Chapitre 154
Au début, la relation entre Viezda, Valenor et Lilinor était un peu étrange et tendue car elles ne se connaissaient pas bien mais au bout d’un certain temps, leur passion pour les échecs les rassembla et les poussa à devenir de plus en plus proches.
Je profitais de ces temps bénis. J’étais planté là, à regarder le ciel bleu tout en jetant d’occasionnels coups d’œil à mes trois princesses qui ramassaient maintenant le plateau après leurs parties. Soudain, la voix de Gaia me surprit une fois de plus, sortie de nulle part.
« Es-tu une espèce de tombeur, Johra ? Regarde à quel point ces femmes sont heureuses d’être à tes côtés. »
« Arrête ça, Gaia. Pourquoi es-tu là, cette fois ? »
Même si je pouvais déjà deviner la raison de sa présence, je désirais avant tout la narguer un peu.
« Huhu ! Te souviens-tu de la faveur qui concernait Melpomene ? »
« Bien entendu. Et comme tu possèdes le contrôle de tous les univers, ce ne doit pas être une tâche aisée, n’est-ce pas ? »
« Allez, tu peux facilement gérer ça, non ? Et puis, ça ne concerne pas uniquement Melpomene mais tous les humains sur Terre. »
« Quoi ? La Terre ? Metatron est impliqué dans tout ça, je présume ? »
« Il semble que Melpomene est née sur Terre et en même temps que toi, à peu de choses près. Mais comme tu le sais, la Terre est actuellement sous l’influence de Metatron. »
« Exact. »
« Metatron et moi sommes telles deux faces d’une même pièce. Nous ne pouvons pas vivre l’un et l’autre ensemble, c’est impossible. Sans même parler du fait que la Terre est comme son terrain de jeu favori. »
« Alors tu veux que je m’en occupe ? »
« Quelque chose comme ça. Je sais que vous possédez une sorte d’arrangement qui l’oblige à suivre le cours de l’Histoire mais tu sais quel terrible destin attend la Terre, alors… »
« Vais-je avoir le moindre problème à t’accorder ce service ? »
« Heh. Tu sais très bien toi-même à quel point tu es encore puissant. Crois-tu que nous sommes dupes ? Tu ne nous as pas transmis l’intégralité de tes pouvoirs, nous le voyons à travers toi. »
« Je vois. Donc, que dois-je accomplir en y retournant ? »
« Deux choses, en fait. La première, rentrer avec Melpomene. La seconde, sauver Gnoss. »
« G… Gnoss ? »
« Oui. Gnoss va devoir jouer un rôle important, il est destiné à se dresser contre Metatron. »
« Ugh ! C’est chiant, là ! »
« Je vais ajouter un paiement bonus, alors fais ça pour moi, s’il te plait. »
« Bien. Quand dois-je partir ? »
« Immédiatement. »
« Eh… Non, attends ! Gaia ! Je n’ai pas enc… »
Avant que je puisse terminer ma phrase, elle plaça sa main sur mon front et je fus projeté quelque part dans le passé.
« Cette pu… »
Tout en ouvrant les yeux, je me sentis coincé dans un endroit puant, la lumière filtrant loin au-dessus de ma tête.
« Par ici… ! »
Des voix me parvinrent, loin, tout en haut. Je me mis à crier en espérant qu’on puisse entendre ma propre voix. Et peu après, on me répondit.
« Eh, ça va, là en-bas ? »
« Un gosse vient de tomber ! »
Oh ? Suis-je retourné au moment exact où j’ai chuté dans cette bouche d’égouts ?
Je tentai de lancer quelques sorts magiques mais aucun ne fonctionna. Ma page de statut n’existait pas non plus et je ne pouvais pas m’envoler.
« Je suis là ! S’il vous plait, envoyez de l’aide ! »
Je criai en me rendant compte que je devenais de plus en plus anxieux, et pas à cause de ma chute. Au bout d’un moment, quelqu’un fit descendre une échelle de cordes et je pus m’en servir pour remonter à la surface.
Les jours qui suivirent, j’entendis des ragots et des informations concernant le gamin qui avait miraculeusement échappé à la mort après une chute pareille. Puis, comme le temps passait, l’incident fut oublié et je fus forcé de retourner à ma vie humaine tout ce qu’il y avait de plus classique.
Mes compétences ne fonctionnent toujours pas. Est-ce que ça aurait pu être un rêve ?
Je commençais à douter de mes propres souvenirs.
Après être retourné sur Terre, la relation avec mes parents s’était améliorée d’une façon drastique. Grâce à mes nombreuses expériences passées, je pus chaque jour leur exprimer mon affection de la plus franche des manières ; après tout, dans un autre univers, ils avaient perdu leur enfant d’une façon brutale et injuste.
Et deux ans s’écoulèrent rapidement.
Mes doutes devenaient de plus en plus réels et se transformaient en conviction. Je commençai à voir les points logiques dans ce qui devait être un rêve et ce qui ne collait pas dans ce qui aurait pu être une réalité. Un étrange rêve, oui.
