Fuyao – Livre 1 Chapitre 5
Fuyao – Livre 1 Chapitre 7

Coucou ! Alors, cette première semaine de septembre, vous y survivez ? J’espère, car un nouveau chapitre vous attend ! Décidément, les péripéties s’enchaînent pour Fuyao à qui la vie ne fait pas de cadeau.

Livre 1 – Le vent se lève à Taiyuan
Chapitre 6 – Quel dommage

Pei Yuan se tenait depuis quelque temps déjà à l’entrée de la grotte et observait Meng Fuyao. Celle-ci était maigre et blafarde, à moitié cachée par la pénombre. Immobile, elle fixait d’un regard vide une scène lointaine. Devant cette Fuyao en transe, Pei Yuan toussa légèrement d’impatience. Lorsqu’elle entendit ce son, Fuyao tourna immédiatement la tête et la surprise la gagna.

Pei Yuan ? Que faisait-elle là en plein milieu de la nuit ?

Des questions naquirent dans sa tête, mais elle répugnait à quitter la merveilleuse scène qui l’avait captivée à l’instant. Elle ne put donc s’empêcher de rediriger ses yeux vers la falaise. Cependant, l’ombre dansante avait disparu. La déception et la frustration l’envahirent, mais le calme suivit immédiatement : c’était probablement un immortel qui pratiquait l’épée. Après tout, comment un mortel pourrait-il posséder une telle aura ?

Pei Yuan ne remarqua pas l’inattention de Fuyao. De toute manière, si elle s’en était aperçue, elle l’aurait attribuée à l’état catatonique et mourant de Fuyao. Pei Yuan leva la torche de papier qu’elle tenait entre ses mains pour mieux distinguer Fuyao et le choc se peignit sur son visage. Elle n’avait jamais examiné de près cette sœur d’arme et maintenant, à la lueur de la flamme, elle découvrait sa beauté : Fuyao était encore plus jolie qu’elle. Pei Yuan la fixa du regard, oubliant un temps la raison de sa venue.

Dehors, la lune brillait sur les feuilles vert foncé de la vaste forêt environnante. Le silence était omniprésent, jamais dérangé par un gazouillis d’oiseau ou par un chant d’insecte. Seul le vent bruissait occasionnellement l’herbe et les arbres. Ces fragments sonores peu perceptibles ne rendaient la forêt que plus sereine et impénétrable encore.

Le calme régnait en ces lieux déserts.

Pei Yuan étudia attentivement la jeune fille qui se trouvait à trois mètres devant elle. Le clair de lune dessinait les courbes de sa silhouette fine et gracieuse et son petit menton silhouetté par l’obscurité devint aussi exquis que du jade blanc chatoyant. Un malaise intense prit subitement place dans le cœur de Pei Yuan.

Elle aimait le frère Yan depuis bien longtemps déjà. Les autres ignoraient peut-être la relation entre Fuyao à Jingchen, mais elle en avait discerné des signes. Elle ne comprenait pas pourquoi Jingchen s’était épris de cette fille laide et sans talent, mais elle ne s’en était pas formalisée. Après tout, Pei Yuan combinait beauté, talent, statut et matière grise. De toutes les mortelles, qui pourrait la surpasser ? Frère Yan était un homme intelligent, il ne pouvait ignorer que l’épouser impulserait prodigieusement sa carrière. De plus, qui d’autre qu’elle était digne d’accompagner son excellence ? Comme elle s’y attendait, le clan Yan avait proposé un mariage et sans surprise, Jingchen l’avait choisie elle. Quand un homme possédait tant de choix, pourquoi n’opterait-il pas pour le meilleur ?

Cependant, cette fille n’était étonnamment pas une bonne à rien. Par ailleurs, elle était d’une beauté stupéfiante. Pei Yuan la ressentit alors comme une menace inattendue à l’encontre du bonheur futur et parfait auquel elle se destinait. Comment lui permettrait-elle de détruire la voie éclatante qu’elle s’était tracée ? Pei Yuan ne tolérerait pas le danger que Fuyao représentait, aussi infime fût-il.

— Meng Fuyao, va-t’en. Pars et ne reviens jamais, ordonna-t-elle les yeux sombres, mais le sourire aux lèvres.

Fuyao releva la tête et lui jeta un regard ahuri. Pei Yuan la regardait avec méfiance et condescendance.

—  Tu sais vraisemblablement que Jingchen et moi sommes liés par un contrat de mariage. Si les coutumes traditionnelles ne m’avaient pas entravée, je l’aurais accompagné à Yanjing. Meng Fuyao, Jingchen deviendra mon époux sous peu. J’espère que tu ne réapparaîtras jamais devant lui à l’avenir, déclara Pei Yuan d’un ton arrogant.

— Parfait, on est sur la même longueur d’onde, rit Fuyao.

— J’espère que tu ne dis pas ça juste par fierté et que tu le penses vraiment. Puisque tu ne veux pas le voir non plus, fais-moi une faveur : éloigne-toi et ne le harcèle plus, somma-t-elle avec mépris.

Pei Yuan s’accroupit et s’apprêta à libérer Fuyao de ses chaînes. Cependant, elle crocheta discrètement du bout du doigt une roche protubérant du sol.

— Sœur Pei Yuan !

