EER : Chapitre 212
EER : Chapitre 214

Chapitre 213 – Moi aussi 5/8

 

Il commença avec ses jambes…

— Uuuuuu.

— Fais avec, même si ça fait mal.

— Ok…

Ses jambes étaient dans un très sérieux état. Sa chair s’était effritée, ses muscles étaient essorés, ses os tordus, brisés, et même la moelle en suintait librement. Les dégâts qu’elle supportait forcèrent Yu Ilhan à se demander comment elle pouvait être encore en vie, et lui brisèrent le cœur. Il ne pouvait même pas commencer à imaginer la douleur qu’elle devait endurer.

Cela dit, l’armure fondit dans ses jambes. Ses os se raffermirent et reprirent leur forme comme si le temps s’écoulait à l’envers, de nouveaux muscles apparurent, couvert d’un réseau de sang rouge. La chair couvrit le tout, et la peau termina le tout.

— Tu… C’est… Comment ? bégaya-t-elle.

— Je savais que tu ferais quelque chose de tellement taré, répondit-il. Cet équipement n’était pas fait pour te renforcer, mais pour t’aider à te soigner, en enregistrant toutes tes archives. La cinquième option en est le nucléus, le fondement et la vraie signification.

— …

Une telle chose était-elle seulement possible ? Non, même avant ça, était-il si simple de récupérer et rendre les archives d’un Ange de sixième classe ? Elle voulait poser un millier de questions, mais la douleur la força à serrer les dents.

Et ce fut la plus sage des décisions. La technologie à laquelle elle était actuellement soumise demanderait à Yu Ilhan plusieurs heures d’explications, allant de la forge à l’Ingénierie Magique en passant par divers langages spécifiques.

— Strictement parlant, dit-il, ces archives ne te reviennent pas comme elles l’étaient par le passé. Ce processus t’aide à te reformer en tant qu’existence inférieure après avoir extraits les archives qui auraient dû t’être retirées, sans douleur, en se souvenant de la structure de ton corps.

— Tu savais… que je ferais ça… ?

— Évidemment.

— Alors tu savais que je t’aim…

— Ah non, ça, non.

Yu Ilhan décida de ne rien dire à ce sujet. En vérité, il s’était imaginé la probabilité d’un tel cas à 50%. Seulement, le côté lâche de sa personne ne cessait de lui faire remonter cette simple pensée, Et si ce n’était pas le cas ?

Alors il s’était stupidement convaincu qu’un Ange de sixième classe de l’Armée des Cieux pouvait être proche de lui, mais pas de cette façon. Qu’elle le traitait ainsi comme un frère de sang, en tant que grande sœur.

Et le souci avec Na Yuna avait alimenté cette pensée. Une coïncidence n’arrivait jamais deux fois de suite, et Liera ne pouvait en aucun cas être amoureuse de lui. Et cet étrange processus de pensées s’était solidifié dans son esprit.

— …Mais quel idiot, soupira Liera.

— C’est de ma faute… se plaignit Yu Ilhan en retour.

Il ne pouvait pas lever la tête en face d’elle. Après tout, s’il n’avait toujours pas compris après tout ce qu’il s’était passé, il n’aurait pas été un idiot, mais un légume.

Liera sentit peut-être qu’il en avait réalisé suffisamment, et se mit à rire au milieu de ses souffrances. Pendant ce temps, le sang de Yu Ilhan continua de couler, de noyer l’armure, et en fondant, celle-ci régénéra les autres parties du corps de l’Ange.

— Tu l’as tué pour de bon ? demanda-t-elle au bout d’un moment.

— Ouaip. Je l’ai tué pour de bon, et j’ai récupéré son corps.

— Pfff, je n’aurais jamais imaginé que tu le laisses tomber, cupide que tu es.

