Bonjour à toutes et tous ! Dimanche, 10 heures, il est temps de découvrir la réaction de Fuyao à l’annonce de son galant. À en croire la personnalité exhibée dans la préface, je ne suis pas sûre que les larmes seront de mise. Bref, je vous avais promis pratique martiale et secte, donc en avant toute !
Livre 1 – Le vent se lève à Taiyuan
Chapitre 2 – Gourgandine de luxe
Les mots que Meng Fuyao allait prononcer se coincèrent subitement dans sa gorge. Elle leva la tête et fixa durement Yan Jingchen du regard. Toutefois, il détourna les yeux et examina intensément une fleur à moitié fanée qui se trouvait devant lui.
— Fuyao, au vu de ta situation, mon clan ne me permettrait pas… d’être avec toi, expliqua-t-il précipitamment. La maison Pei est une branche de la famille impériale. Même ma famille leur est inférieure d’un rang. À la base, ces fiançailles n’avaient aucune chance d’aboutir, mais j’ai entendu dire que Pei Yuan a personnellement accepté la proposition. Puisque le clan Pei a déjà consenti, mon clan Yan ne peut absolument pas se permettre de les offenser même si nous venions à regretter cette décision…
— Assez avec tes clans ! interrompit Fuyao. Parle de toi.
— Je…, commença-t-il l’expression morose et les sourcils froncés. Fuyao, ma future épouse finira par occuper un poste important sur le continent, annonça-t-il après une longue pause. Beauté, intelligence, pratique des arts martiaux, rang social, aucun aspect ne peut être négligé. Surtout les compétences en arts martiaux. Sinon, mon clan sera couvert de honte…
— Parle de toi ! coupa Fuyao.
— Moi ! explosèrent la fierté et la rage du noble prince. J’en ai assez de toi qui me déçois jour après jour ! J’en ai assez d’être conspué à cause de toi !
Fuyao recula d’un pas, observant silencieusement le visage presque féroce de Jingchen.
La nuit tombait petit à petit et la pénombre se propageait dans le ciel. Les feuilles vert foncé prirent des teintes grisâtres, donnant un aspect sale et repoussant au feuillage. C’était dans ce décor cendreux que se tenait le jeune homme. Les sourcils froncés, il lui semblait inconnu et fragile.
Le seul bruit environnant fut longtemps celui du vent qui soulevait doucement leurs manches, jusqu’à ce que Fuyao éclatât soudainement de rire. Son rire était telle une fleur s’épanouissant dans une obscurité silencieuse : un peu triste, mais à la beauté encore plus resplendissante. Fuyao épousseta ses manches en direction de Jingchen, comme si elle voulait l’épousseter par la même occasion.
— Très bien. Je comprends. Tu n’acceptes pas que ton épouse ne pratique pas les arts martiaux. Tu ne supportes pas de présenter ce genre d’idiote sans talent aux cérémonies officielles où l’on se moquerait de toi derrière ton dos. Par-dessus tout, tu ne supportes pas que ta vie idéale de fils de noble soit entachée par une femme loin d’être parfaite… Yan Jingchen, crois-moi, Pei Yuan sera une épouse absolument parfaite. À ses côtés, tu seras tel le caniche de luxe d’une aristocrate, rit-elle sans une trace d’humour dans les yeux. Où que vous vous rendiez, ton statut sera cent fois meilleur et vous vous compléterez merveilleusement bien, conclut-elle d’une voix aussi grave et froide que la lumière exsudée par une épée dégainée. Félicitations, tu as trouvé ta gourgandine de luxe.
Sur ces paroles, elle se retourna et s’apprêtait à partir lorsque Jingchen se précipita pour s’agripper à sa manche.
— Fuyao ! implora-t-il d’une voix impuissante pleine de souffrances. Fuyao… Je t’aime vraiment…
— Abandonne ton amour et va lécher les bottes de ta gourgandine !
Un sourire imposant se dessina sur les lèvres de Fuyao, dont l’aura glacée faisait pression sur Jingchen. D’un geste de la main, une lumière froide apparut subitement au bout de ses doigts de la jeune femme. Celle-ci crépitait comme de l’électricité et fila directement vers la manche que Jingchen enserrait toujours fermement. Il ne pensait pas qu’elle serait si rapide et si impitoyable, aussi n’avait-il pas pensé à la relâcher. Plus encore, la jeune femme n’hésita nullement à viser les cinq doigts du jeune homme.
