LVL1S : Chapitre 54
LVL1S : Chapitre 56

Chapitre 55

 

« Noc, sais-tu qui t’a invoqué en ce monde ? »

« Je n’en ai aucune idée. »

J’avais précédemment appris de la Ligue des Réincarnés que Soleste avait été le premier à être invoqué dans ce monde. J’étais curieux et je voulais savoir de qui était-ce l’œuvre même si je ne m’attendais pas à grand-chose.

« Pourquoi n’as-tu invoqué personne d’autre ? »

« Une fois que quelqu’un est invoqué ici, il ne peut pas retourner dans son monde natal. Je me disais que de nombreuses personnes ne le désireraient pas, et de ce fait, ça échouerait la plupart du temps. »

« Pourquoi donc ? »

« Quand je tente d’invoquer quelqu’un, je communique avec son esprit. J’ai besoin de leur permission si je ne veux pas que les chances de réussite soient quasi-nulles. Et je ne peux le faire qu’une fois par an. »

« En était-il de même pour Lorina ? »

« Exact. »

« Et moi, dans ce cas, je suis dans le même cas ? »

« Si je m’en souviens bien, oui. »

Je n’avais aucun souvenir d’avoir fait face à un tel évènement et je me demandais si j’avais réellement eu une conversation avec Soleste.

« De quoi avons-nous parlé ? »

« C’était assez simple. Je t’ai dit que j’allais t’invoquer et je t’ai demandé quel était ton avis sur la question. Tu m’as alors demandé si tu pourrais échapper aux ténèbres. Quand je t’ai dit que c’était possible, tu as immédiatement accepté. Ton âme a quitté la dimension précédente, emplie de ténèbres et de solitude, où elle avait été scellée. »

Après cette explication, je connaissais plus ou moins la suite. J’étais entré dans le corps d’un soldat squelette et avais regagné ma conscience.

« Alors, ça signifie que quand tu invoques quelqu’un, tu as besoin d’avoir un corps préparé à l’avance ? »

« Oui, je t’ai personnellement invoqué dans un corps en état de mort cérébrale. »

« … Il était plus qu’en mort cérébrale, celui-là… Mais alors, qu’arrive-t-il à nos corps précédents ? »

« Je crois qu’ils meurent, simplement. »

« Suis-je vraiment mort, sur Terre ? Moi qui pensait avoir simplement migré… »

Noc me regarda en silence. Même si j’avais enfin appris pourquoi mon esprit avait été réclamé dans ce monde, je n’en montrai pas pour autant d’émotion spécifique.

« Compris. Si j’ai besoin d’en apprendre d’avantage au sujet de l’invocation, je t’appellerai. Où vas-tu résider, désormais ? »

« Je préfère rester ici. Si tu as besoin de ma présence, appelle. J’arriverai aussitôt. »

Il comprenait qu’un Archiliche dans une grande ville ne serait qu’une gêne pour moi. Évidemment, c’était encore plus vrai pour une Demi-Liche telle que moi, mais je restais isolé en haut de ma tour. Après lui avoir accordé la permission de rester dans sa crypte, je retournai à mon observatoire et y restai avec Valenor.

« Ho ho, Lorina semble être en train de souffrir en ce moment. »

« Allez, Johra, je veux aussi la voir souffrir ! Je la déteste et je veux la voir souffrir ! »

Je continuai d’observer Lorina se démener contre le mage squelette que j’avais lâché à ses trousses. Elle se battait depuis tout ce temps sans relâche et sans se fatiguer. Elle ne l’attaquait que pour une courte période avant de s’enfuir parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait pas le battre. Elle faisait ça depuis que j’étais parti.

Je voudrais vraiment une fonction enregistrement… Si seulement je pouvais revoir ces scènes encore et encore ! Comparé à elle, même moi, j’étais chanceux d’être né dans ces catacombes.

Le tourment de Lorina était sans fin même si elle possédait un corps de mort-vivant et n’avait pas plus besoin de repos que de nourriture ou d’eau. Cela dit, on ne pouvait pas en dire autant de son état mental. L’idée même d’être constamment poursuivie par un monstre de plus haut niveau était éreintant psychologiquement ; c’était la torture parfaite qui pouvait se prolonger pour l’éternité si elle ne parvenait pas à s’améliorer rapidement.

Naturellement, la solution la plus simple était de se retourner et de le combattre. Même si elle en mourait, ce serait une réponse agréable à cette torture sans fin. Mais je la connaissais bien désormais, j’avais compris l’étendue de sa fierté et de son désir de vengeance, deux sentiments qui allaient la pousser à ne jamais abandonner tant qu’elle avait une chance. Et ce simple fait m’offrait une distraction des plus agréables durant mon ennui mortel.

