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Chapitre 222 – Je viens te chercher, maintenant 6/8

 

— C’est la Sainte Vierge ! La Sainte Vierge est là !

— Chargez ! Rompez tout ce qui bloque notre passage !

Les cris emplirent instantanément la calme région sacrée. Les Paladins résistèrent de leurs boucliers, de leurs lances, mais éprouvaient d’énormes difficultés pour ce faire même en des lieux où leur puissance était amplifiée.

Na Yuna posa les yeux sur les envahisseurs, puis sur les Paladins qui faisaient de leur mieux pour protéger ce dernier sanctuaire, la Sainte Vierge qui s’y trouvait, et le Pape. Elle ne parvint pas à lever le pied.

— …Je ne peux pas partir.

— Tu ne peux pas gâcher ton potentiel illimité ici, répliqua le Pape. Sauve-toi avec Hajin. Il te protègera.

— Je ne peux pas faire ça. Je suis la Sainte Vierge. Tant qu’il y a la moindre âme tentant de me protéger, je ne la quitterai pas.

— Non.

Peut-être que le Pape lui envoya un signal ? Kang Hajin quitta les rangs des Paladins et s’approcha.

— L’Eglise ne pourra survivre que si tu survis, dit-il. Voilà ce que dit sa Sainteté. Et nous voulons tous que l’Eglise survive.

— … !

Na Yuna tenta d’articuler, mais sa voix s’enraya au fond de sa gorge. Elle tenta de les formuler à nouveau, mais n’en eut pas le temps : un monstre géant, venu des airs au loin, se fracassa sur les Paladins.

— Kwaaaaaaaah !!!

— Du sang ! Hihihi ! Le sang des puissants !

— Tuez-les, piétinez-les tous ! Détruisez ce symbole arrogant de la déesse !

— La Sainte Vierge est juste devant nous ! J’accorde une nuit en sa compagnie à quiconque prouvera sa bravoure !

— Uoooooh !

L’armée ennemie, ragaillardie, poussa plus avant vers le cœur de la région sacrée. Trois d’entre eux avaient un niveau supérieur à 250 !

Les Paladins firent de leur mieux pour contrattaquer, mais c’était simplement impossible. Même avec la bénédiction de Na Yuna, il y avait un écart infranchissable entre eux et les ennemis.

— Yuna, pars avant qu’il ne soit trop tard ! cria le Pape tout en laissant ses pouvoirs divins déferler chaotiquement. De plus, Kang Hajin courut vers elle, comme s’il était prêt à faire usage de la force pour la faire coopérer. Mais si elle quittait les lieux, les Paladins allaient mourir, instantanément. Elle ne pouvait pas partir avec ça sur la conscience.

— Non, je ne veux pas… ! Je vivrai selon ma… !

— Ne veux-tu pas le revoir ? l’interrompit Kang Hajin. Pour ça, tu dois survivre !

Cette dernière remarque la fit fondre en larmes. Il venait de lui porter un coup trop personnel.

— Bien sûr ! Bien sûr que je veux le revoir… N’est-ce pas évident ?!

Elle serrait l’appareil de communication, comme un dernier rempart, comme la dernière chose qui la liait encore à lui. Elle savait que ça ne changerait rien, mais elle appuya malgré tout sur le bouton.

— Kgwaaaaaaaaah !

— Détruisez tout ! Voilà la réalité de la religion qui vous a dominés ! Elle est tragiquement faible et lâche ! Ceux-là même qui vous donnent des ordres ne sont que des pantins !

— Eeeeek, protégez la région sacrée ! Exterminez ces félons !

— Yuna !

— Dépêche-toi, nous n’avons pas de temps à perdre !

— Mais… !

Durant les trois années passées, elle avait voulu le revoir, un nombre incalculable de fois. Mais via l’appareil de communication qu’il lui avait donné, elle ne le pouvait pas plus qu’elle ne pouvait entendre sa voix.

Était-il en meilleure posture qu’elle ? Il se trouvait dans un monde qui avait chassé les humains, un monde qui n’était pas aussi avancé en termes de magie que Breya. Venir l’aider serait une lourde tâche, trop lourde peut-être ! Na Yuna ne voulait pas lui apporter d’ennuis, et elle n’avait jamais allumé l’appareil permettant de le contacter.

— Je veux tellement le revoir, mais qu’est-ce que ça change ?!

Ne serait-ce pas acceptable de l’appeler une toute dernière fois ?

