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Chapitre 195 – Je crée 4/8

 

Ayant jeté un œil au potentiel du miroir et l’ayant observé autant qu’il le désirait, Yu Ilhan commença finalement ce qu’il souhaitait vraiment faire – modifier les cinq boucliers qui le protégeaient, Aegis.

D’abord, il couvrit les boucliers de l’alliage récemment forgé, et y creusa des sillons avant d’y faire couler une encre spéciale faire à base de pierres magiques de quatrième classe, de plumes d’Anges Déchu et de Sang de Dragon avant de laisser le tout se solidifier.

— Oh mon Dieu, blasphéma Liera, comme c’est beau.

— Ouais, hein ?

Cependant, ce n’était pas fini. Le processus de modification ne fut complet qu’après une nouvelle couche d’encre suivie de Manartisanat.

Comme Aegis était plus petit que le miroir et qu’il avait un but défensif, il possédait une puissance destructrice inférieure, et moins de mana. Mais tout ça importait peu : il pouvait tirer sur les ennemis tout en bougeant, s’il devait vraiment en arriver là.

— Que vas-tu faire du miroir, alors ? interrogea Liera.

— Tu ne penses pas que j’en ai prévu certains pour la Persona ? Et il m’en faut pour mon usage personnel aussi, non !?

— Tu veux juste un truc pour tuer les méchants à ta place, en somme ?

— La ferme.

Ignorant Liera qui avait touché dans le mille, il se mit à produire le miroir de destruction en masse. Une fois les plumes des quatre Anges qu’il avait tués réduites en poudre, il en obtint à peu près vingt litres, et il les utilisa pour créer exactement cent miroirs.

Comme ils avaient un diamètre de deux mètres, rien que les aligner occupait déjà deux cent mètres de long. Même Liera sentit une pression malsaine en les regardant tous debout comme ça.

— Les regarder me fait peur, ouah… se plaignit-elle. On dirait que ça pourrait être dangereux même pour moi… ?

— Et on n’en a pas encore fini.

Il y avait quelque chose d’aussi spécial que les plumes des Anges Déchus, et il s’agissait de leurs os. Ok, il avait eu quelques difficultés à les transformer en armes parce qu’ils ne possédaient pas de propriétés métalliques, mais leur régénération absurde était si splendide que Yu Ilhan ne voulut absolument pas s’en débarrasser.

Ce qui rendait cette régénération si particulièrement intéressante, c’était le fait qu’on ne parlait pas de santé, mais de magie.

— Alors les existences supérieures sont bien des existences totalement pétées, déclara-t-il.

— Ce n’est pas que nous sommes hors-normes, corrigea Liera. C’est que c’est la norme pour les existences supérieures. Tu ne peux pas les juger avec des standards d’existences inférieures, ok ?

Parmi les os, les omoplates étaient les pièces centrales de leur structure osseuse, et se trouvaient également être des organes qui connectaient les ailes au squelette afin de faciliter la mise en œuvre de leurs compétences et capacités. Il était naturel qu’après les avoir attaquées, les Anges ne fussent plus très aptes à combattre.

— Les parties les plus importantes… se plaignit Yu Ilhan, sont toutes détruites…

— Peux-tu, s’il te plaît, ne pas me tirer une tronche qui me dit que tu viens de perdre toute foi dans le monde entier ? La raison pour laquelle tu as été capable de les tuer, c’est justement parce que tu as explosé leurs omoplates !

Malgré ça, les os possédaient la capacité de résonner avec les ailes, et de les contrôler. Mais que pouvait-il faire de ça ? La réponse était simple : les broyer et les rassembler.

Yu Ilhan laissa une seule côte, et réduisit le reste en poudre. Après ça, il malaxa le tout en une espèce de pâte à gaufres, mais pas pour faire des gaufres : il mélangea la poudre d’os avec la chair des Anges Déchus et du Sang de Dragon avant de sceller le tout dans un baril d’alliage métallique.

— Ça, c’est fait.

— Et ça servira à quoi ? questionna Liera. Je pensais que tu allais utiliser les os pour te faire une arme… Tu ne vas pas les manger, hein ?

— Laissons ça mariner pendant trois ans, et…

— Kyaaaaaaak !!

Liera trembla après l’avoir entendu, et Yu Ilhan y répondit par un sourire, en secouant la tête.

— Je ne vais pas le manger, non, dit-il. C’est l’élément final pour terminer les miroirs.

— Vilain, VILAIN !