Jingchen, choqué, tenta immédiatement de retirer sa main, mais il fut quand même trop lent : ses cinq doigts furent entaillés d’une ligne rouge et bien droite. Quelque temps après, de sa main auparavant toute blanche coulèrent des filets de sang qui gouttaient silencieusement sur le sol sombre.
— Tu…
— Moi ! s’écria la jeune femme sans tourner la tête. Souviens-toi, il y a des erreurs qu’on ne voit pas au départ, mais qui font mal et saigner bien longtemps après. Comme la blessure que tu viens de recevoir.
Fuyao se tenait droite et sa silhouette indomptée se dessinait dans l’obscurité de la nuit. Dos à Jingchen, elle éclata d’un rire aussi froid que le croissant de lune qui venait d’apparaître.
— Crois-moi, Yan Jingchen, tu auras mal, tôt ou tard.
*******
Cette nuit au clair de lune était très fraîche.
Assise en tailleur sur le sol et perdue dans ses pensées, Meng Fuyao contemplait le croissant de lune. Il semblerait que de toutes les nuits dont elle se souvenait, celle-ci fût la plus froide. Un coup d’œil à l’auréole bleue entourant la lune suffisait pour geler le cœur. Les étoiles brillaient étrangement et la lumière émise formait des motifs chaotiques qui reflétaient les cœurs en tourmente.
Fuyao se souvint vaguement de leur première rencontre aux portes du monastère. La pluie tombait et le vent soufflait. Le front baignant lourdement dans la boue, Fuyao était inclinée devant Lin Xuanyuan dont elle avait demandé à devenir le disciple. Sous ce déluge, un enfant au sourire avenant accompagnait le maître. Elle se rappela la main pure et menue qu’il lui avait tendue, chaleureuse comme le printemps sous la pluie diluvienne.
« Fuyao, je t’aime vraiment. »
« Fuyao, sur le continent des cinq régions, ceux sans aucune force sont méprisés toute leur vie. »
« Fuyao, tu ne fais pas assez d’efforts. Si tu restes ainsi… que vas-tu faire plus tard ? »
« Fuyao, tu es parfaite en tout point. C’est juste que… tu es trop mauvaise en arts martiaux. »
Ah… Elle aurait dû le comprendre plus tôt. Malheureusement, aveuglée par la chaleur de cette main tendue, elle avait oublié de se réveiller de la douce illusion dans laquelle elle s’était immergée.
Fuyao rit d’elle-même puis chassa vigoureusement ces pensées de la main, comme on balayerait des moustiques. Elle ferma les yeux et s’exerça à « fendre les neuf cieux », l’un des « enseignements secrets » transmis par son vrai maître, un taoïste âgé.
Lorsqu’elle avait creusé trop profondément dans le tombeau de l’époque, elle avait accidentellement activé un voyage vers une autre dimension. Elle s’était alors retrouvée dans le corps d’une enfant amnésique de cinq ans. Dès lors, un vieux taoïste irascible l’avait soumise à un rude entraînement. Durant dix années difficiles, il lui avait appris à « fendre les neuf cieux », une technique à neuf niveaux. Au terme de cette décennie, elle avait atteint l’apogée du troisième niveau. À ce stade, elle devait améliorer son qi véritable en le condensant sous forme d’un jade solide et se concentrer sur toutes les techniques du yin.
Ainsi, peu de temps après le début de son entraînement du soir, de la vapeur transpira de sa tête et son corps rayonna d’une lueur jade pâle. La lumière s’éleva lentement pour s’immobiliser devant sa poitrine. L’exercice dura toute la nuit et se prolongea durant la matinée ensoleillée. Lorsque Fuyao ouvrit de nouveau les yeux, l’après-midi brillait déjà. Elle fronça les sourcils et soupira. Elle bloquait à ce troisième niveau depuis six mois déjà, sans l’ombre d’une percée. Si elle continuait de stagner à ce stade, comment participerait-elle à la compétition de la Tortue noire ? Comment accomplirait-elle le « tu auras mal, tôt ou tard » ? Plus encore, son vœu le plus cher ne se réaliserait point sous peu, loin de là.
