Chapitre 49
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Dans un immense éclat lumineux, une forme jaillit de la sacoche spirituelle de Shi Kun. Même lui ignorait de quoi il s’agissait mais puisque le patriarche l’avait laissé hors de la formation spirituelle de la sacoche, alors Shi Kun était rassuré : il serait forcément utile.
Pendant une demi-seconde, Shi Kun se rappela qu’il devrait remercier avec la plus grand sincérité ce patriarche qui lui avait tant laissé et de si bon cœur.
« Dès… Dès que je le revois, je m’inclinerai au moins trois fois ! » Mais Shi Kun n’avait pas vraiment le loisir de s’imaginer leurs retrouvailles : trois oisillons monstrueux étaient sur le point de fondre sur lui pour se partager sa chair, sans nul doute. Après tout, Shi Kun était incapable de jauger la profondeur de la base de cultivation de ces trois bêtes affamées mais si leur mère était au stade de l’Établissement des Fondations, les rejetons ne devaient pas en être bien loin. Shi Kun n’avait pas la moindre chance de les affronter face à face.
Cela dit, l’objet magique dans lequel il avait injecté tout ce qu’il pouvait de qi s’était matérialisé ; une grande épée à deux mains qui devait faire plus d’une fois et demi la taille de Shi Kun. Sa garde blanche et pure possédait une beauté qui rivalisait de peu avec la longue lame de verre bleuté, transparente et gravée d’un nombre incalculable de runes. L’arme entière émettait une aura argentée qui semblait vouloir purifier le monde.
« Oh… Oh !!! Une arme ! Je sens qu’elle est capable de me protéger ! » Shi Kun devint alors extatique et se saisit de la poignée de l’épée sans se poser plus de questions. Il suivit simplement son instinct et effectua de cette arme étonnamment légère un magnifique arc de cercle face à lui. La point de l’épée décrivit une courbe qui vint trancher les trois oiseaux à la fois tout en laissant une trainée de poussière argentée dans son sillage.
« In… Incroyable ! Avec cette arme, je suis… » Shi Kun se mit à rire mais n’eut pas vraiment le loisir de se baigner dans sa gloire et sa puissance nouvellement acquises. Si ses agresseurs avaient été repoussés en arrière par l’impact, ils ne semblaient pas être réellement blessés pour autant. Quelques plumes avaient volé et retombaient déjà paresseusement dans le nid. Les trois monstres, sans doute choqués par la résistance offerte par leur déjeuner, se regardèrent l’espace d’un souffle avant de se retourner à nouveau vers lui, le bec grand ouvert.
Des becs ornés de crocs pointus, Shi Kun pouvait bien le constater, désormais.
« Oh… » Il grinça des dents et s’apprêta à donner un nouveau coup grâce à son arme, son seul moyen de défense. « Je les ai seulement éraflés… »
Shi Kun leva son arme une nouvelle fois pour constater que la lame était désormais affublée d’une énorme fissure. Aussitôt levée, elle se mit à s’effondrer en une poussière de verre qui brilla de mille reflets bleus sous le soleil, loin dans le ciel.
« … » Shi Kun paniqua. Il ne sut que faire et ses réserves de qi étant presque totalement épuisées, ne pouvait même plus tenter de sortir un nouveau miracle. Alors que sa fin était annoncée à peine un souffle plus tard, il ferma les yeux, incapable de sortir de son effroi.
***
Hm… ?
Pourquoi suis-je si perturbé ? Que se passe-t-il donc ?
Pourquoi les réserves de qi de Shi Kun sont-elles presque vides ?
Pourquoi ses sens sont-ils dans un tel chaos ?
A-t-il abandonné l’idée de vivre ? Non, ce n’est pas ça. Il… Il croit qu’il ne peut plus rien faire. Il est en train de maudire le destin qui a voulu qu’il meurt aujourd’hui.
Stupide cultivateur. Crois-tu que je peux permettre de te laisser mourir ici ? J’ai encore besoin de toi, et pour longtemps.
Ce sont ces petites créatures insignifiantes qui représentent un danger à tes yeux ?
Pour moi, c’est une aubaine.
***
Les becs s’abattirent sur Shi Kun. Au dernier instant, celui-ci rouvrit les yeux ; des yeux écarquillés, un peu fous et surmontant un sourire sadique qui déchirait son visage d’une oreille à l’autre, exhibant des dents trop grandes, un sourire si large que les muscles de son visage menacèrent de se rompre sous une trop forte tension.
