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Chapitre 204 : Aux frontières du réel 2/2

 

Lee Soogyong plaça rapidement Sooah derrière elle, et d’une voix tremblotante, s’interposa face à l’inconnu.

– Re… reculez, monsieur !

– Ne vous inquiétez pas. Ça ne durera qu’un instant.

Kim Kangjul s’avança d’un pas lent mais assuré, le visage dénué de toute expression. Rien de tout ça n’était réel, il se contentait de faire ce qui devait être fait. Enfin, la personne face à lui ne semblait pas tout à fait du même avis.

– Ne l’approche pas, ordure ! hurla-t-elle par réflexe.

Il ne l’avait à aucun moment menacée, et du reste, son fils ne l’avait jamais mise au courant des projets concernant Sooah. Seul son instinct maternel lui dictait la conduite à tenir. Cet homme était dangereux, aussi se jeta-t-elle contre lui afin de le maîtriser.

– Cours, Sooah ! indiqua-t-elle à sa fille.

– Maman ?!

– Dépêche-toi !!!

Une seconde hésitante, elle finit par s’exécuter et vit, la porte passée, les gardes étendus au sol. L’éveillé balança alors la vieille femme contre le mur.

– Peu importe, elle s’en souviendra même pas… lâcha-t-il pour lui-même.

Bientôt, tout recommencerait, et ses pêchés seraient tous oubliés. Il suffisait simplement de…

– Merde, où est-elle passée ?!

Sortant rapidement de la pièce, il tomba nez à nez avec Do Jiwon et Cindy, derrière lesquelles s’était réfugiée Sooah.

– Qui êtes-vous ? lui lança froidement Cindy.

– Je crois savoir que c’est Kim Kangjul, lui répondit Jiwon. Que faites-vous ici ? C’est vous qui avez fait ça aux gardes ?!

Elles eurent beau feindre le ton le plus réprobateur, leur peur était manifeste. Une petite dague à la main, l’assaillant chargea comme un taureau en leur direction. Les deux jeunes femmes se mirent à crier. Elles ne pouvaient rien faire d’autre face à lui…

Or justement, ce fut bien là ce qui les sauva. Kim Kangjul s’arrêta tout à coup, chargeant son corps de flammes. Sooah ne put réprimer un hurlement de terreur en voyant toute l’étendue de sa puissance, mais un sourire de Jiwon la rassura un peu. Ce n’était pas un sort… ou en tous cas, pas un des siens.

– Casse-toi ! J’essaie de sauver le monde, tu ne comprends pas ?! beugla Kim Kangjul.

– Ça n’y ressemble pas, répondirent les flammes.

Cindy comprit à son tour que l’évadé avait été contraint de s’arrêter face à un opposant bien plus puissant que lui. Parmi les flammes, elle crut percevoir une silhouette vêtue de vêtements assez amples à la couleur de sang. Si on pouvait très volontiers le qualifier de beau, quelque chose chez lui semblait inhumain. Ses cheveux et même l’iris de ses yeux étaient rouges…

– Je n’ai plus beaucoup de temps, laisse-moi agir ! insista à nouveau Kim Kangjul, incapable de lutter.

– Tu t’apprêtais à attaquer trois femmes sans défense. Je ne te laisserai agir pour rien au monde, répondit l’être.

– Dégage !

– Moi, tu vois, j’ai tout mon temps… lui lâcha-t-il en serrant son crâne dans la paume de sa main.

Ses cheveux noirs de jais prirent instantanément feu, aussi se jeta-t-il au sol. Non pour soulager la douleur, mais pour se libérer de son étreinte. Il en profita ainsi pour balancer sa dague en direction de Sooah.

– Tu m’as vraiment pris pour le dernier des crétins… s’amusa l’être de feu en érigeant un mur de flammes, qui stoppa net la dague.

Kim Kangjul se vit soudain entravé au sol, comme saisi par des centaines de langues de feu. Il supporta de prime abord bien la chaleur, mais leur intensité ne faisait que croître, encore et toujours plus…

– Non ! Je dois résist… aaaaaargh !

Se débattant tant bien que mal de façon pathétique, il ne se vit sans doute même pas disparaître.

– Bah, ça alors… C’était un seigneur dimensionnel ? lâcha le rouge.

Sidérées mais néanmoins reconnaissantes, les trois filles s’inclinèrent en guise de respect. En dépit de tout le temps passé dans les murs d’Alandal, c’était la première fois qu’elles le voyaient lui.

– Merci… Nous vous devons la vie, lui signifia Jiwon.

– Depuis quand on se vouvoie ? s’étonna leur bienfaiteur.

– Je… je vous prie de m’excuser ?

