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Pif pof.

 

 

Chapitre 35 : Relations 3/7

 

« Bon, tant pis… » dit Roan en portant sa chope à ses lèvres.

« Non, je… Je… » hésita Pierce.

« Je sais que tu plaisantais. »

« Haha. Tu m’as eu… »

Ils éclatèrent de rire, et Pierce se leva soudain.

« Allons-y, alors. » dit-il.

« Euh, où ça ? »

« Tu voulais m’apprendre une technique, non ? »

« Quoi, maintenant ? On est en train de boire tranquillement… »

Pour réponse, Pierce vida sa chope avant de franchement éructer.

« Maintenant, on peut y aller ? Allez, Aspirant-Major Roan ! »

Roan soupira et finit par assentir : « Ok, c’est bon… »

Il eut d’ailleurs un léger regret à cette idée. Depuis combien d’années n’avait-il pas bu ce précieux breuvage ?

« Bien, allons apprendre la technique de Pierce à… Pierce. » pensa-t-il.

Il eut un sourire et lui tapota sur l’épaule. Ils se mirent à courir tranquillement pour sortir de l’enceinte du château Beno, s’extasiant du vent d’ouest. Face à eux, après avoir passé la porte Nord, se tenait une grande plaine.

« Ce sera très bien, ici. »

Il prit un moment pour admirer le paysage. La chaîne de montagne, magnifique et puissante, semblait vouloir concurrencer la beauté du coucher de soleil.

« Aspirant-Major Roan, commençons ! »

« Bien… Dans ce cas-là… »

Aussitôt eut-il détaché son regard du ciel qu’il s’interrompit. Dans les hautes herbes, il voyait quelque chose s’agiter.

« Qu’est-ce que c’est… » pensa-t-il.

Se concentrant, il vit soudain la scène se dérouler de façon bien plus nette.

« Pierce, prépare-toi à courir ! » cria-t-il en se saisissant de sa lance.

« Hein ? Comme ça ? Pourquoi si soudainement ? »

Roan était déjà parti et lui répondit, d’un peu plus loin : « Quelqu’un se fait attaquer ! »

« De quoi ? » s’étonna Pierce en se mettant à la suivre.

« Ça semble être un jeune homme, dépêche-toi un peu ! »

 


 

« Fiou… Putain… »

Chris était épuisé, mais ne pouvait toujours pas s’arrêter de courir.

« J’aurais dû me contenter des bonnes vieilles habitudes… »

Il grinça des dents en regardant la blessure à son bras. Ce n’était pas très profond, mais le saignement coulait le long de sa tunique déchirée.

« La prochaine fois, je me mêlerai de ce qui me regarde… »

Il eut un regard vers le livre noir qu’il tenait de son bras toujours valide. C’était un livre de compte.

« Il faut dire qu’ils sont stupides de garder des traces de la vente d’esclaves… »

Il regarda derrière lui et vit, sans grande surprise, que les deux cavaliers commençaient à lui gagner du terrain. Il était pourtant plutôt rapide et avait pris la décision de passer par les bois afin de ralentir autant que possible leur progression…

« Eh merde ! J’aurais mieux fait de vivre comme fermier à Miller… »

Il n’en était en vérité rien. Il avait tout à fait consciemment décidé d’enquêter sur le kidnapping de la fille d’un couple de fermiers, et la place laissée au regret était assez maigre. Il connaissait d’avance les effets d’un tel choix.

« Ah, ça y est, la forêt ! »

Alors qu’il était sur le point de pénétrer dans l’orée du bois, il entendit un son siffler en sa direction. Sans se retourner, il fit un léger mouvement de côté, devinant ce dont il s’agissait.

« Des boleadoras… »

Une arme de jet constituée d’une corde et de deux poids à chacune de ses extrémités. (NdT : en fait, ce sont ni plus ni moins que des bolas. À la base, c’était une arme, pas un jouet. C’est la raison pour laquelle, afin de bien faire la distinction, j’ai décidé de partir sur la véritable forme du mot et pas son diminutif.)

« Haha, je l’ai évi… Merde. »

Malheureusement pour lui, chacun des cavaliers avait dû tenter de l’entraver et c’est ainsi qu’il s’effondra de tout son long, les jambes bloquées.

« Ouch… »

Il eut l’impression qu’on venait de lui briser les os, autant par le coup que par la chute qu’il venait d’effectuer. Pas question toutefois de se laisser attraper, aussi se releva-t-il.

Il eut à peine le temps de se débarrasser de cette arme maudite qu’une voix glaciale résonna à ses oreilles, le faisant déglutir de peur.

« On t’a enfin attrapé. »

Un coup de pied puissant vint le frapper en plein visage, le repoussant une nouvelle fois au sol.

« Eh merde, ils vont abimer mon beau visage… » pensa-t-il, vainement.

« Où est le livre ? » dit le cavalier au visage anguleux et au regard perçant.

« Ce connard doit l’avoir sur lui. » répondit celui au nez tordu, sans doute par une cassure de trop.

