MoL : Chapitre 53

Mol : Chapitre 52
MoL : Chapitre 54

Chapitre 53 – Spectres

 

Au moment où Zorian réalisa qu’un poing volait vers lui, il tenta instinctivement de reculer pour l’esquiver. Malheureusement, les bagages étaient posés juste derrière lui et il n’était pas un combattant de corps à corps, pour commencer. Surpris et déséquilibré comme il l’était, le coup de Zach n’eut pas grand mal à non seulement le percuter au visage mais également à le faire s’étaler au sol comme un vieux tapis, l’arrière de sa tête résonnant douloureusement contre le béton sans pitié.

Il ne perdit pas connaissance, mais la puissance de l’impact le laissa malgré tout confus et perdu, l’espace de deux secondes. Peut-être un peu plus, mais pas beaucoup, et quand il retrouva ses sens et la capacité de décoder ce qu’ils lui disaient, il découvrit que les environs avaient explosé en un chaos le plus total. En tout cas, c’était l’impression immédiate qu’il en avait : Kirielle appelait à l’aide en hurlant de sa voix la plus aigüe – et elle pouvait être vraiment, vraiment aigüe quand elle s’y mettait – tout en rouant Zach de coups de pieds et de poings, telle une bête acculée. Zach, pour sa part, avait l’air vraiment paniqué et confus, tentant maladroitement de se défendre face à cette salve d’attaques inattendues sans blesser celle qui l’agressait tout en essayant de s’expliquer. Mais par manque de chance pour lui, ses mots étaient totalement inintelligibles à cause de la prestation magistrale de Kirielle. Il semblait totalement perdu quant à la façon dont il devait gérer la situation dans laquelle il venait de se fourrer.

Dans d’autres circonstances, moins publiques dira-t-on, Zorian serait probablement resté au sol encore un moment, amusé face à l’angoisse de Zach, jugeant qu’il méritait ce qui lui arrivait. Que ça lui servit de leçon, pour l’avoir frappé ainsi, sorti de nulle part. Mais dans la situation actuelle, il fit de son mieux pour se remettre debout tant bien que mal tout en regardant alentour. Comme il l’avait deviné, ils avaient attiré un paquet d’attention de la part des gens aux alentours – tout le monde observait ce qu’il se passait, murmurant et commentant sans honte entre eux, allant jusqu’à pointer des doigts dans leur direction. La seule raison pour laquelle personne n’intervenait était visiblement la victoire de Kirielle sur Zach, qui ne parvenait pas à se défaire correctement de la situation critique sans la blesser. Pourtant, ils pouvaient changer d’avis à tout moment, maintenant. Il était presque sûr qu’il avait aperçu une paire de policiers se hâtant vers le lieu de l’attroupement. Il valait mieux stopper ça avant que ça ne prenne des proportions extravagantes.

Il cria à Kirielle de cesser et se calmer, et fut un peu surpris lorsqu’elle mit immédiatement fin à ses attaques pour venir se réfugier derrière lui. Considérant la férocité avec laquelle elle avait défendu son frère, il s’attendait quelque peu à ce qu’elle éprouve des réticences, mais non. Apparemment, maintenant qu’il était à nouveau debout, il était de sa responsabilité de la défendre en plus de lui-même. Très bien. En restant logique, il était bien plus qualifié pour tenir tête à Zach qu’une fillette de neuf ans. La logique peut parfois être sournoise, cela dit, et il doutait qu’il pût réellement forcer Zach sur la défensive comme l’avait fait Kirielle quelques instants auparavant. C’était une bonne chose que Zach ne semblât pas vouloir l’agresser à nouveau.

Kirielle sortit sa tête de derrière son frère pour lancer un dernier regard sévère en direction de Zach, faisant légèrement frissonner ce dernier, avant de se tourner vers Zorian, les yeux on ne pouvait plus interrogateurs. Sans aucun doute désirait-elle savoir qui était ce parfait inconnu qui venait de lui en coller une sans aucune raison valable. C’était une bonne question. Pourquoi Zach avait-il fait ça ? Au diable si Zorian le savait. Il avait bien considéré la possibilité que Zach pût être hostile lorsqu’ils se reverraient, oui, mais ce n’était pas exactement ce qu’il avait à l’esprit en pensant à un Zach en colère. Le frapper en plein visage était un acte hostile, certes, mais attaquer physiquement votre cible au beau milieu d’une gare surpeuplée n’était pas vraiment le meilleur moyen de s’en prendre à un camarade voyageur temporel. Même Zach devait le savoir. Alors, quoi ? Sérieusement ?

Soupirant profondément, Zorian balaya l’air de sa main en signe de frustration et lança un regard sévère à Zach. Deux choses lui sautèrent immédiatement aux yeux. Tout d’abord, il ne pouvait pas sentir quoi que ce fût provenant de Zach – pour autant que ses sens et son empathie pussent être concernés, le type en face de lui n’existait pas. Il ne possédait aucune émotion, aucune pensée, rien du tout. Ce qui signifiait qu’il était soit une très bonne illusion ou sous l’effet d’un sort d’effacement. En considérant la réalité douloureuse de son coup de poing, Zorian assuma qu’il s’agissait de la deuxième option, évidemment. Zach était venu à sa rencontre un peu mieux préparé qu’il ne l’avait été par le passé. Deuxièmement, il allait vraiment devoir dire à Kirielle de se couper les ongles une fois de retour chez Imaya, parce qu’il était évident que le sang coulait partout où elle avait griffé Zach.

Comme il l’avait noté précédemment, Zach ne semblait plus intéressé par une rixe avec lui. Il le regardait désormais en lui accordant un sourire crispé et hocha la tête dans sa direction en guise de salutations.

Ugh, ce mec…

— Ceci, annonça Zorian à l’attention de la foule, n’est qu’un énorme malentendu.

— Oui ! acquiesça Zach immédiatement et frénétiquement. Un malentendu total.

Bien sûr, ça ne pouvait pas être si simple. Zach et Zorian passèrent les quinze minutes suivantes à expliquer à Kirielle qu’ils étaient camarades de classe et se connaissaient depuis bien avant ça, et que Zach ne faisait que respecter une promesse qu’il avait faite d’en coller une à Zorian la prochaine fois qu’ils se verraient, parce qu’il avait été un enfoiré par le passé. En tout cas, c’était ce que Zach prétendait.

Zorian avait du mal à croire ce qu’il entendait. Etait-ce sérieux ? Il dût bien admettre que Zach avait vaguement promis quelque chose de la sorte au milieu de ses élucubrations, cette fois douloureuse où ils s’étaient vus la dernière fois, mais il n’avait jamais pris ça au sérieux. Les gens clament sans arrêt de genre de trucs et n’y prêtent plus attention ensuite, et Zorian avait complètement oublié, pour sa part.

Dans tous les cas, une fois qu’ils eurent expliqué la situation à Kirielle, ils durent recommencer une fois de plus face aux policiers qui venaient d’arriver pour comprendre ce qui avait causé ce ramdam. Comme Zorian prenait la défense de son agresseur, ils décidèrent de ne pas l’arrêter… et se contentèrent de leur coller une amende pour désordre dans un lieu public. Zorian considérait que c’était une pure connerie, mais comme Zach promit qu’il paierait pour eux deux, il décida de ne rien dire.

