EER : Chapitre 218
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Chapitre 219 – Je viens te chercher, maintenant 3/8

 

— Hmmm…

Yu Ilhan grogna en observant son atelier si lumineux. Les yeux de Liera, sa lance, sa robe, tout pulsait et résonnait.

— Un jour… … Tu… …

— C’est une situation pour le moins imprévue, constata-t-il.

Une voix qui parlait en ne prononçant que des mots uniques. Il ne savait pas d’où elle venait, ni ce que ça signifiait. Et il n’aimait pas ce sentiment.

— Liera, tu comprends quelque chose à ce qu’il se passe ?

— C’est la déesse de l’amour, expliqua-t-elle. C’est la sensation exacte que j’ai eue en recevant sa bénédiction !

— Et ? Elle veut quoi ?

— Je n’en sais pas plus que toi !

Il semblait qu’elle était elle aussi dans une impasse quant aux détails de cette histoire. Cependant, s’il y avait bien une chose de sûre, c’était que la création de son artefact pourrait fort bien échouer.

— Définitivement… … Rectifier les choses… …

Comment une divinité qui n’était que la création d’une archive pouvait-elle s’exprimer ? Quel était ce mana, et pourquoi un tel phénomène se produisait-il ?

Les questions s’empilaient comme des tapis chez un marchand… de tapis. Mais l’heure n’était pas à ça ! Il ne pouvait pas se laisser perturber par des lumières ou des voix. Non seulement devait-il accéder au mana de Liera, mais le mana en excès et, il fallait l’avouer, écrasant d’une entité transcendante s’était ajouté au panier. S’il pouvait infuser tout ce mana sans en perdre une goutte, dans l’artefact… !

— Mes… … Yeux… …

— Liera, ne l’écoute pas, concentre-toi.

— Uh… Ouais.

Un éclair de sérieux plus profond que jamais brilla dans les yeux de Yu Ilhan. Si c’était pour rendre Liera plus puissante, pour la protéger, alors tout était justifié. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était jouer selon les règles du jeu de celui qui avait organisé tout ça !

Le mana de Liera, celui de Yu Ilhan, celui possédé par les matériaux de l’artefact ainsi que celui d’une origine inconnue ; La volonté sans pareille de Yu Ilhan les guida tous vers un seul endroit.

Liera poussa son propre mana à l’extrême afin de l’aider. Actuellement, une gigantesque quantité de magie presque palpable, capable de détruire n’importe quel monde à la moindre erreur, se concentrait dans ce petit artefact !

— Préparez… … Maintenant… …

Yu Ilhan, qui gérait avec difficulté l’amplitude du mana, tenta de donner un rôle à chaque petite portion de celui-ci, lorsqu’une chose inattendue arriva. Le mana de la déesse de l’amour sembla envelopper tous les autres et provoqua une réaction extrême qui donna naissance à une toute nouvelle structure d’énergie !

— Ugh ?!

— Uuuuugh, c’est si lourd ! Louuuuuuuuurd !!!

Une énergie qui n’appartenait ni aux Cieux, ni à la déesse de l’amour, ni à Yu Ilhan, ni à Liera. Est-ce qu’une telle chose pouvait encore être appelée mana ? Yu Ilhan s’en foutait royalement, bien entendu. Ce qu’il devait faire était clair et direct : il devait donner naissance à un artefact grâce à elle, avant qu’elle ne devînt incontrôlable !

Et il y parvint tout à fait bien.

— Ton contrôle du mana… est meilleur que le mien… !

— Shhh !

Actuellement, heureusement qu’il était là. Si ce n’avait pas été pour lui, à l’apogée de l’Ingénierie Magique et du Manartisanat, la Forteresse Volante aurait vraiment pu exploser.

— Interférer… … Com … …

Pendant ce temps, la voix androgyne continuait à parler. C’était comme si cette personne voulait expliquer quelque chose à Yu Ilhan, et non l’interrompre, mais il était incapable de comprendre ce qu’elle lui disait s’il ne se concentrait pas sur elle.

