Fuyao – Livre 1 Chapitre 2
Fuyao – Livre 1 Chapitre 4

Guten Tag, chers lecteurs ! Voici la dose d’œstrogènes de la semaine. Après le calme, la tempête ! D’aucuns trouvaient notre héroïne un soupçon changée… Je vous laisse donc vérifier vous-même ce qu’il en est réellement.

Livre 1 – Le vent se lève à Taiyuan
Chapitre 3 – Face-à-face, épées dégainées

Lin Xuanyuan, le maître de la secte, se trouvait sur le côté de l’arène : assis en tailleur, il observait la scène centrale. Un combat semblait déjà avoir pris fin et le résultat ne paraissait pas plaisant, à en croire le visage quelque peu blême du maître qui régulait sa respiration.

Sur la scène de combat s’affrontèrent ensuite un disciple de la secte et un homme tout de noir vêtu. Ce dernier maniait très vite l’épée : l’image résiduelle créée était tels des millions d’étoiles. Parfois, ses gestes ressemblaient aussi à un dragon qui dansait dans l’air. Son qi s’envolait par myriade de vagues en perpétuel mouvement, donnant le tournis à ceux qui les observaient trop longtemps.

— C’est Épée évanescente, l’un des dix meilleurs épéistes de Taiyuan ! Et accessoirement le plus mystérieux et le plus excentrique d’entre eux, chuchota l’un des frères d’armes de Fuyao. Qui sait comment la secte des montagnes blanches est parvenue à acquérir son aide ?

— Je me demandais pourquoi la compétition annuelle des dix meilleures sectes de Taiyuan avait été avancée. Il s’avère donc que le vieux Blanc a trouvé de l’aide ! Il veut juste bafouer notre secte.

— Notre secte toute entière est défiée par une seule personne. Quelle arrogance !

— Et alors ? Il en est capable. Tu ne vois pas combien notre camarade doit forcer rien que pour tenter le match nul ?

— Ah… On dirait qu’on va vraiment se faire piétiner, aujourd’hui…

Fuyao avança avec indifférence, lorsqu’un cri perçant résonna. Un coup de vent turbulent et sanglant s’était transformé en puissante tornade ; celle-ci recracha soudainement une ombre qui fila tout droit vers la jeune femme, suivie d’une traînée de sang. Fuyao esquiva hâtivement le corps humain qui se fracassa sur le sol, juste devant elle.

Du sang frais éclaboussa le porte-arme sur le côté de la scène. Peu après, de grosses gouttes de sang tombèrent sur le sol en pierre blanche ; le contraste saisissant du liquide écarlate sur la surface ivoirine contribua à créer une scène épouvantable.

Le silence régnait dans l’arène. Les regards horrifiés des disciples se posèrent sur leur camarade, l’un des plus remarquables de leur secte, qui se tordait actuellement de douleur au sol en tenant son poignet droit. Il leur fallut quelques secondes pour réagir et se précipiter vers leur frère d’armes. Ils l’aidèrent à se relever et poussèrent immédiatement des exclamations choquées lorsqu’ils découvrirent les tendons sectionnés de sa main droite ensanglantée.

Quel jeu d’épée vicieux !

La secte des cieux mystérieux observa un silence total ; les explosions de rires des autres sectes présentes furent d’autant plus assourdissantes. Seul l’épéiste vêtu de noir restait imperturbable. Toujours au milieu de la scène, il nettoyait indifféremment le sang qui souillait son épée à l’aide d’un morceau de tissu qui paraissait très familier… En fait, c’était une coupe de la manche droite du disciple blessé ! Les élèves de la secte des cieux mystérieux manifestèrent des expressions indignées. Seule Fuyao se contenta de tressaillir du bout du sourcil.

Quelle épée rapide ! En un rien de temps, Épée évanescente avait non seulement tailladé le poignet de son adversaire, mais aussi coupé presque toute une manche. Sans compter que ledit adversaire était lui-même un épéiste accompli extrêmement rapide…

Le maître de la secte des montagnes blanches continuait de rire aux éclats, contrairement à la secte des cieux mystérieux qui soupirait profondément. Cette dernière allait assurément perdre la face à Taiyuan en ce jour.

Conformément aux tendances sociétales actuelles, les forces influentes de chaque nation se lançaient dans des conflits sans fin ; le nombre de victoires permettait d’asseoir leur position. Maintenant que la secte des cieux mystérieux, l’une des trois meilleures sectes de Taiyuan, avait perdu un combat du style tous contre un lors d’une rencontre si importante, les nouvelles allaient se propager et son statut actuel allait certainement chuter.

