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Chapitre 175 : Le temple d’Aria 1/2

 

Minchan s’efforça de reprendre son calme et lança une question à quiconque souhaitait y répondre.

« Un feu se déclare en forêt. Que faites-vous ? »

« Il faut l’éteindre ? » répondit une jeune femme installée au premier rang.

« Et si la source de cet incendie est un volcan ? »

« Alors… Je dirais qu’il faut évacuer. »

« Justement, répondit Minchan triomphant, que doit-on faire s’il n’y a plus aucune échappatoire ? »

« J’ai peur de ne pas bien voir où vous souhaitez en venir, monsieur. »

« Lorsqu’un incendie se déclare, on constitue deux équipes : une pour secourir, l’autre pour le combattre. »

« Oui, et donc ? »

« C’est ce que fait notre Roi. Alandal combat les donjons qui explosent plus souvent que ne le feraient tous les volcans de la surface de la Terre. Le rôle du monde est de tenir et de secourir les gens jusqu’à ce qu’il parvienne à éteindre ces flammes infernales. »

« Quelles flammes ? Affirmez-vous que les donjons peuvent prendre feu ? » s’interrogea-t-elle.

« Vous m’excuserez, mais je ne vois pas à quel moment mes paroles ont pu manquer de clarté. On engage les journalistes dès la primaire, maintenant ? » s’énerva Minchan.

« Et vous, vous n’avez jamais entendu parler du sarcasme ? Ce que je demande, c’est la position officielle d’Alandal, pas une poésie à la gloire de votre Roi. Allez-vous persister dans votre recherche d’un moyen durable de détruire les donjons, même si les coréens se font tuer par dizaines de milliers ?! » se mit-elle à rugir à son tour.

Jung Minchan, jusqu’alors assis, son micro à la main, se leva tout à coup et s’approcha plus en avant de la scène. Qu’un journaliste puisse perdre son calme en de pareilles circonstances lui semblait inacceptable…

« Ce… Je veux dire que… » balbutia-t-elle soudainement, consciente d’avoir commis une faute.

Minchan continua de la dévisager, l’air impérieux. En fait, son erreur l’avait sorti d’un mauvais pas… Malgré tout, la position de Premier ministre lui plaisait de moins en moins. Plus le temps passait, plus il comprenait pourquoi Kang Woojin réagissait si mal face à ce genre d’énergumènes.

« Je viens de vous la donner, notre position. Mais soit, je vais abaisser mon niveau de langage de sorte à ce que la brique qui vous sert de cerveau puisse intégrer ce que j’ai à dire. La position d’Alandal est la suivante : vous pouvez chialer tant que vous voulez, vous êtes à un âge où il appartient à chacun de prendre ses propres responsabilités. La position d’Alandal est d’allouer toutes ses ressources à sauver la planète et pas les quelques culs dorés que vous êtes. Est-ce clair ?! »

Sans même attendre de réponse, Jung Minchan, tout Premier ministre qu’il était, se détourna de la scène avant de quitter la conférence. Woo Soonghoon le rattrapa en toute hâte, un peu sous le coup du choc.

« On peut vraiment se tirer comme ça ? »

« Ça m’est égal, on verra bien ce qu’il se passera. » répondit l’intéressé de façon désintéressée.

Soonghoon se contenta de hocher de la tête. L’intense pression sous laquelle se trouvait son collègue s’était déjà exprimée et il était trop tard pour revenir en arrière. Du reste, ils n’avaient rien à craindre. Ils étaient désormais d’Alandal avant d’être coréens.

« Je vais m’occuper d’aller terminer la conférence. » leur lança Kim Haemin, qui avait assisté à l’esclandre via les moniteurs de contrôle.

Celui-ci, à peine parvenu dans la pièce, essuya une pluie de questions.

« Alandal prend totalement son indépendance, nous l’avons compris. Mais n’est-ce pas trahir les accords passés avec la Corée du Sud ?! »

« La requête de la Corée ayant été ignorée, comprenez-vous que certains au parlement demandent la déchéance de nationalité pour les citoyens d’Alandal ? Quel est votre avis sur la question ? »

D’autres, plus silencieux, étaient déjà occupés à remplir des articles sur les tabloïdes. Jung Minchan, quant à lui, en profita pour se laisser tomber lourdement sur un canapé.

« Oh, bordel… » lâcha-t-il.

« Ça va aller ? » lui demanda Soonghoon.

« Oui, oui… Je suis juste agacé qu’ils ne comprennent pas. »

Car ce n’était pas seulement le projet de Kang Woojin qu’il portait, mais aussi le sien. La Corée occupait bien sûr une place privilégiée dans son cœur, mais c’était le monde qu’il fallait sauver. Quand un incendie se déclare, sauver un arbre en particulier importe moins que de l’arrêter, sous peine de tous les perdre.

