E : Il n’y a plus personne…
Chapitre 56 : Direction nord 3/4
C’est bel et bien un esprit libre…
Les yeux du Colonel et Baron Aaron Tate étaient portés sur le cavalier face à lui, qui semblait s’amuser comme un enfant.
« Hahaha ! Allez, fonce brave bête ! Rien de tel qu’un terrain dégagé comme celui-ci ! »
Il était venu à l’aube, accompagné d’un seul chevalier, fait surprenant pour un noble. Aaron Tate se voyait lui aussi comme quelqu’un de presque marginal, mais certainement rien à côté du Vicomte Reil Baker.
« Liam, tu chevauches comme une fillette ! C’est fou ce que tu es lent ! »
Le chevalier eut un rire et envoya un coup à sa monture pour la faire accélérer. Kévin l’avait spécialement choisi pour l’accompagner et ce non pas dans le but d’assurer sa protection, dont il n’avait aucunement besoin, mais dans l’idée de sauver les aspects. Il en allait de sa dignité.
Il n’a aucune dignité, il se fiche de tout ça… Mais bon, je lui ai promis…
« Vicomte, je sais que vous êtes de bonne humeur, mais tout de même… »
« Eh, oh, je vois le château ! Le dernier arrivé paie le petit déjeuner ! » s’exclama Reil sans même porter d’attention à ses paroles.
Il se coucha alors sur son cheval et partit comme une flèche. Tous le regardèrent un peu sidérés, du moins jusqu’à ce que Liam s’exprime.
« Il est sérieux, vous savez. »
Il partit à son tour à toute vitesse, laissant seuls Aaron et ses officiers pliés de rire. Les chevaux hennirent puissamment.
Rien de tel qu’une petite course matinale…
…
« Ouarf, j’ai trop mangé. Merci, Baron. »
« Vous m’en voyez ravi. »
Aaron Tate, dernier de la course, en avait dépensé toute sa monnaie. Ce n’était pas vraiment dans les usages, mais il appréciait beaucoup ce Reil Baker, aussi étrange soit-il. Voir un noble se moquer autant des formules d’obséquiosité était assez déroutant.
« Je suis quand même un peu déçu de n’avoir pu rencontrer l’Aspirant Major Roan. » lâcha-t-il en s’essuyant la bouche.
Il n’avait en effet appris la nouvelle de son départ qu’après le sien, et Roan ayant prévenu être absent pour trois mois au maximum, il avait encore un mois d’absence potentielle.
« Il peut revenir à tout moment, vous pourriez l’attendre. »
« Hmm, je ne peux pas quitter mes terres un mois durant. »
Il était absurde d’imaginer quelqu’un entouré d’un tel prestige attendre un mois durant un simple Major, mais Aaron Tate n’en était pas moins attristé.
« Je comprends. Dans ce cas, nous viendrons vous trouver dès son retour. »
« Voilà un excellent compromis ! En attendant, j’aimerais beaucoup voir le bataillon de la Rose. »
Reil Baker avait chevauché du château d’Ipen à celui de Beno sans même penser à prendre du repos, mais son excitation à l’idée de rencontrer les prodigieux soldats qui avaient combattu aux côtés de Roan était encore trop forte pour y penser maintenant. Il s’amusait trop pour se reposer.
« Alors dans ce cas, allons-y ! »
Aaron Tate l’invita à marcher à ses côtés jusqu’à atteindre le campement de la Rose, situé dans l’enceinte du château. Assez rapidement, quelque chose sembla perturber Reil Baker. Une espèce de sifflement lui parvenait en effet aux oreilles chaque fois qu’il dépassait un bâtiment, ce qui finit par attirer son attention. Il était d’ailleurs de toute évidence le seul à s’en inquiéter.
« Vicomte, où allez-vous ? C’est par ici ! » l’enjoignit le Colonel.
Ta gueule… D’où est-ce que ça vient… Par là, on dirait.
Il contourna un bâtiment et arriva sur une petite place déserte, sinon pour un jeune homme occupé à s’entraîner. Sa façon de faire était d’ailleurs étrange.