– C’est moi. Sunggoo !

Ainsi donc avait-il triomphé de la malédiction du dragon… La torche humaine était enfin de retour, à mi-chemin entre le dragon et l’être humain.

– C’est… c’est pas croyable… lâcha malgré elle Cindy, secouée par son charisme et sa beauté.

 


 

– Au pas de course je vous ai dit ! explosa le Capitaine Léon.

Ils couraient dans un tunnel sombre, dont le plafond s’était par endroits effondré. Tout ici semblait éteint, comme dénué de toute vie. Les soldats virent se dessiner à leurs yeux des capsules de survie, chacune affublée d’un code spécifique. La véritable Terre faisait peine à voir…

– G-529, Capitaine. Il est juste là, lança l’un des hommes.

Le Capitaine Léon vit un homme asiatique à l’intérieur. Il donna alors l’ordre de l’ouvrir, et on installa l’équipement nécessaire à maintenir Kang Woojin en vie et à ouvrir la capsule elle-même. Ils avaient déjà fait ça tant de fois… Un chuintement se fit soudainement entendre et la vitre fut déplacée, révélant un corps pris entre des dizaines de tuyaux.

– 3 minutes 30. Sortez-le de là, et en vitesse !

L’un des soldats apposa alors sa main sur l’épaule de Kang Woojin afin de débrancher son respirateur, mais il fut projeté en arrière avec une étonnante violence.

– Aaaaah ! Putain ! Saloperie, j’ai pris une châtaigne ! cria-t-il.

– Hmpf. Coupez le câble d’alimentation au cutter, réagit immédiatement le Capitaine.

Cependant, là encore, à peine s’approchèrent-ils du câble que deux d’entre les soldats furent couchés au sol.

– Bordel de… Ok, coupez tous les tuyaux, son corps devrait pouvoir le supporter, donna-t-il cette fois pour ordre.

Le premier à tenter de toucher la capsule perdit cette fois conscience, et le Capitaine le dégagea d’un coup de pied. Difficile de savoir d’où venait ce courant, mais il semblait toucher le corps de Kang Woojin lui-même.

Un système de protection… pourquoi ? se demanda-t-il.

Sans doute Isaz l’avait-il mis en place, car de par le passé, Kang Woojin était toujours passé en second…

– Capitaine, il faut réagir maintenant ! lui cria l’un de ses soldats toujours debout.

– Merde… Mettez-le sur une civière, on va aller chercher Kim Kangjul d’abord, se décida-t-il.

 


 

Rien. Et puis, sans prévenir, sans explication aucune, il vit apparaître un léger faisceau lumineux à mesure que ses paupières s’ouvraient. Puis il se mit à vomir ses tripes en essayant de prendre conscience de son environnement.

– Mettez-le sur l’autre civière, il nous reste très peu de temps ! s’excita le plus gradé.

Des rails ? On est dans un tunnel de métro… Ah. Ils m’ont déconnecté, pensa-t-il.

Enfin, le néant avait disparu. L’espace et la vie l’avaient rempli. C’était toutefois loin d’être suffisant pour lui faire oublier l’offense de son propre échec.

– Je… balbutia-t-il avant de s’interrompre, pris d’une quinte de toux.

– Ne parlez pas, Kim Kangjul ! lui ordonna son secouriste.

– Si… Je n’ai pas… Hmpf… Je n’ai pas le code, s’efforça-t-il de formuler.

– Quoi ?! Merde ! Bon, ça change rien, on bouge ! cria le Capitaine Léon.

Code ou non, il fallait continuer. Car passées ces dix minutes, les gardiens les exécuteraient tous.

 


 

– On n’est vraiment pas passés loin du drame… lâcha Kim Haemin, tandis qu’il aidait Lee Soogyong à se relever.

– Tout est de ma faute… J’ai mal évalué la menace, fut bien forcé d’admettre Jung Minchan.

Car ce n’était pas une menace venue de l’extérieur, un puissant seigneur dimensionnel ou quelconque monstre gigantesque qui avait failli coûter la vie à Sooah, toujours sous le choc de l’événement. C’était un prisonnier…

– Le principal, c’est que tout le monde aille bien, vint à son secours Hong Sunggoo. Où est hyung-nim, au fait ?

– Ça… commença Jung Minchan.

Lui-même n’en savait trop rien. D’ailleurs, son attention était à cet instant davantage pour lui que pour son Roi. Hong Sunggoo était méconnaissable… ce n’était pas seulement son apparence, mais aussi l’attitude qu’il avait qui avaient changées du tout au tout. Sinon pour sa voix, il l’aurait accusé d’être un bien piètre imposteur.