« De toute façon, ça ne change rien pour nous. » lança Soonghoon, l’air pensif.

« Comment ça ? » s’étonna Minchan.

« Les frontières n’auront bientôt plus aucun sens, dans un monde où la morale n’existe plus. Ce sont les paroles du Roi, vous vous souvenez ? »

« Hmm… »

Ses propos lui revinrent tout à coup, et si leur sens ne lui était de prime abord pas apparu très clair, il réalisa en cet instant à quel point Kang Woojin avait vu juste. Si les gens perdaient toute foi dans les gouvernements, l’anarchie finirait par exploser. Chaque jour se rapprochait de cette finalité.

« Espérons que le statu quo soit maintenu encore quelques temps. » ajouta Soonghoon.

« Quel statu quo ? »

« C’est que, je ne me sens pas trop concerné par les questions d’héroïsme. La seule chose qui m’importe, c’est que notre Roi mène à bien sa mission. Ma fonction est de l’assister, et mon ambition s’arrête là. »

De simple vendeur franchisé en téléphonie, il était devenu le secrétaire personnel d’un Roi. Comment aurait-il pu rêver d’une meilleure situation ? Il avait d’ores et déjà l’impression d’avoir atteint bien plus que ce à quoi il était normalement destiné. La seule chose qu’il espérait, c’était de continuer à faire du bon travail.

« Vous êtes vraiment… » commença Minchan avant de s’interrompre.

Lui était bien plus coutumier des questions existentielles et de l’excès de stress. Chaque jour qui passait lui semblait le rapprocher du burn-out.

« Vous avez raison. On va suivre le Roi. » décida-t-il finalement.

« Voilà, c’est ce que je dis. » acquiesça Soonghoon.

L’idée était à Minchan bien moins désagréable qu’elle n’avait pu l’être. Après tout, c’était cette fois lui qui avait causé un scandale.

« Vous avez bien fait de les envoyer dans le mur, ça leur apprendra. Ça m’a fait un de ces biens, de voir leurs tronches se décomposer ! »

« Hmpf, ne me parlez pas de ça. » se renfrogna Minchan.

« Quoi ? Je suis sérieux ! Rassurez-vous, vous êtes resté tout à fait correct. En tous cas, bien plus que ne l’aurait été notre souverain… »

« C’est sûr que… Hahahaha, ça me rappelle des souvenirs ! »

Jung Minchan adressa un franc sourire à Soonghoon. C’était donc pour ça qu’il le gardait si près de lui…

 


 

Shingshi galopait en direction du temple d’Aria, dont la localisation avait été identifiée avec précision.

« J’ai mal aux oreilles… » se plaignit Woojin.

« Nous devrions peut-être faire une pause ? » lui demanda Melody tandis qu’elle se serra plus fort contre Woojin, craignant de tomber.

« Non, ça va aller. »

Après un moment de silence, il se tourna vers elle et la vit pâle comme la mort. C’était moins par inquiétude qu’animée par son propre désir qu’elle avait fait part de cette suggestion…

« Ok, on fait une pause. » trancha-t-il.

Shingshi revint au niveau de la terre ferme, et les deux descendirent. Ils virent une petite colline d’où coulait un ruisseau, dont l’eau puait à des kilomètres.

« Il doit y avoir un cadavre dans son lit. Gaebo, va voir s’il y a une colonie dans le coin. » fit Woojin.

« À tes ordres, mon petit maître ! » s’amusa celui-ci en se confondant dans son ombre.

Et ainsi, Gaebo inspecta chaque recoin des environs. Woojin ne souhaitait pas éviter qui que ce soit, bien au contraire. Chaque monstre qu’il tuait était une victoire supplémentaire. Mais pour l’heure, il avait faim et soif.

« Putain, ils ont tout bouffé… » pesta-t-il en remarquant que les réserves en nourriture d’Alandal étaient vides.

Jaemin étant le seul à pouvoir accéder aux réserves, il comprit qu’il avait dû nourrir les réfugiés d’Alphène avec. Ce n’était pas très grave, car en tant que membres de la colonie, ils avaient désormais la possibilité d’acheter leurs propres victuailles à l’aide de pierres de sang. Lui aussi, d’ailleurs, put en faire autant. Il ouvrit ainsi le magasin des succès et se procura de l’eau et de la nourriture qu’il installa sur une table, autour de laquelle il plaça deux chaises.

« Assieds-toi. »

« D’accord… »

Une fois confortablement installée, elle en profita pour réaliser une prière à Aria, qui lui redonna de l’énergie. C’était surtout pour ça, qu’elle avait désiré s’arrêter. Réaliser cette opération sur Shingshi aurait fort probablement tué les deux.

« Vous n’utilisez pas le pouvoir de la colonie, là… C’est le pouvoir de la création. » jugea-t-elle.