Ce n’est pas du tout ce qu’on enseigne dans le royaume…
Il s’abrita derrière un mur et l’observa en silence, rapidement rejoint par Aaron Tate qui comprit enfin de quoi il retournait. Le lancier s’entraînait avec détermination et avec la grâce d’un peinte impressionniste en pleine transe. C’était comme s’il dansait.
« Il est pas possible, ce type… » pensa tout haut Liam.
Tous semblaient assez surpris, aussi Reil Baker s’enquit-il immédiatement de son identité.
« C’est… Euhm… »
Aaron Tate se tourna vers ses suppléants, mais ceux-ci, loin de lui répondre, le fuirent du regard.
« Vous plaisantez ? Vous ne connaissez même pas l’identité d’un lancier aussi formidable ? » s’amusa Reil Baker.
Il sortit alors de son camouflage de fortune sous la forme d’un renfoncement de mur et vint le rejoindre.
« Eh, toi ! Qui es-tu ? »
Celui-ci s’arrêta d’un coup et se tourna vers lui, le regardant d’un air étrange avant de remarquer la présence du Colonel. Il s’inclina.
« Mon Colonel ! »
« Ah, réponds plutôt aux questions du Vicomte Reil Baker, soldat. »
« Mes excuses. Mon nom est Pierce, lancier de la douzième escouade du bataillon de la Rose ! »
« Ce n’est pas une technique employée par les lanciers du royaume, lui dit Reil en lui posant la main sur l’épaule, où as-tu appris à te battre comme ça ? »
Pierce, ne sachant plus où se mettre, chercha le regard du Colonel.
« Soldat, le Vicomte t’a posé une question. Réponds-y. »
« Ufff… C’est une technique que j’ai appris en dehors de la formation militaire. »
« En dehors ? De qui ? » s’étonna Reil Baker.
Il le savait, cette façon de combattre était efficace au point de rivaliser avec certaines techniques utilisant le mana. Qui avait bien pu lui apprendre une chose pareille ?
« C’est… C’est l’Aspirant Major Roan qui m’a appris. »
« Quoi ?! » s’écrièrent les voix de concert.
Roan était décidément plein de surprises. Reil Baker avait peine à croire qu’un homme de seulement 18 ans ait pu non seulement maîtriser une telle technique, mais aussi la transmettre à d’autres. Il fallait qu’il voie ça de ses propres yeux.
« Baron Tate… » commença à dire Reil Baker, l’air bien plus sérieux.
« Oui ? »
« Vous avez de quoi m’héberger pendant un mois ? »
« Euh… Oui, bien sûr. »
« Parfait. Soldat, votre nom est bien Pierce ? »
« Comment ? Oui. » répondit-il, un peu surpris de cette soudaine déférence.
« Venez, marchons un peu. Nous avons bien des choses à nous raconter. »
Roan, après son départ de Miller, avait marché jusqu’à atteindre la région est du royaume de Rins.
Plus que deux jours avant d’atteindre Slen…
Le vent d’été l’aurait sans doute empêché de progresser si rapidement sans l’anneau de Brent.
Plus j’y pense, plus je me dis qu’aucun humain n’a pu créer une telle chose.
Louis Brent était un magicien du sixième cercle. Ses capacités ne faisaient aucun doute, mais certainement pas au point de pouvoir créer un objet qui permettait même de rester sous l’eau. Certes, ce n’était que pour un temps étant donné la quantité de mana qu’utilisait cette capacité, mais que dire alors des facultés d’enregistrement de l’anneau ?
Ça aussi, ça en consomme beaucoup… Mais rien au monde ne permet de rejouer une scène qui s’est déjà produite.
L’anneau avait sans doute encore d’autres capacités, mais il ne les connaissait pas encore toutes. Il les découvrirait au fur et à mesure qu’il apprendrait à maîtriser le mana.
Je ne suis pas malheureux non plus de la larme de Kalian…
Roan avait en effet découvert, un peu par hasard, qu’en insufflant du mana au sein de cet artéfact, il pouvait voir les concentrations en mana contenues dans l’air. Si une telle fonction ne semblait à priori que d’un intérêt très limité, il en devinait parfaitement l’incroyable puissance.
Je vais pouvoir deviner les actions des gens avant même qu’ils ne les réalisent… Le mana se concentrera en un point qui me laissera tout le temps de réagir.