Une trêve prit place au sein de l’arène : le disciple blessé se trouvant devant Fuyao faisait l’objet de l’attention générale. Ainsi, elle ne pouvait s’échapper facilement, ce qui contrariait son plan initial. Lorsqu’elle tenta de mouvoir son pied, les yeux froids du jeune homme sur scène la trouvèrent immédiatement. Il conservait une expression rigide, comme s’il portait un masque, mais son regard glacial et aiguisé tels des clous en acier perçait Fuyao. Ses yeux obscurs et insondables ressemblaient à de profonds tourbillons, lointains et interminables. Au plus profond de ses prunelles dansait un feu céleste.

Sous les yeux appréhensifs de Fuyao, ce feu dérivait, tournoyait et grandissait constamment. Subitement, il explosa dans son champ de vision. Un bourdonnement colossal frappa son esprit et une flamme incandescente se répandit dans le ciel, le remplissant d’une fleur scintillante à perte de vue. Sans tarder, Fuyao devint désorientée : elle trébucha en arrière et se cogna contre un pilier de bronze. La froideur de ce dernier réveilla la jeune femme qui leva la tête pour observer effarée l’épéiste.

Il s’agissait de la « pupille cachée », un enchantement unique pour embrouiller l’esprit !

D’où venait cette personne ? Ses yeux étaient emplis de haine : il n’était certainement pas là juste pour comparer ses aptitudes à celles des autres.

Fuyao se retourna et s’apprêtait à partir lorsqu’une voix tonitruante s’éleva derrière elle.

— La secte des cieux mystérieux n’a pas encore présenté Yan Jingchen ! s’exclama le maître Blanc.

— Jingchen est parti pour la capitale hier soir, répondit Lin Xuanyuan en sursautant.

— On dirait qu’il a déguerpi quand il a appris qu’on venait, rirent en chœur plusieurs maîtres de secte.

— Et celle-là ? rit le maître de la secte des nuages cisaillants en pointant Fuyao du doigt tandis qu’elle tentait de s’éclipser. Je ne me souviens pas l’avoir vu combattre. Bah alors ? Tu veux prendre exemple sur Yan Jingchen et t’enfuir en t’oignant les pieds ?

Le visage de Lin Xuanyuan blêmit légèrement, mais il resta silencieux. L’un des disciples à ses côtés bouscula immédiatement Fuyao.

— Pourquoi tu traînes là ? N’apparais pas en public si tu n’as aucun talent ! Ne mets pas le maître dans une situation difficile !

— Dégage ! Rentre dans ta chambre !

Les sourcils de Fuyao tressautèrent et l’indignation s’installa dans ses yeux. Un instant après, elle expira, serra les poings et s’en alla en silence. Elle ne s’abaisserait pas à se chamailler avec ces disciples prétentieux.

Après tant d’années loin de son monde d’origine et tant de souffrances et de difficultés, la sorcière rousse avait certes gardé sa nature querelleuse et impudente, mais avait aussi appris à faire des compromis. Toutefois, elle n’avait fait que quelques pas lorsqu’une voix aussi délicate que des perles de jade prononça un discours cassant.

— Cette personne n’est qu’une enfant impétueuse de notre secte. Je vous prie de ne pas la comparer à notre frère Yan Jingchen. Sinon, la famille Pei de la capitale Yanjing et le clan Yan de Heyuan verront cela comme une insulte.

La première représentait une branche de la famille royale de Taiyuan et le second était un duché de l’empire Taiyuan. Les divers maîtres de secte se rendirent compte du poids des mots prononcés et se turent.

Fuyao se retourna et observa la femme vêtue en rouge qui avait parlé. Plus âgée d’un an que Fuyao, elle présentait une silhouette déjà mûre et bien différente de l’apparence délicate et encore enfantine de Fuyao. En effet, le corps svelte de cette femme exhibait les bonnes courbes. Par ailleurs, sa préférence pour les robes rouges cintrées ne la rendait que plus gracieuse et ravissante. Même son visage était digne, avec des yeux bridés vers le haut, lui conférant une apparence chatoyante semblable à un magnifique phénix.

Pei Yuan.

Remarquant le regard de Fuyao, Pei Yuan ne lui jeta qu’un coup d’œil dédaigneux et glacial avant de détourner les yeux avec indifférence.

— Si les maîtres doutent encore, vous êtes libres de vous rendre à Pan, capitale de l’empire du Fléau, pour assister à la compétition de la Tortue noire. Notre camarade Yan Jingchen, le meilleur disciple de la secte des cieux mystérieux, vous y prouvera ses compétences, annonça-t-elle avant de lancer un regard furtif à Fuyao. Quant à cette personne qui salit notre présence rien qu’en se tenant là, elle ne mérite même pas qu’on la mentionne, conclut-elle avec un rire à l’attention des maîtres de secte.