— Les miroirs sont d’excellentes armes, mais ils utilisent trop de mana à chaque fois qu’ils doivent tirer un laser, alors ce n’est pas pratique pour une attaque soutenue. Donc, quelle est la solution ? Leur balancer des pierres magiques à chaque fois que c’est vide ? Attendre que ça absorbe des rayons du soleil, bien patiemment ? Non. On doit utiliser le mana énormissime de cette maison.

— Alors ce baril, c’est… ?

— Ce sera bientôt terminé, lui envoya-t-il. Attends-toi à du lourd. Ce sera un truc à ne pas manquer.

Yu Ilhan répéta le processus jusqu’à remplir vingt barils, et utilisa des pierres magiques de quatrième classe afin d’en faire des artefacts. Après ça, il les aligna avec les miroirs et commença une séance de Manartisanat. C’était un travail conséquent qui lui demandait d’utiliser plus de la moitié des pierres qui lui restaient, deux mille pour être exact.

— Tu as même calculé la quantité de mana que ces pierres vont émettre en même temps ? se mit à béer Liera. J’en aurais plutôt utilisé progressivement, plutôt que tout d’un coup !

— Regarde plus loin que le bout de ton nez, Liera.

Il lui sourit encore, et démarra le Manartisanat sans une once d’hésitation.

— On ne peut pas simplement arrêter avec la Terre, expliqua-t-il.

— Si tu es si cupide, tu vas vraiment échou… Ugyaaaaaaah !

Un rayon de lumière jaillit, qui se changea rapidement en un océan aveuglant qui emplissait déjà toute la maison et possédait encore des réserves insoupçonnées. Liera sombra dans un choc émotionnel sans précédent, la seule pensée dans son esprit étant C’est une existence inférieure qui a créé ça. De son côté, Yu Ilhan harmonisa calmement le mana qui semblait vouloir l’écraser, avant de le diriger dans la bonne direction.

— Hahaha… gloussa Liera, à moitié folle.

Elle le voyait contrôler le mana comme s’il dirigeait un orchestre, et n’en pouvait plus.

Depuis quand avait-il appris à faire ça si bien ? Elle savait qu’il avait du talent, mais… Il n’avait commencé que moins de trois ans plus tôt !

Cependant, il était vrai qu’il rencontrait quelques difficultés dans sa tâche : le mana, suffisant pour décimer un pays entier, ne semblait pas totalement soumis à sa volonté. Et il l’utilisait pour créer un seul et unique artefact ! Il était bien plus doué en manipulation du mana que Liera, qui ne savait que le rassembler et s’en servir pour détruire ses ennemis !

Vingt barils et une centaine de miroirs échangeaient de l’énergie en se faisant face, sous la direction générale des pierres magiques. Les ailes et les os, qui n’étaient qu’un à l’origine et désormais séparés, se connectaient à nouveau, sous une forme simplement différente.

Un temps difficile à appréhender s’écoula, dans cette lumière aveuglante et agressive. Au moment où Yu Ilhan avait dépensé tout le mana contenu dans les pierres magiques et qu’il continuait avec le sien car c’était toujours insuffisant, il se prépara à avaler des potions de mana. Mais au même moment, la lumière s’estompa peu à peu.

[Cent Yeux est terminé.]

Finalement, une phrase qui semblait lui annoncer son succès apparut devant sa rétine. Regardant les miroirs et les barils qui émettaient encore une faible aura noire, il afficha prudemment les informations de l’arme.

[Cent Yeux]

[Rang : Chaotique]

[Puissance d’attaque : 8.800 (augmente selon l’endroit et l’ennemi)]

[Durabilité : 316.000/316.000]

[Options :]

[1. Une fois toutes les vingt-quatre heure, il est possible de tirer sur une cible pendant trente seconde, ignorant le mana en réserve.]
[2. Se renforce continuellement en absorbant le mana des ennemis abattus.]
[3. Récupère de la durabilité automatiquement en consommant du mana.]

[Les miroirs de destruction, déjà des armes apocalyptiques, ont été produits en masse et améliorés par des mécanismes leur permettant de s’alimenter en énergie périodiquement et d’améliorer leur puissance. Ils ont été créés comme pièces maîtresses pour surpasser les archives d’un monde. Le seul désavantage qui leur est lié est l’impossibilité de générer leur puissance maximale s’ils ne sont pas installés au bon endroit]

Vérifiant les informations, Yu Ilhan soupira de soulagement.

— Ouf. Pour l’instant, c’est Chaotique.

— …Pour l’instant ? cracha Liera. Tu viens de créer une arme qu’on pourrait installer dans les bases du front de l’Armée des Cieux, et tu me dis pour l’instant… ?!

— Le vrai défi commence maintenant.

