Fuyao - Préface
Fuyao – Livre 1 Chapitre 2

Aloha~ Toujours en vie par cette chaleur caniculaire ? Vive la piscine, sérieux. Bref. Merci pour votre accueil chaleureux et ravie que cette touche de féminité vous plaise. Maintenant, c’est parti pour le premier livre de la saga ! Nouveau chapitre, nouveau monde, nouveau personnage. Bonne lecture.

Livre 1 – Le vent se lève à Taiyuan
Chapitre 1 – Dix-sept ans plus tard

— Le troisième.

Un pied sur la poitrine de la personne au-dessous, le coude sur le genou et le corps légèrement penché, Meng Fuyao examina minutieusement l’objet entre ses mains à la lumière des rayons de soleil que laissait passer le feuillage vert foncé de la forêt environnante. Il s’agissait d’un cachet hexagonal noir aux ornements simples et fascinants, ni en or ni en jade bien que la matière y ressemblât. Le coin en bas à droite, aiguisé tel un croc noir bleuâtre étincelant, était un peu plus large que les autres. Fuyao caressa légèrement le coin saillant du doigt, un sourire énigmatique sur les lèvres. Elle jeta le sceau plusieurs fois en l’air puis se mit à siffloter.

Alors qu’elle leva la tête, les rayons dorés du soleil encadrèrent les lignes gracieuses de sa mâchoire et le contour parfait de son joli visage. Ils dessinèrent son front blanc comme neige ; deux sourcils très élégants couronnaient une paire d’yeux noirs brillant d’un esprit téméraire et fougueux qui ne demandait qu’à sortir, telle une épée à double tranchant.

— Hé, c’est le sceau de commandement de l’empire du Fléau ! Quelle chance !

Fuyao s’épousseta les mains et rangea négligemment le sceau dans les plis de sa tunique. Se faisant, des tintements d’objets en jade se cognant les uns contre les autres se firent vaguement entendre. Après tout, la jeune femme avait déjà en sa possession deux autres talismans similaires mais de formes légèrement différentes et représentant d’autres nations. Au son des entrechoquements, Fuyao haussa les sourcils, le sourire aux lèvres. Lorsqu’elle réunirait les sceaux de commandement des cinq empires, elle pourrait alors…

— Fuyao !

Une voix s’éleva derrière elle : quelqu’un traversait le feuillage, bruissant les feuilles. Fuyao plissa les yeux et appuya du doigt un point d’acuponcture de la personne sous ses pieds avant de la jeter du pied dans le massif forestier.

— Jingchen.

C’était un beau jeune homme à la peau lisse et claire qui s’approchait jusqu’à s’arrêter à un mètre de Fuyao. Sa tunique verte et son aura dévoilaient le noble milieu dont il provenait. Son sourire doux et affectueux était aussi agréable qu’une brise de printemps. Il s’agissait de Yan Jingchen, le disciple le plus exceptionnel de la secte des cieux mystérieux et le noble prince du clan aristocratique Yanjing1, une famille riche, puissante et influente. C’était également le prince charmant dont rêvaient toutes les femmes de la secte.

— Tu es encore en train de jouer derrière la montagne, constata Yan Jingchen avec un sourire à la fois gentil et accusateur. Si tu ne t’entraînes pas assidûment, tu seras encore première à partir de la fin lors de la compétition d’arts martiaux de demain. C’est si agréable de se faire réprimander ?

— Ce n’est rien. Je m’y suis habituée après toutes ces défaites, déclara Fuyao un sourire imperturbable sur les lèvres et balayant les mèches de cheveux tombées sur son visage.

C’était avec insouciance qu’elle avait donné cette réponse habituelle, toujours la même à chaque fois que ce sujet était soulevé. Cependant, elle ne remarqua ni l’hésitation ni les difficultés contenues cette fois-ci dans les yeux de Jingchen. Son visage s’était même un peu fermé lorsqu’il avait entendu sa réponse. Il l’observa intensément un long moment.

— Fuyao, ne peux-tu pas faire plus d’efforts dans l’apprentissage des arts martiaux ? demanda-t-il d’une voix basse. Le continent des cinq régions sur lequel nous vivons prône la force. Ceux qui n’ont jamais pratiqué avancent dans la vie avec difficulté. Plus encore, ils sont méprisés par tous. N’as-tu jamais pensé à améliorer ta situation ? s’enquit-il. Même si ce n’est que pour moi ? ajouta-t-il après une pause.

Même si ce n’est que pour moi.

Le cœur de Fuyao fut quelque peu ému et elle plongea son regard dans celui de Jingchen. Elle y lut hésitation, inquiétude et douleur, ce qui la peina un peu. Subitement, elle se rendit compte qu’elle voyait de plus en plus souvent le regard déçu de Jingchen. Elle voulut alors lui confier le secret qu’elle avait profondément enfoui.

« Je ne suis pas incapable de maîtriser les arts martiaux. Je n’étudie pas la technique des cieux mystérieux parce qu’elle est en contradiction avec la méthode pour « fendre les neuf cieux » que m’a enseignée ma secte d’origine. Si on m’en laisse le temps, le jour viendra où je te ferai sourire de fierté plutôt que d’embarras comme c’est présentement le cas. Le ridicule dont je suis l’objet ne nuira plus à ton honneur. Je ne te compliquerai plus la vie » voulut-elle lui dire.