Puis, il fut temps pour le troisième round d’explications. Comme l’attaque de Zach avait pris place juste après leur arrivée à Cyoria, Fortov se trouvait toujours dans le coin et avait décidé de vérifier par lui-même de quoi il retournait. Il était plutôt étrange de le voir inquiet pour lui et Kirielle, une fois dans sa vie, mais ça ne dura pas vraiment. Une fois qu’il réalisa qu’ils étaient sains et saufs, il les abandonna là sans crier gare pour rejoindre ses propres amis.

Non que Zorian s’en plaignît, bien sûr – le moins il avait à côtoyer Fortov, le mieux il se portait. Pourtant, c’était la première fois depuis une éternité que son frère était venu le voir sans que ce fût pour lui demander une faveur. Il avait même réussi à se retenir de l’insulter en lui parlant. C’était une nouveauté, et par conséquent intéressant.

— Bien, continua Zorian en claquant des mains. Maintenant que ça, c’est fait, on devrait y aller. Notre nouveau propriétaire nous attend, et je veux aller quelque part où les gens ne vont pas nous regarder de travers et parler dans notre dos.

— Il nous accompagne ? demanda Kirielle en lançant à Zach un regard suspicieux.

— Oui, confirma Zach, qui avait maintenant largement récupéré de l’attaque sauvage de Kirielle et avait retrouvé sa confiance habituelle. Il faut que je parle de certaines choses avec ton frère.

— Quel genre de choses ? s’étonna la fillette.

— Des choses sérieuses, ajouta Zach.

Elle lança un coup d’œil à Zorian, qui hocha la tête. Puis, elle renifla bruyamment et abandonna.

— Vous êtes tous les deux stupides, se mit-elle à ronchonner en boudant. Agir ainsi en public… Et je m’imaginais qu’on était attaqués ou je ne sais pas…

— Ne réagis pas ainsi, lui intima Zorian en passant un bras autour de son cou pour l’attirer dans ses bras de force. J’ai été vraiment touché par ce que tu as fait pour moi, tu sais ? Je suis sûr que c’était la première fois que quelqu’un prenait ma défense ainsi depuis… eh bien, toujours.

— Elle est trop, commenta Zach en étudiant les trois lignes sanglantes qu’elle avait creusées sur son avant-bras.

— Alors je vais te dire – si tu es patiente avec Zach aujourd’hui, je répondrai à toutes les questions que tu veux me poser à propos de tout ça, plus tard dans la soirée, avant que nous n’allions nous coucher, lui proposa Zorian en ignorant les complaintes de Zach.

— Vraiment ? demanda Kirielle d’un air suspicieux.

— Vraiment, confirma Zorian.

Il ne disait généralement pas à Kirielle qu’il était un voyageur temporel, mais il n’était pas fermement opposé à l’idée. Comme il semblait qu’elle allait devoir interagir avec Zach de façon plutôt poussée durant cette boucle, il ne voyait pas grand mal à lui raconter ce qui se passait en vérité. Il était plutôt affirmatif, Robe Rouge le traquerait plus volontiers en pistant Zach qu’en suivant une piste tordue de rumeurs remontant jusqu’à une gamine.

— Vraiment ? répéta Zach en le regardant avec étonnement.

— Oui, vraiment ! s’énerva un peu Zorian en soupirant fortement.

Pourquoi ce manque de confiance ? C’était presque comme s’ils ne s’attendaient pas à ce qu’il leur dise la vérité.

— Je lui en ai déjà parlé dans des boucles précédentes, et il n’y a jamais eu aucun problème.

— Tu l’as fait ? grommela Kirielle en fronçant les sourcils. Je ne me souviens pas que tu m’aies dit quoi que ce fût durant une « boucle ».

— Parfaitement compréhensible, répliqua Zorian en lui tapotant la tête. Ne t’inquiète pas, tout sera clair quand je t’expliquerai.

Il l’espérait. Il jeta un coup d’œil vers Zach une fois encore, se demandant pourquoi celui-ci s’était donné la peine de le traquer à ce moment précis après avoir passé tant de boucles à esquiver Cyoria.

Il espérait vraiment que l’arrivée de Zach allait rendre les choses plus pertinentes, et non pas les compliquer comme il en avait peur.

 

___

 

Zorian avait initialement prévu pour cette boucle la même routine que lors des précédentes, mais avec la soudaine apparition de Zach, il décida que ce plan n’était plus envisageable et qu’il allait devoir en changer. De la sorte, il ne se préoccupa pas de rencontrer Nochka cette fois-là, et se contenta de mener Kirielle et Zach directement chez Imaya. Sa petite sœur avait tendance à simplement raconter tout et n’importe quoi à Nochka, cette dernière n’était pas exactement bonne non plus lorsqu’il s’agissait de garder des secrets, et ça ne collait pas tout à fait avec son intention de raconter à Kirielle ce qu’il se passait avec le mois en cours à répétition.

La première partie de la journée était calme, de façon dérangeante. Bon, Zorian lui-même ne détestait pas cette paix inattendue, mais il savait que ni Zach ni Kirielle n’étaient prédisposés à tenir le coup durant de longues périodes de silence. Tous ceux ne savaient pas comment ils devaient agir en présent de l’autre, et se contentaient de se renfermer sur eux-mêmes. Ce qui dura jusqu’à ce qu’il commençât à pleuvoir. À ce moment, Kirielle décida qu’elle allait jouer avec la barrière anti-pluie que Zorian avait érigée autour d’eux, comme elle le faisait à chaque fois, et au diable Zach. Ce qui s’avéra apte à briser la glace, et ils se mirent tout à coup à se découvrir une envie mutuelle de discuter de tout et de rien. Entre eux et avec Zorian.

Bien sûr, lui et Zach ne pouvaient pas vraiment discuter de la boucle à ciel ouvert et avec Kirielle dans leurs pattes, alors ils se mirent à papoter à propos de leurs compétences magiques, tout en effectuant quelques petites démonstrations à Kirielle de temps à autre. Mis à part se trouver être un outil agréable afin de converser durant leur marche, cela leur permit de comparer le niveau de leurs compétences magiques. Eh bien, évidemment, Zorian ne présenta pas l’intégralité de son arsenal à Zach, et il doutait bien que Zach faisait de même. Mais que la comparaison ne fût pas complète ne la rendait pas inutile pour autant.

Ce que Zorian découvrit fut surprenant. Tandis que Zach était un mage de combat, comme il l’avait déjà admis par le passé, il avait mis la boucle à profit de façon assez surprenante pour tendre à devenir un mage plutôt hétéroclite. Il était le genre d’archimage qui rendait les autres archimages jaloux – il possédait une expertise parfaite de chaque type de magie, y compris la célèbre et difficile magie médicale. Il soigna les griffures infligées par Kirielle pour le prouver. Même au regard des magies orientées fabrication telles que l’alchimie ou la formulation, qui étaient les sujets les moins intéressants d’après Zach et dans lesquels se spécialisait Zorian, l’héritier Noveda possédait suffisamment de connaissances pour débattre avec Zorian de façon tout à fait normale.

Finalement, les petites démonstrations qu’ils firent à Kirielle montrèrent clairement que les talents de mise en forme du mana n’avaient rien à envier à ceux de Zorian. Malgré ses énormes réserves de mana, Zach possédait d’excellentes compétences en façonnage.