Elle se mit à réfléchir à son propre comportement, réalisant finalement qu’elle avait provoqué la mort de ses collègues.

Son état mental était actuellement des plus instables et elle en était incapable de mettre les choses au clair. La solution qu’elle avait trouvée était la plus simple, la plus évidente, tous les problèmes de sa vie étaient causés par ce satané squelette… Ha ha. Elle se concentrait uniquement sur la vengeance.

Elle ne se rendait pas compte à quel point ce comportement ne lui était pas bénéfique, et qu’elle était désormais à deux doigts de sombrer dans les ténèbres. Je pouvais sentir ces petits changements parce que je savais tout à propos d’elle.

Elle penche définitivement vers le mauvais côté. Était-ce simplement de la chance lorsque je n’ai pas fait de même ?

Non, Johra, c’est un choix. Tu as toujours eu le contrôle.

Peut-être, Gnoss, mais je sens aussi que la chance a eu son rôle à jouer.

Je devais admettre que même si Gnoss en avait dit autant à mon sujet, j’avais à plusieurs reprises été tenté par le mauvais côté.

« Bon… C’est hypothétique, maintenant. On ne saura jamais. »

Valenor me lança un regard inquisiteur, mais je continuai de simplement lui caresser les cheveux du dos de la main.

La Necropolis actuelle était une cité vivante et vibrante. Les créatures précédemment persécutées et chassées par les humains s’étaient rassemblées et avaient créé une métropole qui représentait la source d’envie du monde entier.

Seigneur, il y a des rumeurs en ville, vous pourriez être intéressé.

Ah ? Parle, Alpeon.

J’avais ordonné à Alpeon d’organiser un réseau d’espionnage aux quatre coins du continent et de rassembler un maximum d’informations utiles, mais c’était le tout premier rapport qu’elle me rendait.

Ces rumeurs concernent les Elfes qui ont perdu la guerre.

Oh, intéressant. Et que se passe-t-il avec ces Elfes ?

Les humains ont commencé à les chasser et ils sont maintenant vendus comme esclaves. Ils sont traités comme une espèce inférieure et stupide, juste parce qu’ils ont un jour osé attaquer Necropolis.

J’étais excité par la nouvelle. Les Elfes étaient repartis impunis après m’avoir trahi et j’étais toujours indécis quant à aller les punir moi-même ou non.

Seigneur, devons-nous accepter les cadeaux des nobles ?

Des cadeaux ?

En effet, à la suite de votre incroyable victoire sur le Golem de Destruction, les royaumes ont décidé de réduire en esclavage les ennemis de Necropolis et de vous les présenter comme un présent.

J’étais effectivement très intéressé par l’éventualité de posséder des esclaves Elfes, parce qu’ils étaient une race qui m’avait trahi et que j’estimais que leur enchaînement était justifié.

Bien. Crée donc un abri pour stocker tous ces esclaves.

Devons-nous les traiter comme du bétail ?

En effet. L’hospitalité que nous allons leur offrir se limitera à ça.

L’architecture de Necropolis était sublime, emplie de pièces d’œuvre finement fabriquées par les Nains. Il fut décidé que les esclaves seraient logés dans un enclos somme toute très peu différent d’un poulailler et comme cela ruinerait l’image de la ville, nous allions le placer en périphérie.

Alpeon, fais construire une arène de gladiateurs, aussi.

C’était en réalité une suggestion de Valenor. Elle avait fait mention du fait que même si nous vivions tous en harmonie, la plupart des habitants de Necropolis étaient des créatures possédant une nature violente et une soif de sang naturelle. Des périodes de paix trop longues n’étaient pas envisageables et ils avaient besoin de quelque chose pour relâcher la pression.

Je ferai ainsi, mon Roi.

Des gladiateurs seraient les bienvenus et deviendraient une nouvelle attraction pour la ville. Et puis, les pertes en terme de vie n’étaient pas un problème maintenant que je possédais une compétence de résurrection.

Je lui avais demandé une simple arène de gladiateurs, mais après avoir consulté les têtes des autres départements, ils en construisirent cinq, et pas des plus petits. Ils étaient aussi grands que le grand Colisée de Rome.

Ce fut une idée des Gnomes, qui les classèrent dans un ordre de difficulté en leur attribuant un emploi du temps précis, attirant les touristes par la même occasion. De grandes auberges firent leur apparition, accompagnées de restaurants pour gourmets et pressés et remplissant rapidement les espaces entourant les nouveaux colisées. La périphérie de la ville où tout se passait devint très vite un nid à touriste, jour après jour.

