Plus qu’un après celui-ci 😛
Chapitre 36 : Relations 4/7
L’idée que le futur ait une nouvelle fois changé ne le surprit en fait pas outre mesure. Cependant, les circonstances étaient ici telles qu’il lui fallait déterminer exactement en quoi les événements avaient été influencés par la mort de Joy et de Luce.
« D’après ce que je sais, les deux ont été attrapés par des soldats du royaume. » dit soudain Chris.
Roan hocha de la tête et continua de l’écouter.
« Mais ils agissent de façon indépendante, donc un certain nombre sont encore en activité. La bande de Joy et Luce est encore bien vivante… Enfin, ils ont voulu fuir le royaume à cause d’une prime, et ils n’avaient aucune cabane où se cacher. »
« Ah ! Ça veut dire que les bandits ne savent pas construire une cabane ? » s’étonna à demi Roan. (Denis Brogniart…)
« Non… C’est une façon de parler. Au final, ils ont essayé de rejoindre le royaume d’Istel mais la plupart se sont fait pincer en essayant de franchir la frontière. Ça a représenté une considérable perte d’argent pour eux, donc… »
« Ils ont dû capturer de nouveaux esclaves. » conclut Roan.
« C’est ça. Ils ont kidnappé essentiellement des femmes et des enfants, qu’ils ont revendus pour une bouchée de pain… »
« Pauvres merdes… » trancha Pierce, les yeux marqués de colère.
« Et encore, ça c’est rien, dit Chris, ils se sont amusés à tuer de nombreux villageois sans la moindre raison, quand ils ne les forçaient pas à le faire eux-mêmes. Ils ont aussi violé des petites filles… »
Les trois soupirèrent de dégoût. Même pour des bandits, leur vilenie était impressionnante.
« C’est pour ça que quand j’ai appris cette histoire, reprit-il, j’ai décidé de les traquer. »
Son expression se fit plus morose encore.
« Or donc, j’ai appris au hasard de mon enquête qu’ils tenaient un registre des ventes, que j’ai voulu me procurer pour retrouver la trace de cette enfant. »
« Hmm. Donc le cavalier qui a pris la fuite l’a en sa possession… »
« Hélas, oui. » déplora Chris.
Roan commença à faire le point dans sa tête : « Donc, après que je les ai attrapés, les autres ont continué leurs activités de plus belle pour compenser la perte. Chris les a suivis, et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé là. Intéressant… »
Il eut un regard vers Chris et lui demanda alors combien ils étaient, exactement.
« Onze, sans compter celui-ci. » répondit-il en désignant Steve, toujours inconscient.
« Je vois. Vous pouvez vous déplacer ? »
« Oui, je n’ai pas été blessé. »
Pointant du doigt la direction vers laquelle avait disparu le cavalier, Roan dit : « Alors, traquons-les. »
« Comment ? Vous voulez m’aider ?! » se sidéra Chris.
« Oui, commença Roan en hochant de la tête, je ne peux pas laisser un tel acte impuni. On va les trouver et récupérer ce livre. »
« Ne serait-il pas plus sage d’aller demander de l’aide à votre garnison ? »
« Non. Ils risqueraient de réussir à traverser la frontière d’ici à ce qu’on y arrive. »
« Mais… Ça ne risque pas d’être dangereux ? » dit-il hésitant.
« La seule chose qui importe, c’est de sauver les villageois. »
Chris eut quelques difficultés à admettre ce qui était pourtant évident : Roan se moquait parfaitement de la prime. Sans doute était-ce le comportement normal pour un soldat… Quoiqu’à y réfléchir, il n’avait jamais vu si belle personnalité.
« Le pire, c’est les gradés… Ils ne pensent habituellement qu’à se remplir la panse. » se dit-il.
En vérité, ce couple avait tout d’abord commencé par quérir le soutien de l’armée qui avait estimé ne pas être concernée, aussi bien proche de leur village que dans la capitale de Miller.
C’était ainsi que lui, simple coursier, s’était porté volontaire pour tenter de retrouver la trace de leur fille. Seul donc le soldat Roan semblait penser comme lui… L’idée le fit sourire.
C’est alors que Roan, estimant que sa réflexion devait avoir été menée à son terme, lui dit : « Pour ça, j’ai besoin de vous. Vous pensez pouvoir continuer ? »
« Eh, je suis sur leurs traces depuis quinze jours, commença-t-il en souriant, je ne vais pas m’arrêter maintenant. Je continue de toute manière. »
Roan reprit sa lance et se tourna vers Pierce.
« Toi aussi, tu te sens capable de t’attaquer à onze hommes ? »
« Les yeux fermés. » répondit-il sans la moindre once de doute.
Ils décidèrent enfin d’attacher Steve à un arbre. Dans son état, il mettrait un moment à récupérer et aurait de toute manière de grandes difficultés à se détacher.
« Bien, nous sommes partis alors ! » dit Roan en se mettant à courir.
Les autres en firent autant. Quittant la forêt, ils tracèrent une ligne sur le paysage magnifique qu’ils quittaient, ajoutant le premier paragraphe de leur histoire.
« Bonjour, mon Colonel. Nous avons obtenu ce que vous désiriez. » lui dit Mendel en lui tendant quelques documents.
Aaron Tate s’en saisit aussitôt, mettant de côté ce qui l’occupait l’instant d’avant. Il en lut rapidement le contenu avant de les rendre à l’un des Majors-Chefs.
Mendel reprit la parole, invité par un hochement de tête.