Quoi que Zorian eût pu dire à propos des choix de Zach au sein de la boucle temporelle, il n’était pas resté latent pendant tout ce temps – il avait travaillé dur pendant des décennies, et ça se voyait. Rétrospectivement, il avait été horriblement arrogant de la part de Zorian de même penser qu’il aurait pu le rattraper en à peine cinq ans.

— Tu sais, je ne peux m’empêcher de remarquer que ton grand frère nous a abandonné plutôt rapidement et n’a même pas essayé de me parler, nota Zach. Non que je m’en plaigne, ça fonctionne bien en ce qui me concerne, mais je pensais qu’il se serait intéressé d’un peu plus près à un type agressant son frère en public.

— Il sait qu’aucun de nous ne le supportons, alors il s’en est allé, raconta Kirielle avec nonchalance, faisant de son mieux pour attraper les petites drakes d’eau qui dansaient autour d’elle. Zorian et Zach avaient précédemment jouté pour savoir qui était le meilleur dans la création de drakes réalistes à partir des gouttes de pluie environnantes, et la bulle de protection était encore emplie par ces animaux fantastiques artificiels. Zorian était à peu près certain d’avoir gagné, mais Kirielle était seule juge et clamait qu’elle ne voyait aucune différence. Petite traîtresse.

— Je ne pense pas qu’il soit si considéré, commenta Zorian. Il n’a simplement pas jugé utile de nous accorder plus de temps. Il avait d’autres choses à faire que de rester avec nous.

— Non, je suis presque sûr qu’il sait que tu le détestes, contra Kirielle en secouant la tête. Il l’a même dit quand on était seuls, un jour. C’est pour ça qu’il tente de t’éviter s’il le peut. Il pense qu’il t’accorde une faveur.

Zorian grimaça. Il supposa qu’il n’avait jamais été terriblement subtil concernant son opinion au sujet de Fortov, et il n’était pas vraiment surpris que ce dernier fût au courant. Il trouvait difficile d’accepter que Fortov eût un comportement motivé par rien d’autre que sa propre personne égoïste, cela dit. S’il voulait accorder une faveur à Zorian, pourquoi venait-il encore de temps à autre lui en demander lui-même ? C’était la pire des raisons possible pour l’approcher – la première raison pour laquelle Zorian détestait ce type, c’était parce qu’il était sans arrêt obligé de réparer ses conneries et faire son boulot en plus du sien.

— Alors tu penses que je suis trop dur avec lui ? demanda Zorian, l’œil curieux.

Avant d’être bloqué dans la boucle, la simple évocation de cette possibilité aurait eu des conséquences pires qu’une allumette balancée dans une flaque d’huile. Maintenant, il se découvrait réellement curieux à propos de ce que Kirielle en pensait.

— Non. Oui. Peut-être, bafouilla Kirielle. Je veux dire, c’est un idiot et je ne l’aime pas non plus. Alors je sais ce que tu ressens. Mais peut-être que rendre un comportement stupide à un autre comportement stupide n’est pas la meilleure chose à faire. Ce n’est pas correct. Peut-être qu’il serait un meilleur frère si on se montrait plus patients avec lui. Et je ne le suis pas. Je tente de l’être, parfois, mais il rend la chose vraiment compliquée.

— Oui, je pense bien, renifla Zorian, sur la défensive.

— Tu sais, je commence à m’imaginer que ta famille est un peu bordélique, commenta Zach.

— Tu n’as pas idée, confirma Zorian. Et c’est probablement une bonne idée. Ne parlons plus de ça, ok ?

— Ok, ok, acquiesça Zach. Alors, c’est là ?

Zorian jeta un coup d’œil vers la maison vers laquelle Zach pointait son doigt.

— C’est la maison d’Imaya, oui. Laisse-moi juste arranger mon arrivée et déballer mes affaires et on pourra discuter. Tu as déjà un lieu en tête ?

— Je… n’ai pas pensé aussi loin, admit Zach.

Zorian soupira. Bien évidemment.

— Alors on ira dans les ruines de la colonie Aranea sous la ville. Il y a déjà une barrière de protection plutôt efficace sur place.

— Oh, alors tu connais cet endroit ? s’illumina Zach. Est-ce qu’une araignée a survécu ?

— Des araignées ? marmonna Kirielle, les sourcils froncés.

Zorian pouvait deviner qu’elle analysait chacun de leurs mots, tentant de découvrir ce qu’ils cachaient. C’était à la fois respectable et amusant.

— Non, aucune, fit Zorian en secouant la tête, faisant immédiatement retomber Zach.

— Alors c’est juste nous deux ? demanda-t-il avec espoir.

Même si son empathie ne pouvait rien détecter de sa part, Zach n’était pas quelqu’un de compliqué à comprendre. Zorian réalisa que Zach voulait réellement discuter avec des camarades voyageurs temporels. Plus il y en aurait, plus il serait content. Il devait sincèrement se trouver seul depuis toutes ces années passées au sein de la boucle.

— Juste… Laisse-moi déposer Kiri à la maison et on pourra y aller.

— Tu as intérêt à ne pas oublier ta promesse, le prévint Kirielle en le piquant entre les côtes avec son petit index osseux.

Ouais. Il allait clairement lui faire couper ses ongles.

— Bien, obtempéra Zach. Je vais attendre que vous –

— Oh, non, le coupa Zorian. Tu sais ce que me ferait Imaya si elle apprenait que j’ai laissé quelqu’un dehors sous la pluie au lieu de l’inviter à entrer ? Et crois-moi, elle entendrait parler de ça, parce que Kirielle n’est pas une boîte à secrets.

— Hé ! protesta la principale concernée.

— Elle se moquera que tu sois un mage qui peut aisément se protéger de la pluie. J’en entendrais parler pendant des jours et des nuits. Tu viens avec nous et on te présente à Imaya, point.

Ainsi, Kirielle et Zach sur ses talons, Zorian frappa à la porte…

 

___

 

Après une bonne heure, une fois que tout fut arrangé, Zorian conduisit Zach dans les profondeurs du monde souterrain de Cyoria. Le long du trajet, Zorian expliqua à Zach la vérité derrière les rumeurs, ce qui était réellement arrivé. Il n’y avait jamais eu un grand nombre de voyageurs temporels, juste lui, et les Aranea se servant de son esprit pour transférer des paquets mémoriels. Et suite à leur confrontation avec Robe Rouge, les Aranea moururent – leur âme détruite, selon Robe Rouge. Tandis que Zorian entretenait encore des doutes à ce sujet, il était indéniable que les Aranea démarraient chaque boucle mortes et inertes.

Une fois qu’ils eurent atteint le dernier campement et que Zach eut la chance d’étudier l’endroit, ils s’assirent et se mirent à discuter.

— J’ai tenté de venir ici directement après le commencement de la boucle, nota Zach en observant les corps décédés alentour, et visiblement ébranlé par le campement exempt de vie, si l’on considérait que les Aranea étaient vues comme inhumaines et qu’il ne les connaissait pas depuis longtemps. Tout ce que j’ai trouvé, ce sont des corps isolés, comme celui-ci.

— Il s’agissait de gardes, expliqua Zorian.

— Oui, je suppose. Peut-être que j’aurais été capable de trouver quelque chose, mais ce… Robe Rouge… a essayé de me tendre une embuscade.

Zorian leva un sourcil et releva la dernière phrase. Il s’agissait de la toute première fois qu’il apprenait quoi que ce fût à propos de Robe Rouge depuis leur confrontation.