« Pas tout à fait. » la corrigea Woojin.

« Comme un dieu… » continua Melody.

« Je te dis que non. Je n’ai rien créé, je viens de tout acheter. »

« Ah… J’ai moi aussi utilisé le magasin dimensionnel, de par le passé. »

Elle en avait perdu l’accès en même temps que son domaine, mais elle s’en souvenait encore parfaitement.

« C’est un outil… étonnant. Il donne accès au pouvoir des dieux… »

« Ah bon ? » s’étonna Woojin.

« Oui. Vous avez créé un arbre de vie, un château, des maisons, et même apporté le pain. »

« Admettons… Où est-ce que tu veux en venir, Melody ? J’ai du mal à te suivre. »

« Je me demande simplement si vous êtes un dieu. »

« Un dieu, tu dis… »

Cette question n’avait de cesse de revenir. Après tout, le propre des dieux n’était-il pas de pouvoir créer selon leur simple désir ? En quoi cela différait-il de ce qui lui était rendu possible de par le magasin dimensionnel et celui des succès ? La question restait entière.

« C’est quoi pour toi, un dieu ? »

« Je… » s’interrompit-elle aussitôt.

Elle était la sainte vierge, la championne d’Aria. Comment aurait-elle pu répondre à cette question ? Le silence s’apprêtait à devenir pesant quand Gaebo se manifesta à grand bruit.

« Il y a un donjon, au nord ! »

« Ah. Je vais aller m’en occuper. Repose-toi, Melody. »

« Oui… Merci. »

Il disparut en une fraction de seconde, emporté par un Shingshi plus fou que jamais. Melody se perdit alors dans ses pensées… Comment répondre à cette question ? C’est quoi, un dieu ?

 


 

La colonie fut nommée Yoros. Un peu partout en son sein furent disposés des terrains d’entraînement, où des gens s’activaient sans cesse. Sur l’un d’eux, une flamme gigantesque n’avait de cesse de changer de taille, tantôt grande et menaçante, tantôt plus modeste. C’était comme voir un feu animé par un soufflet. Sauf que la source était tout autre, comme en témoignait la personne qui se tenait en son cœur.

« J’y arrive toujours pas… » grogna Sunggoo.

Et à nouveau, il donna de la puissance à la flamme, prenant feu lui-même. Son corps devint plus gros, quelques instants durant, avant de diminuer à nouveau. Le spectacle attira quelques curieux, parmi lesquels se tenaient des enfants qui ne purent retenir leurs applaudissements.

« Que faites-vous ? » lança une voix à une jeune fille assise en tailleur.

« Comte Jaemin ! Je prie pour l’esprit élémentaire. » lui expliqua cette dernière.

Les vassaux de l’Immortel jouissaient d’une popularité sans cesse grandissante parmi la colonie, de Blanka à Haesol et son escouade fantôme, de l’esprit de feu Hong Sunggoo au seigneur vampire Do Jaemin. Ils étaient plus que des héros. Ils étaient des exemples.

« Quel esprit élémentaire ? » s’interrogea Jaemin.

« Lui. » répondit la fille dans un sourire, tout en pointant du doigt Sunggoo.

« Oh… »

Il était vrai qu’il y ressemblait de plus en plus…

« J’ai toujours cru que l’Immortel était un personnage dangereux. Je me rends compte aujourd’hui qu’il est simplement d’une puissance extraordinaire. Alors, il s’est entouré de gens exceptionnels, comme le roi des esprits de feu, et vous, très cher Comte. »

« Euh… fit-il gêné, avant d’éclater de rire, puis d’ajouter : je vous laisse continuer d’apprécier la vue, alors. »

« Merci. »

Jaemin regarda alors Sunggoo et se laissa lui aussi emporter par la fascination pour sa puissance et la beauté qui s’en dégageait. Sunggoo, quant à lui, se fichait totalement qu’on puisse ou non le regarder. Sa concentration était toute dédiée à l’accomplissement de son objectif.

Je sais pas comment il fait, moi j’aurais trop le trac… Hmpf. J’espère que Woojin va bien…

Jaemin décida de détourner les yeux et s’éloigna un peu. Woojin, qu’il voyait comme son grand frère, avait été braver le danger pour enfin donner à Melody la place qu’elle méritait. Bien sûr, c’était en grande partie intéressé, car son action lui octroierait une relique divine dont il avait tant besoin. Il n’aurait plus alors besoin que celle du dieu du temps Hérès. Ce n’était toutefois pas vraiment par inquiétude pour lui qu’il s’en faisait. Puisque la solution au problème des donjons semblait résider dans l’ensemble d’équipements de Gehen, Jaemin souhaitait qu’il l’obtienne le plus rapidement possible. Comment avait fait Woojin pour rester 20 ans seul sur Alphène ? Lui avait déjà le mal du pays…

Nostra
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