Et hop, voici votre premier chapitre du Fourbe de la semaine 😀
Bonne lecture à tous 〈3
Chapitre 110 – Amer ? Pas du tout !
Tie Butian sentit son cœur s’emballer en voyant l’expression sérieuse de son ministre. Il se souvint qu’il lui avait dit en arrivant : ‘Elle est ma vie !’ Était-il possible que ce soit vraiment le cas ? Cette petite demoiselle était clairement plus importante pour lui que sa propre vie !
Qui est cette petite fille ? Sa petite sœur ?
Le prince n’aurait jamais pensé que Chu Yang aurait des sentiments pour une gamine. Elle avait l’air de n’avoir que dix ans à peu près, alors comment pourrait-ce être possible ?
Il ne comprenait pas pourquoi son cœur battait la chamade en le regardant prendre une gorgée de médecine, la garder en bouche le temps qu’elle refroidisse puis transmettre prudemment le médicament à la petite avec amour.
Il fut incapable de continuer de les regarder et tourna la tête ailleurs.
Une fois qu’il eut transmis toute la médecine, le jeune homme se leva immédiatement et se tourna vers le Docteur miraculeux : « Senior Du, combien de fois faut-il encore lui faire prendre ce médicament ? »
Du Shiqing regarda le ciel de l’après-midi et calcula la posologie : « Une fois par jour suffit. Une fois qu’elle l’a ingéré, aide-la à dégager ses méridiens pour que le médicament soit distribué plus vite. Elle devrait alors se réveiller d’ici ce soir. »
« À ce moment, je préparerai une concoction pour la remettre rapidement sur pied. Je pense qu’après sept ou huit jours, sa vie ne sera plus en danger et elle devrait se rétablir rapidement. Ses blessures seront alors guéries mais malheureusement, pour ce qui est des dégâts à ses Méridiens Trois Yin… Je suis impuissant. »
Il regarda l’adolescent et poursuivit : « Actuellement, aucun docteur ou médicament dans ce monde ne pourra traiter cette blessure interne. Tu ne devrais pas gaspiller tes efforts à chercher… »
Bien sûr, le vieil homme avait clairement deviné les pensées de son protégé, qui se serait clairement montré téméraire s’il n’avait pas souligné ce point. Il savait qu’il serait près à aller au bout du monde pour cette demoiselle. Les autres ne le feraient pas, mais le Fourbe lui oui !
N’importe qui aurait pu voir qu’il se souciait d’elle comme de la prunelle de ses yeux.
Le Docteur n’était peut-être doué que dans son domaine de prédilection, mais son expertise était reconnue jusque dans les Trois Cieux Supérieurs ! S’il affirmait que la blessure interne de Mo Qingwu était intraitable, alors ce devait être le cas.
Chu Yang le savait bien, et avait également compris son sous-entendu : tu as traversé bien des épreuves pour en arriver là où tu es actuellement, alors ne gâche pas ta vie à essayer de traiter une blessure inguérissable !
« Aucune des raretés légendaires… ne peut y faire quoi que ce soit ? » demanda-t-il tristement en gardant une infime lueur d’espoir au cœur.
« Tu ignores peut-être ce qu’est ce poison, mais je suis absolument certain que c’est le poison légendaire des Heimo. Si ce poison n’avait pas atteint le Méridien Trois Yin, alors avec mes compétences médicales j’aurais pu la guérir sans problème… Mais une fois qu’il s’infiltre dans ce dit méridien, même les dieux n’y peuvent rien ! »
Du Shiqing ajouta d’un air solennel sans la moindre réserve : « Même si tu pouvais rassembler les neuf herbes légendaires sous les cieux là maintenant, tu ne parviendrais quand-même pas à la guérir complètement ! » Il s’arrêta et regarda le jeune homme avant de poursuivre avec douceur : « Chu Yang, ce que je peux faire c’est l’aider à reprendre conscience et empêcher sa blessure d’affecter sa vie. Elle pourra quand-même se marier et fonder une famille sans le moindre problème de santé. Avec un peu de chance, elle pourra même vivre une centaine d’années ! Le seul problème est qu’elle ne progressera jamais dans les arts martiaux ! »
« Ce devrait être normal pour une femme de vivre ainsi, comme toutes les autres » dit honnêtement le vieil homme. (NdT … )
L’adolescent baissa la tête et soupira : « Je pourrais rassembler les neuf herbes légendaires sous les cieux que ça ne la guérirait pas complètement… » Ces mots étaient un coup terrible pour lui, et ils détruisirent tout espoir qu’il pouvait encore avoir.
