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Chapitre 226 – Réincarnation, amour perdu

Le son de la cithare traîna dans l’air, léger et doux, réveillant le cœur des gens comme un coup de tonnerre. Tous les auditeurs furent inconsciemment entraînés dans un monde merveilleux grâce à la musique.

Le cœur de Chu Yang était aussi calme que la surface d’un étang ; il observait calmement sa vie depuis une vue à la troisième personne. Il regarda ainsi des souvenirs déchirants, où la douleur le déchira en petits morceaux.

Le feu ravagea la Secte Au-Delà des Cieux lorsqu’il était adolescent. Meng Chaoran, dans sa robe blanche, se battait dans les flammes armées de sa longue épée ; il paraissait calme, mais également sans espoir… D’un coup de paume, il assomma son disciple et le cacha sous une pile de cadavres pour lui donner une chance de survivre.

Une fois sorti du charnier de la secte, il n’avait personne sur qui compter. Au début, il fit confiance dans les mauvaises personnes à cause de sa jeunesse et de son inexpérience, et faillit y perdre la vie… Il parvint cependant à survivre en fuyant. Il fut ainsi trompé et pourchassé à maintes reprises et à chaque fois, il dut trouver un moyen de survivre, ce qui le rendit peu à peu cruel, froid et insensible…

Il se retira loin dans les montagnes pour cultiver, alors que le Nuage de Fer était à ce moment pris dans les flammes de la guerre…

Il voyagea à travers tout le Jiang Hu en tuant et pillant et ainsi, il se retrouva à devenir un Vénérable à l’Épée Empoisonnée. C’était une voie sanglante, dans laquelle il laissait d’innombrables cadavres dans son sillon…

Il n’était pas cruel par nature ; il avait même été malade trois jours durant après son premier meurtre… Cependant, s’il ne tuait pas ces gens, ils le tueraient ! Le monde était grand, mais il le parcourait solitairement… Il suivait seul ce chemin sanglant lui permettant de survivre…

Un bon jour tragique, il découvrit une forêt de bambous violets, qui lui rappelèrent des souvenirs de son enfance. Par conséquent, il décida d’y passer un certain temps et contre toute attente, il y rencontra une femme vêtue de rouge… Quel genre de femme est-elle ? Elle est gracieuse, éblouissante et paraît fragile, mais elle cache une arrogance et une force… Elle est même assez sophistiquée et élégante.

Chacun de ses mouvements transpire la délicatesse…

C’est comme si un être divin se tenait devant moi…

Il se souvenait encore de cette conversation…

« … Puis-je vous demander votre nom, mademoiselle ? »

« Je m’appelle… Mo, Mo Qingwu… »

« Bien, c’est un très beau nom. »

« Vraiment ? » Les beaux yeux de la jeune femme se tintèrent subitement de mélancolie, et elle murmura : « Ma mère a dit, il y a longtemps… »

« Qu’a-t-elle dit ? »

« Ne laisse pas ton cœur danser doucement, ma fille… » (NdT Mo Qing Wu = ne danse pas doucement)

« Ne laisse pas ton cœur danser doucement, ma fille… » À ce moment, le jeune homme réfléchit et dit : « Votre mère tient beaucoup à vous.. »

Avec ‘Mo’ devant, le prénom de Qingwu avait une tout autre signification. Sa mère ne voulait pas que son cœur soit aussi faible qu’une douce danse… Si ton cœur est faible, tu le seras aussi et les gens te trahiront !

C’était son nom, mais également un conseil que sa mère lui donnait !

« … Quelle coïncidence que de vous trouver là dans cette forêt de bambous violets ! »

« J’aime les bambous violets… » La jeune femme sourit doucement pour cacher sa mélancolie. « Le violet était la couleur que j’aimais le plus enfant… C’est une couleur vraiment inoubliable… »

« Vraiment ? Ha ha, moi aussi. Enfant, j’ai grandi dans un endroit où il y avait des bambous violets… Puis les gens sont partis, et les bambous ont disparu également… »

Ils parlaient tous deux à voix basse, mais ça ne les empêcha pas d’entendre chez l’autre de la nostalgie et de la tristesse… Ils semblaient également éprouver une haine irréconciliable… Et ils comprirent que leur interlocuteur avait vécu bien des malheurs…

À l’époque, Chu Yang l’ignorait mais Mo Qingwu aimait les bambous violets, car ils lui rappelaient la flûte de jade violet de son second frère aîné…

« Tu es à nouveau venu, frère Chu Yang… »