« Il n’a pas menti. Il est vraiment du mont Grain, où se trouve sa famille, et il a bien été recruté dans le campement de Peton. Tout était vrai. Je pense qu’on peut arrêter notre enquête ici. Ce n’est qu’un Aspirant-Major, après tout… »
« Pour l’instant, répondit Aaron, mais ça ne va pas durer. Il est très talentueux, je pense qu’il aura une belle carrière. »
Ses yeux semblaient brûler de passion. Toutefois, Mendel secoua la tête.
« Le talent ne lui suffira pas. Vous en savez quelque chose, me semble-t-il ? »
« C’est vrai… Ça ne suffit pas, dit-il en commençant à sourire, mais je m’occuperai du reste. »
« Comment ? Pour quelle raison feriez-vous une chose pareille ? » répondit le Major-Chef, les sourcils froncés.
« C’est simple, je n’ai aucune intention de finir ma vie comme Colonel et Baron. Je vise plus haut. Roan me permettra de parvenir à cet objectif. »
C’était une déclaration de poids, aussi grandiloquente fusse-t-elle. Mendel se contenta de porter une main à son front.
Aaron Tate ne lui accordait déjà plus la moindre attention. Il commença à dessiner des plans dans sa tête.
« Ça ne doit pas être un espion. Donc, il me faut… »
« Lui aussi, c’est un sacré virtuose. » pensa Roan en voyant Chris courir.
Il se remémorait tous ses souvenirs, où dix ans plus tard, il rejoindrait Ian Phillips comme chef de son unité de renseignement. On comprenait mieux à présent pourquoi en le voyant ainsi traquer les bandits.
Finalement, la méthode était la même. Il observait chaque détail, des traces de pas aux branchages cassés par le passage du cavalier. Il avait un véritable don pour ce faire.
D’aucuns auraient estimé la tâche trop pénible face au manque d’informations, mais grâce à Chris, c’était une véritable mine d’or qui se déroulait devant leurs yeux. Ils rattrapèrent les bandits avant même que le soleil ne soit complètement couché.
« Eh merde, tiens ! Quelle poisse de tomber sur des soldats dans une zone si reculée… »
« Donc, Steve a été attrapé ? »
« Ouais… Il a pris un coup sur la caboche qui l’a assommé, répondit Norman un peu blasé, toujours là à nous faire chier avec ses grands airs, ha ha ! »
« C’est vrai qu’il se prend pas pour de la merde… Ça lui fera les pieds. »
Les bandits laissèrent exploser leur cynisme, franchement soulagés d’être débarrassés de leur compagnon d’infortune. Loin de se douter, bien sûr, que tapis dans les fourrés se tenaient les trois responsables.
« Bon, de toute façon, le principale c’est d’avoir récupéré le livre, dit Norman, on attend que la nuit tombe et on traverse la frontière. »
« Enfin, on va pouvoir recommencer à zéro ! »
« On a encore un peu de temps. Je refuserais pas une bouteille, là… »
« De l’alcool ? Heh, je préfère aller me taper une des esclaves moi ! »
« Ouais, c’est bien aussi. Putain, la nana du village là… »
« Quel village ? Il y en a eu plusieurs. »
« La gamine de dix ans, tu sais. Elle était tellement serrée, je bande rien qu’à y repenser. »
Pierce ne put s’empêcher de serrer le poing, saisissant une poignée de terre qui s’aplatit sous sa force. Les deux autres étaient tout aussi furieux.
« Chris, lui dit Roan, vous devriez attendre ici. »
« Je sais me battre aussi. » répondit discrètement l’intéressé.
« Vous avez parfaitement rempli votre rôle. Laissez-nous un morceau du gâteau, quoi. » dit Roan en souriant.
« Ésope est pour moi. » lâcha Pierce, l’écume aux lèvres. 1)Ésope était un poète grec, qui s’est davantage fait connaître par sa laideur que ses textes. Pierce fait ici référence à Norman pour son nez cassé, qui vient d’admettre avoir violé une fillette de dix ans.
Roan comprit qu’il ne pourrait plus le retenir plus longtemps et lui fit un signe comme s’il en lâchait la laisse. La lance de Pierce se suréleva légèrement tandis qu’il entreprit d’avancer à travers les herbes.
Lui, tel un tigre sur le point de fondre sur sa proie, s’avança à son tour. Pourtant, Chris semblait inquiet en les voyant partir à l’assaut des bandits. Ils semblaient encore très jeunes pour un combat à onze contre deux. Ses doutes se dissipèrent toutefois très vite.
« Eh, qui va là ! »
« C’est des gamins ? »
Ils hésitèrent à se saisir de leurs armes en les voyant arriver, plutôt tentés par l’idée d’exploser de rire. En revanche, ils changèrent d’avis en voyant Norman devenir blême.
« Bourreaux d’enfants ! » hurla Pierce, la lance dressée comme un javelot.
Un seul mot aurait suffit à ce qu’il s’élance et les tue tous.
Roan s’avançait lui calmement, l’air implacable. C’est alors qu’après plusieurs insultes et exclamations de surprise, les bandits réalisèrent un détail important en voyant leurs armures à la lumière du dernier rayon de soleil.
« Les soldats ! » cria l’un d’eux.
« Aspirant-Major Roan, du bataillon de la Rose, septième corps, je vous prie. »
Le vent glacial vint leur cingler les entrailles en même temps que la voix pourtant juvénile.
« Si vous désirez survivre, jetez vos armes. Mais je suis un piètre orateur. Je préfère laisser ma lance s’exprimer… »
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References
↩1 | Ésope était un poète grec, qui s’est davantage fait connaître par sa laideur que ses textes. Pierce fait ici référence à Norman pour son nez cassé, qui vient d’admettre avoir violé une fillette de dix ans. |
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merci
merci pour le chap ^^