Necropolis était jadis une ville centrée sur la production, mais après l’arrivée providentielle de ces bâtiments où pouvait se soulager la tension quotidienne, devint également une énorme ville touristique. Les gens s’y rendaient des quatre coins du continent afin d’y assister à des combats programmés, et des guerriers aspirant à la gloire et à la notoriété allant de pair avec la fortune s’amassaient là, tentant tant bien que mal de s’y faire un nom.

« Ouah, c’est tellement peuplé, d’un seul coup. »

« Johra, je dois aller tous les brûler ? »

« Pas besoin. Alpeon se fâcherait, non ? »

« Je me contenterai d’ordonner à Alpeon de gérer les retombées. »

« Même si c’est un peu surpeuplé, c’est tout de même amusant de regarder les gladiateurs se battre. »

L’endroit possédant le plus haut rang s’appelait Necroforge. Le nom était tiré de toutes ces batailles intenses et bouillantes qui étaient menées là et seuls les plus forts et les plus talentueux guerriers avaient le privilège de le fouler du pied. Les combats qui s’y déroulaient étaient toujours les plus populaires, mais peu avaient l’occasion de s’y montrer face au public. Des Nobles de tous les royaumes se présentaient afin d’acheter les sièges les plus proches des combattants et je me joignais à tout ça de temps en temps.

« Je trouve ça marrant de te voir te battre avec ton Avatar. Je peux, moi aussi ? »

Valenor était incapable de se contrôler, si elle se mettait à massacrer les pauvres gladiateurs, elle était sûre de se trouver déçue ; sans parler du fait que je n’étais même pas sûr de trouver encore quelque chose à ressusciter. Ce serait une catastrophe.

« Ok, mais seulement de temps en temps et assure-toi de réduire ta force au maximum. »

Même si j’étais réticent à l’idée même de la laisser se battre ainsi, je ne pouvais pas non plus la rejeter de but en blanc.

Si quelqu’un mourrait, je devrais le ramener à la vie. Et si ça arrivait trop souvent, ma compétence de résurrection risquait de devenir un secret de polichinelle et je m’en trouverais assurément très contrarié. Valenor allait devoir contrôler sa force si elle ne voulait pas me créer une quantité phénoménale de soucis supplémentaires.

Seigneur, 2 000 esclaves arrivent demain. En voulez-vous plus ou est-ce suffisant ?

Alpeon venait juste de me contacter par télépathie. Réduire leurs nombres signifiait les tuer. Même si ça semblait horrible, c’était parfait pour moi, considérant leur trahison. Je n’avais cure de leur vie.

Combien d’esclaves pouvons-nous actuellement héberger ?

Pour le moment, nos étables peuvent accueillir jusqu’à 5 000 têtes, mais elles sont toujours en construction. Une fois terminées, nous pourrons prétendre au double.

Ok, alors accepte-les tant qu’on peut les loger. Et tu peux leur permettre de participer aux combats des rangs les plus bas dans le colisée.

Oui, Seigneur.

Je pense que ça va être marrant. Je vais donner à ces esclaves une chance de regagner leur liberté.

Allez-vous réellement offrir une opportunité pareille à des déchets comme eux ?

Eh bien… Nous ne pouvons pas être cruels au point de leur retirer tout espoir, n’est-ce pas ? Ce serait plus marrant de les voir lutter pour leur libération.

Bien. Je ferai selon vos ordres.

Je souriais d’un air diabolique ; intérieurement, bien sûr, mon crâne était incapable de montrer une quelconque expression faciale.

« Johra, pourquoi fait-il si froid, d’un seul coup ? »

Valenor était extrêmement sensible, mais je ne pouvais pas lui dire que je venais de rire dans ma tête tel un roi du mal.

« Um… Peut-être le changement de saison… »

« Ah, c’est sans doute ça. »

La récolte d’automne arrivait à son terme et l’hiver était sur le pas de la porte. Valenor et moi décidâmes de sortir afin de profiter du changement de saison.

Raka
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19 thoughts on “LVL1S : Chapitre 55

  1. Merci pour ce chapitre 

    Bon anniversaire.
    Jora devient de plus en plus maléfique, mais ça ne me déplaît pas.
    Par contre on est passé d’une lutte pour progresser et survivre à de la gestion de ville. C’est ennuyant. J’espère qu’il va tomber de son piédestal à un moment où un autre.

  2. J’espère pas si c’est la fin j’aimerai que ça soi une belle fin comme ça sinon il peux aussi affronter une cité plus puissante… Dans le nouveau monde

  3. Merci pour le chapitre et joyeux anniversaire ! 

    C’est bien tout ça mais son comportement commence à me déplaire. Donner leur chance aux elfes serait bien une meilleur façon de gérer la situation que de les traiter comme des esclaves. Après il va penser à les exterminer s’ils se rebellent… Je pense que la descente sur Necropolis d’une personnalité puissante s’impose

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