Ce n’aurait eu aucune importance si ça avait touché n’importe quelle autre femme, mais cette situation était inadmissible pour Mo Qinqwu ! Sans ce fichu handicap, elle n’aurait jamais été prise dans une embuscade et tuée dans sa vie passée.
La jeune femme n’avait jamais parlé de sa famille avec lui, mais il était certain que cette dernière devait être puissante. Comment quelqu’un aux origines humbles aurait pu développer la grâce et l’élégance qu’elle avait ?
Dans sa vie précédente, elle avait préféré errer dans le Jiang Hu plutôt de rentrer chez elle. Mais pourquoi ? Ce devait être lié à sa blessure… Ou peut-être ne voulait-elle pas rentrer chez elle parce que sa famille ne la traitait pas correctement. Ou peut-être avait-elle été déshéritée pour une raison ou une autre…
Une fille possédant un Méridien Trois Yin devrait être traitée comme un trésor précieux, alors pourquoi aurait-elle été déshéritée ? À cause d’une blessure à ce méridien, pardi !
En d’autres termes, toutes ces conséquences découlaient des événements d’aujourd’hui !
De cette blessure découlait la tragédie de Mo Qinwu ; sans elle, elle n’aurait pas quitté sa famille, n’aurait pas rencontré le Fourbe, ne serait pas tombée dans une embuscade et n’aurait pas été tuée !
Aussi ce dernier ne pouvait-il accepter la situation ! Il était incapable de la laisser souffrir de cette blessure pour le reste de sa vie. Même s’il pouvait rester à ses côtés et la protéger, il ne pouvait pas non plus être là à chaque seconde. Non ! Mo Qingwu doit pouvoir se protéger elle-même ! Il n’y a qu’ainsi qu’il pourrait être à l’aise.
Tie Butian parvint enfin à se lancer et demanda : « Chu Yang, qui est cette jeune fille pour toi ? » Il était quelqu’un de confiant, aussi était-il rare de le voir curieux et mal assuré.
Cette question tira son ministre de sa réflexion.
« Elle est ma… » Au moment où Chu Yang ouvrit la bouche, il grimaça tout d’un coup. « Berk berk berk… Senior Du, qu’est ce qui rend ce médicament aussi amer ? Je… Je… Bleaaaah… » Il eut l’impression d’avoir la bouche pleine d’herbe médicinale.
L’amertume envahissant sa bouche était absolument horrible !
Il grimaça en roulant des yeux.
Le Prince et le Docteur demandèrent, surpris : « Eh bien, tu n’avais pas senti l’amertume tout à l’heure ? »
Le jeune homme hésita. Toutes ses pensées, plus tôt, étaient tournées vers Mo Qingwu et quand il remarqua qu’elle pouvait avaler le médicament par sa méthode, il continua de le lui donner sans même remarquer si c’était sucré ou amer…
Mais maintenant qu’ils en parlaient, il pouvait goûter l’amertume entière de la médecine. Cela dit, il se souvint également du poème de son aimée :
La vie n’est pas une douce danse
Une danse est une vie d’armertume
Je danserai pour toi ma vie entière
Même pleine d’amertume, je danserai toute une vie…
C’est amer ? L’adolescent ne put s’empêcher d’avoir un petit sourire. En quoi est-ce amer ? Cette amertume est-elle vraiment forte comparée à celle que Mo Qingwu a endurée dans sa vie précédente ? C’est probablement incomparable…
« Tu… Tu es vraiment… » Du Shiqing admirait de plus en plus le jeune homme devant lui, qui était quelqu’un de très attentionné. Il eut vraiment l’impression de ne pas s’être trompé à son sujet.
Il n’a prêté aucune attention à son égard pour sauver une vie ; c’était vraiment un sacrifice désintéressé…
Tie Butian, de son côté, pensait différemment : cette demoiselle était la plus grande faiblesse de Chu Yang et une fois que ses ennemis l’apprendraient, ce deviendrait catastrophique. Cette information devait rester secrète !
Mais quelles sont les origines de cette petite fille ?
« Senior Du, j’espère que vous ne répandrez aucune information concernant le traitement de cette demoiselle aujourd’hui » sourit-il en adressant ce rappel poli au médecin.
Celui-ci hésita un instant, puis comprit immédiatement ce que le prince voulait dire et répondit rapidement : « Ne vous inquiétez pas, votre Altesse ; personne d’autre n’en saura quoi que ce soit. »
Très rapidement, la jeune fille retrouva des couleurs et sa respiration se stabilisa ; on aurait dit qu’elle dormait tranquillement. Le jeune homme se détendit en voyant cette amélioration, et l’amertume dans sa bouche se réduisit considérablement…
D’un autre côté, il devint curieux et puisqu’il était déjà sur place, il commença à observer le légendaire palais royal.
