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Chapitre 68

 

 

Shao Kang. Son premier partenaire de boisson et premier ami. Ami, l’était-il vraiment ? Shi Kun se posa la question sans y penser.

Il avait discuté de bon cœur avec lui alors qu’il n’était qu’un mendiant, l’avait invité à boire et avait même tout fait pour le faire accepter dans la guilde – bien que la chose s’avéra être un fiasco dans un premier temps et qu’il l’avait en réalité vendu sans le savoir à un patriarche tortionnaire qui ne voulait pas le laisser se reposer.

Mais il ne lui avait jamais parlé de ces fameuses techniques corporelles… Shi Kun doutait qu’il lui eut caché une information aussi importante volontairement ; après tout, ce n’était pas son rôle de lui enseigner les bases de la cultivation. Les anciens étaient là pour ça, le patriarche était là pour ça, et l’accès à un nombre conséquent de parchemins et talismans spirituels contenant une pléthore de connaissances permettait aux disciples de pratiquer une cultivation adaptée et fluide.

Shi Kun l’admit intérieurement, il savait tout ça et avait toujours jugé qu’il était trop fatigant et ennuyeux d’effectuer de telles recherches.

« Comment as-tu pu atteindre le quatrième niveau de la maîtrise du Qi sans avoir au préalable renforcé ton corps, Shi Kun ? » Shao Kang lui posa les mains sur les épaules d’une façon tragique, ne comprenant vraiment pas comment il avait pu traverser les tribulations récentes et en sortir intact. Non, les traverser, tout simplement ! Le quatrième niveau de la maîtrise du Qi était le premier auquel le corps de mortel n’était plus du tout adapté et le dantian refusait par défaut de contenir la quantité de Qi nécessaire à la percée. Au bout de plusieurs heures de souffrance, on finissait invariablement par abandonner, le dantian blessé. Pire, on pouvait se l’abîmer d’une telle façon qu’il ne pourrait plus jamais cultiver.

Il expliqua ses inquiétudes à Shi Kun et ce dernier fronça les sourcils. Si Shao Kang disait vrai, il ne comprenait alors pas non plus d’où pouvait venir la facilité relative qu’il avait eue : après tout, il n’avait pas percé automatiquement mais il ne lui avait pas non plus fallu fournir d’efforts au-delà de tout réalisme.

« Hmm… Mon dantian a toujours été handicapé. Un jour, pour une raison que j’ignore, il a guéri de lui-même. Peut-être dis-tu vrai, et a-t-il été blessé pendant la procédure ? Mais sa capacité de régénération naturelle, celle qui lui a permis de se reformer alors qu’il était handicapé depuis ma naissance, l’a empêché de se faire irrémédiablement détruire ? » Shi Kun supposa avec simplicité que son dantian était capable de se régénérer contre vents et marées et cela aurait pu expliquer pourquoi il avait réussi à percer sans avoir renforcé son corps.

Shao Kang secoua la tête.

« Peut-être dis-tu vrai mais ça n’a aucune importance. »

« Aucune importance ? Mais si je… » Shi Kun tenta de trouver une excuse déjà à moitié construite dans sa tête : s’il possédait un dantian capable de se régénérer ainsi, alors il n’avait aucun besoin de pratiquer une technique de plus. Renforcer son corps ? Plutôt souffrir pour percer, comme il l’avait fait pour le quatrième niveau de la maîtrise du Qi !

« Si je… ouf ! » Il fut coupé net par un coup de poing envoyé par Shao Kan directement dans le creux de son estomac. Il sentit le monde tourner, sa respiration bloquée et la lueur venant de l’intérieur de la maisonnette de Shao Kang se changea en des centaines de petits étoiles filantes.

Shi Kun tomba à genoux et vomit du sang.

Au bout de quelques instants, il toussota et reprit une profonde et bruyante inspiration ; levant les yeux vers son ami, il constata que ce dernier attendait simplement que ça aille mieux. Shi Kun se redressa sur ses pieds tant bien que mal, d’un geste flanchant.

« P… Keuf ! Pourquoi m’as-tu frappé ?! »

« Je ne suis pas beaucoup plus puissant que toi en terme de cultivation, désormais. » Shao Kang secoua la tête, dépité que Shi Kun n’ait pas compris par lui-même mais décidé à ne pas perdre de temps à le lui faire deviner. « Pourtant, un simple coup de poing, sans même utilise ma base de cultivation ou une quelconque technique, a réussi à te plier en deux de la sorte. Ne comprends-tu donc pas ? »

Shi Kun était paresseux, pas idiot. Il vit immédiatement où se situait le fin mot de l’histoire.

« Ton corps est plus puissant que le mien… Je… Je suis faible, physiquement ? » Shi Kun baissa les yeux, honteux de s’être fait rabaissé à ce point après avoir exprimé une fierté personnelle suite à sa percée récente si facile.

