre un train à l’arrière de la tête !

— N’est-ce pas plus intéressant de le découvrir par surprise ?

— Je t’embrasserai pour une heure complète à chaque fois que tu me referas des trucs pareils, le menaça-t-elle.

— Une seconde, tu veux dire ?

— …

— …

— Et puis, continua-t-elle avant de lever trois doigts. Si tu le fais trois fois, je ferai des choses bien plus… sévères, tu pourras m’appeler Sangsue après ça.

— Uwaaaaaaaaaahk ! Mir écoute !

Yu Ilhan comprit que Liera avait atteint sa forme finale. Elle, née une seconde fois après avoir rejeté honte et hésitation, était devenue une entité contre laquelle Yu Ilhan ne pouvait plus gagner. Ni rhétoriquement, ni… physiquement.

— Voilà, terminé, changea-t-il rapidement de sujet.

— Ouah !

— C’est quoi ?! C’est quoi ?!

Yu Ilhan avait créé un total de 119 attractions en plus ou moins 22 heures. Après avoir terminé, il observa les 9.300 enfants et se tourna vers Yumir.

— Mir, tu ne t’occupes pas de tous les enfants en même temps, n’est-ce pas ?

— En effet, je les groupe selon leurs attributs et les divise par classes.

Yu Ilhan lui tapota sur la tête, fier de lui. Après ça, il les groupa de la même façon et les plaça en face de chaque attraction.

— Ouaaaaah…

— Je crois… que je sais ! cria un des enfants les plus âgés. J’ai vu quelque chose comme ça, il y a… longtemps ! Avec maman et papa !

— C’est quoi, une maman ?

Yu Ilhan n’avait pas simplement installé de simples tasses tournantes, des montagnes russes et autres manèges des plus classiques. Il avait même créé des zones où les enfants pourraient s’amuser à endosser des rôles, d’autres où ils pourraient avancer en tant qu’êtres humains s’ils s’instruisaient à grands coups de culture générale, le tout pour leur marteler un minimum de bon sens dans la tête.

— Je les ai mis au milieu de chaque circuit, précisa-t-il. Ils ne s’y seraient jamais intéressés si j’en avais fait des attractions à part.

— Et tu as toujours des idées pareilles dans la tête… ? soupira Liera.

Comme il avait créé les attractions et placé les enfants sur chacune d’entre elles, il ne leur restait plus qu’à s’amuser librement ! Ils se laissèrent absorber par les manèges aussitôt l’autorisation donnée par Yu Ilhan et son fils, leur général et héros.

— Mir, va jouer aussi.

— Je veux rester avec toi.

— Tu peux aller t’amuser, je ne m’en irai pas.

— Je veux quand même rester ici.

Le voyant imperturbable, refusant clairement de se séparer de son père malgré la curiosité qui le tiraillait, Yu Ilhan lui sourit gentiment.

Il était un Dragon, mais il était un enfant. Le temps qu’il aurait dû passer avec lui, il l’avait passé loin de lui. Il s’inquiétait du manque affectif des enfants, mais il se rendit compte qu’il devait se préoccuper encore plus particulièrement de celui de son propre fils.

— Ok, tu peux rester avec moi.

— Ok.

— Kyaaaaaaaaaak !

— Si… Rapiiiiiiiide !

Les attactions créées par Yu Ilhan à l’aide de la langue des Dragons, de l’Ancien Elfique, de la langue des Anges et celle des Anges Déchus ? Celles qu’il avait ensuite travaillées à l’aide de l’Ingénierie Magique ? Elles étaient toutes plus sensationnelles les unes que les autres, et il ne fallut que quelques secondes aux enfants pour se laisser totalement prendre par le parc d’attraction volant.

— Uwaaaaaaaah !

— Incroyable ! Je vole plus vite que quand je me suis fait frapper par un monstre !

Le seul point faible des lieux ? Les attractions étaient faites pour des enfants d’un niveau supérieur à 100. Si quiconque les essayait sans avoir cette puissance, c’était la mort assurée, sinon des contraintes physiques, au moins d’une crise cardiaque.

D’ailleurs, sans une bonne vision dynamique, il était même impossible de remarquer que les enfants étaient sur les manèges tant ils allaient vite.

— Bien. Il n’y a pas de problèmes. Ils s’amusent.

Il vérifia l’intégrité et la sécurité des 119 attractions pendant leur utilisation, et hocha la tête. Finalement, il toucha les rails d’une montagne russe à proximité, et un texte vert apparut devant ses yeux.

[La Forteresse Volante analyse et archive les informations des individus présents.]

— Oh, ça, c’est parfait aussi.