Ne serait-ce pas acceptable de lui dire qu’il existait une femme, Na Yuna, qui ne l’oublierait jamais, et qui voudrait le revoir, jusqu’à ce que la mort l’emportât ? Yu Ilhan ne trouverait-il pas ça incroyablement adorable ?

— Mais quand bien même, je…

— Na Yuna !

Yu Ilhan se souviendrait définitivement. Alors même qu’il agirait comme si cela l’ennuierait, il conserverait Na Yuna quelque part au fond de son cœur.

Elle décida de le croire. Elle le croyait vraiment. Sinon, elle ne serait jamais capable de fermer les yeux et accepter son destin.

Elle fit un pas en avant, et hurla comme pour ébranler toute son hésitation.

— Je suis la Sainte Vi—

Et au moment où elle ouvrit la bouche, la couronne qu’elle portait brilla ardemment, comme si elle avait trouvé son propriétaire légitime après tout ce temps.

Le temple au centre, toute la région trembla, comme pour lui répondre.

— Krrrrr ?

— Résistance… Une puissance peu confortable… !

La puissance du temple et celle de Na Yuna se combinèrent pour submerger toute la région sacrée, qui finit par se trouver recouverte d’une aura rose.

— Comment… Tu n’es qu’un être de troisième classe… !

— Lady… Leytna ?

Kang Hajin et le Pape en perdirent la voix. L’armée qui avait fait irruption dans la région sacrée cessa de bouger, sous le choc également.

— Lady Leytna a…

— Aa, mais qu’est-ce que j’ai fait jusqu’à présent ?

Face à cette gigantesque montagne de puissance divine, qu’une personne seule était presque incapable d’émettre, tout le monde perdit l’envie de combattre.

Même les monstres se retirèrent, alors qu’y avait-il à dire de plus ? Na Yuna irradiait d’une aura et résonnait avec le temple même, et n’était dans son état actuel que très peu différente d’une déesse.

[Vous avez maîtrisé la compétence Contrôle de la Puissance Divine de Haut Niveau. La compétence peut évoluer selon des critères spécifiques.]

[Vous avez maîtrisé la compétence Bénédiction de Haut Niveau. La compétence peut évoluer selon des critères spécifiques.]

[Vous avez acquis le titre Maîtresse des Miracles. Toutes les compétences de nature divine gagnent 30% d’efficacité.]

Avec suffisamment de niveaux, elle aurait déjà gagné sa quatrième classe. Elle était la plus talentueuse de la Terre, si l’on excluait Yu Ilhan, et ce talent florissait de jour en jour.

— IL Y A TANT DE GENS QUI CROIENT ENCORE EN MOI. JE NE PEUX PAS FUIR !

Sa voix gronda comme un coup de tonnerre, portant avec elle une vague de puissance divine qui aida ses alliés et affaiblit ses ennemis.

— C’EST LA VIE QUE J’AI DECIDÉ DE MENER, ET RIEN NE ME FERA BATTRE EN RETRAITE !

La lumière s’intensifia. Les Paladins eurent l’impression que leurs corps venaient d’évoluer d’une classe complète. D’un autre côté, les ennemis ressentirent l’effet inverse. Aussi, les Paladins ne perdirent-ils pas une seconde pour profiter de l’opportunité pour se venger contre ceux qui avaient tenté de massacrer la région sacrée.

— Lady Leytna veille sur nous !

— La voix de la Vierge nous enveloppe tendrement. Qu’avons-nous à craindre ?! Nous sommes protégés par la vraie beauté !

Cette lueur ne durerait clairement pas longtemps. Et tout en le sachant, les Paladins levèrent une fois encore leurs armes en même temps que leur moral, et se mirent à défaire leurs ennemis une fois encore. Tout le monde brillait d’un éclat magique, et ils continueraient jusqu’au moment de leur trépas.

— Aaaah, aaaaaaah.

— Na Yuna, idiote…

Oui, qui pouvait arrêter Na Yuna, têtue comme elle l’était ? Ils auraient dû réaliser qu’une telle situation allait se produire dès le départ.

Kang Hajin se retourna, un sourire amer aux lèvres. Elle était toujours comme ça, une princesse qui ne se satisfaisait que de ce qui allait en son sens. Une gamine entêtée qui faisait ce qu’elle décidait, même si ça devait lui coûter la vie.

Et c’était pour ça qu’il l’aimait tant. Pour dire vrai, il avait failli tomber réellement amoureux d’elle à plusieurs occasions.