Ce monstre avait peut-être été une vraie salope, c’était tout de même une salope de sixième classe. Il aurait été étrange de ne pas collecter son corps. Yu Ilhan n’avait honte de rien, et Liera lui adressa un sourire impuissant. L’attitude inchangeable de ce type était à la fois sa plus grande faiblesse et l’un de ses plus gros points forts. Et elle aimait beaucoup cette facette.

Maintenant, ses jambes étaient reconstituées jusqu’en haut des hanches. Sa taille et son ventre se faisaient lentement créer. En fait, un changement plus fondamental prenait place en elle.

Le sang blanc typique des Anges avait quitté son enveloppe charnelle, remplacé par un liquide rouge plus classique. Son cœur nouvellement formé l’accepta et se mit à le pomper dans chacune de ses cellules, un corps entier qui résonnerait avec Yu Ilhan. Un corps qui serait créé avec son aide.

Toutes traces de l’armure rose finirent par disparaître. Liera toucha la peau brillante qui venait d’apparaître en lieu et place de l’ancienne, morte et sèche, et sentit que l’armure n’était plus.

— Dommage, soupira-t-elle. C’était une armure créée par Ilhan.

— Je t’en referai une bien meilleure.

Lorsque la régénération de Liera eût progressé jusqu’à un certain point, la bénédiction de la déesse de l’amour s’en mêla également. Allant au-delà d’une simple accroche à la vie, elle devient plus libre d’interférer avec le corps de l’hôte, et se mit à le développer grâce à un pouvoir clairement sacré.

Avant, l’interférence avait été minime car Liera était déjà une existence supérieure, mais maintenant, l’histoire n’était plus la même. Son nouveau corps d’existence inférieure la rendait tout à fait acceptable pour la bénédiction de la déesse de l’amour !

En fait, son apparence détruite servit de base à la création de la nouvelle. Bien que le procédé fût incroyablement douloureux, la bénédiction et la puissance de Yu Ilhan la hissèrent vers un royaume totalement nouveau.

— Uh… Ah…

À un moment, sa voix devint différente également. Avant, ç’avait été une voix angélique qui semblait sonner du firmament, où qu’elle fût. Désormais, elle lui chuchotait vraiment dans les oreilles.

Yu Ilhan aimait ça, mais Liera ne semblait pas totalement apprécier, et paniqua en se palpant le cou.

— Ouah… Cette sensation… Ça fait si longtemps. Je suis vraiment redevenue une existence inférieure.

— Comment te sens-tu ?

— Mon corps est si… lourd~

— Et je t’ai à peine fait revenir à la vie…

Bon. Elle avait perdu deux classes, après tout, et il aurait été mensonger de dire qu’elle en était heureuse. Elle s’était préparée à tout abandonner pour Yu Ilhan, mais faire face à sa propre quatrième classe après tout ce qu’il s’était passé était quelque chose de complexe, et c’était compréhensible. La réalité était toujours bien différente des idéaux.

— J’ai froid, dit-elle soudain.

— Tu veux une couverture ?

— Non. Je veux rester comme ça encore un moment.

Avec tout ce qui lui couvrait le corps disparu, y compris son armure, elle était nue comme à son premier jour. Ce corps qui s’était fait déchirer, tordre et qui avait même pourri durant le combat avait retrouvé son apparence la plus totale.

Non, peut-être avait-elle l’air encore plus belle qu’avant. Il était gênant de regarder à cette hauteur, mais Yu Ilhan suspectait que même sa poitrine était plus grosse, désormais. Et en fait, c’était le cas.

Bien sûr, il s’agissait là de l’interférence des pouvoirs de la déesse de l’amour. Tout était fait pour recevoir toujours plus d’amour de la personne qu’elle aimait !

— Fuuu.

Cependant, le visage de Liera montrait toujours quelques parties couvertes de peau qui n’avait pas pelée. Lorsque Yu Ilhan lui frotta les joues, les débris tombèrent et une nouvelle peau, blanche et brillante, apparut. Il lui adressa un léger sourire en voyant ce visage parfait.