Des gloussements retentirent et même Lin Xuanyuan hocha de la tête en se caressant la barbe. Il trouvait cette disciple instruite et sociable. Cette locutrice compétente avait réussi à sauver la situation en quelques mots, permettant même à la secte de ne pas perdre face.

Au milieu de tous ces rires, Fuyao s’était immobilisée. Des scènes passées défilèrent les unes après les autres dans sa tête : la main chaleureuse tendue sous la pluie ; les rires lors des parties de cache-cache dans les fleurs montagneuses sous le soleil vernal ; les sourires dans les yeux quand ils se fixaient du regard au clair de lune ; la fourrure de vison étalée sur le sol enneigé, ses pieds gelés entre les mains.

Le front lourdement pressé dans la boue ; toutes les fois où elle avait caché sa force réelle, finissant dernière de la compétition et chassée de l’arène ; les hivers rudes où elle suspendait ses vêtements sur le chambranle pour se baigner dans les eaux gelées de la rivière ; les brioches fourrées froides lorsqu’elle revenait des corvées.

Ce passé comportait à la fois du bonheur et de l’amertume…

Les rires battaient leur plein. Tous ignoraient la colère féroce profondément enfouie dans le cœur de la fille qui leur tournait le dos. Tous ignoraient que dans cette arène sans scrupules où le ridicule régnait, son indignation refoulée avait enfin été rallumée et un brasier se déchaînait progressivement.

Fuyao inspira puis éclata soudainement d’un rire sinistre.

Assez.

Puisque les événements avaient déjà atteint ce stade… La seule façon de leur donner une bonne leçon était de dégainer l’épée, de pourfendre les cieux et de livrer une bataille grandiose.

Elle qui avait le dos tourné à la scène fit subitement volte-face et avança vers l’homme en noir. En chemin, elle ramassa la longue épée que le disciple blessé avait fait tomber au sol.

L’arène se figea d’un coup.

Le vent soufflait en rafales depuis la chaîne de montagnes qui s’étendait à l’infini. Il traversait la forêt et sifflait violemment sur l’immense sol blanc de l’arène. Le sable et les roches transportés par cette terrible tempête s’entrechoquaient sur les douze immenses piliers de bronze encerclant la scène et troublèrent la vision du public. Quand ce dernier tentait de voir à travers le vent, les monstres à quatre pattes et aux regards noirs sculptés en relief sur les piliers semblaient vouloir surgir à tout moment pour dévorer les gens.

Sous les piliers se tenait Meng Fuyao, maigrichonne, déterminée, le dos droit comme un i. Sa stature chétive semblait manifestement pouvoir être emportée par le vent à tout instant. Pourtant, paradoxalement, elle exsudait une grande férocité qui allait de pair avec les colonnes immuables qui l’encadraient.

Le public la perçait d’innombrables regards indéchiffrables, mais Fuyao les ignora tous. Elle se mordit la lèvre et se banda les yeux avec le bout de tissu qu’elle avait découpé de sa propre manche.

La longue épée entre ses mains rutilait telles les eaux automnales limpides à la lumière du jour. À la consternation et l’incrédulité de centaines de personnes, Fuyao dirigea le reflet créé sur l’homme de noir vêtu : elle le provoquait avec nonchalance.

Note de la traductrice

Alors, cette héroïne, elle vous plaît ? Assez badass quand même, non ? Certes, comme le faisait remarquer 4HELP en commentaire dans le chapitre précédent, elle est (beaucoup) moins nécrophile et paraît plus calme. Cela dit, il s’est écoulé plus de dix ans entre la préface et les scènes présentes. Elle qui n’avait que 22 ans lorsqu’elle avait chuté dans le tombeau, j’imagine que le changement de monde et le rude entraînement auquel elle fut soumise l’ont quelque peu assagie et forcée à faire des « compromis » comme Fuyao le dit elle-même. N’empêche que sa vraie personnalité semble revenir au galop… Vrai ou faux ? Rendez-vous la semaine prochaine pour le prochain chapitre intitulé « Les épées font trembler la secte des cieux mystérieux » !

Littleangele
Les derniers articles par Littleangele (tout voir)
Fuyao – Livre 1 Chapitre 2
Fuyao – Livre 1 Chapitre 4

Related Posts

10 thoughts on “Fuyao – Livre 1 Chapitre 3

  1. Raaaaaaaaaaaaaaah pourquoi s’arrêter avent le combat ? Quelle torture pour nous pauvre petits lecteurs….
    C’est qu’on s’y attache à ce petit bout de femme quand même …
    Merci pour le chapitre ^^

  2. elle a perdu son côté nécrophile???? je suis sur que non dans quelques chapitres une tombe d’un grand guerrier je ne sais quoi et qui sera la première présente ? 😉 on ne perd pas les bonnes habitudes attendons un peu avant de vendre la peau de l’ours

Répondre à TesaYuu Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com