« Exactement. Tu ne l’as peut-être pas remarqué avant car les quelques premiers niveaux de la maîtrise du Qi ne présentent pas d’énorme différence mais tu peux commencer à le sentir, maintenant que ta base de cultivation a dépassé le niveau physique des mortels. N’est-ce pas ? Tu le sens ? Il faut que ton corps suive si tu ne veux pas, à l’avenir, te faire annihiler par le moindre geste d’un cultivateur qui aura pourtant ton niveau, ou qui sera même plus faible que toi ! »

Shi Kun comprit. Il acquiesçât un peu à contrecœur, parfaitement conscient que même si lui était de nature on ne pouvait plus pacifique, ce n’était pas le cas de la majorité des cultivateurs. Il ne comprenait pas pourquoi mais c’était un fait. Il allait fatalement se faire attaquer un jour ou l’autre, et peut-être par des ennemis animés des pires intentions.

« Il faut que je renforce mon corps, hein… ? » Shi Kun s’arracha les mots de la bouche. Il était venu pour ça en premier lieu mais après s’être rendu compte qu’il pouvait lui être possible de faire sans, apprendre et cultiver une nouvelle technique était devenu inutile et fatigant à ses yeux. Aussi se sentit-il obligé de fournir un gros effort pour admettre une telle nécessité en fin de compte.

« Oui. Tu vas devoir t’y mettre, tu as déjà du retard, tu sais ? On commence à cultiver ce genre de technique entre le deuxième et le troisième niveau de la maîtrise du Qi, normalement. » Shao Kan lui adressa un sourire navré, parfaitement conscient que Shi Kun voulait simplement vivre une vie paisible et qu’il n’allait pas pouvoir le faire. Un cultivateur ne peut pas vivre une vie tranquille.

Pour ça, il fallait être puissant, et pour être puissant, il fallait déjà avoir semé mort et désolation dans son sillage. C’était une vérité absolue, une loi naturelle et la force des choses.

« Il faut que je m’entraîne pour le tournoi auquel le patriarche va me forcer à participer. Je ne sais pas si j’ai le temps de cultiver une telle technique et de rattraper mon retard. » Shi Kun avoua quel était son problème actuel et se demandait s’il n’existait pas un raccourci, une méthode plus rapide pour parvenir à renforcer son corps.

« Il existe des centaines, peut-être des milliers de technique corporelles. Certaines sont puissantes, d’autres moins mais également plus accessibles, plus rapides à appréhender. Selon ton dao, selon ton caractère, tes envies, le temps dont tu disposes et ce dont tu es capable, il te faudra choisir une technique qui te correspond. Un tel choix peut parfois prendre plus de temps encore que la création d’un dao… » Shao Kang chercha à rassurer Shi Kun, qui commençait déjà à paniquer en l’entendant. Comment choisir ? « Si tu veux, je pourrais t’aider à faire ton choix. »

« Toi ? Tu voudrais m’aider à choisir ? C’est possible ? » Shi Kun fut agréablement surpris par la proposition et l’éventualité de cette possibilité. Si quelqu’un, spécialement son ami Shao Kang, pouvait décider à sa place, ça allait lui éviter bien des heures de recherche exténuante. « C’est vrai. Après tout, tu as déjà choisi, toi aussi. Tu sais donc de quoi il retourne. D’ailleurs, que cultives-tu comme technique corporelle ? »

Shi Kun se découvrit encore une fois une pointe de curiosité au fond des tripes. Shao Kang l’avait frappé une fois seulement et Shi Kun avait presque craché son estomac. Elle devait être puissante, sa technique !

« Je cultive la technique appelée ‘Les trois points du trigramme de roc’. Il s’agit d’un vrai renforcement physique brut qui me permet de devenir solide comme la pierre. En tant que garde et suivant le dao de la Porte, je suis parfaitement à l’aise avec cette technique. Elle est adaptée à ce que je fais et à qui je suis. »

« Je… Je vois. Je pense que cette technique ne me conviendrait pas. » Shi Kun n’était pas dupe. Elle était puissante physiquement mais pas faite pour lui. Aussi décida-t-il de s’en remettre totalement à Shao Kang, qui allait l’aider à trier et choisir puisque le patriarche n’était pas là pour ça.

Il aurait pu demander à un ancien, c’est vrai. Mais il n’avait que mauvais souvenirs et appréhensions en repensant à ce qu’auraient voulu faire ces mêmes anciens – l’esclavage, rien que ça ! Il était hors de question de les laisser décider quelle technique allait permettre à Shi Kun de renforcer son corps, à moins de vouloir leur permettre de le transformer en marionnette !

Pour l’instant, dormons. Tu auras besoin d’être en pleine forme pour apprendre cette technique. Ne le faisons pas ainsi, le soir. Tu pourrais démarrer de travers et cela te fournirait un handicap pour le restait de tes jours.

« Vu comme ça… » Shi Kun n’était que trop satisfait de pouvoir aller dormir. Cette proposition lui convenait tout à fait ; maintenant rassuré quant au fait qu’il allait pouvoir rapidement renforcer son corps, il pouvait s’en retourner sereinement vers sa cabane afin de passer la nuit, une fois de plus, le nez planté dans le ciel.