— Il t’a attaqué ? lui demanda-t-il aussitôt en s’inclinant vers l’avant, empli d’un intérêt nouveau.

— Il m’a attaqué et il a perdu, répondit Zach en souriant de toutes ses dents. Il n’est pas exceptionnellement dur à vaincre lorsque la liche n’est pas dans le coin pour l’aider.

Alors Zach était assez talentueux pour vaincre Robe Rouge en face-à-face. C’était bon à savoir.

— Je suppose qu’il voulait profiter de l’effet de surprise, mais j’ai vu son piège à un kilomètre, continua Zach. Je savais qu’il me pistait probablement et j’étais sur mes gardes. Pourtant, il a réussi à s’échapper au bout du compte, et je ne me sentais pas vraiment en sécurité à errer dans ces tunnels avec quelqu’un comme lui au cul. Je suis parti de Cyoria et me suis planqué quelque part pour le reste de la boucle.

— Et il est revenu ensuite ?

— Oui. Une fois, admit Zach. La boucle suivante, il a tenté de m’attaquer au tout début. Il s’est téléporté directement à travers les barrières de protection de ma maison et a tenté de me tuer alors que j’étais toujours dans la chambre, en train de m’habiller.

— Et il a une fois de plus filé quand tu lui as filé une raclée ? supposa Zorian.

— Eh bien, c’est moi qui ai fui, cette fois-là, répondit Zach en toussotant inconfortablement. J’étais encore à moitié endormi et en sous-vêtements, ok ? Je ne m’attendais pas à le voir débarquer si tôt. De toutes façons, à partir de là, je me suis mis à quitter Cyoria au début de chaque boucle pour éviter d’autres attaques du genre. Même s’il n’est jamais revenu après cette tentative.

— Hmm… murmura Zorian, perdu dans ses pensées, et qui doutait que Robe Rouge eût passé tout son temps à poursuivre Zach en vain, alors ça n’expliquait toujours pas pourquoi il était silencieux depuis tout ce temps…

Mais c’était une information intéressante néanmoins. Que voulait Robe Rouge de la part de Zach pour s’en prendre à lui de la sorte ?

— Alors… Pourquoi as-tu cessé de te cacher, spécifiquement maintenant ? Et tu étais vraiment obligé de m’en coller une comme ça en plein milieu du nez ? Bon sang, même mes dents le sentent encore.

— Tu veux vraiment une réponse ? Tu es coincé avec moi dans cette boucle depuis Dieu sait combien de temps, et tu n’es jamais venu m’en parler. Non, pire que ça – quand je suis venu t’en parler, tu as joué l’imbécile et tu as agi dans mon dos. Tu le méritais totalement, juste pour ça.

Zorian se mit à jouer avec ses lunettes, un peu mal à l’aise. Ok, ça avait l’air dégueulasse exposé comme ça. Mais il avait eu une bonne raison de faire les choses ainsi ! Il en avait vraiment eu une !

— Mais tu sais, je comprends, continua Zach. Ce Robe Rouge s’est joué de moi, et maintenant il se promène avec nous. Il a fait quelque chose à mon esprit et maintenant, il me surveille sûrem –

— Tu es certain qu’il n’est pas là, hein ? le coupa Zorian.

— Je sais comment me protéger d’une magie de pistage, Zorian, répondit franchement Zach. Mieux que toi, j’imagine. C’est juste que je ne m’en préoccupe habituellement pas, puisque je pensais être le seul au courant de la boucle temporelle, alors pour quoi faire ? Depuis cette nuit-là, par contre, je me suis bourré de sorts anti-détection, constamment. Ce trou de balle n’a pas réussi à me traquer une seule fois pendant tout ce temps. Je doute qui quiconque puisse.

— Je peux, remarqua Zorian. Mais encore une fois, il semble que je possède un avantage certain sur lui. Une chose qu’il semble ne pas posséder. J’imagine bien que tu sais comment te protéger.

Zach lui lança un regard incrédule. Presque sans y penser, Zorian tenta de concentrer son empathie pour mieux comprendre ce qu’il ressentait, et se souvint un peu tard que Zach était sous l’effet d’un sort qui masquait son esprit.

Oui, Zach pouvait clairement se protéger s’il le désirait.

— Tu me parleras de ça plus tard, trancha Zach en secouant la tête. Quoi qu’il en soit, désolé pour t’en avoir collé une. J’étais en colère envers moi-même pour m’avoir laissé avoir par Robe Rouge. Je suis un peu sensible à ce sujet. Mais quoi qu’il en soit… Je comprends. Il était dangereux de juste venir me parler directement, ce connard espionnant peut-être dans les ombres. Je pense toujours que tu aurais dû trouver un moyen de m’en parler, mais je vois pourquoi tu ne l’as pas fait. Je peux même imaginer la raison pour laquelle tu es parti sans rien me dire, cette nuit-là, si je me souviens de ce qui a fini par arriver.

Zach balaya l’air de la main en direction du campement proche pour donner plus d’emphase à ses mots.

— Alors j’ai décidé de te laisser tranquille un moment. Depuis que j’ai pris pleine conscience que Robe Rouge n’était plus à mon cul et qu’il s’était essentiellement évaporé, je suis resté à l’écart afin de ne pas attirer l’attention sur toi. Juste au cas où il ait été en train d’observer, quelque part, aux aguets, malgré toutes mes protections. Je me disais que tu savais ce que tu faisais, et qu’une fois que tu serais prêt, tu viendrais me voir et nous pourrions affronter la boucle et ce type ensemble.

Comment s’était-il attendu à se faire traquer par Zorian s’il se planquait derrière moult sorts de protection ? Mais peu importait, il lui poserait la question une autre fois. Il valait mieux ne pas l’interrompre maintenant.

— Et puis tu as foutu cette merde lors de la dernière boucle, continua Zach, la colère filtrant dans sa voix. Tu as finalement agi, et d’une façon gargantuesque, rien que ça, déclenchant l’invasion plusieurs semaines en avance, et tu n’as même pas tenté de m’impliquer. Comment pourrais-je ne pas être en colère ? Comment pourrais-je ne pas avoir eu envie de te frapper ? Tu me considères si peu ? Juste parce que tu m’as vu mis à terre par deux incroyablement puissants adversaires, l’un d’eux était une liche de plus de deux mille ans, rien que ça, tu penses que tu p –

— Zach, Zach, écoute, le coupa rapidement Zorian, les mains levées. Ce n’était pas intentionnel. Je n’ai jamais prévu que la boucle pète les plombs de la sorte. Tout ça, c’était une erreur, ça a pris des proportions auxquelles je ne m’attendais pas, mais j’étais curieux et –

— Est-ce que tu avais seulement prévu de me contacter ? Rien qu’une fois ? lui demanda Zach soudainement.

— Oui. Absolument, confirma Zorian. Probablement après cette boucle-ci, d’ailleurs.

Zach fit un bond en arrière, sous l’effet de la surprise.

— Oh, rétorqua-t-il, la colère drainée aussi vite qu’elle était arrivée sur son visage. Alors, c’est peut-être une bonne chose que je sois venu te voir maintenant, n’est-ce pas ?

— Je suis un peu au milieu de quelque chose d’important, soupira Zorian. Je devrais vraiment me concentrer là-dessus. Merde, j’aurais dû le faire lors des boucles précédentes également, au lieu de fouiner autour de la Maison Iasku et avec les envahisseurs, mais je suis vraiment stupide parfois. C’est pour ça que je voulais te contacter seulement à la fin de ce mois.