Les rejetons du monstre tressaillirent et hésitèrent, l’espace d’un demi-souffle. Juste le temps nécessaire à un étrange qi vert pour sortir de Shi Kun telle une forêt de tentacules frétillants.
Le qi les perça alors qu’ils avaient déjà repris leurs esprits et ils cessèrent de bouger en un instant. Il ne fallut qu’un battement de cil pour qu’ils ne se décident à se calmer, se retourner et s’allonger là comme si Shi Kun n’existait plus pour eux.
Ce dernier battit des paupières à plusieurs reprises avant de réaliser qu’il était toujours en vie.
« Eh ? Ils ne m’attaquent plus ? » L’un des monstres était roulé en boule tandis que les deux autres se chamaillaient tels des enfants – se mordant et s’offrant des coups de pattes et de bec – sans se soucier le moins du monde de l’intrus dans leur nid, qui aurait dû devenir leur repas du jour.
Mais Shi Kun reprit rapidement ses esprits et les observa comme si la situation était la plus naturelle du monde. C’était comme si quelque chose en lui, presque un instinct ou une voix intérieure, le convainquait que les choses étaient parfaitement normales ainsi. Une petite voix contre laquelle son bon sens n’avait pas la moindre chance de lutter.
« Bon. Il est temps que je rentre. » Shi Kun finit par comprendre qu’il avait parcouru un précieux chemin dans la bonne direction mais que le patriarche était sans doute toujours en train de l’attendre, quelque part – peut-être même de déjà le chercher. Il ne pouvait pas lui faire faux bond s’il voulait conserver une certaine liberté à l’avenir.
Shi Kun bondit hors du nid, qui se trouvait être posé à même la roche au sommet de la montagne. Il regarda autour de lui mais il n’y avait plus aucune trace de l’Eru Ami adulte. Sans doute arpentait-il son territoire à la recherche d’une quelconque autre proie pour nourrir ses petits monstres. En tout état de cause, Shi Kun jeta un œil vers l’horizon, dans la direction vers laquelle il devait se rendre.
« C’est magnifique. » Quelque peu ému par la beauté d’un ciel azur et des forêts entrecoupées de plaines à perte de vue, Shi Kun se surprit à vouloir faire une sieste, juste là. Cela dit, il se ressaisit rapidement lorsque l’image de l’oiseau de proie se reforma dans son esprit.
« Non, non, non. Il faut que je parte d’ici rapidement. S’il revient et qu’il m’attrape à nouveau, je suis sûr qu’il me tuera lui-même. » Prenant son courage à deux mains, Shi Kun entama la descente de la montagne, le plus sûrement que ses pieds le lui permettaient.
Au bout de plus d’une journée de marche ininterrompue, Shi Kun avait enfin quitté la chaîne de montagnes et rien ne semblait indiquer qu’il se faisait à nouveau poursuivre par le monstre aérien. Il finit par ralentir un peu l’allure et se décider à enfin se poser quelque part pour se reposer un peu.
« Je suis sûr que le patriarche ne m’en voudra pas si je prends un peu de repos… n’est-ce pas ? » Posant la question vers les cieux, Shi Kun s’endormit au pied d’un immense arbre qui lui offrait fraîcheur et confort. « Par les cieux, ça fait si longtemps que je n’ai pas fermé les yeux un petit peu… Une sieste sous le ciel bleu… »
Sur ces mots, Shi Kun sombra dans un sommeil aussi profond que l’océan et les cieux réunis.
Une autre journée passa, durant laquelle Shi Kun dormit d’un sommeil de plomb. Sans rêve, sans mouvement et sans besoin, il venait de récupérer de la fatigue accumulée depuis des semaines.
« Allez ! » Shi Kun aurait bien volontiers bondi sur ses pieds pour se remettre en route, empli d’un entrain nouveau – mais ce n’aurait pas été Shi Kun s’il l’avait fait. Aussi se leva-t-il mollement en soupirant avant de s’étirer et de se remémorer que le patriarche était sans doute toujours en train de le chercher. Il ne devait pas perdre plus de temps s’il tenait à sa paix.
Loin derrière lui, au sommet d’une montagne culminante, dans un nid où braillait un Aru Emi hors de lui, trois carcasses d’oisillons jonchaient les brindilles sèches. De leurs sept orifices sortait un liquide vert et visqueux ; les parasites, dont la mission vitale était de contrôler des cultivateurs, n’auront jamais réussi à s’adapter à la base de cultivation des monstres, provoquant ultimement leur mort.