 

***

 

Le lendemain, le soleil n’était pas encore levé et Shi Kun entendit quelqu’un l’appeler alors qu’il n’était même pas encore à moitié éveillé.

« Hmm… Hein ? Quoi ? Où ça ? » marmonna-t-il en entrouvrant les yeux.

« Shi Kun ! Allez ! Il faut y aller, maintenant ! » Shao Kang était là, sur le chemin et appelait Shi Kun pour le faire émerger et sortir de chez lui.

« S… Si tôt ? »

« Je suis de garde en fin de journée. Nous ne pouvons pas perdre de temps. »

« Oh… Je vois. »

Déjà résigné, Shi Kun fit une grimace mais se leva lentement. Il s’étira et sortit aussitôt de son terrain pour rejoindre Shao Kang. Tous deux prirent la direction de la Pagode du Renforcement, une grande tour située quelque part dans un coin de la secte que Shi Kun n’avait pas encore visité.

L’accès à cette pagode était autorisé à tous les disciples, quel que fut leur base de cultivation. Après tout, on pouvait commencer à renforcer son corps très tôt et beaucoup le faisaient même avant de commencer à cultiver réellement.

« Entrons. Au rez-de-chaussée se situent des techniques accessibles pour tous les cultivateurs entre le premier et le troisième niveau de la maîtrise du Qi. »

« C’est ici que tu as appris la tienne ? » Shi Kun s’enquit, encore un peu douteux de l’utilité de tout ça.

« Tout à fait. Regarde. » Shao Kang s’approcha d’un mur, sur lequel était fixé une gigantesque bibliothèque et tapota l’un des petits casiers, pas plus grand que la paume de sa main. Une pierre spirituelle étrange en sortit.

« Un talisman ? » Shi Kun reconnut l’objet au premier coup d’œil.

« En effet. » Shao Kang hocha la tête et lui envoyant le talisman, que Shi Kun attrapa au vol. « Voici la technique des trois points du trigramme de roc. Envoie un peu de Qi à l’intérieur, tu sauras. »

Shi Kun fit ce qu’il lui demandait et aussitôt son Qi dans le talisman, un raz-de-marée d’informations déferla dans son esprit. Des choses qu’il sut instantanément, comme s’il les avait toujours connues. Ce savoir se dissipait déjà rapidement, comme si Shi Kun perdait la mémoire mais il pouvait comprendre la finalité de ce qu’il avait dans les mains.

« Je vois… De cette façon, on apprend tout ce qu’il faut savoir sur la technique, son histoire, ce qu’elle permet de faire et le genre de cultivateur qu’elle pourrait intéresser… Ta technique est rapide et efficace, je l’ai vu. Tu vas obtenir un corps puissant très rapidement ! »

« Oui. » acquiesçât Shao Kang. « Mais la puissance maximale qu’elle permet d’atteindre est limitée tu sais. Je vais devenir aussi solide qu’un roc, rapidement. Cela dit, un roc, ce n’est pas très solide et n’importe quel cultivateur puissant pourrait me briser comme un fétu de paille. »

« Mais alors… » Shi Kun protesta. « Pourquoi avoir choisi cette technique ? »

Shao Kang éclata de rire.

« Ha ha ha ! Tu ne sais vraiment rien sur le renforcement, n’est-ce pas ? Désolé… Je sais que tu ne sais rien, mais c’est une connaissance si basique que je suis toujours un peu choqué. En réalité, lorsque j’aurai atteint le pic de cette technique et que je ne pourrai plus progresser, je monterai au premier étage de la pagode pour en apprendre une autre, qui fera suite à celle-ci. »

« Une autre ? Ah ! Je comprends ! Plus haut se trouvent des techniques pour cultivateurs plus puissants, ayant maîtrisé ces techniques de base ! » Shi Kun réalisa rapidement le fonctionnement général de la Pagode et la façon dont on devait apprendre les techniques en succession logique.

« En effet. Tu as raison, mon ami. Ainsi, une fois solide comme un roc, peut-être trouverai-je là-haut un moyen de devenir aussi solide que le diamant ! » Shao Kang se surprit à rêver tout haut et secoua rapidement la tête. « Mais pour l’heure, nous sommes ici pour toi. Commençons à fouiller et cherchons le meilleur moyen de renforcer ton corps, celui qui te correspondra. »

Raka
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7 thoughts on “TheDAB : Chapitre 68

  1. Merci pour le chapitre
    Du coup il faut juste choisir la technique la plus rapide ? Est-ce qu’on perd la précédente quand on a une nouvelle ?

    1. La plus rapide n’est pas forcément la plus adaptée à la personne, à son dao. Et si c’est rapide, c’est peut-être moins efficace de base. Y a trop de paramètres pour être juste défini comme ça. Quant à la suite, tu verras 🙂

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