— Voilà, à nouveau la plus mignonne, dit-il. Je pense que tu l’es encore plus qu’avant.

— T… Tu me gênes…

Elle devint instantanément rouge pivoine, mais Yu Ilhan lui adressait toujours une expression détendue.

— Aujourd’hui, je suis invincible. J’ai dit tant de choses embarrassantes tout en te regardant combattre, en te soignant, et dans d’autres situations… Et rien ne changera si j’en dis un peu plus. Bien que… je sois persuadé qu’une fois la nuit venue, je vais souffrir…

— Fufu…

Liera ne pouvait cesser de sourire, pour une raison qui lui échappait. Elle était simplement heureuse de voir Yu Ilhan en vie, elle était heureuse de l’être également, et de l’avoir en face d’elle.

Yu Ilhan voulu la punir pour ce sourire niais, mai décida de ne rien en faire. Après tout, il appréciait également cette situation qui les voyait tous deux se faire face de très près.

— Et donc… reprit-elle, cramoisie.

Il aurait été parfait qu’elle continuât à sourire en silence. Mais soudain, ses deux yeux se plissèrent.

— …ta réponse ?

— Huh… ?

Et dire qu’elle le poignarderait d’un tel angle à un tel moment ! Une goutte de sueur froide perla dans le dos de Yu Ilhan. Il s’imaginait en avoir déjà assez dit, de façon éloquente, mais apparemment, elle voulait quelque chose de plus !

— Une réponse ?

— Uh… Comme je l’ai déjà dit…

— Je veux une vraie réponse. Propre, définie, sans quiproquo, et sans retour en arrière ! Une réponse honnête, du cœur.

— …Comment peux-tu être si confiante ? paniqua-t-il. Et si je dis non ?!

— Fufu. Comme si.

Liera lui envoya un sourire adorable, et il eut envie de la dévorer sur place.

— …Alors je te forcerai à dire oui, par des moyens… plus directs, conclut-elle sur un ton effrayant, sans cesser de sourire.

— …T…Tu veux me violer ? Au viol !

— Tout va bien, lui renvoya-t-elle. Nous sommes seuls au monde. Ce n’est pas un crime si je ne me fais pas prendre.

Je suis là ! Moi ! Et oublie le flagrant délit, un crime est un crime !

Elle était encore plus effrayante, parce que ses yeux lui disaient qu’elle était totalement sérieuse. Yu Ilhan baissa à nouveau le regard sur elle, et elle lui attrapa les mains pour l’empêcher de fuir. Tous deux finirent par exploser de rire.

— Mais… articula-t-il enfin.

À ce moment, le visage d’une autre femme apparut, l’espace d’une seconde, dans son esprit. Cela dit, les sentiments pour cette personne n’étaient qu’une écume sur un océan, comparés à ce qu’il ressentait pour Liera.

— Alors je suis heureux que tu n’aies pas à devenir une criminelle, admit-il calmement.

— …Huh ?

Le millénaire qui les avait rapprochés, ce temps durant lequel ils avaient tout partagé, lorsqu’ils avaient commencé à se comprendre profondément ; ces années passées ensemble à croire l’un en l’autre, à chaque fois que la situation était critique.

Maintenant, il savait qu’il existait une émotion bien plus puissante que la nouveauté, l’ennui et l’habitude. Quelque chose le liait à elle, et il aimait cette sensation.

— Je t’apprécie vraiment, tellement, dit-il finalement. Alors… Je… t’aime.

Né lâche, stupide, idiot, Yu Ilhan n’avait jamais pu faire une chose aussi normale qu’effectuer le premier pas vers elle. Mais quand Liera le regardait ainsi, il ne pouvait que reconnaître qu’il devait faire de son mieux pour lui faire face avec dignité.

Il ne pouvait plus fuir.