Toutefois… elle ne le pouvait pas.

« Tu ne dois jamais révéler les arts martiaux que tu as appris ici aux autres sectes » étaient les mots d’adieu de son ancien maître, des avertissements répétés qui résonnaient encore dans ses oreilles. Elle avait fait une promesse et devait l’honorer. De plus, Jingchen était fidèle à sa secte et obnubilé par les arts martiaux. Si elle lui dévoilait la vérité, le maître de la secte des cieux mystérieux la connaîtrait tôt ou tard.

Fuyao respira profondément et de ses yeux limpides et brillants, elle croisa le regard de Jingchen où la déception s’installa après un délai de réponse si long.

— Jingchen, je… J’ai déjà fait tout ce que je pouvais…

Yan Jingchen la fixa du regard. Après un silence interminable, il expira lentement. La réponse de la belle avait abruptement balayé l’inquiétude et la déception présentes dans ses yeux, laissant place à une impuissance résignée.

— Dans un an, la compétition de la Tortue noire2 se tiendra à Pan, la capitale de l’empire du Fléau, changea-t-il subitement de sujet. Elle rassemblera des pratiquants nobles provenant des sept nations. Leurs compétences en arts martiaux, en art de la guerre et en stratégie militaire seront mises à l’épreuve pour déterminer les sept compétiteurs les plus forts des sept nations. Les vainqueurs pourront alors commander les armées de leurs empires respectifs. Mon maître a dit que la secte des cieux mystérieux enverrait ma sœur d’armes Pei Yuan et moi pour la représenter. Demain, je pars devant pour retrouver mon clan et me préparer pour la confrontation, annonça-t-il à voix basse.

Derrière lui, le crépuscule au-delà des montagnes au loin traversait la forêt, parsemant Jingchen de faculae. Il apparut alors plus indistinct et plus lointain ; son expression devint difficile à déchiffrer. Le cœur de Fuyao vacilla.

— Vous deux êtes le tandem le plus remarquable de la secte des cieux mystérieux, constata-elle un sourire forcé aux lèvres. Le roi de Taiyuan vous a même surnommé les « épées jumelles de jade et de perle ». Qui d’autre que vous la secte pourrait-elle envoyer ?

— Fuyao, j’ai toujours espéré que ce titre ferait référence à toi et moi, déclara Jingchen d’un ton un peu étrange.

Le sourire de Fuyao devint encore plus forcé. Comment pouvait-elle ne pas espérer la même chose ? Quelle femme aussi magnanime fût-elle accepterait que son bien-aimé partageât un nom de couple avec une autre femme ? Surtout lorsque ce couple était largement considéré comme idéal !

Le soleil se couchait rapidement ; le vaste ciel précédemment rouge vif prit des teintes rouge pâle en un clin d’œil. Les derniers rayons de soleil brillèrent sur la silhouette trouble de Jingchen qui se tenait toujours à un mètre de Fuyao : il ne s’était pas rapproché du tout depuis le début de la conversation.

Un sentiment de panique surgit soudainement des tréfonds de Fuyao, dont le cœur se mit à battre de façon irrégulière. Cette forte impression de malaise l’exhorta à parler. Sinon… peut-être n’aurait-elle plus jamais l’opportunité de prononcer ces quelques mots.

— Jingchen, je voulais te dire…

— Fuyao, la coupa-t-il subitement. Je voulais te dire que mon clan m’a envoyé une lettre, annonça-t-il rapidement, comme s’il avait besoin de vider son sac avant de perdre courage.  Ma famille a proposé un mariage au clan Pei, qui a déjà accepté les cadeaux de mariage. Après la compétition de la Tortue noire… j’épouserai Pei Yuan.

Notes

1 « Yanjing » est aussi un ancien nom de Pékin : c’était la capitale de Yan, un État du nord-est de la Chine pendant la dynastie Zhou (XIe siècle av. l’ère commune).

2 真武 (Zhenwu) est un dieu taoïste. Son nom d’origine est 玄武 (Xuanwu). Il est plus connu sous le nom de Tortue noire du Nord, ou encore Guerrier noir. Peut-être le reconnaîtrez-vous même mieux sous son nom japonais : Genbu. Il s’agit de l’un des quatre animaux célestes du zodiaque chinois. Associé au nord et à l’hiver, il est représenté par une tortue (yin), autour de laquelle s’enroule un serpent (yang).

La légende de Fuyao - Chap 1 - Les animaux célestes
Les quatre animaux célestes du zodiaque chinois. Au nord, la Tortue noire du nord / Guerrier noir / Xuanwu / Genbu. À l’est, le Dragon azur / Qinglong / Seiryu. Au sud, l’Oiseau vermillon / Zhuque / Suzaku. À l’ouest, le Tigre blanc / Baihu / Byakko. (Source image)
Note de la traductrice

Voilà, c’était un petit démarrage en douceur. Si le cynisme de l’héroïne vous manque déjà, je vous donne rendez-vous dimanche prochain pour la suite de l’histoire. Pratique martiale et secte au prochain épisode !

Littleangele
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13 thoughts on “Fuyao – Livre 1 Chapitre 1

  1. Merci pour le chapitre ^^
    je dois avouer que je n’ai pas pu résister, j’ai commencé à regarder la série qui est très sympathique. j’ai vraiment hâte de lire la suite.
    Alors merci d’avance pour ce LN plein de fraîcheur ^^

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