— Dieu.

Et à ce moment, la voix devint soudain claire comme le cristal.

— N’existe pas.

Ces quelques mots sonnèrent la disparition de la voix, de la lumière et du flux de mana, qui s’évapora si soudainement en menaçant de s’affoler que Yu Ilhan dût serrer les dents. Il s’y était pourtant préparé, mais c’était malgré tout si difficile ! Il guida les dernières volutes de mana dans l’artefact. Comme celui-ci frôlait le maximum de sa capacité, le timing était parfait.

Et voilà qu’un artefact produit à partir du corps de sixième classe de Liera venait de prendre vie.

[Plumes de la Tentation est terminé.]

Lorsque le message apparut devant ses yeux, Yu Ilhan se détendit, et s’accorda une perte de concentration brutale. Il s’effondra simplement au sol, laissant son corps drainé de toute énergie s’affaler. Liera, qui lui tenait toujours la main, s’empressa de tirer dessus pour le rattraper dans ses bras.

— Tu vas bien, Ilhan ?

— Ouais. J’étais un peu nerveux quand un truc totalement étranger à toutes mes attentes s’est produit. J’ai eu peur d’être sur le point de gâcher ces précieux matériaux.

— Mais c’est… si beau.

Liera était en train de sourire, la robe complétée entre les mains. Elle était faite pour elle, et rien que pour elle. C’était un artefact qui prouvait qu’elle avait un jour été un Ange, mais aussi un artefact qui lui rappelait qu’elle ne l’était plus.

— Ce n’est pas un objet que j’ai terminé, râla Yu Ilhan. Créer un tout nouveau type d’énergie est une idée qui ne m’était jamais venue auparavant. C’était la puissance et la volonté de la déesse de l’amour… Tu crois qu’il est possible qu’un simple dieu archivé puisse avoir une telle volonté alors qu’il ne devrait même pas exister ? Qu’il ne devrait être qu’une archive, une donnée, un concept ?

— …C’est vrai.

Liera acquiesça vaguement. Ce n’était pas que ça. La déesse de l’amour avait définitivement tenté de leur dire quelque chose. Et ces mots, à la fin… Dieu n’existe pas ?

— Ce sont probablement des mots qui rejettent les Cieux… ? Ou peut-être Dieu et son armée toute entière.

— Je réfléchis moi aussi au sens de ces mots. Et j’y réfléchis parce que durant le processus de complétion de l’artefact grâce à ce tout nouveau type d’énergie, toute trace d’énergie des Cieux lui a été retirée.

Yu Ilhan vérifia un dernière fois l’état de la robe de combat avant de lui répondre. L’artefact, comme si la déesse de l’amour arborait une haine féroce pour les Cieux, ne possédait plus la moindre trace de sa divinité passée. Elle émettait en revanche une lumière à la fois puissante et magnifique.

Bien sûr, Yu Ilhan se disait que ça irait bien mieux à Liera, qui avait volontairement fait ses adieux à son ancienne faction, Liera qui arpentait désormais son propre chemin… Mais bon, qu’importait ?

— Nous ne pouvons rien y faire pour l’instant, alors je vais juste l’enfouir dans un coin de mon esprit. Oh, à l’avenir, la déesse de l’amour sera rebaptisée Clone de Nietzsche.

— Ne l’appelle pas ainsi !

— Tu préfères Clone de Zarathoustra ?

— Je pense que je vais devoir passer en mode punition.

— Je suis très désolé, ma’am.

Ils décidèrent d’y repenser plus tard. N’aurait-il pas été étrange de changer leur programme juste à cause de quelques mots de la déesse de l’amour ? Pour émettre un jugement concernant l’Armée des Cieux, Yu Ilhan n’avait pas assez de connaissances.

— Mais on va se préparer juste au cas où. Il n’y a aucune garantie que l’allié d’aujourd’hui sera l’ami de demain. L’Armée des Cieux pourrait bien s’en prendre à moi pour un délit de sale gueule.

— Je m’inquiète toujours, quand tu dis des choses comme ça.