Se mordant les lèvres, Fuyao se leva. Vu l’heure, Jingchen était probablement déjà parti. Qu’il s’en allât n’était pas une mauvaise chose. Pour le moment, Fuyao ne souhaitait pas rester sur les lieux une seconde de plus. Elle rangea donc ses affaires et descendit la montagne à grands pas. À mi-chemin, elle traversa un vallon secret. Apparurent alors les édifices majestueux de la secte des cieux mystérieux, ornés de corniches et de dougongs.
Des clameurs lui parvinrent avant même qu’elle n’ait eu le temps de s’approcher.
— La secte des cieux mystérieux affirme être l’une des trois meilleures sectes de l’empire Taiyuan, vociféra un homme. Pourquoi n’y a-t-il même pas un seul disciple décent ?
S’ensuivirent la toux sèche et embarrassée du maître et les cris furieux des apprenti•e•s de la secte. Cette cacophonie inhabituelle augmenta lorsque les épées furent dégainées. Le front de Fuyao se plissa. Connaissant la passion que les cinq régions et les sept États portaient pour les arts martiaux et les duels que les sectes se lançaient régulièrement entre elles, elle était sûre à 80 % qu’une secte était venue les affronter.
Fuyao sortit quelques produits de cosmétique de sa tunique. En toute hâte, elle se défigura artificieusement le visage en utilisant le ruisseau avoisinant comme miroir. Jusqu’à présent, elle n’avait montré son apparence réelle qu’à Yan Jingchen.
Pour retrouver sa chambre, elle devait entrer dans le village et traverser l’arène de compétition. Spacieuse, magnifique et imposante, celle-ci était considérée comme l’une des meilleures arènes de Taiyuan. Elle n’était généralement pas utilisée pour les combats, aussi Fuyao pensait pouvoir rejoindre sa chambre sans problème. Cependant, ses yeux se plissèrent de choc lorsqu’elle franchit les portes de l’arène.
Cette dernière était pleine à craquer. Des centaines de personnes aux uniformes de couleurs diverses en occupaient tous les recoins. Plusieurs sectes seraient-elles venues défier simultanément la secte des cieux mystérieux ? Fuyao discerna même plusieurs hommes aux regards calmes et posés. Ils dégageaient une puissante énergie et une aura incomparable à celle du commun des mortels.
Excepté Yan Jingchen, tous les disciples de la secte de cieux mystérieux étaient présents et formaient un cercle. Ils présentaient des expressions prudentes et inquiètes. D’aucuns semblaient blessés : ils s’appuyaient sur leurs épées et crachaient du sang.
Il planait une atmosphère lourde et agitée.
Note de la traductrice
Voilà ! Moins de larmes et plus de sang. Nous finissons d’ailleurs sur une note un peu mystérieuse, tendue même. Ça sent un peu la bagarre dans l’air… Rendez-vous la semaine prochaine pour le chapitre prochain, intitulé « Face-à-face, épées dégainées » !
- Fuyao – Livre 1 Chapitre 11 - 14 octobre 2018
- Fuyao – Livre 1 Chapitre 10 - 7 octobre 2018
- Fuyao – Livre 1 Chapitre 9 - 30 septembre 2018
merci pour le chapitre
Merci pour ce chapitre et pour cette histoire que j’apprécie de plus en plus.
Donc si j’ai bien compris, la Fuyao était bien l’archéologue de la préface avec le tempérament de feu qui s’est retrouvée ensevelie et BOUM transfert dans un corps de gamine amnésique au cheveux noir de jais ( laissant sa somptueuse chevelure rousse 🙁 ? )
Tout le plaisir est pour moi !
Tout à fait. Il y a eu changement de corps et changement de monde (et une chevelure différente, hélas). La personnalité reste la même, heureusement !
merci pour cette éclaircissement je n’y étais pas du tout ahaha
Merci pour le chapitre ^^
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre .
merci pour le chapitre
merci pour le chapitre
MAIS MAIS NON ELLE PEUT PAS TOMBER AMOUREUSE D’UN ETRE VIVANT , moi qui croyais qu »elle était plus « nécrophile » .
Petite question , sa personalité n’a t-elle pas changé , elle est plus « calme » et plus « froide ».
Mrc du chapitre
Merci pour ce chapitre
Sa réaction face à la déclaration de son petit ami était fabuleuse.