— Si c’est si important, pourquoi ne pas me laisser t’aider ? s’étonna Zach.

— Ce n’est pas une chose que tu peux aider à faire, expliqua Zorian. Tu te souviens de ces paquets mémoriels que les Aranea utilisent au travers des boucles ? Eh bien, le truc…

Il se lança alors dans une explication à rallonge à propos des souvenirs de la Matriarche, et la façon dont il avait tenté de faire sienne la capacité des Aranea à déchiffrer leurs propres souvenirs à un niveau suffisant pour pouvoir en comprendre le contenu. Ce qui mena à une discussion à propos des compétences mentales de Zorian. Zach était clairement dérangé par la magie mentale, ce qui était compréhensible si l’on se souvenait de la façon dont Robe Rouge l’avait utilisée contre lui. Après un débat interne, Zorian proposa à Zach d’observer l’intérieur de son esprit afin de voir ce que Robe Rouge avait fait exactement… mais Zach refusa. Il admit qu’il ne faisait pas confiance à Zorian pour le laisser aller jusque-là, et que ce ne serait probablement jamais le cas. Zorian était simplement, pour sa part, heureux que Zach n’eût pas réagi de façon outrée à sa proposition.

— Alors si je comprends bien, tu attaques des patrouilles isolées afin de t’entraîner à la lecture de leurs souvenirs, conclut Zach.

— Oui.

— Et tu penses que je ne peux pas t’aider ? demanda Zach d’une voix incrédule. Zorian, t’es un vrai idiot.

— Euh… hésita ce dernier, pas très certain de la manière dont il devait répondre à ça.

— Zorian, avec mon aide, tu n’aurais aucun besoin de chercher des patrouilles isolées. On pourrait simplement entrer par la grande porte de n’importe quel campement Aranea et les affronter face à face, lui annonça Zach. Je l’ai déjà fait auparavant. Je n’ai pas passé ces mois à simplement rester hors de portée de Robe Rouge – j’ai également enquêté de mon côté, j’ai localisé des Toiles Aranea à travers tout le continent pour leur demander de l’aide. Sauf que je ne suis pas un psychique comme toi, et tu dois savoir qu’elles peuvent se montrer incroyablement hautaines envers les esprits faibles tels que moi. J’ai été attaqué un bon nombre de fois, et je sais exactement comment les combattre. Ce ne sont pas des adversaires à ma hauteur, pas du tout. La différence de puissance est si grande que je peux juste choisir de les mettre hors d’état de combattre sans les tuer – même lorsqu’elles attaquent en groupe. Avec mon aide, tu pourrais avoir des centaines d’Aranea pour t’entraîner chaque semaine, peut-être chaque jour. Et ça va largement dépendre de la rapidité avec laquelle on va pouvoir trouver ces toiles.

Zorian observa Zach pendant quelques secondes avant de déglutir bruyamment. C’était… C’était un bon argument. Il n’avait même pas envisagé que…

— Eh bien, ce qui est fait est fait, fit Zach en haussant les épaules. Mais je suis ici, maintenant, et tu n’as plus d’excuses pour rester stupide. Quand allons-nous commencer ?

 

___

 

Au bout du compte, Zorian décida qu’il n’y avait pas de raison de reporter plus avant – ils allaient partir à la rencontre de la première toile le lendemain. En attendant, il retourna chez Imaya et discuta avec Kirielle. Elle prétendit le croire lorsqu’il annonça qu’il était un voyageur temporel, mais Zorian pouvait sentir qu’elle n’était pas entièrement convaincue. Même après avoir recrée un paquet entier de ses propres dessins depuis sa mémoire.

Bien que cette partie sembla rendre l’histoire bien plus plausible à ses yeux.

— Je suis soulagée, lui dit-elle avant d’aller s’aliter pour la nuit. Tu étais si gentil avec moi, ça m’a fait peur. Je craignais que tu eus été remplacé par une espèce de changeforme.

— Va dormir, Kiri, soupira Zorian.

Le lendemain matin, Zorian localisa l’une des petites toiles dans le voisinage de Cyoria et y emmena Zach. Il n’était pas entièrement convaincu que l’opération allait se dérouler aussi idéalement que Zach le prétendait, mais ce dernier fit s’effondrer toute crainte : la toile fut mise à mal avec une facilité terrifiante.

Il n’y eut même pas de recours à des tactiques rusées. Zach se contenta d’entrer dans le campement par le tunnel principal et se mit à faire pleuvoir des sorts sur les défenseurs, des Aranea très mal préparées. Des vagues d’une force bleue translucide s’abattirent encore et encore, les éclatant contre les murs. Des serpents d’électricité animée les électrisèrent pendant que des filins ectoplasmiques les immobilisaient afin de les empêcher de fuir. Lorsqu’elles réalisèrent que Zach était immunisé à la magie mentale, les Aranea eurent recours à des pièges, des embuscades et des attaques de masse. Mais les sorts de Zach passèrent à travers tout ça, à peine ralentis. Les pièges magiques furent anéantis, les pièges non-magiques également, les attaques de masse et les embuscades simplement affrontée de plein fouet comme il l’aurait fait face à une légère brise.

En moins d’une demi-heure, chaque Aranea qui n’avait pas réussi à fuir fut immobilisée ou tuée. Mis à part localiser la toile, Zorian n’avait pas eu besoin de faire quoi que ce fût, mis à part rester en arrière et observer le carnage.

Zach était absolument terrifiant.

— Tu penses que ça sera suffisant pour ton travail ? demanda Zach, trépignant sur ses pieds en attendant une réponse.

Zorian le regarda d’un air ennuyé. Il pouvait sentir au moins cinquante esprits Aranea autour d’eux. Cet enfoiré savait que c’était plus que ce que Zorian aurait pu mettre à mal en une semaine complète. C’était juste sa façon de le tacler un peu.

Mais encore, en considérant le niveau de compétence dont Zach avait fait montre, peut-être qu’il méritait d’être un poil arrogant.

— Ouais. C’est assez.

 

___

 

Après avoir discuté de choses et d’autres pendant un moment et échangé quelques informations, Zach comme Zorian tombèrent d’accord sur le fait qu’aucun d’eux n’en savait vraiment beaucoup sur la boucle temporelle. Comme Zorian l’avait suspecté depuis longtemps, Zach passait bien plus de temps à chercher comment contrer l’invasion qu’à la distorsion temporelle elle-même. Selon lui, afin de régler le problème du temps, il devait mettre un terme à l’invasion, ça coulait de source. Il ne pouvait pas expliquer pourquoi il se l’imaginait, ses souvenirs étant inconsistants et parsemés de blancs, mais il le sentait vraiment ainsi.

Cela pouvait être une confirmation de la théorie de Zorian, qui voulait que la libération du Primordial servit de déclencheur au retour en arrière, mais il était possible également que ce fût une compulsion que Robe Rouge aurait pu insérer dans l’esprit de Zach pour le perdre. Après tout, la libération du Primordial lors de la boucle précédente avait été accompagnée d’immenses craquelures et conséquences étranges sur l’espace lui-même, chose que Zorian n’avait jamais vue auparavant. Et ce n’était pas comme s’il n’avait jamais observé la zone en question à ce moment précis durant de nombreuses boucles précédentes. Pourquoi alors la libération du Primordial n’aurait jamais provoqué d’aussi grandes turbulences ?