— Yu Ilhan que vas-tu faire pour ça ? murmura-t-il.

Tu vas le regretter, si tu laisses une telle femme mourir.

Kang Hajin secoua lentement la tête, ne donnant pas voix à ces mots qu’il voulait garder secrets. Il en appela ensuite au Pape, qui pleurait, les yeux posés sur sa disciple, sa Sainte Vierge. Na Yuna résonnait avec le temple et la région entière grâce à sa couronne.

— Votre Sainteté.

— …Oui. Puisqu’on en est arrivés là, nous n’avons plus d’autre choix. L’Eglise mourra avec nous.

— Je suis désolé qu’elle soit aussi têtue.

— C’est pour cette raison que je la trouve spéciale. Fufu, oui. Nous allons devoir brûler et briller de façon magnifique pour la toute dernière fois !

Elle s’avança, bâton à la main, et Kang Hajin leva à son tour épée et bouclier afin de protéger Na Yuna.

Il ne la laisserait pas mourir avant lui, c’était une certitude. Il était toujours l’idiot de la bande dans n’importe quel groupe, mais là, juste là, il devait montrer un côté cool à la Sainte Vierge avant de la quitter pour toujours. Comme un vrai Paladin !

— Ouah, ils sont tous si faibles ! cracha une voix féminine depuis les cieux.

Le destin ne voyait pas les choses du même œil que Kang Hajin.

— Ça me fait de la peine de sortir les miroirs pour ça, soupira un bâtiment volant dans les cieux. Puisqu’on en est arrivés là… Maître ! Je te choisis !

— Quoi ? Je ne suis pas un pokémon, duh. Je dois vraiment salir ma lancer contre ces faiblards ? Fais-le, toi.

— Oooh, Ilhan l’arrogant est de retour, si cool !

Au milieu de l’atmosphère rose de la région sacrée, la Forteresse Volante venait d’apparaître, de nulle part.

Le château projeta une ombre gigantesque sur le sol, suffisante pour attirer tous les regards. Et lorsqu’ils le firent, un objet apparut.

— Tch, encore un moment romantique avec une femme pendant que je nettoie le menu fretin… Je te déteste !

— Est-ce un miroir… ? Lança un soldat impérial. Mais pourquoi y a-t-il un miroir dans le ciel… ?

Lorsqu’une portion de son armée fut vaporisée, lui compris, il n’avait toujours pas saisi ce qu’il se passait.

— …C’était quoi, ça ?

— Mais qu’est-ce qu’il vient de se passer ?!

La scène était surréaliste, et personne ne put comprendre la tournure des évènements. Un miroir ? Qui avait tiré un laser ? Atomisé des centaines de soldats juste comme ça ? Même des mages de quatrième classe étaient incapables d’une telle prouesse !

— Ei. Eih !

Mais le fait qu’à chaque fois qu’il entendait la voix enjouée féminine qui résonnait dans les cieux, le miroir changeait d’orientation était également vrai. Le laser n’exterminait que les soldats impériaux ! L’armée impériale reprit ses esprits seulement après avoir perdu des dizaines de milliers d’hommes.

— C… Comment est-ce possible ?

— Retraite ! Annoncez la retraite de l’armée !

— Kwoaaaahhhhhh !

Le champ de bataille sombra dans le chaos, sans autre forme de procès. L’armée impériale s’éparpilla, se dispersa comme si tous leurs progrès dans l’invasion d’Elforce n’était qu’une illusion, un mensonge. Ils couraient dans tous les sens, animés par une seule pensée : ne pas se faire toucher pas le rayon du miroir.

— On me donne ce genre de travail même dans les autres mondes, râla Myste.

Et ce n’était pas fini. Myste avait récupéré son miroir une fois qu’elle eût constaté que le massacre n’était plus possible en masse.

— Kugh !

— Kagh !

Les attractions et autres machins et bidules qui composaient les jardins de la Forteresse semblèrent se séparer en plusieurs morceaux avant d’aiguiser leurs arrêtes en tombant sur les ennemis. Partout ? Non, uniquement sur les soldats impériaux. Il s’agissait d’une opération de tir de précision à grande échelle.

— Mais que… Mais que…

— Seule l’armée impériale se fait attaquer ! Est-ce une bénédiction de Lady Leytna ?

— Lady Leytna nous protège !

Les soldats d’Elforce, qui avait commencé à paniquer comme leurs ennemis, virent que les choses tournaient à leur avantage, et retrouvèrent leur calme. De plus, la puissance de Na Yuna les imprégnait toujours. Ils auraient cru quiconque leur aurait dit que la déesse en personne était descendue sous la forme d’un château volant !