Tandis que Yu Ilhan classait ses pensées, Liera se déshabilla là où elle se tenait et enfila la robe de combat que Yu Ilhan venait de lui offrir.

— Fuu…

Sans même dire qu’elle lui allait bien, c’était fait pour elle. Le robe était splendide et épousait à la perfection la moindre de ses formes ; elle lui allait d’autant mieux qu’elle était accordée à sa lance.

— Comment ça me va ?

— Merveilleusement.

Liera se réjouit comme si elle venait de gagner un championnat du monde de n’importe quoi. Yu Ilhan n’avait fait qu’être honnête, mais Liera souleva légèrement le bas de sa robe. Quand Yu Ilhan vit ce qui se cachait dessous, il recula, terrorisé.

— Uwaaaaah !

— Je ne me déshabille pas ! Tu n’as toujours pas vérifié les informations de la robe, hein ?!

— Non… Non ?

Après avoir réalisé, Yu Ilhan s’inquiéta. La déesse de l’amour avait-elle trafiqué l’objet ? Bien qu’il n’eût pu totalement contrôler le flux de mana, rien ne s’était mal passé !

— Vérifie rapidement.

— Ok, merde. Et on fait quoi, si c’est mauvais ?

Yu Ilhan se hâta d’attraper le coin de la robe qu’elle soulevait, et observa de quoi il était question.

Des mots, plus magnifiques les uns que les autres, apparurent sur sa rétine.

[Plumes de la Tentation.]

[Rang : Divin]

[Défense : 20.500]

[Durabilité : 3.200.000 / 3.200.000]

[Restrictions : Lié à Liera.]

[Options :]

[1. Toutes les capacités gagnent 100% d’efficacité durant un combat aux côtés de l’être aimé.]

[2. Vous pouvez augmenter la classe d’une compétence activée en consommant du mana.]

[3. Résistance contre toutes les formes de magie augmentée de 100%.]

[4. Immunité à toutes les formes de poison et de malédiction.]

[5. Annule les dégâts critiques.]

[6. Le vol devient possible en consommant du mana.]

[Une pièce maîtresse créée par le meilleur artisan pour celle qu’il aime. Dans ce tissu contenant son histoire et sa légende, la puissance de la déesse de l’amour a donné naissance à une merveille. Optimisée pour protéger son porteur, on peut comprendre dans ce travail tout l’amour de son créateur. Cet artefact deviendra un mythe capable d’occuper le cœur de l’un et de l’autre.]

Les capacités de cet artefact étaient hors du commun. Non seulement les vœux de Yu Ilhan avaient-ils été réalisés, mais il possédait même des options qu’il n’avait absolument pas prévues. Vraiment, cette robe lui faisait se demander si quiconque pourrait faire quoi que ce fût à Liera…

De plus, les capacités de combat étaient elles aussi parfaites, et il n’était pas étonnant que le rang fût Divin. Mais que cette rareté ne fût pas uniquement née du travail de Yu Ilhan le dérangeait.

Voilà quel était le problème. Le problème, c’était les expressions utilisées par les Archives Akashiques dans la description.

— ……

— Ilhan, pourquoi rougis-tu à ce point ? Hmm ?

— Archives Akashiques, je vous hais !!

Il convertit sa gêne croissante en rage et la laissa exploser en direction des Archives, qui n’avaient même pas de forme physique. Liera se colla à lui, dans son dos.

— Je t’aime vraiment.

— C’est si stupide.

— Vraiment, vraiment.

— …Oui, moi aussi, je t’aime. Qu’y a-t-il ? L’objet dit tout, pourquoi es-tu obligée de vérifier avec moi ?

— Je voulais l’entendre de ta bouche. Héhéhé.

Alors qu’ils allaient entrer en mode amour fou, Liera réalisa que Yu Ilhan avait oublié une chose.

— Pourquoi ne fabriques-tu pas la tienne ? Il reste encore la moitié du corps de la Volonté du Chaos.

— Je n’en ai pas besoin dans l’immédiat. Je possède le Corps du Dragon Infernal.