« Alors c’est ça le palais royal ? Il est effectivement somptueux et d’une grande classe… » Il jeta des coups d’œil un peu partout avec grand intérêt. « Cela dit, ça a l’air un peu désolé… »
« Bien sûr que ça l’est. » Tie Butian soupira et lui expliqua : « Je ne reste pas au palais d’habitude afin de pouvoir me concentrer sur ce que j’ai à faire. De plus, la plupart des employés ont été renvoyés du palais à l’exception de quelques servantes s’occupant de mon empereur de père, ainsi que quelques agents d’entretien. Tout reste à faire dans le Nuage de Fer actuellement… Et le coût de la maintenance quotidienne du palais est loin d’être négligeable. »
Le Fourbe répondit immédiatement ‘oh’ pour indiquer qu’il avait compris, mais demanda par curiosité : « Et qu’en est-il de votre petite sœur ? Vous ne vous occupez pas d’elle ? »
Il se souvenait parfaitement avoir entendu au Pavillon de l’Armement Divin la jeune femme appeler Tie Longchen ‘second oncle’, ce qui n’était pas une façon ordinaire d’appeler le Général.
Il ne savait rien de la famille royale avant d’arriver au Pavillon Butian, mais avait appris entre temps que l’empereur n’avait qu’un seul frère, Tie Longchen.
Du coup, cette jeune femme devait être la sœur de Tie Butian !
« Ma petite sœur ? » Le Prince parut surpris et une expression complexe traversa son regard. Il dit calmement : « Tu as rencontré cette enquiquineuse ? »
Chu Yang hocha la tête : « Oui, elle est venue une fois au Pavillon de l’Armement Divin. »
« Cette petite fille me colle des migraines… » Son Altesse sourit et dit : « Mais elle est également très mignonne. Ministre Chu a tout d’un coup parlé d’elle… Ha ha ha, ne me dis pas que tu éprouves quelque chose pour elle ? »
Il rit sans même attendre sa réponse : « Ministre Chu est un grand homme alors si tu ressens quelque chose à son égard, ça ne me gênerait pas de jouer les entremetteurs. »
Le jeune homme rit également puisqu’il savait que Tie Butian plaisantait et répondit : « Je ne suis qu’un roturier, comment pourrais-je convenir à une princesse. J’étais juste très curieux car elle avait l’air très mystérieuse quand je l’ai rencontrée. »
Le Prince cligna des yeux et se comporta comme s’il couvrait une grande émotion. Il expliqua : « L’existence de ma petite sœur est un secret dont personne n’est au courant. Le Grand Zhao a continuellement envoyé des assassins tuer les membres de la famille royale, cette année. Pour la protéger, on a caché sa naissance au monde entier… Par la suite, Père a été blessé et je n’ai pas osé annoncer son existence au public. Si les ennemis venaient à savoir qu’elle existait et venaient la blesser, n’en serais-je pas responsable, en tant que son grand-frère ? »
Il poursuivit tristement : « Il est malheureux qu’elle soit née dans la famille royale, et encore plus en temps de guerre. Il reste peu de monde dans cette famille et avec les assauts répétés de la guerre, c’est encore pire… J’espère juste qu’elle puisse vivre une vie normale et paisible. C’est par mesure de précaution qu’on a caché son identité ; si le Nuage de Fer devait tomber un jour, elle pourrait au moins rester en vie et même si elle devait vivre comme une roturière, elle vivrait néanmoins… »
Il prit une grande inspiration comme s’il essayait de contenir l’émotion grandissant en lui.
L’adolescent resta silencieux un moment, sentant que le souverain ne lui avait pas tout dit, aussi dit-il : « C’est vrai… Naître dans la famille royale signifie qu’on peut vivre une vie de luxe dont les gens ordinaires ne peuvent que rêver, mais aussi vivre sous une pression si forte qu’elle pourrait vous tuer. Votre petite sœur a de la chance d’avoir un grand frère tel que vous, c’est même là sa plus grande fortune. »
Du Shiqing fut également affecté par cette ambiance morose et soupira.
Les filles de la famille royale avaient toujours été utilisées comme des outils pour établir des liens diplomatiques sous le prétexte de mariage. Peu importe ce que la princesse pensait, tout était fait dans l’intérêt du pays…
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