— Ça ne peut pas arriver !

— Retraite, retraite !! Nous devons prévenir sa Majesté à tout prix !

— Non, alors, mes mérites vont… Eeek, il faut qu’on parvienne à abattre ce truc volant !

— Monstres ! C’est à vous de jouer ! Allez !!

Il y eut des tensions dans les échelons les plus élevés de l’armée. Certains voulaient préserver leurs forces survivantes, d’autres étaient aveuglés par les mérites de la victoire, et d’autres songèrent même à utiliser les monstres qu’ils avaient reçus de l’Armée du Démon de la Destruction ! Tout en se concertant dans une réunion au sommet, ils regardèrent leurs rangs s’amenuiser à vue d’œil.

— Kuhaaaaaaah !

— Ne bloquez pas le soleil ! Ne bloquez pas notre voie !

— De l’énergie ! Je peux sentir une énergie incroyable de là-haut !

Les monstres d’un niveau de 250 et plus se mirent en route. Ces monstres qui avaient fait trembler l’armée d’Elforce par leur simple existence. Les Paladins revigorés aux pouvoirs divins tentèrent de les bloquer en serrant les dents, mais les monstres ne tentèrent même pas de les affronter.

— Barrez-vous… BARREZ-VOUS DE MON CHAMP DE VISION ! hurla Myste.

— Kuooooooooh !

Les monstres bondirent, très haut. La Forteresse Volante ne volait pas si haut. Bénis sont les ignorants, comme on dit, et ils ne doutèrent pas une seule seconde de pouvoir faire chuter l’engin volant à l’aide d’une attaque combinée.

[Coup Critique.]

Cela dit, leurs corps explosèrent tous d’un seul mouvement au moment suivant. Sans le moindre signe, ils furent couverts d’une flamme d’un blanc brillant !

— Ouais, c’est facile, maintenant.

— Ça ne me dérange pas vraiment, mais n’est-ce pas un peu déplacé de jouer avec ça comme si c’était un marteau de tape-taupe ?

À l’endroit où les monstres avaient explosé se trouvait un homme. Na Yuna, qui n’avait pas quitté la Forteresse Volante des yeux depuis son apparition, le repéra immédiatement.

Il était grand, possédait des ailes métalliques et arborait un marteau que même un millier d’hommes musclés n’auraient pu soulever.

D’une main, bien sûr.

La flamme blanche qui brûlait à l’extrémité de l’arme était le témoin de la cause de la mort des monstres.

— Maître, pourquoi avoir annulé le Camouflage ?

— Tous les autres sont des idiots que je peux tuer en un coup, camouflé ou pas.

— Quelle arrogance.

Na Yuna confirma l’identité du nouvel arrivant en scrutant son visage. Elle vérifia alors qu’elle n’était sous aucune forme d’hallucination ou d’illusion, et décida de hurler de sa plus grosse voix.

— ILHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !!!

Celui qui avait traversé les dimensions pour venir la chercher. Au moment où il entendit sa voix, Yu Ilhan tourna la tête et croisa son regard. Sa voix, ni puissante ni faible, porta néanmoins, comme par magie, jusqu’à elle.

— Je suis là, Yuna.

Le cœur de la Sainte Vierge manqua un battement. Pourquoi ? Il avait l’air tellement plus séduisant qu’il l’avait été. Elle voulait lui dire tant de choses, tout ce qu’elle avait toujours prévu de lui annoncer si elle le revoyait un jour, et tout ça fut oublié en une seconde face à son visage.

Elle n’avait jamais eu ce caractère. Elle était spontanée, vive, mais réfléchie. Elle aurait dû réagir calmement, comme si elle avait toujours su qu’il viendrait la chercher… mais elle ne put rien dire, rien faire de plus, tant la paralysie l’avait prise.

— Et comme tu as déjà attendu si longtemps, continua Yu Ilhan, tu peux attendre encore un tout petit peu, hein ?

Après une réplique des plus cool, il leva son marteau. L’arme du désastre qui mesurait plus de cent mètres de diamètres. Les deux armées en présence ne purent esquisser le moindre mouvement sous la pression du marteau.

— On discute dès que j’ai nettoyé tout ça.

Une flamme blanche encore plus belle que la précédente naquit au sommet de son arme.

Un désastre qui allait s’abattre sur ces terres sacrées.

Raka
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