Quoi qu’il en fût, ils étaient d’accord. Ouvrir le paquet mémoriel de la Matriarche était leur meilleur plan s’ils voulaient en savoir plus et obtenir des réponses solides. De la sorte, pendant la semaine qui suivit, ils passèrent le plus clair de leur temps à traquer et attaquer divers campements Aranea et la quantité d’esprits sur lesquels Zorian put s’entraîner était tout bonnement incroyable. Zorian put probablement lire plus d’esprits Aranea pendant une semaine qu’il n’en avait lus pendant les deux boucles précédentes entières.

Mais plus important, Zorian ne faisait plus uniquement que lire l’esprit de gardes aléatoires et d’Aranea en patrouille, mais également ceux de leurs dirigeantes et Matriarches. Non seulement ces Aranea de haut niveau étaient-elles spécialement difficiles à lire et lui donnèrent-elles l’expérience la plus profitable, mais leurs pensées étaient également d’une magnitude toute autre, et compliquées à interpréter. Il semblait exister une méthode, chez les Aranea, pour retourner leurs pouvoirs psychiques contre leurs propres esprits et la plupart des Aranea de haute stature savaient plus ou moins le faire. Zorian n’était pas exactement sûr de ce pourquoi ces techniques avaient été créées et transmises, mais elles altéraient les pensées et la perception du monde à un degré exceptionnel.

Et en tant que Matriarche d’une Toile puissante, Lance de Résolution était sans aucun doute utilisatrice de telles techniques. Si Zorian tentait d’interpréter ses souvenirs sans l’avoir pris en compte, il devrait s’attendre à une mauvaise surprise.

Le lundi, quand les cours démarrèrent, Zorian rendit visite à Xvim pour tenter de le mettre au courant de la boucle temporelle une fois de plus. Dans la boucle précédente, Xvim s’était montré extrêmement suspect et ses tentatives n’avaient mené à rien. Il était compliqué de savoir à quel point ça avait eu à voir avec son approche et à quel point ça avait eu à voir avec les arrestations en masses à Cyoria à ce moment, mais Zorian n’allait pas laisser passer une chance. Il suspectait une approche trop hâtive la fois passée, aussi cette fois-ci fut-il plus modéré.

Il attendit jusqu’à ce que Xvim fut dans son bureau avant de lui rendre visite, tenta de réduire ses arguments au strict minimum et finit par lui donner le code qu’il lui avait fait mémoriser. Xvim lui dit malgré tout de revenir le vendredi, mais Zorian sentait que les choses allaient se passer plus en douceur, cette fois.

Et il avait raison. Le vendredi, Xvim accepta son histoire avec curiosité et faim de l’inconnu, et une fois plus, décida d’aider Zorian à peaufiner sa magie dimensionnelle et ses compétences de mise en forme du mana. Pour l’instant, il ne fit que tester les compétences de Zorian afin de comprendre son niveau, mais il promit rapidement de lui trouver quelque chose de plus substantiel pour la semaine suivante.

En considérant à quel point cette boucle était chargée de promesses pour Zorian, ce dernier était parfaitement d’accord avec ce rythme.

La première semaine lui rappela également à quel point Kirielle lui traînait dans les pattes quand il n’y avait pas Nochka alentour pour la distraire. Sans une amie de son âge avec qui passer le plus clair de son temps, Kirielle se concentrait sur la seule tâche à disposition : accaparer Zorian le plus possible. Il avait presque oublié comme elle pouvait être pot-de-colle et ennuyante, parfois, et recourait désormais à la construction de tout un tas d’objets magiques afin de l’amuser et avoir la paix un peu plus de quelques minutes d’affilée. Heureusement, elle adorait les puzzles, et il y avait vraiment un grand nombre de puzzles magiques décrits dans les anciens tomes de magie – les mages aimaient beaucoup en créer, pour une raison qui lui échappait.

Plus tard dans la semaine, lorsque Kael et Kana arrivèrent dans la maison, un peu de son attention se reporta sur eux. Les fois où Zorian présentait Nochka à Kirielle, Kana devenait inévitablement la troisième roue du carrosse et se voyait repoussée quelque peu… et Kana était bien plus jeune que les deux autres fillettes, et silencieuse, pour ne rien ajouter. Zorian suspectait qu’elle fût bien plus heureuse quand il n’y avait que Kirielle à la maison.

Comme Kael était toujours informé de l’existence de la boucle temporelle au moment où il arrivait à la maison, et puisque Zach visitait souvent les lieux pour discuter avec Zorian, tous deux eurent finalement l’opportunité de se rencontrer et de parler. Bien que la boucle temporelle fût de mise, Kael n’avait pas encore totalement absorbé le contenu de ses calepins, ce qui devenait de plus en plus long et difficile à mesure des boucles qui passaient et du contenu de ceux-là qui allait en augmentant, aussi ne purent-ils pas vraiment aborder de sujet pertinent. Au lieu de ça, ils bavassèrent principalement au sujet de l’alchimie, et de la Purge, le Grand Nettoyage. Zorian pensait qu’ils n’oseraient pas vraiment aborder le sujet, mais apparemment, ils étaient parfaitement à l’aise avec cette tragédie qui les avait frappés tous deux.

Actuellement, Zach et Zorian étaient assis sous un arbre au milieu de nulle part – un petit bosquet entouré par des champs et des fermes aux alentours de Jatnik, un endroit vraiment tout ce qu’il y avait de banal, sans intérêt aucun. Zach tentait de tisser une couronne de marguerites sans la briser et échouait lamentablement tandis que Zorian observait la carte d’Eldemar sur laquelle ils avaient référencé chaque toile qu’ils avaient localisée. Grâce aux mémoires des différentes matriarches et diplomates Aranea que Zorian avait récemment explorées, il connaissait désormais l’emplacement de centaines et de centaines de nouvelles toiles. Décider où attaquer maintenant était devenu plutôt problématique.

— Eh, Zorian, lança soudain Zach en jetant son œuvre ratée sur le côté après l’avoir une fois de plus déchirée sans le vouloir. Je sais que tu as une limite de temps, mais penses-tu qu’on pourrait prendre quelques jours pour localiser une Toile particulière ?

Zorian le regarda, étonné. Pour dire vrai, il trouvait leur rythme actuel stressant et très contraignant, et aurait probablement supplié de faire une pause très bientôt.

— Je pourrais, oui, acquiesça-t-il en désignant la carte devant lui. Je ne vais pas prétendre que la carte est complète ou quoi que ce soit, mais même si la Toile que tu cherches n’y est pas, l’une d’elle nous conduira dans la bonne direction.

— Ouais, c’est ce que je me dis aussi, confirma Zach. Je voulais attendre que tu ouvres les souvenirs de la Matriarche avant de t’en faire part, mais plus j’y pense, plus je pense qu’on devrait s’en occuper tout de suite. Peut-être que ce sera un point essentiel dans la compréhension de ce que la Matriarche a à nous apprendre.

— C’est-à-dire ? demanda Zorian.

— Lance de Résolution m’a dit que si quoi que ce fût devait lui arriver, je devais me rendre auprès d’une Toile, les Acolytes du Serpent Fantôme, expliqua Zach. Elle a refusé de me dire qui ils sont ou comment les joindre, cela dit. C’est pour ça que je visitais les Toiles çà et là depuis lors.