Un appel lointain et soudain s’éleva de derrière Pei Yuan. Elle retira alors son doigt et tourna la tête. Le 4e disciple de la secte, chargé de surveiller Fuyao, approchait à grands pas. Surprise, Pei Yuan fit volte-face et ce faisant, son bracelet en diamant s’accrocha à son insu à la manche de Fuyao. Avec un bruit de déchirure, un bout de la manche de Fuyao fut lacéré, dévoilant son bras doux et pâle.  Pei Yuan laissa échappa un petit cri.

— Quatrième frère, ne t’approche pas, détourne le regard, nous sommes indécentes.

Ledit disciple plissa les yeux et s’arrêta docilement.

— Chère sœur d’armes, j’ai entendu dire que des invités importants allaient bientôt arriver, annonça-t-il avec le sourire. Le maître te demande de les accueillir.

— Le grand précepteur de l’Empire éternel arrive enfin ? C’est le maître de Sa Majesté le prince héritier Wuji. Si j’ai la chance de lui présenter mes hommages, je pourrai peut-être aussi apercevoir la grâce légendaire de l’incomparable prince héritier, s’extasia Pei Yuan tout excitée, avant de réfléchir un instant. Ma sœur, tes vêtements sont débraillés, ajouta-t-elle à l’attention de Fuyao. Le vent souffle fort dans ces montagnes, il ne faudrait pas que tu t’enrhumes.

Dans le même temps, Pei Yuan s’était accroupie, puis s’était délestée de sa cape rouge qu’elle enveloppa ensuite autour du bras dénudé de Fuyao. Puis elle glissa soudainement et furtivement sa main sous le tissu qu’elle venait de poser et atteignit la peau de Fuyao. Lorsque cette dernière ressentit les doigts glacés de Pei Yuan, elle releva la tête. Elle vit alors Pei Yuan la dominer, son large sourire de tantôt disparu et le regard empli de malveillance.

— Tu oses dérober les gens qui m’appartiennent ? murmura Pei Yuan à voix basse.

La stupéfaction peignit les traits de Fuyao, mais elle n’eut pas le temps de répondre : les doigts qui avaient agrippé son bras passèrent à l‘acte. En une fraction de seconde, ils donnèrent des petits coups sur plusieurs points d’acuponcture majeurs de son bras droit. Ainsi, Fuyao sentit une moitié de son corps se paralyser.

— Ah ! Sœur Fuyao, que fais-tu ? s’exclama immédiatement Pei Yuan, faussement choquée. Pourquoi y a-t-il une dague cachée dans ta manche ? Ah !

Elle s’adonnait à un spectacle solo alors que ses mains mouvaient sous la cape. Celle-ci s’agitant violemment, cela donnait l’impression que deux personnes se livraient un combat à mains nues. Le 4e disciple s’approcha avec méfiance. Il pencha la tête, mais ne distingua rien du tout.

Enfin, Pei Yuan pensa que le petit numéro avait duré assez longtemps. Ses yeux brillèrent d’une intention meurtrière et son doigt prit la forme d’un crochet. Subitement, un mur étanche de pierres se trouvant derrière Fuyao se déplaça, révélant un précipice secret. Immédiatement, Pei Yuan poussa férocement Fuyao de ses deux mains, sans aucune hésitation ! Dans un vacarme tonitruant, le corps humain glissa et Fuyao chuta sans même avoir eu le temps de crier.

Sous la falaise, les cailloux et les roches brisées roulaient puis tombaient dans le gouffre, produisant un chahut qui dura un long moment. Sur la montagne, un vent solitaire soufflait.

Le 4e disciple, qui se tenait à trois mètres de la scène, fixait le dos de Pei Yuan ; ses yeux écarquillés étaient proie à diverses émotions fluctuantes. Quant à la jeune fille, elle pivota avec grâce et élégance, la cape rouge volant et flottant comme les nuages colorés de l’aube. Sa main couvrit sa bouche et Pei Yuan ouvrit grand ses beaux yeux. Elle laissa échapper une exclamation choquée, en retard et dépourvue de toute consternation.

— Ah ! Je devrais vraiment être punie ! Je n’ai pas réussi à rattraper la prisonnière. Fuyao, elle est… tombée. Ah ! Je lui ai généreusement donné ma cape, mais elle en a profité pour conspirer contre moi, déplora-t-elle en fronçant les sourcils. Ce… Qu’aurais-je pu faire !

— Vraiment…, commenta le frère d’armes les yeux rivés sur Pei Yuan. Dans ce cas, elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même.

Il s’approcha du précipice et balaya la chute abrupte de son regard : elle baignait dans l’obscurité et il ne put rien distinguer.

— Quel dommage, cette falaise est si escarpée…, murmura le disciple en secouant la tête.

Pei Yuan esquissa un demi-sourire et le regarda sans mot dire.

— Cela dit, je m’inquiète plus pour toi. Est-ce que tu es blessée ?

Pei Yuan répondit par la négative. Son sourire dans la pénombre était telles des fleurs printanières. Elle tourna ses yeux vers le fond du précipice et prit la parole d’un ton léger, comme si elle chantait, le son se dissipant avec le vent de cette nuit noire.

— Quel dommage.

Note de la traductrice

Eh bien, la vie de Fuyao n’est vraiment pas de tout repos… et l’auteure semble aimer les fins de chapitre à suspens ! La suite au prochain épisode~

Littleangele
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