Le visage souriant, il réabsorba le mana et vit disparaître la vague d’énergie dorée de son champ visuel. Cependant, la capacité de focalisation de la larme de Kalian était encore active. Il s’apprêtait à l’annuler quand un détail dans le paysage lui fit perdre son sourire.
Qu’est-ce que…
Il en augmenta encore la faculté, voyant à plusieurs centaines de mètres comme s’il y avait le visage collé.
Des gobelins.
Une bande de gobelins portant des épées courait le long des plaines, les visages grimaçants.
Ils vont certainement attaquer le village.
Dans les campagnes, loin des places fortes, ce genre d’événements était assez fréquent. C’était la raison pour laquelle des gardes restaient systématiquement en poste aux abords des villages, mais leur faible nombre ne pouvait espérer repousser l’assaut de près de 200 monstres.
Roan n’y réfléchit pas à deux fois et s’élança à leur suite. La situation était trop dramatique pour l’ignorer.
« Empêchez-les de passer la barrière ! » ordonna Gut, Capitaine de la défense.
Il tira plusieurs flèches enflammées successivement au son des cris gobelins. Ses hommes en firent autant, mais leurs capacités étaient loin d’égaler les siennes. Leurs flèches vinrent se ficher dans le sol.
Putain ! C’est pour ça que je leur ai dit de s’entraîner ! C’était clair que ça allait nous tomber dessus, c’était trop calme !
La zone avait en effet connu une longue période de calme, sans qu’aucun village n’ait à signaler la moindre attaque. Gut s’était dès lors douté que les gobelins devaient préparer quelque sale coup, et leur grand nombre confirmait ses doutes. Ils s’étaient rassemblés.
On ne va jamais pouvoir les repousser…
Ils n’étaient que 30 gardes et une centaine d’hommes, paysans ou artisans, qui pouvaient éventuellement leur prêter main forte. Toutefois, ceux-là n’étaient armés que de faucilles et de pioches.
« Battez-vous jusqu’à la mort ! » hurla-t-il.
Les gobelins, de courte taille, avaient encore peine à passer les défenses, laissant aux gardes l’occasion de les frapper de leurs lances. Ils criaient pour se donner du courage, ignorant le caractère désespéré de leur position.
« Jetez-leur tout ce que vous trouvez, il ne faut pas qu’ils passent ! »
Quelques gobelins commencèrent à tomber sous les coups. Peut-être allaient-ils finalement sonner la retraite ? Certainement pas. Loin de ça, certains d’entre eux entreprirent de rassembler les corps en un point proche de la barrière. Leur marche pied était en place.
C’est alors qu’un gobelin de taille plus imposante que les autres, de toute évidence leur chef, poussa un cri puissant. Ses troupes y réagirent aussitôt.
« Oh, merde… Bloquez-les ! Empêchez-les de… Aaaah ! »
Les villageois eux-mêmes vinrent enfin prêter main forte aux soldats. Si seulement les troupes réclamées par Gut étaient là…
« Putain, battez-vous ! Battez-vous, s’ils passent, nos familles vont y rester ! »
C’est bientôt le métal qu’on entendit cingler, opposant aux épées bâtardes des armes de fortune et quelques rares lances. Malgré la détermination visible à leurs dents serrées, les hommes furent forcés de commencer à reculer.
Les gobelins s’apprêtaient à passer quand un sifflement venu d’assez loin vint perturber les gobelins occupés à passer, au point de les faire se retourner pour comprendre ce qu’il se passait. Ils virent tout d’abord une lance.
« Gyark ?! »
Les cheveux agités par le vent brûlant, c’était une véritable furie qui se dirigeait droit sur eux.
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Merci 🙂
Merci pour ce chapitre
merci
Je ne sais pas si vous regardez les scans de « Gobelinslayeur » mais je susi sure que à ce moment là , Roan était comme lui .
Mrc du chapitre.
nan, lui il aurait invoquée un ras de marée des abysse de l’océan, pas une petite lance 🙂
merci pour le chapitre ! ^^
Merci pour le chap
merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre et joyeux Noël!!!
merci =)
Merci pour ce chapitre
Merci pour le chapitre!!!
merci pour le chapitre