Zorian fronça les sourcils. Les Acolytes ? Ces Aranea qui refusaient de lui parler parce que leur esprit leur disait qu’il annonçait de mauvaises nouvelles ? Est-ce que ce dernier savait quelque chose à propos de la boucle ?

Eh bien, la boucle avait sectionné le lien entre le plan matériel et les plans spirituels, et les Acolytes étaient supposées murmurer avec un esprit. Même si c’était un esprit natif, vivant sur le plan matériel, peut-être possédait-il quelque connexion avec un plan spirituel et était en possession d’une information importante.

— Je sais où elles vivent, dit Zorian. Pas besoin de les chercher. Je peux juste te dire où les trouver.

— Oh, s’étonna Zach. Wow, et j’ai passé tant de temps à les chercher… Je ne peux pas croire que j’aurais aussi bien pu apparaître devant toi et te demander l’info. Il semble qu’on aurait vraiment dû se revoir bien plus tôt…

— Ouais, confirma Zorian. De toutes façons, il est probablement plus prudent que je t’indique la bonne direction et que je ne t’accompagne pas. Toutes les fois où j’ai tenté de leur parler, elles m’ont décrété que leur esprit ne m’aimait pas et que je devais m’en aller. Je suis porteur de mauvaises nouvelles.

— C’est étrange, grimaça Zach. Qu’as-tu fait pour te les mettre à dos ?

— Rien du tout, fit Zorian en haussant les épaules et en secouant la tête. J’ai même essayé de les rencontrer juste après le début de la boucle, avant d’interagir avec la moindre Aranea. Elles ont toujours réagi de la sorte. Je ne sais pas pourquoi, mais il vaut mieux que tu y ailles seul et que tu ne leur fasses pas comprendre qu’on se connait.

Après avoir appris comment s’y rendre, Zach se téléporta immédiatement et Zorian rentra à la maison afin de l’attendre et pour se reposer un peu. Cependant, seulement quelques heures plus tard, Zach revint à Cyoria, directement chez Imaya. Il s’avança vers la table à laquelle Zorian était installé et s’assit à ses côtés, une expression indéchiffrable sur le visage.

— Elles ne me recevront pas, comprit Zach. Leur esprit dit que je porte des mauvaises nouvelles.

— Vraiment ? Alors nous portons tous deux une mauvaise nouvelle ? commenta Zorian en tapotant ses doigts contre la table. T’ont-elles dit pourquoi, ou quelles nouvelles exactement ?

— Rien du tout, se morfondit Zach.

— Tu penses qu’on devrait juste les attaquer et lire leurs esprits ? proposa Zorian, qui était pour la considération et la paix, mais plus lorsqu’il était devenu évident que ces Acolytes possédaient une pièce important du puzzle concernant la boucle temporelle.

— Non, répondit rapidement Zach. Si elles savent que nous voyageons dans le temps, peut-être possèdent-elles une méthode pour se défendre de nous, ou pire, nous faire du mal, voire de percevoir les différents recommencements. Les attaquer pourrait altérer définitivement notre relation avec elles. Peut-être qu’il faudrait tenter de les rencontrer en même temps et refuser de quitter les lieux jusqu’à ce qu’elles acceptent ?

Zorian leva un sourcil vers Zach.

— Quoi ? se défendit celui-ci. Ça peut valoir le coup ! Ne sous-estime pas l’efficacité de deux personnes super chiantes pendant une longue période !

Au bout du compte, Zorian accepta de suivre le plan de Zach, ils iraient ennuyer les Acolytes pour les pousser à discuter. Il fit savoir Kirielle et Imaya qu’il serait absent de la maison pendant un moment et quitta les lieux en compagnie de Zach afin de rendre visite à cette Toile des plus suspectes.

Au moment où ils approchèrent le campement Aranea, ils furent immédiatement conduits à l’intérieur. Zach et Zorian se lancèrent un regard étonné et tentèrent de demander à leurs guides pour quelle raison avaient-ils été si rapidement acceptés alors que Zorian et Zach avaient indépendamment été rejetés sans modération. On leur répondit simplement que le Serpent Fantôme désirait les voir et qu’elles non plus ne savaient pas ce qui se passait, et qu’elles s’en moquaient. Elles exécutaient les ordres.

Ils arrivèrent dans une grande grotte circulaire emplie d’eau. Il y avait là un promontoire rocailleux, pile au centre de ce lac miniature souterrain, et un pont de pierre connectait l’entrée de la grotte à ce rocher. Le plafond était couvert de petits amas de cristaux blancs brillants, donnant à Zach et Zorian l’impression qu’ils étaient sous un ciel étoilé. L’eau était, quant à elle, noire et immobile.

L’un dans l’autre, la grotte était vraiment sinistre.

Flottant au milieu de ce lac souterrain, juste au-delà de ce promontoire rocheux, se trouvait un serpent. Géant, blanc comme neige et transparent.

Au moment où Zach entra dans la grotte, le Serpent spectral tourna ses yeux fendus vers lui. Une vague rosâtre caressa la surface de ses écailles, traversant son corps depuis ses yeux jusqu’à l’extrémité de sa queue avant de s’évanouir.

— Partez, partez, partez, murmura-t-il d’une voix malgré tout douce et mélodieuse, presque envoûtante, absolument pas empreinte de ce sifflement caractéristique auquel on aurait pu s’attendre.

Pourquoi avait-il ressenti le besoin de répéter l’ordre à plusieurs reprises était un mystère, car les Aranea avaient déjà quitté les lieux dès la première injonction.

Le serpent attendit qu’elles fussent toutes hors des lieux et scella l’entrée avant de reprendre.

— Comment ? demanda-t-il. Comment pouvez-vous être deux ? Je connais suffisamment les règles – seul un peut entrer, seul un peu sortir.

— Nous ne savons pas de quoi vous parlez, protesta Zach, croisant ses mains devant sa poitrine. Pourquoi ne pas commencer par le commencement, ok ?

— Tu ne peux pas me donner d’ordres, Marqué ! trancha net le Serpent Fantôme en ondulant dans les airs, parcouru par un spasme de colère, avant de fixer son regard sur Zach une fois de plus. Je te hais, je te hais, je te hais ! Voleur, menteur ! Meurtrier ! Menteur, vandale, destructeur d’œufs !

— Hé, c’est quoi ça ?! protesta Zach. Nous ne nous connaissons même pas, toi et moi ! C’est la première fois que je te rencontre !

— Est-ce ? Est-ce vraiment, vraiment, vraiment ? demanda le serpent en plissant ses yeux sans paupières, le regard concentré sur Zach, une fois de plus répétant inlassablement et inutilement ses mots. Je ne le saurais pas, même si c’était le cas, n’est-ce pas ? Je sais comment cela fonctionne. Vous portez tous deux la Marque.

Il tourna sa tête vers Zorian, l’espace d’une seconde.

— C’est la seule raison pour laquelle je vous parle. Je connais la Marque et je sais ce qu’elle signifie. La plupart l’ont oubliée, dormante comme elle l’a été pendant tant de cycles, mais je suis plus ancien que les rivières et les montagnes, et je me souviens. Je me souviens des crimes qu’ils ont perpétré – la façon dont ils m’ont fait chuter. Et s’ils ont agi ainsi à la fin, qui peut oser imaginer ce qu’ils ont pu faire entre-temps ? Mais les Marqués… Il n’y a qu’un Marqué, toujours. Et vous êtes deux. Tout ça n’a aucun sens, aucun sens, aucun sens !