– Eh bien, se reprit-il. Il a annoncé peu avant de partir avoir quelque chose à vérifier au sujet du monde lunaire. Je suppose qu’il doit toujours y être.

– Le monde lunaire ? s’étonna Sunggoo. C’est dans quelle dimension, ça ?

– Allons parler ailleurs, si vous le voulez bien…

Il le guida alors dans la salle de réunion de la forteresse. Certaines oreilles étaient encore bien trop prudes pour entendre ce qu’il avait à dire. Alors, parvenu dans la pièce, il lui répéta presque mot pour mot les paroles de son Roi. Sur la destruction de la Terre, la simulation virtuelle et même sur Trahnet. Étrangement, Sunggoo ne sembla pas le moins du monde surpris par cette révélation.

– Ok, bon bah j’ai juste à protéger la petite en attendant qu’il revienne, conclut Sunggoo dans un sourire.

– Si seulement c’était aussi simple… Un seigneur dimensionnel d’une puissance incroyable se dirige droit sur nous, lança Minchan.

– Ah, ouais ? Ce serait très impoli de ne pas aller le saluer ! s’amusa Sunggoo.

Lui aussi avait finalement fini par hériter du penchant extrême de Kang Woojin…

– Nous allons plutôt déplacer la forteresse afin d’éviter le combat, si vous le voulez bien, lui répondit Minchan avec un sourire gêné.

– Mais je ne veux pas. On verra à fuir s’il est trop fort pour moi. D’ailleurs, Haesol nous rejoindra bientôt…

– Enfin une bonne nouvelle… répondit Vivie, prenant la conversation au vol alors qu’elle entrait dans la pièce.

– Vi… Vivie ? Haha, ça change ! s’interloqua Sunggoo.

Elle avait enfin récupéré sa taille adulte, et Sunggoo ne put s’empêcher de la déshabiller du regard, les yeux brûlants de désir.

– Qu’est-ce que tu veux ? le ramena-t-elle froidement à l’ordre.

– Euhm… Oui, Dame Haesol revient avec de nouveaux amis, est-ce qu’on peut se rapprocher de l’océan ? lui demanda-t-il.

– Oui, consentit-elle à dire, d’un ton toujours aussi glacial.

– Bon… C’est parfait. Je vais aller m’échauffer un peu moi, hop hop !

Décollant comme un phénix, Hong Sunggoo laissa seuls Vivie et Minchan afin qu’ils préparent leur prochaine manœuvre.

– On va se déplacer vers Incheon, trancha aussi sec Vivie.

Jung Minchan fit savoir à Blanka et à son escouade qu’ils avaient pour seule et unique mission de protéger Sooah, tandis que le reste des forces d’Alandal, l’armée des morts comprise, se tenait au garde-à-vous en cas d’attaque surprise. Les employés civils furent eux placés dans les baraquements inférieurs afin d’éviter toute exposition au danger. La forteresse en état d’alerte arriva rapidement sur les lieux. Un portail apparut sur le pont supérieur, d’où sortit une silhouette que tous connaissaient bien.

– Dame Haesol ! lança, soulagé, Jung Minchan.

– Veuillez excuser mon retard, lui répondit-elle.

– Je vous en prie, nous sommes tous soulagés de vous retrouver. Vous allez pouvoir reprendre le commandement des troupes…

En l’absence de Kang Woojin et de Che Haesol, Jung Minchan était la personne la plus qualifiée pour diriger les troupes. Or, sans être particulièrement mauvais dans l’exercice, il était terrorisé à l’idée de pouvoir commettre la moindre erreur. De fait, le retour de Che Haesol le rassurait réellement. De plus…

– J’ai quelqu’un à vous présenter, ajouta soudainement Haesol.

– Nos alliés d’Alphène ? Quelle ch… que… qu’est–ce… que… ?!

Le portail se mit à occuper un tel volume qu’on eût dit qu’il s’apprêtait à avaler le ciel tout entier. Un dragon en sortit alors, et poussa un long hurlement en révélant ses courbes majestueuses tandis qu’il volait autour de la forteresse. Comme lui, 16 autres sortirent du portail. Les guerriers raticks, en vol stationnaire sur leurs wyvernes, s’écartèrent un peu abasourdis par une telle démonstration de force. Même les chevaliers noirs n’en croyaient pas leurs yeux.

– Les dragons aquatiques ? lança, incrédule, Ramson.

Jaenis ne disait rien, se contentant d’observer. Comment avait-elle fait pour s’octroyer le soutien des derniers dragons d’Alphène ? Comme si elle avait entendu son interrogation, Haesol reprit la parole.

– Je me suis fait de nouveaux amis…

Nostra
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