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Chapitre 207 : Récupération 3/3

 

Les sourcils légèrement froncés, le professeur Toppler l’inspectait en silence. Comment se plaçait-il, maintenant qu’il avait ouvert les yeux au vrai monde ? Il n’existait qu’un seul moyen de s’en assurer…

– Avez-vous réfléchi à ma proposition ? lui demanda-t-il, surtout afin de briser ce silence par trop lourd.

– Laquelle ? lui rétorqua Woojin, du ton désinvolte qui le caractérisait. Vous m’avez demandé beaucoup de choses.

– Au sujet de la réinitialisation…

Finalement, Isaz mort et Toppler déconnecté de force, Kang Woojin était le seul à même de sauver le monde de sa fin certaine.

– Il n’est pas trop tard, Kang Woojin, reprit Toppler en l’absence de réponse. Je vais vous montrer comment transmettre un message à quelqu’un d’Alandal. Quand cette personne aura sécurisé le code terrien, il nous suffira de la déconnecter, et tout rentrera dans…

– Oui. Vous avez raison, professeur. Je vais ordonner à un de mes lieutenants de tuer ma petite sœur, et tout rentrera dans l’ordre, répondit-il d’un ton si acerbe qu’il tenait davantage de la menace que du sarcasme.

– Écoutez, je dis simplement qu’une fois le code en notre possession, nous pourrons réinitialiser Trah.net avant que la guerre n’explose.

– C’est moi, qui vais exploser… grogna Woojin.

– Bon sang, mais dans quel monde vivez-vous ? La Terre est détruite, et l’autre n’est qu’une simulation, un jeu vidéo ! Nous ne tuons pas votre sœur, elle sera de retour dès la fin de la réinitialisation ! C’est comme ça que nous sauverons à la fois la Terre et votre sœur ! s’emporta soudainement le professeur.

– Ha ha. Je vois que vous n’avez toujours pas compris, aucun d’entre vous. Je me fous complètement de votre Terre. Je vais couper tous les liens qui l’unissent à Trah.net.

Face à une telle réponse, il sembla évident au vieux scientifique que le caractère brutal de la déconnexion avait quelque peu heurté ses facultés mémorielles.

– On pourra toujours relancer la simulation, mais…

– Assez ! l’interrompit violemment Woojin. Je ne suis venu qu’afin de vérifier quelque chose.

– Comment ça, vous êtes venu ? s’étonna-t-il en lançant un regard au Capitaine Léon, qui évita d’ailleurs soigneusement d’y répondre.

– Je suis venu voir votre âme, lui répondit-il. C’est chose faite.

– Que… bon sang, mais où allez-vous ?!

– J’ai à faire. Adieu, Toppler.

– Capitaine Léon, retenez-le ! Mais empêchez-le de partir, bon sang ! Que font vos soldats ?! s’emporta à nouveau Toppler.

– Oubliez ça, professeur. Ça vaudra mieux pour tout le monde, lui lâcha enfin le Capitaine.

Même sans le code terrien, le professeur pensait envisageable de remonter dans le temps, à l’aide du code de récupération que possédait Kang Woojin. Sans lui, la vie s’arrêterait pour de bon. Alors, se débattant de façon pathétique dans les tuyaux, il s’extirpa de sa capsule de survie et partit nu à la suite de la source de toutes ses inquiétudes.

– Arrêtez-vous ! Arrêtez-vous, Kang Woojin ! hurla Toppler en saisissant son bras.

Tout à coup et alors que son regard croisait le sien, il sentit le sol se dérober sous ses pieds. C’était comme s’il lévitait…

– Ne me suis pas, Toppler. J’ai eu ce que je voulais, restons-en là.

Pour réponse, le professeur maugréa un ensemble de syllabes dont tirer du sens aurait été impossible. Toutefois, son intention était pour sa part parfaitement limpide. Il était terrorisé. Kang Woojin avait de réels pouvoirs… C’était comme s’il avait véritablement été un éveillé, mais dans le monde réel.

– Retourne dans ton monde, lâcha Woojin en parole autant que dans les faits.

Le professeur s’effondra de tout son long au sol et fut rapidement ramassé par l’équipe du Capitaine, à proximité des escaliers que venait d’emprunter Woojin.

– Il n’est pas… plus humain. Laissez-le, lui signifia à nouveau ce dernier.

– Qu’est-ce que vous racontez, Léon ?