Il vérifia que l’artefact avait été correctement réalisé du début à la fin, le sourire ne quittant jamais ses lèvres. Cependant, célébrer la victoire devrait attendre que la forteresse volante fût complète ! Yu Ilhan résista à l’envie urgente de tester les Cent Yeux, et les rangea dans son inventaire. Il avait encore du travail.

Il dépensa environ 500 pierres magiques de quatrième classe pour créer des choses annexes, des armes, des pièges sur les murs et dans la forteresse, et seulement une fois que son compte de pierres de quatrième classe eût atteint 1.300 estima-t-il son travail terminé. Il restait deux jours de compte à rebours de la barrière du Sablier.

—  Bien, bien, bien, dit-il.

— Tu vas encore faire autre chose ? Oh, il y a encore ton équipement personnel, hein ?

— Reposons-nous.

— Quoi ?

Elle se montra aussi décontenancée que s’il lui avait annoncé qu’il n’était plus vierge. C’était quelque chose qui ne pouvait être réel, venant de lui.

— Se reposer ? Tu mens, hein ? Tu as dit que tu n’as pas besoin de ça.

— J’ai dit que je n’en avais pas besoin, confirma-t-il. Mais je n’ai jamais dit que je n’en voulais pas. Comme j’ai terminé tout ce que je voulais faire pendant cette période, ce sera bien de m’accorder une petite récompense. Le repos est la meilleure des occupations, après tout.

Pendant qu’elle grillait un neurone en essayant de comprendre comment Le repos est la meilleure des récompenses pouvait provenir de la bouche de ce type-là, Yu Ilhan se rendit dans la salle de bain du manoir après être sorti de l’atelier où il avait passé les deux derniers mois. Puis, il sortit simplement le Seau Géant, sur lequel il avait également travaillé, et le remplit d’eau.

Une fois le niveau d’eau acceptable, il balança sans honte ses vêtements à travers la pièce et se jeta dans le Seau. Mais, comme il commençait à ressentir un sens d’étrange satisfaction, Liera ramassa tout naturellement les vêtements qui traînaient çà et là et se glissa elle aussi dans l’eau.

— Je peux entrer, moi aussi, n’est-ce pas ? demanda-t-elle timidement.

— Tu es déjà là, alors que tu poses la question !

— Ouaip, c’est trop tard pour dire non !

Elle finissait toujours par apprendre les mauvais plans de Yu Ilhan, comme transformer un tort en raison, et se montrer têtue. Yu Ilhan dut faire de son mieux pour ne pas se laisser aller à baisser les yeux vers ce corps qui possédait un volume à se faire lever les morts et à damner les démons, qu’il jugeait avoir une puissance d’attaque de 10.000 s’il faisait confiance aux effets que ça lui faisait.

— N’as-tu aucune honte ? demanda-t-il soudain, faute de mieux. Même les sœurs de sang ne font pas ça !

— Mais tout va bien, puisque nous ne sommes pas liés par le sang, répliqua-t-elle tout à fait normalement.

— C’est encore pire !

Il était sûr d’en savoir beaucoup sur elle, mais parfois, dans de tels moments, elle se montrait encore capable de le faire paniquer au-delà de toute raison en agissant de façon imprévisible.

— Huhihi, pouffa-t-elle.

— Ne ris pas de façon bizarre. On dirait Na Yuna.

— Ah, c’est si rafraîchissant ! lâcha-t-elle d’un coup en s’étirant de tout son long.

Yu Ilhan était à la limite extrême, et ne parvenait presque plus à se retenir de plonger son regard dans cette chevelure blonde, plus lumineuse et resplendissante que l’eau qui la faisait scintiller.

D’après son estimation, Liera se comportait de façon trop proche avec lui, et c’était parce que ses émotions pétaient les plombs parce qu’elle les avait ignorées pendant trop longtemps. Mais, ce qu’il se passait…  Liera songeait en réalité à la façon de surpasser naturellement Na Yuna afin de reprendre les devants. Seul Yu Ilhan lui-même parvenait à s’inventer des hypothèses bizarres.

Cette Ange idiote ne doit pas savoir ce que sa poitrine divine peut faire penser à un homme.

Bon. C’était bien lui de se dire que Liera n’avait pas d’autre sentiments que ceux d’une amie proche, d’une sœur, d’une confidente.

Précisément parce qu’il avait accepté la réalité des sentiments de Na Yuna, il avait la conviction qu’il était impossible que deux femmes du même univers pussent l’aimer d’amour. C’était vraiment une idée débile. Comment pourraient-elles ?

— Tu devrais me regarder en face, puisque nous sommes tous les deux dans le même bain ! lui lança d’un coup Liera.

— Hé, au moins, tu pourrais déposer les armes avant d’entrer dans un bain avec quelqu’un. À moins que tu ne te désarmes, ne me demande rien.