En l’entendant marmonner, Liera se mit à rire avec légèreté. Elle pouvait imaginer les autres fonctions des manèges, en-dehors de l’amusement pur. Elle attrapa Yumir des bras de son père et lui couvrit tendrement les yeux.

— Mir, ferme les yeux une petite heure, lui dit-elle.

— Huh ? Ok…

— Non ! J’ai dit non ! râla Yu Ilhan. Collecter des informations était déjà une fonctionnalité de la Forteresse Volante, je n’ai rien ajouté de nouveau !

Et avec sa compétence Archivage, cette fonction de la Forteresse avait bourgeonné et fleuri d’une manière superbe. Il ne désirait que créer de l’équipement pour les 9.300 enfants en analysant leurs capacités, leurs corps, et les archives collectées par les attractions pendant qu’ils s’amusaient !

— Tu fais vraiment trop de choses à la fois… soupira Liera.

— Oui, afin d’éviter que des trucs ennuyeux n’arrivent plus tard… Enfin, bon. Attendons que j’aie collecté toutes leurs informations…

Il se retourna et ses yeux brillèrent lorsqu’il vit Yumir et Liera.

— Mais d’abord, le vôtre, décida-t-il.

Il commença par Yumir. Bien sûr, il avait déjà créé des équipements épiques pour son fils auparavant. Et peu importât le genre de batailles qu’il avait menées, il était toujours aussi solide.

Mais le Yu Ilhan de cette époque avait changé, n’était plus le même. Il avançait sans s’arrêter !

— Par rapport à ta puissance d’attaque, je dirais, expliqua-t-il. Les matériaux doivent être changés.

— Ah…

C’était vrai. Et Yu Ilhan prévoyait de créer une armure pour son fils à partir des restes de la Volonté du Chaos, qui avait quasiment été abattu par Liera seule !

— Bien entendu, il faut que j’en garde pour mon armure aussi, alors j’en utiliserai uniquement la moitié.

— Ouah, je ne peux même pas le toucher, alors que je peux le voir ! s’exclama Yumir. Papa est tellement formidable pour l’avoir tué !

— Je l’ai tué avec l’aide de Liera, rectifia Yu Ilhan.

Mais lorsqu’il posa des yeux tendres sur elle, il la vit en train de bouder.

— La moitié ? demanda-t-elle d’une voix éraillée.

— Ouais, il faut que j’en utilise la moitié pour créer un équipement capable d’aider Mir.

— Mais Ilhan, nous l’avons tué tous les deux. Si tu investis la moitié pour Mir, alors tu ne pourras plus que faire la tienne avec l’autre moitié.

— …Ne me dis pas que tu voulais un truc de couple avec moi à partir des restes de ce type… ?

Liera ne le dit effectivement pas. Mais bien qu’elle eût l’air de ne pas bouger, elle hocha la tête, très légèrement, imperceptiblement, et Yu Ilhan ne l’aurait jamais vue faire s’il n’avait pas été en train de l’observer avec insistance.

— C’était un incident monumental…

— Mais je ne pense pas avoir envie de célébrer un truc pareil… ?!

Peut-être que les filles étaient spéciales, ou peut-être était-ce juste Liera. Yu Ilhan soupira et sortit quelque chose, quelque chose qu’il avait caché dans un coin de son inventaire.

— En fait, j’ai préparé quelque chose d’autre pour fabriquer ton équipement. Voilà.

Ce qu’il venait de sortir avec grande fierté ? Une boîte contenant des centaines de milliers de plumes d’un blanc aveuglant, des dizaines de flasques contenant un sang de la même couleur et des grands morceaux de peau morte et de croûte qui émettait une aura puissante.

— …

Liera baissa les yeux vers ces objets et perdit sa voix. Elle finit par arborer un sourire éclatant.

— Quand as-tu ramassé tout ça ? demanda-t-elle.

— En vérité, la cinquième option de ton armure… Laisse t#$^&@!

— Alors il faut juste que je ferme les yeux pendant une heure, c’est ça ? demanda Yumir en les voyant collés l’un à l’autre.

Il apprenait très vite. Alors il ferma les yeux et se tourna, juste à temps pour manquer les assauts vicieux de Liera sur son humain personnel.

Yu Ilhan lutta et se débattit comme un poisson hors de l’eau, et elle ne le laissa pas s’échapper, pas pour les plus grandes richesses du monde. Après tout, c’était elle qui lui avait appris à se battre, si loin dans le passé !

Il fallut bel et bien une heure à Yu Ilhan pour pouvoir commencer à travailler sur l’équipement de Liera et de son fils.

 

Raka
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