« Tous ces moments passés me paraissent n’être qu’un rêve. Les bambous violets sont gravés en ma mémoire et lorsque je ne viens pas ici pour les voir, j’ai l’impression qu’il manque quelque chose à mon cœur… »

« Hmm, moi aussi… »

« Frère Chu, la prochaine fois que tu viens, si on se croise à nouveau… »

« Je t’écoute ? »

« Ah… Ce n’est rien… » La jeune femme sourit…

Le Fourbe ferma les yeux. Deux vies différentes séparées par une réincarnation… C’était comme s’il pouvait à nouveau voir le sourire de la Mo Qingwu de cette époque. Le vent soufflait dans les bambous violets, et les faisait plier en créant des vagues. Il faisait aussi voleter la robe rouge de la jeune femme, dont la beauté été inégalée.

Elle avait pour lui un sourire dépourvu de chagrin, qui avait une pointe de timidité et de douceur…

Qingwu… Tu sais, c’est ce sourire qui m’a conquis.

Malheureusement, je l’ignorais à ce moment…

« Qingwu, tu es là ? »

« Quelle coïncidence… »

« Hum… Aujourd’hui, c’est le jour du festival du double neuf ! (NdT 9 septembre, 9/9) Boiras-tu avec moi, Qingwu ? »

« Hum, bien sûr. »

« Frère Chu… Chu Yang… »

« Hm… »

« Frère Chu Yang, trouves-tu que ma danse est belle ? »

« Il faudrait que je la vois avant de me prononcer… »

« Ha ha, nous allons boire aujourd’hui et, avec les bambous violets comme témoins, je danserai pour toi. »

Le regard de Qingwu débordait alors de tendresse et de joie quand elle le regardait.

Ses habits rouges flottèrent doucement et à cet instant, Chu Yang eut l’impression qu’il n’y avait plus au monde que ce rouge délicat, et cette silhouette gracieuse qui semblait celle d’une fée volant vers la lune…

Le doux chant de la jeune femme résonna alors : « Une douce danse dans le brouillard ; nous regardons les bambous violets dans cet horizon désert ; une existence, une danse, l’appréciation d’un homme ; une existence, une danse, un pas dans la vie ! »

Le son de la cithare s’éleva lentement et serpenta partout quand soudain…

La musique se tut tout à coup, et le cœur de l’auditoire tomba avec !

À ce moment, le cœur de l’adolescent fut violemment secoué ; c’était comme si le destin s’inversait…

« Chu Yang… Ne pars pas… »

« Je dois aller venger mon maître et mes frères ; je dois y aller… »

« Chu Yang… »

« Chu Yang… Tu es si froid et cruel… »

« Reviendras-tu, Chu Yang ? »

« Je ne sais pas te dire… »

« Chu Yang, je t’ai enfin trouvé et tu es toujours… comme ça ? Reviens-moi, d’accord ? Peux-tu me revenir ? »

« … »

« Chu Yang… Je suis inquiète… Je me suis sentie très anxieuse ces derniers jours… »

« … »

« Chu Yang… Ton cœur est-il vraiment de pierre ? »

« … Mon cœur est mort depuis longtemps. » Il pensait alors aux ruines de sa secte, aux corps couvrant le sol, et à la haine profonde qu’il éprouvait… Il avait renoncé à l’amour, cultivait son art martial et ne pensait qu’à se venger !

Il ne se soucia pas de la douleur dans les yeux de la jeune femme, ou peut-être n’osa-t-il pas la remarquer…

Mo Qingwu, le cœur brisé, fit demi-tour et s’en alla.

Peu après, le Fourbe eut tout à coup le sentiment que quelque chose de terrible était arrivé, et il s’inquiéta davantage encore en repensant à la jeune femme qui venait de partir. Il eut l’impression de l’entendre appeler son nom encore et encore dans les ténèbres de la nuit…

« Chu Yang… Sauve-moi… »

« Chu Yang… Tu es trop cruel… »

« Chu Yang… Je veux te revoir… »

« Chu Yang… Tu me manques… »

En un éclair, Chu Yang se changea en une ombre mouvante à la poursuite de Qingwu. Il ne sut pas, sur le moment, pourquoi il s’était lancé à sa poursuite ou ce qu’il poursuivait…

Mais après une douzaine de kilomètres, il découvrit que la jeune femme était tombée dans une embuscade et souffrait de terribles blessures…

Le jeune homme sentit quelque chose exploser en lui et, presque sans raisons, il tua tous les assaillants…