— Serpent Fantôme, tu dois nous croire quand nous te disons que nous comprenons extrêmement mal ce qui arrive, et nous en savons très peu, expliqua Zorian. Je déduis de tes mots que tu sais ce qu’est la boucle temporelle, n’est-ce pas ?

— La boucle temporelle ? répéta le spectre lentement, comme s’il goûtait la saveur des mots. Un choix intéressant de mots. Mais personne ne se souvient de l’Entre-Temps. Seul le Marqué. C’est une chose qui est arrivée encore et encore par le passé. Ce n’est pas difficile à comprendre.

— En ce cas, pourrais-tu avoir l’obligeance de nous abreuver de ton savoir, nous, stupides et ignorants humains ? ironisa Zach en levant les yeux aux ciel.

— Tu dis qu’il y a eu d’autres boucles par le passé ? se hâta Zorian avant que Zach n’eût la chance d’énerver leur interlocuteur une fois de plus.

Heureusement, il semblait que celui-ci savait pour la boucle, il ne pouvait conserver les souvenirs successifs, pas plus que tout un chacun. Il savait simplement qu’il était coincé dans une éternelle répétition et était capable de les reconnaître comme des voyageurs temporels grâce à leur marque… ce qui signifiait que la situation était reproductible, et même si les choses s’envenimaient, ils pourraient être capables de retenter la conversation une nouvelle fois.

— Elles étaient régulières comme la progression entre le jour et la nuit, répondit le serpent. Tous les quatre cent ans, à chaque fois que les planètes s’alignaient. Mais le Portal est perdu depuis un certain temps maintenant, ou peut-être la Clé. Hélas, il semble que quelqu’un ait finalement déclenché cette chose tordue une fois plus. Qu’il brûle dans le cœur bouillonnant du monde pour l’éternité, éternité, éternité !

Le Reptile translucide se tortilla dans les airs pendant quelques secondes, apparemment surchargé par des sentiments qui lui étaient propres, colère, outrage, en pensant à la personne à l’origine de la boucle. Il se concentra ensuite une fois de plus sur ses invités.

— Je me souviens. Pas vous ? demanda-t-il. Ne répondez pas. Je le vois sur vos visages. Je ne comprends pas comment la Marque peut être partagée, mais clairement, c’est le cas. Je ne souhaite plus vous parler.

— S’il te plaît, ô grand esprit de ces grottes, fit Zorian en s’agenouillant, espérant que la flatterie et une dose d’humilité le mènerait quelque part. Je peux voir que tu as été dupé par un Marqué de façon grave dans le passé. Nous ne souhaitons pas te retirer tes rancunes. Mais nous avons été attirés dans la boucle temporelle sans le vouloir et nous ne savons pas ce qu’il se passe.

— La flatterie est bonne, mais inutile en ces lieux. Je sais comment cela fonctionne, fonctionne, fonctionne… Vous allez revenir encore et encore, me soutirer toute connaissance et tout savoir, apprenant de mes peurs et de mes faiblesses, et vous allez prendre, prendre, prendre, jusqu’à ce qu’il ne me reste rien. La seule chose à faire et de ne pas vous céder quoi que ce soit. Que pouvez-vous me faire, après tout ? Aujourd’hui, je meurs, et demain, je vis à nouveau.

— Nous souhaitons simplement savoir comment fonctionne la boucle temporelle, avoua Zorian.

— Oui ! confirma Zach. Dis-nous juste ce qu’il se passe, ici ! Si nous sommes vraiment les génies du mal que tu imagines, alors tu vas nous dire une chose que nous savons déjà, de toutes façons.

Le serpent réfléchit pendant quelques secondes en silence, considérant la demande.

— Très bien, finit-il par annoncer. Mais après ça, vous partirez. Et si vous possédez le moindre honneur, vous ne me rendrez plus jamais visite. Même lorsque j’aurai oublié.

— C’est promis, répéta Zach facilement.

Zorian se demanda s’il était vraiment sérieux. Après tout, ce serpent pouvait être une telle source d’informations…

— Les promesses ne sont que du vent, mais elles valent mieux que rien du tout, soupira le reptile. Observez attentivement.

Il tourna son regard en direction des eaux du lac, et une grande sphère aqueuse s’en éleva pour flotter dans les airs comme lui. Après quelques instants, elle s’approcha de Zach et Zorian et se mit à vibrer et onduler, comme sur le point d’exploser.

Au lieu de quoi elle se déplia en un diagramme brut – une ligne horizontale sur laquelle un triangle se trouvait en équilibre sur sa pointe.

— La ligne inférieure se trouve être le Commencement et la Fin, expliqua le serpent. Il s’agit du monde dans lequel vous êtes nés, et celui dans lequel vous allez mourir. Le triangle est le monde de l’Entre-Temps. Il existe entre les moments, constamment détruit et recréé comme neuf. Une ligne de vie condensée en un moment. Nous sommes tous prisonniers de cet endroit, spectres créés pour les Marqués tels que vous puissent apprendre et grandir. Lorsque les feux qui alimentent l’Entre-Temps faiblissent et s’éteignent, nous disparaissons tous dans le vide… excepté le Marqué, qui ira vers la Fin pour vivre ce mois une dernière fois, fois, fois…

— Attends, tu dis que tout ça, c’est faux ? demanda Zach, incrédule. Que nous sommes tous une espèce d’illusion ?

— Une reproduction, pas une illusion. Si tu pouvais reproduire une peinture dans ses moindres détails jusqu’à un niveau que l’œil ne peut voir, ne serait-elle pas aussi réelle que l’originale ?

— Mais c’est… protesta Zach.

— Assez ! le coupa le Serpent Fantôme. Je vous ai donné ce que vous demandiez. Honorez votre part du contrat, votre promesse, et partez, partez, partez ! Gardes ! Escortez-les dehors, dehors, dehors !

Avant que Zorian ou Zach n’eussent pu trouver que dire, le serpent plongea dans les eaux sombres du lac et disparut pour de bon. Malgré son apparence spectrale, il créa un immense raz-de-marée, forçant les deux garçons à rapidement se protéger s’ils ne voulaient pas se retrouver trempés.

Ok, ça, c’était juste insultant.

Quoi qu’il en fût, les Aranea arrivèrent rapidement et les jetèrent dehors, poliment mais fermement. Tous deux se retrouvèrent là, à se regarder en silence pendant un moment, perdus dans leurs pensées.

— Alors… commença Zach. Qu’en penses-tu ?

— Je pense qu’il faut que j’ouvre ce paquet mémoriel aussi vite que possible, trancha Zorian.

L’histoire du serpent venait de lui donner une horrible suspicion sur ce que Robe Rouge était en train de faire, depuis tout ce temps…

Raka
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12 thoughts on “MoL : Chapitre 53

  1. Franchement un énorme merci pour ces chapitres !!
    Ça fait trop plaisir de retrouver cette histoire que je trouve génial !
    J’espère que tout va mieux pour toi et que ca continue 😉

  2. Waaaa, bon retour, tu nous a manqué ^^.
    Merci beaucoup pour ces chapitres mais gaffe à ne pas fatiguer les yeux sur l’écran XD.

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