– Ce n’est pas ça, votre grand projet ? Que le contenu de Trah.net apparaisse directement dans le monde réel ? La biosphérisation a déjà commencé, Toppler.

Comment était-ce possible ? Le Capitaine Léon disait vrai, les pouvoirs de Kang Woojin en étaient la preuve directe. C’était incompréhensible.

– Professeur, votre masque à gaz ! cria un soldat.

Il ne lui accorda pas la moindre attention et s’élança à nouveau dans les escaliers. Il fallait qu’il le rattrape. Aussi, ses quintes de toux eurent tôt fait d’éveiller l’attention de celui qu’il poursuivait désespérément.

– A… attendez… moi ! lui cria-t-il, tout en sachant parfaitement que Woojin l’attendait.

– Quoi ? lui lança Woojin sans se retourner.

– Où… où allez-vous ?

– Qu’est-ce ça peut faire ?

– J’aimerais simplement connaître la prochaine étape de votre projet, répondit Toppler en s’efforçant de reprendre son souffle.

Woojin leva les yeux au ciel, comme pour apprécier l’instant. À l’inverse de cette terre désolée, le ciel était lumineux, beau et vivant.

– J’y retourne, lui expliqua-t-il simplement.

Il savait déjà comment briser le lien qui unissait ces deux mondes. Il avait appris dès son réveil, comme si Gehen avait attendu cet instant pour lui communiquer.

– La Terre issue du système Trah.net est sur le point d’être détruite. Même si vous y retournez, les gens d’Alandal… s’interrompit soudainement le professeur Toppler, l’air coupable.

– Vous les avez vu mourir ? lui demanda Woojin, les yeux au sol.

– Non. Je n’ai pas assisté à leur mort, mais ils n’ont pas réussi à vaincre le…

– Alors inutile de palabrer plus longtemps. Ils ne se laisseront pas vaincre aussi aisément, le coupa cette fois Woojin.

– Même s’ils tiennent encore, comment allez-vous faire pour y retourner ?

– Si je ne peux pas le faire, alors je les ramènerai ici.

 


 

Un énorme choc se répercuta dans toute la forteresse, arrachant quelques cris de terreur aux civils réfugiés en son cœur. La barrière magique qui la protégeait venait de tomber.

– N’y a-t-il donc rien que nous puissions faire ?! s’agaça Jung Minchan, resté au plus près des troupes, au mépris de sa sécurité.

– Nous n’avons pratiquement plus d’énergie, lui répondit Vivie d’une voix éraillée.

Ils eurent beau déchainer autant les canons que leurs attaques magiques, la puissance de l’armure noire dépassait encore de loin la leur. Même les morts étaient épuisés… Tous les squelettes étaient déjà tombés. Même Jaenis, en l’absence de son maître, devait porter une attention toute particulière à ses réserves énergétiques, sous peine de ne plus pouvoir combattre de tout, aussi se contenta-t-il de servir de distraction, évitant les coups de l’armure noire afin de protéger le reste de la forteresse. Les chevaliers noirs, quant à eux, devaient à tout prix éviter d’être vaincus…

– Hahahaha ! scanda encore la plus grande menace jamais connue par la Terre.

Ses deux points balancèrent un missile d’énergie noire directement sur la forteresse, créant un gigantesque trou dans sa coque. Ryong aurait voulu le prendre, mais il était encore à peine capable de se mouvoir… Une colonne de flammes vola à la rescousse des civils qui tombaient dans le vide et les emporta sur le pont, au milieu des chevaliers noirs. C’était encore le seul endroit sauf de cette épave en devenir et continuer à tenir, comme ils l’avaient fait depuis déjà une semaine, surtout grâce aux efforts de Che Haesol et d’Hong Sunggoo. Lui n’avait pas encore été blessé, mais il tirait tant sur son corps qu’il était à deux doigts de s’effondrer. Un hurlement le sortit soudainement de sa torpeur.

– C’était le dernier dragon… observa Che Haesol, déchirée de constater que ses renforts n’avaient servi à rien.

Les êtres les plus puissants d’Alphène étaient tombés à leur tour. Il ne restait plus désormais que Ryong, une aile en moins. On aurait pu lui reconstituer, bien sûr, si seulement l’énergie n’était pas venue à manquer… De fait, il ne tenait plus en un seul morceau que grâce à Dolsae.

– Ce dragon-là ne sera détruit ! grogna-t-il.