Un jour, j’entendis un son étrange.
* Crzziiccc ! J… ra ! *
Ce que je venais de capter me faisait furieusement penser à la voix de Lena, de la même façon que lorsque j’étais revenu à la vie en tant que mendiant et que je l’avais entendue de façon occasionnelle. Cela faisait deux ans que je n’avais pas entendu le son de sa voix et ce que je pensais être un souvenir factice, une psychose peut-être, me frappa comme une balle de fusil.
« Lena ? »
Je me levai d’un seul coup tout en criant, au beau milieu de la salle de classe. Naturellement, je n’obtins aucune réponse et je fus envoyé dans le couloir en guise de punition.
De l’autre côté de la rue, en face de mon école se trouvait un autre établissement pour élèves en situation de difficulté. Je regardais de temps en temps dans cette direction, sans vraie raison. Cependant, cette fois, j’y vis un visage que je ne pus confondre.
« Ne me dis pas… Melpomene ?! »
Il n’existait plus aucune explication plausible. Je sentis ma tête tourner et ce dont j’avais eu du mal à me convaincre durant presque deux ans s’écroula d’un seul coup comme un château de sable balayé par la mer.
Le fait que j’ai pu entendre – ou imaginer – la voix de Lena restait discutable mais que je puisse voir une personne ressemblant trait pour trait à Melpomene dans une vie et à une époque à laquelle on m’avait envoyé pour la retrouver ne pouvait pas être une meilleure preuve que je ne devenais pas complètement fou !
Ignorant totalement ma punition, je me précipitai vers la sortie, accélérant comme un dératé afin de rejoindre cette autre école au plus vite. Malheureusement, un surveillant m’avait vu et m’arrêta avant que je puisse atteindre le portail.
« Espèce de fou ! Pourquoi cours-tu ainsi vers la sortie d’un seul coup ?! »
Le surveillant commença à me mettre des claques à plusieurs reprises mais je ne sentis même pas le picotement attendu, mon esprit totalement fixé sur Melpomene.
Depuis ce jour, j’attendis à la porte de cette école de l’autre côté de la rue, du matin jusqu’au début des cours puis à nouveau l’après-midi lorsque la classe était terminée. Et souvent, je me faisais attraper par ce surveillant qui me fit passer plus d’une fois en sanction disciplinaire. Mais à chaque fois, je lui répondais que j’attendais une élève qui étudiait là.
Ils tentèrent également de faire intervenir mes parents mais ils semblèrent croire que j’avais simplement trouvé mon premier amour et que je me montrais juste un peu obsédé, que ça me passerait.
Des mois passèrent de la sorte et je devais toujours la revoir. Peut-être qu’une personne normale aurait abandonné à ce point mais pas moi. Une part de ce qui me poussait ainsi était alimentée par le désir fourbe de prouver que mes souvenirs n’étaient pas qu’un rêve absurde.
Pluie, vent, j’attendais aux portes de cette école par tous les temps. J’observais les élèves entrer et sortir et je finis par connaître chacun de leurs visages.
Finalement, après six mois de stalking, on me donna la permission d’entrer pour fouiller les salles l’une après l’autre à la recherche de la personne qui m’obsédait tant. Mais malgré ça, je ne trouvai trace de Melpomene.
C’était prévisible, cela dit. Après tout, j’avais attendu devant cette porte pendant si longtemps, je connaissais tous les étudiants de cet établissement. C’était une impasse. Je me tenais là, devant la porte de l’une des salles de classe, frustré et vaincu. Quand la porte juste à côté s’ouvrit, une jeune femme qui devait être un professeur en sortit.
« Oh, tu dois être ce stalker dont tout le monde parle. Tu ne l’as toujours pas trouvée ? »
Je secouai la tête.
« Alors peut-être n’est-elle simplement pas à l’école actuellement. »
« J’ai attendu pendant six mois. »
« Ok… Alors laisse-moi vérifier les archives pour voir si une élève a été transférée pendant ce temps. As-tu un numéro de téléphone pour que je puisse te contacter ? »
Je retournai chez moi après lui avoir donné ce qu’elle demandait. Mes parents, voyant à quel point je déprimais, se contentèrent de croire que je m’étais fait jeter comme un malpropre après une première déclaration et me tapotèrent l’épaule pour me réconforter.
De retour dans ma chambre, je bondis sur le lit pour observer le plafond, complètement dégoûté.
« Au bout du compte, ce n’était qu’un rêve ?! La voix de Lena, Melpomene ?! »
Je tendis le bras pour frapper le mur de toutes mes forces avant d’essayer de m’endormir en vain.
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Merci pour le chap !!
Sa part en ****** c’est un bor***
Merci pour le chap
Merci pour le chapitre
Melpomene c’est qui ? je me souviens plus d’elle lol
Et merci pour le chapitre et les réponses a ma question
C’est la gamine aveugle qu’il a transformée en Thanatos en la tuant 100.000 fois.
L’esclave qui lui avait filé tous ses titres de pervers.
Run away ! It’s a trap!!!
Merci pour le chapitre !
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre !
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