— …

Et il avait trouvé le courage de se confesser. Et il n’entendait pas de réponse. Et ce n’était pas étonnant.

Liera ne savait pas comment réagir après avoir entendu quelque chose de si direct, une chose qu’elle espérait de tout son cœur, mais une chose à laquelle elle ne s’était pas attendue, même dans ses rêves, pas de la part d’une personne comme Yu Ilhan. Elle était sûre qu’il esquiverait de mille façons possibles, et il n’en avait même pas tenté une seule.

Elle ressentait la même chose que si elle avait gagné au loto, en tant que simple femme au foyer qui aurait rêvé de gagner mais qui ne l’aurait jamais cru possible.

— Huguuuuuuuuuu.

Elle se tortilla, tenta de se cacher le visage, mais les mains qu’elle avait saisies un peu plus tôt étaient devenues ses propres liens, et elle ne pouvait plus se tourner.

— Hiuuuugh.

— Si tu fais un AVC, je vais te soigner, lui lança Yu Ilhan.

— …Je crois que je suis en train de mourir de gêne et de bonheur, répondit-elle.

— Je viens à peine de te ramener à la vie, alors ne meurs pas tout de suite, pfff. Et puis, qui voulait l’entendre, hein ?

— Je ne savais pas que tu serais si direct !!

Il s’imaginait invincible, mais comprit que les gens ne devaient vraiment pas faire ce à quoi ils n’étaient pas habitués. Yu Ilhan était également très gêné, il voulait se rouler par terre, les mains sur le visage. Masi Liera, tout comme lui, ne lâchait pas ses mains, et il n’osait rien y faire.

— Allez, embrassez-vous, lança une voix.

Levant la tête, il vit la Forteresse Volante flotter paisiblement dans les cieux.

— Que veux-tu dire, s’em… s’embrasser… ?

— C’est vraiment adapté à la situation, je dirais, répliqua Myste.

Elle avait l’air assez boudeuse, et semblait ne pas apprécier devoir observer sans pouvoir participer. Non, peut-être était-elle simplement ennuyée de voir ces deux-là tourner une scène d’amour.

— Allez, maître, embrasse-la, insista-t-elle. Sinon, j’écrase la forteresse sur vous deux !

— Comment oses-tu me dire ça, alors que tu n’as même pas de corps ?

— Et à cause de QUI exactement ? Huh !

Il ignora Myste. Les yeux perdus dans ceux de Liera, qui cherchait en vain à se tordre dans tous les sens, il se résolut enfin.

— Oui. Je ne peux pas rester passif pour toujours.

— Huh ? Huuuuh ? s’impatienta Myste.

Cependant, Yu Ilhan fit le pas suivant sans hésiter. Il attrapa le dos de Liera d’une main, lui saisit le menton de l’autre, et baissa la têtE…

— I… Ilhan ?

— Chuuut.

Liera, qui n’avait jamais imaginé qu’il pût un jour faire le premier pas, fut surprise par une attaque tendre et délicate des lèvres de son bien-aimé. Et ça lui cloua le bec pour de bon.

— …Ah… Merde, c’est si ennuyant… râla Myste. Je n’aurais jamais dû leur dire de faire ça !

Ces deux-là flirtaient juste en-dessous d’elle. Elle déchaîna la Forteresse Volante qui se mit à… danser. Orochi, qui avait lui aussi observé la scène, murmura tout bas.

— C’est quand même un truc à voir…

Ainsi, tous deux vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants, ne devant qu’occasionnellement supporter les blagues salaces de la Forteresse Volante.

 

— FIN —

 

 

 

 

 

Non, je plaisante.

 

Raka
Les derniers articles par Raka (tout voir)
EER : Chapitre 212
EER : Chapitre 214

Related Posts

4 thoughts on “EER : Chapitre 213

  1. J’ai eu la peur de ma vie en voyant le mot « FIN » ! xD
    Merci pour le fou rire et pour tous ces chapitres !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com