Les derniers dragons étaient morts. Ce n’était pas seulement de par son millénaire que Ryong perdait la mémoire, mais aussi par volonté. Tant de ses frères étaient tombés, bafouant l’honneur tout entier de sa race. Il dirigea sa longue nuque vers Sunggoo, les yeux brûlants d’un étrange éclat.

– Dragon ? Quel est ton souhait ?! lui demanda-t-il de façon confuse, ne sachant trop s’il s’agissait véritablement d’un dragon comme le lui soufflait son instinct, ou si ceci venait de son armure.

– Mon souhait ? s’étonna Sunggoo. J’aimerais bien qu’on tue ce truc…

– Alors, ton souhait te sera accordé ! se satisfit l’immense charogne.

Il se fichait de mourir, pourvu qu’il puisse voler une dernière fois. Rien qu’une dernière fois. S’il volait, alors il était en vie. Et peu lui importait d’avoir oublié jusqu’à son nom.

– Accorde-moi le mien, à présent ! Offre-moi mon dernier souffle ! lui ordonna le dragon.

– Ton dernier… ? Oh. Excellente idée, comprit Sunggoo.

La boule de feu alla se réfugier directement dans les énormes narines du dragon et Jaenis, voyant la scène, se tourna vers eux. Il étendit les mains.

– Mon pouvoir est tiens, Ryong ! lui aboya-t-il.

L’aile du dragon se régénéra bientôt. Comme la liche, les chevaliers noirs s’avancèrent à son niveau. Eux aussi étendirent les mains.

– Nous vivons pour triompher ! hurlèrent-ils à l’unisson.

Le dragon décharné se sentit bouillir d’une puissance nouvelle, à tel point qu’il s’envola aussi sec afin d’éviter de détruire la forteresse dans sa rage. L’armure noire explosa de rire en se tournant vers lui. Il avait déjà tué 17 dragons, mais celui-ci était un peu plus malin. Il retournait se reposer chaque fois qu’il fatiguait… C’est alors que l’éclat de rire de l’être d’ombre s’estompa. Le dragon ne s’était cette fois pas jeté contre lui, comme il l’avait fait précédemment. Il tournait méticuleusement autour de lui, déployant ses grandes ailes à un rythme lent et mesuré. Son estomac et tout son ventre bientôt se gorgeaient d’énergie.

– Je suis vivant, lâcha le dragon pour lui-même.

Il avait perdu ses chairs, son cœur, son histoire… mais il était vivant. Dont acte. Il ouvrit ses mâchoires avec la volonté de lui envoyer le soleil lui-même en plein poitrail. Détruire enfin cette armure noire, de toute sa puissance… tel était le souhait du dernier dragon.

Prenant conscience de la dangerosité de ce souffle draconique, l’armure noire projeta à son tour un sort d’une puissance non moins hallucinante, et ces deux projectiles s’entrechoquèrent aussi violemment que si l’on venait de déclencher une bombe nucléaire. L’onde de choc qui en résulta fut si violente qu’elle projeta violemment la forteresse volante en direction du sol, ce à une vitesse par trop inquiétante. Il n’y aurait aucun survivant, sauf si…

– Oh, putain ! Enfin ! Je t’aime Jaemin, où que tu sois ! cria Vivie comme possédée.

Enfin, une nouvelle salve d’énergie. Elle activa immédiatement les défenses magiques du vaisseau en remerciant encore une fois Jaemin, qui semblait toujours occupé à combattre dans le domaine dimensionnel. L’impact fut malgré tout violent lorsque la forteresse heurta le sol, au point de soulever un énorme nuage de poussière. Kiba fut le premier à se relever, à mesure que se dissipait la confusion.

– Avons-nous triomphé ?!

Les autres chevaliers noirs ainsi que Vivie se relevèrent à leur tour et levèrent les yeux au ciel.

– HAAAAAAA HAHAHAHA !!!

L’armure noire… ainsi donc avait-elle survécu au souffle draconique. Le jeu avait assez duré, il était temps pour lui de se saisir du code terrien.

– Enfin, un peu de résistance… Merci de m’avoir diverti, lâcha l’être abjecte.

Plus personne ne pouvait lui résister. C’était la première fois qu’il s’exprimait. Vivie reconnut immédiatement sa voix et tomba à genoux, à la fois sous le coup du désespoir et de la peine.

Gaebo… pourquoi ? se dit-elle en cédant aux larmes.