— …Armée ? s’étonna une Liera totalement nue. Regarde, je suis aussi nue qu’au premier jour, mis à part mes ailes, mais…

— Exactement ! C’est ça que j’appelle armée ! Tu ne te rends pas compte de la puissance d’attaque de ton corps ! tu n’aurais pas dû entrer du tout.

— Tu es trop bête !

Tout en grommelant, elle souriait de long en large. Elle savait que Yu Ilhan ne pourrait pas la chasser malgré tout ce qu’il disait. Elle aimait ce Yu Ilhan malhonnête. Ce Yu Ilhan qui ne parvenait pas à se calmer.

— Peu importe à quel point nous sommes proches, dit-il, il y a une limite à ce qu’un homme et une femme peuvent vivre…

— Ilhan. C’est bon. Ok ? Tout va bien. Tout va bien ?

Elle balança d’un seul coup une question comme ça. Cependant, Yu Ilhan comprit la question, et s’en trouva irrité.

— Tu ne changes pas de sujet un peu trop nonchalamment, maintenant ? râla-t-il. Et c’est quoi, cette tactique sournoise ?

— Mais tout va vraiment bien, n’est-ce pas ?

Il continua à grommeler tout bas. Mais il finit par répondre sur un ton plus sérieux.

— Oui, tout va bien.

— Parfait !

— Uaaaaaaaaaah !

Liera se jeta soudain sur lui d’un bout à l’autre du Seau et le serra dans ses bras !

Son corps, doux, moelleux, voluptueux, chaud, totalement trempé et qui lui donnait déjà le vertige lorsqu’il le regardait, fut instantanément collé à lui. Yu Ilhan ne put bouger, sous le coup de la panique.

— Qu… Qu… Que…

— Tu m’as dit que tout allait bien ! Alors faire un câlin me va bien aussi !

— T… Tu… Tu m’as arnaqué, Liera !

— Hahahahahaha !

Elle se fichait de ce qu’il disait et se mit à rire comme si elle avait acquis tout ce qu’elle voulait dans ce monde. Yu Ilhan dut lutter pour se libérer, mais fut obligé d’abandonner rapidement.

Non seulement était-il difficile de briser cette prise de cat… ce câlin à cause de l’eau qui rendait leurs corps glissants comme celui d’une anguille, mais il sentit instinctivement qu’il ne parviendrait qu’à attirer sur lui-même une catastrophe mentale.

— …Ok, fais ce que tu veux, finit-il par concéder.

— Non, je vais continuer à me battre.

— Tu ne te bats pas du tout !

— Oh, je me bats ! répéta Liera. Si tu savais comme je lutte, là !

— Foutaises !

Bien que ce fût violent et incompréhensible, c’était sans doute sa façon à elle de le consoler. Il ne pouvait qu’accepter de prendre ça comme un entrainement mental, et accepter qu’un Ange aussi bizarre fût son Ange Gardien.

— Fufu.

Et comme il se demandait s’il devait, pour se calmer les hormones, compter tous les nombre premiers de un à mille ou chanter l’hymne national dans sa tête, Liera poussa encore plus près, et son sourire se fit encore plus large.

Elle avait le même sourire heureux que durant ce millénaire oublié, ce sourire qui lui avait permis de supporter ce qui aurait dû être insupportable.

— Tout ira bien, le rassura-t-elle.

— Hmpf. J’ai utilisé tant de pierres magiques, alors j’espère bien que ça ira bien ! répondit Yu Ilhan, ne comprenant pas ce qu’elle voulait dire. Je vais bien, alors tu peux me lâcher, maintenant.

— Tch, même ça n’a pas marché ? grogna Liera. La prochaine fois, je le…

Mais elle ne finit pas sa phrase. Ce type abrupt qui finissait toujours par interpréter le cœur des gens de travers, et la jeune fille qui ne savait pas se montrer décisive quand il le fallait, tous deux se reposèrent confortablement durant les deux jours d’un temps figé rien qu’à eux.

Et le moment arriva finalement.

Yu Ilhan installa parfaitement tous les artefacts et les armes dans et hors de la maison, avant de finaliser la dernière touche de Manartisanat, la plus importante qui les lierait tous.

[La Forteresse Destructrice Volante est terminée.]

[Vous avez créé un artefact de rang Divin. Le titre Créateur de Mythes voit sa condition remplie et devient plus puissant. Des options additionnelles seront ajoutées lorsqu’un artefact de rang Divin sera créé.]

Ce fut le moment où un artefact sans précédent, un artefact qui ne verrait jamais d’égal à l’avenir, vit le jour.

Raka
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