« Bien, bien, bien. Le monde est vaste et j’ai encore du chemin à parcourir. » Shi Kun parvint enfin à se mettre en tête de reprendre la marche à un rythme plutôt cadencé. Pour un cultivateur, la fatigue n’était pas un souci de premier ordre et même s’il pouvait en ressentir les effets, ce n’était rien de plus qu’un léger dérangement.
Shi Kun parcourut ainsi en plus d’un mois supplémentaire une distance qui le rapprocha grandement de la frontière de sa province de Jiaoju.
Sans le savoir il avait déjà parcouru plus du quart du chemin qui y menait.
Au loin, juste alors que Shi Kun sortait d’une forêt dense et plaçait sa main en visière pour protéger ses yeux de la lumière vive du soleil, il vit apparaître un petit village. Les lieux avaient un quelque chose de pittoresque et de réellement isolé, comme si le village entier n’avait pas vu un brin de civilisation depuis des millénaires.
« Tout a l’air si délabré… Est-ce un village fantôme ? On dirait qu’il est désert depuis toujours. » Tout en observant les premières maisonnettes silencieuses, Shi Kun nota qu’il ne pouvait ressentir aucune présence. Pourtant, il avait pris l’habitude, en tant que cultivateur, de remarquer lorsque des mortels se trouvaient non loin.
« Personne ? » Après avoir visité quelques bâtiments, Shi Kun se rendit compte que les lieux étaient vraiment vides. Personne n’avait l’air de vivre dans ce village, et ce depuis des dizaines d’années, peut-être plus.
« J’ai trouvé un village abandonné, c’est bien ma veine. Moi qui voulais profiter d’un bon repas. » Shi Kun décida qu’il était inutile de continuer à chercher et qu’il ferait mieux d’abandonner lui aussi ce village où plus personne ne vivait. « Reprenons la route. »
Mais alors qu’il s’apprêtait à partir, une autre idée lui vint.
« Mais ça fait quand même bientôt deux mois que je marche. Je mange, je mange, mais j’ai si peur que le patriarche pense que je lambine que je ne me suis pas encore accordé une seule pause pour boire un coup. »
Persuadé que le patriarche Destinée lui pardonnerait bien une petite pause, Shi Kun entra dans une maison délabrée et y trouva un vieux banc de bois où s’asseoir.
« Enfin… Après tout ce temps, de l’alcool… »
Et il n’était pas question ici du Déchet qui allait continuer à boucher ses méridiens mais d’un alcool humain qu’il avait acheté en cédant la boussole Feng Shui de jade du patriarche. Un excellent alcool.
Shi Kun s’adossa contre le bois froid et dur et soupira profondément. Soulagé par un peu de repos et un délicieux alcool à venir, il tapota sa sacoche spirituelle pour en faire jaillir une carafe dont il s’empressa de déverser le contenue directement au fond de sa gorge.
Au bout de ce qui lui semblait être des litres et des litres d’un breuvage divin, Shi Kun commença à sentir sa tête tourner légèrement. Rien de définitif, son dantian purgeant l’alcool presque aussi vite qu’il l’ingurgitait ; mais la sensation était exquise.
« Pouaaaaah… Ce que ça peut faire du bien ! » Shi Kun fut pris d’une soudaine envie de dormir mais se rappela qu’il ne devait malgré tout pas traîner. Il s’apprêta à se lever lorsque tout à coup, une vive douleur lui traversa la tête et redescendit jusque dans son ventre.
« Aaaaaaaah ! » Shi Kun tomba au sol en hurlant à pleins poumons. C’était comme si quelqu’un cherchait à lui arracher les entrailles à l’aide d’un couteau chauffé à blanc. Il fit rapidement tourner sa base de cultivation afin de soulager la douleur mais elle était si intense qu’il perdit simplement connaissance et resta là, affalé sur le sol froid et poussiéreux comme un cadavre abandonné à son sort.
***
Qu’est-ce que ceci ?!
Un liquide étrange se déverse dans ce corps de cultivateur ! Est-il fou ?! Un… Un poison !
C’est un poison puissant et violent ! Il ose avaler ce breuvage de mort ?!
Je… Je… Je ne peux…
Je sens que je…
…perds pied…
…de la… dernière… parce que… ou alors…
…immortalité… la fin…
Je… grand… Cosmique… artefact… éternité…
…
…
…
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C’était inattendu !
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ps : alcool anti-parasitaire XD
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C’est du Ricard pur xD
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Je suis triste pour les piafs 🙁