Son armure actuelle était faite d’un alliage des meilleurs métaux venant de nombreux mondes. Bien qu’elle ne lui permît pas de dépasser des matériaux de sixième classe, ce n’était pas là son seul atout. Quelle quantité d’efforts avait-il fait pour achever un équipement si parfait ?

Oui, parfait. Et parfait, il l’avait été dès sa création. La structure et la composition de l’artefact étaient si optimisés qu’il ne s’imaginait pas être capable de réaliser un deuxième chef-d’œuvre de cet acabit un jour.

— Alors, continua-t-il, si je dois utiliser le reste du corps de la Volonté du Chaos, je dois y ajouter d’autres choses afin d’en faire un ensemble parfait.

— Aha ! L’armure à laquelle tu as pensé auparavant.

— Ouais, alors pas encore.

S’il désirait réaliser d’autres morceaux d’armures à l’aide de ce corps d’ombre, il devrait utiliser, au minimum, une pierre magique de cinquième classe. Cela dit, s’il en acquérait d’autres dans l’immédiat, il en aurait besoin pour le Souffle Doré de Yumir. Le chemin était encore long.

— Il faut que je crée des accessoires, maintenant, expliqua-t-il. À quelle vitesse un accessoire fait à partir de matériaux de cinquième classe peut-il récupérer son mana ? Oh, je n’ai pas non plus encore reçu ma sous-classe, maintenant que j’y pense.

Il venait de se souvenir de la princesse de Palladia, qui possédait une sous-classe lui permettant d’utiliser plus d’accessoires.

Mais il n’était pas étonnant qu’il n’y eût plus pensé. Au début, il avait désiré une sous-classe dédiée à la forge. Depuis la bénédiction du dieu du même nom, suivie de l’acquisition de l’Ingénierie Magique, il était capable de créer des artefacts de rang Divin sans l’aide d’une sous-classe. Il ne se sentait plus très attiré par cette possibilité, naturellement.

— Mais quand même, tu n’as toujours pas vérifié ? s’étonna Liera.

— Trop de choses se sont produites après l’obtention de la classe principale. Toi, entre autres.

— Mais tu pourrais la vouloir, maintenant, insista-t-elle. Même des classes qui ne sont pas portées sur le combat seraient d’une grande aide.

— Oui, je devrais.

Yu Ilhan invoqua sur sa rétine la liste des sous-classes disponibles. Comme avant, il y en avait des dizaines qui défilaient les unes après les autres, terrorisant les yeux de ce pauvre Ilhan.

— Charpentier, forgeron, métallurgiste, constructeur, marchand, cuisinier, …

La liste de toutes ces sous-classes l’emplissait de joie, alors qu’il ne faisait que les observer. Yu Ilhan se dit qu’il serait bien d’en choisir une, n’importe laquelle, et se contenta de les regarder, encore et encore. À un moment, sa bouche ne faisait que psalmodier la même mélopée en boucle.

— Accessoire, accessoire, accessoire, accessoire…

— Qu’est-ce que tu cherches ? s’impatienta Liera. Tu… espères trouver une sous-classe en particulier ?

— Je veux également atteindre 500% de récupération de mana.

Le pire, c’était qu’avec ses compétences, ce serait du domaine du possible. Yu Ilhan regarda la description de toutes les sous-classes, cherchant en particulier celle que la Princesse pouvait avoir acquise. Et il finit par la trouver, tout en bas de la liste.

— …Eh bien, ça.

Et au moment où il la découvrit, Yu Ilhan haussa les épaules. Apparemment, il allait devoir retirer les insultes qu’il avait lancées sur les Archives Akashiques.

— Tu l’as trouvée, Ilhan ?

— Non, ce n’est pas lié aux accessoires, mais…

Ses yeux se mirent à briller. À briller de rouge. Il sentit déjà ses émotions sur des montagnes russes, rien qu’à imaginer ce qui l’attendait.

— Je viens de voir une fin différente de celle à laquelle j’aspirais.

Raka
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