Comme un ange venu des cieux les libérer de leur fardeau trop lourd, l’armure noire fonçait droit sur eux. Ce ne fut pourtant pas de la douleur qui se marqua sur tous les visages. C’était tout son inverse.

 


 

– Je vous en supplie, reconsidérez cette idée folle. Les deux Terres sont perdues, mais nous pouvons encore tout annuler. Ne pensez-vous pas qu’un monde vivant sera mieux ? le supplia le professeur Toppler, poussant le vice au point de se mettre à genoux.

À quoi pourrait bien leur servir un monde dévasté par la guerre ? Il fallait le réinitialiser, coûte que coûte…

– Bon, je ne vais le dire qu’une seule fois alors t’as tout intérêt à bien écouter et à ne surtout pas m’interrompre, lui concéda enfin pour réponse Woojin.

– Je… Oui. Allez-y.

– Le principe même de la vie, c’est d’aller de l’avant. Si un être décède, alors son corps servira à nourrir quantité d’autres, qui donneront la vie à leur tour. Que va-t-il se passer, si on va à l’encontre de ce principe ? Ce n’est pas parce qu’on peut revenir en arrière qu’on doit le faire.

– Mais…

– Mais rien, le coupa sèchement Woojin. Vous nagez en plein délire, tous autant que vous êtes ici, à vouloir entretenir un rêve et à vivre dans le passé. Si c’est à moi qu’incombe la responsabilité de vous réveiller, alors je l’assumerai.

Pour lui démontrer son propos, Woojin invoqua son arme de guerrier. Elle avait désormais l’apparence d’une faux. C’était une arme capable de découper même le plus dur des métaux, et de supprimer toute forme d’existence. Même lorsqu’on parlait de planètes.

〈L’Exécuteur de Gehen〉

– Restez en arrière si ça vous amuse, mais moi j’avance, lâcha enfin Woojin avant de frapper droit devant lui.

Une explosion d’une lumière aveuglante se produisit sous les yeux du professeur Toppler, incapable de bouger tant ce qu’il venait de voir le sidérait.

 


 

– C’est… Qu’est-ce qu’il se passe, sur Terre ?

– Je… Il faut en avertir le commandement immédiatement !

Les deux observateurs de la base lunaire n’eurent même pas à le faire. Tous les yeux étaient rivés sur le monde perdu, leur mère décédée. Dans un flash lumineux, la Terre reprenait ses teintes de bleu et de vert.

 


 

L’armure noire cessa soudainement sa course folle. Ceux qu’il s’apprêtait à tuer n’affichaient ni crainte, ni colère. Juste… de la joie ? Intrigué, il se retourna afin de voir ce qui semblait tant les faire sourire.

– Je t’ai jamais senti… Il m’a fallu un moment pour comprendre pourquoi, Gaebo, lui lâcha Woojin d’un air dégoûté.

L’armure noire comprit qu’il était trop tard pour éviter sa faux, et comprit du même instant que toute tentative serait restée vaine. Poussant un ultime cri en saccade, exprimant de façon manifeste toute la terreur qui l’animait, son armure et tout son corps furent découpés de ce seul et unique coup. De la fumée noire se dégagea une petite ombre, qui vint regagner sa place auprès de Woojin. À nouveau, c’est l’air dégoûté qu’il l’accueillit.

Alors Woojin vint se poser au sol sous les cris de joie et les applaudissements des survivants et de son armée. La forteresse était en piteux état, mais elle avait tenu…

– Tu vois, je t’avais dit qu’ils survivraient, lança-t-il à l’intention du professeur Toppler.

Alandal n’avait pas disparu. La Terre ne faisait plus qu’un avec elle-même… l’humanité venait de faire un grand pas. La main de Gehen avait enfin dissipé les ténèbres.

Nostra
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6 thoughts on “SSN Chapitre 207

  1. ET oui retournement de situation extrême Grace a la Faux magique qui « Carry la game » Notre MC a su utiliser son ult avec un timing parfait et c’est la win!!!!!!!

    Et bien Nostra merci pour cet acharnement sur la trad car je pense qu’il est difficile de se rendre compte à quel point ça n’a pas du être évident.

    Hâte de lire l’épilogue de cette série qui malgré une fin légèrement WTF reste selon moi excellente ^^

    Encore merci pour tout ce travail Nostra !

  2. Merci pour ce chapitre

    Le dénouement est rapide, je m’attendais à un minimum de combat. Mais bon en deux chapitre…

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