« Prends-le lui, et tue-le. »

« D’accord. »

S’exécutant, il vint au niveau de Chris avec l’air le plus détaché du monde, lequel se dit d’ailleurs qu’il ne pouvait décemment mourir ainsi. Il jeta alors le livre des comptes le plus loin possible de lui.

« Espèce de tocard ! » hurla son bourreau en courant vers la position où il l’avait vu disparaître.

Ses jambes détachées, il tenta de prendre la fuite. Cependant, à peine eut-il fait trois pas que l’autre vint aussitôt le frapper d’un nouveau coup de pied, dont la puissance était augmentée par la vélocité du cheval.

« Fils de chien… Tu oses jeter ce qui a plus valeur que ta propre vie ! »

Il lui cracha au visage.

« Steve, c’est bon, j’ai le livre ! Heureusement, il n’a rien. »

« Bien. Alors viens ici, et décapite cette sous-merde ! »

Il lui adressa un dernier regard empli de mépris avant d’être remplacé par l’autre cavalier, qui descendit de sa monture et sortit son épée de son fourreau.

« Tu as osé voler Joy et Luce… Je vais commencer par te couper cette vilaine main. »

La situation commençait à réellement lui échapper. Allait-il mourir à seulement 22 ans, sans même avoir pu accomplir son rêve de lancer une compagnie de transport en calèche ?

Il vit le soleil se refléter sur la lame, ce qui lui fit automatiquement fermer les yeux, comme s’il acceptait soudain son sort.

« Si j’avais su… Je me serais fait un véritable festin, hier soir. »

Il rouvrit soudain les yeux en entendant un sifflement bien plus puissant que celui des boleadoras, presque sourd. Une lance qui força le cavalier à reculer, et qui vint se figer dans le sol en secouant la terre.

« Qu’est-ce que c’est ! » hurla-t-il sous l’effet de la surprise, cherchant l’auteur d’une telle offense.

C’est alors que des fourrés sortirent deux hommes très jeunes. L’un semblait très nerveux, tandis que l’autre semblait plus calme.

« Ne bougez plus, dit Roan en venant récupérer sa lance, avant de se tourner vers Steve et de lui dire : Je suis l’Aspirant-Major Roan, du bataillon de la Rose, septième corps. Vos noms ! »

Steve, sidéré par l’annonce, se dit qu’il jouait vraiment de malchance de rencontrer des soldats ici. Il n’eut toutefois pas l’occasion de proférer une excuse bien sentie.

« Ce sont des marchands d’esclaves ! » cria en effet Chris.

« Eh merde, Norman, cours ! » cria en réponse Steve en envoyant un puissant coup de talon à sa monture en se dirigeant vers Roan.

Il avait l’intention de le piétiner, mais Roan l’évita aussitôt en analysant ses mouvements.

« Je pourrais le frapper à tellement d’endroits… Mais je le sais, mes bras suivront pas. »

Il eut un léger grognement tandis que Pierce, bien plus décidé, vint effectuer une attaque de pointe en direction du cheval.

Toujours debout, la monture devint folle à la vision du sang qui coulait abondamment. Pierce comme Steve n’osaient plus bouger, alors que Roan frappa à son tour.

« Ha, pauvre con ! » pensa Steve en voyant la lance lui manquer la nuque.

Il tira à nouveau sur ses rênes en tentant de s’échapper. Ce fut son ultime pensée, en effet, la lance revint lui frapper l’arrière du crâne. Il tomba de sa monture, inconscient.

Roan se tourna alors vers Norman, qui avait d’ores et déjà disparu. Il fallait bien se satisfaire d’avoir sauvé une vie.

« Vous allez bien ? »

Hochant de la tête, Chris répondit : « Oui, merci de m’avoir sauvé. »

Roan le regarda alors sans rien dire, persuadé de l’avoir déjà vu quelque part.

« J’ai quelque chose sur le visage, c’est ça ? » s’étonna Chris.

« Haha, non. Pardon. J’ai juste l’impression de vous connaître… »

« Ça m’étonnerait. Je suis de Miller. »

« Ah ! »

Il se souvint soudain de lui. C’était Chris Drain, ancien coursier à la capitale. Enfin, il deviendrait Drain, sitôt qu’il obtiendrait un titre de noblesse.

« Et pour ce faire, il s’était mis à la tête du service de renseignements de Ian Phillips… Incroyable de le rencontrer ici ! » pensa Roan.

Le fait était véritablement surprenant. Chris n’avait à la base quitté Miller que pour rejoindre Ian Phillips. Roan ne put s’empêcher de s’enquérir discrètement du fait.

« Que faites-vous ici ? Nous sommes loin de Miller. »

« Ah… C’est à cause des esclavagistes, de la bande de Joy et Luce. »

« Joy et Luce… » reprit Roan comme une mantra.

Il connaissait bien ce nom. Le futur avait dû changer à cause de ses actions sur la plaine Pedian.

Nostra
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