Mo Qingwu reposa dans ses bras durant ses derniers instants, l’air aussi heureuse que désespérée…

« Chu Yang… Tu ne m’as pas tenue comme ça depuis longtemps. Je suis très heureuse… »

« Ne bouge pas… Laisse-moi voir tes blessures. Laisse-moi voir tes blessures… »

« Je n’ai pas mal, vraiment… »

« Chu Yang… S’il y a une autre vie après la mort et que je peux t’y voir, j’espère que tu me regarderas vraiment et t’apercevras que je suis plus belle qu’une épée… »

« Chu Yang, serre-moi fort, fort… Je, je veux… que tu me tiennes comme ça pour toujours… Chu Yang, je suis très satisfaite de pouvoir mourir dans tes bras… »

« Je ne regrette rien… après tout, j’ai pu te voir avant de mourir. »

« Si… il y a une autre vie… »

Son regard, plein d’espoir et de désir, s’éteignit à ce moment précis ! Son regard amoureux resta fixé sur le visage de son aimé, mais il avait perdu tout son éclat…

Ce regard amoureux était devenu éternel…

Chu Yang poussa un long soupir et s’aperçut que la musique de la cithare s’était tu il y a un moment déjà.

À ce moment, tout le monde dans la grande salle avait l’air solennel, soupirait, ou se retrouvait hébété et silencieux.

Gu Duxing, à côté de l’adolescent, avait les yeux humides. Il se souvenait de la personne qui avait dû payer un grand prix par sa faute… Gu Miaoling.

Tout le monde avait eu un ressenti différent. Ce morceau avait fait revivre au Fourbe la douleur de sa vie passée, mais les autres avaient éprouvé la frustration, la colère, la culpabilité, l’amour de toute cette vie…

Cette mélodie de la réincarnation avait agi comme une purification de leur destinée !

Quelle superbe mélodie… soupira Chu Yang en son for intérieur. « La maîtresse cithariste mérite vraiment sa réputation, mais il manque quelque chose à ce morceau… »

Il ne comprenait pas grand-chose à la musique mais dans sa vie passée, Mo Qingwu avait chanté et dansé sur de nombreuses mélodies, anciennes ou récentes. Ainsi, il apprit naturellement quelques petites choses musicalement parlant.

Bien qu’il soit loin d’être un génie sur ce sujet pour autant, il était le seul à avoir réellement compris cette mélodie de la réincarnation ! Car il était le seul à l’avoir vécue…

Quand on parle de réincarnation, on parle généralement d’au moins deux vies ; dans le cas contraire, ce n’est pas vraiment une réincarnation… Mais ce morceau ne lui avait rappelé que sa vie passée, et absolument pas l’actuelle !

Alors que son esprit s’apprêtait à passer à sa vie suivante, les cordes de la cithare s’étaient tues…

C’est pourquoi il pensait qu’il y manquait quelque chose.

La grande salle tout entière était plongée dans le silence, et on entendait juste les craquements subtils du bois dans la fournaise au centre de la pièce…

Un long moment plus tard, l’audience rompit le silence dans un tonnerre d’applaudissements..

La cithare fit deux bruits, comme si elle acceptait ces applaudissements.

La petite voix de la maîtresse cithariste résonna : « Jeune maître Chu, vous pouvez me poser trois questions sur le sujet de la musique. Si je ne peux y répondre, alors nous dînerons ensemble. »

Le jeune homme rit ; il avait réussi à retrouver son calme en un clin d’œil. « Qui oserait parler musique devant la maîtresse cithariste ? Cependant, j’ai quelques questions à vous poser au sujet du morceau que vous venez de jouer. »

« Oh ? » dit mademoiselle Xiao Lu avec un intérêt manifeste.

« La ‘mélodie de la réincarnation’ a frappé le cœur de tous, qu’ils soient riches ou pauvres, bons ou mauvais ! C’est la preuve de la maîtrise de votre art, mais… »

« Mais quoi ? » demanda la jeune femme.

« Mais cette mélodie ne paraît être que la moitié d’un morceau ! Pourquoi donc, mademoiselle Xiao Lu ? » demanda doucement l’adolescent.

Mademoiselle Xiao Lu, derrière son rideau, devint soudainement silencieuse et ne fit pas un son !

Wazouille
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14 thoughts on “DNC Chapitre 226

  1. Merci pour le chapitre
    A chaque fois que un chapitre de DNC est fini j’ai juste envie de connaître la suite et je déteste vraiment ça dans DNC !!!

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