TheDAB : Chapitre 40

Chapitre 40

Une autre utilisation du Déchet ?

Shi Kun commençait à avoir l’habitude de voir ces disciples se jeter sur lui sans aucune autre forme de procès. Fu Tao l’avait déjà fait à deux reprises et maintenant, Li Hao ne faisait pas exception. Sans commune mesure avec son adversaire précédent, ce Li Hao attaquait froidement et calculait l’angle de ses attaques.

Il utilisait encore et encore la même technique, qui consistait à créer des flaques empoisonnées au sol, çà et là. Shi Kun l’avait déjà vu se battre précédemment et savait que s’il posait le pied dans ces flaques de poison, il souffrirait alors des mêmes douleurs que Tan Qigang, qui s’était battu auparavant contre Li Hao.

« Cesse de bouger ! Tu n’iras pas loin, une fois que le sol sera mon territoire ! » Li Hao continuait de hurler pour tenter de déstabiliser Shi Kun, qui s’en fichait. Il avait entendu suffisamment de choses dans la rue pour ne plus être affecté par quelques petites provocations telles que celles-là.

Aussi agile fût-il pour sa sécurité cependant, il ne pouvait en effet pas partir bien loin et n’allait bientôt plus bénéficier d’une marge de manœuvre exceptionnellement grande.

« Allez ! Abandonne ! Fais comme tous ces génies, ces lâches ! » Li Hao en profita pour rabaisser un peu ceux à qui tout était habituellement dû, à rappeler à tous leur façon d’abandonner uniquement parce qu’ils ne pouvaient plus se fier à leur base de cultivation.

Shi Kun attrapa la deuxième bouteille qui pendait à sa ceinture, dans son dos. Il comptait se saisir d’une opportunité pour l’éclater contre la tête de Li Hao et sans doute pourrait-il alors gagner comme il l’avait fait contre Fu Tao : avec une écrasante différence. Le pauvre Fu Tao, à peine touché, s’était déjà mis à pleurer des larmes de sang en réalisant ce qui allait lui arriver et s’en était suivi tout ce qui avait naturellement dû suivre.

Li Hao n’avait jamais goûté aux résidus du Déchet. Même s’il ne faisait pas partie d’une famille aussi aisée et qui l’avait nourri à coups de délices et de festins, Shi Kun ne s’inquiétait pas quant à sa réaction la première fois où il ses yeux et sa langue seraient en contact avec l’alcool spirituel après son explosion.

Aussi tenta-t-il, encore et encore, de le frapper.

« Hah ! Tu crois peut-être que je ne m’y attendais pas ? S’il s’agit de la seule chose à laquelle je dois faire attention, alors tu vas définitivement perdre, sans l’ombre d’un doute ! » Li Hao repartit de plus belle et tous deux se battirent pendant la moitié du temps qu’il faut à un bâton d’encens pour brûler.

Shi Kun avait de moins en moins de marge de manœuvre et il faillit à plusieurs reprises poser le pied dans l’une de ces flaques de poison. Li Hao se délectait en le réprimant petit à petit, persuadé que les réactions molles et manquant de conviction de Shi Kun étaient dues à son manque de talent.

« Toi et moi… Le ciel et la terre nous séparent ! Tu ne sais pas reconnaître quelqu’un de plus puissant que toi quand tu le vois ? Je vais t’apprendre ! » Li Hao continuait à essayer de perturber Shi Kun, qui pensait à tout autre chose.

« Ce disciple ne devait-il pas être un type tout à fait banal ? Si nous étions dans une histoire fantastique, je pense que l’auteur n’aurait même pas pris le temps de lui donner un nom. Alors pourquoi est-il si fort ? Je n’arrive pas à le toucher avec mon Déchet. » Shi Kun pensait, encore et encore, que ce type en face de lui n’était décidément pas à prendre à la légère. Mais alors comment devait-il faire pour le vaincre ?

« Incarnation de la Paresse… où es-tu ? » Shi Kun tenta d’invoquer l’une de ses cartes maîtresses tout en esquivant les endroits où il ne devait pas poser le pied, qui devenaient de plus en plus nombreux.

Mais au grand dam de Shi Kun, ce qu’il ressentit dans son dantian ne fut pas de bon augure. La Paresse avait ponctionné dans ses réserves pour lancer une attaque avant de partir précédemment, et celles-ci n’avaient pas eu le temps de se régénérer. Shi Kun n’avait en effet pas grandi dans le monde de la cultivation et ne pratiquait pas d’exercices respiratoires entre les combats.

Il ignorait presque tout du fonctionnement général de l’énergie spirituelle de son dantian.

« Plus assez d’énergie ? » L’invocation de la Paresse n’était pas de tout repos. Son invocation était particulière : elle ne consommait pas d’énergie spirituelle mais si Shi Kun n’en disposait que de trop peu, elle ne pouvait pas être invoquée, pour la simple et bonne raison que toute technique qu’elle emploierait consommerait l’énergie spirituelle de Shi Kun. S’il n’en possédait pas assez, la Paresse ne voyait simplement pas de raison d’accepter de se laisser invoquer.

« Merde, espèce d’idiote ! » Shi Kun plissa les yeux et jura à destination de l’endroit ou paressait la Paresse. Bien sûr, il savait qu’elle ne l’entendrait pas mais c’était plus fort que lui.

Pendant ce temps, Li Hao riait. « Alors, ça ne fonctionne plus ? Ha ha ha ! Si tu ne maîtrises pas ta technique, tu aurais mieux fait d’en choisir une de plus bas niveau ! »

Il se moquait ouvertement de Shi Kun et même le patriarche fronça légèrement les sourcils. Il savait que Shi Kun pouvait posséder d’autres techniques grâce à ses voies multiples, mais avait-il eu la présence d’esprit de créer une nouvelle technique ?

« Non… Il est bien trop paresseux pour ça. Il ne l’a sans doute pas fait. » Le patriarche secoua la tête et voyait déjà l’issue du combat. Shi Kun ne pouvait pas invoquer cette tête de tortue et ne parvenait pas non plus à toucher son adversaire avec la bouteille dont il se servait d’arme. Bientôt, le sol entier serait empoisonné et Shi Kun ne pourrait plus se défendre : il souffrirait le martyr à cause du poison et cesserait de bouger pour être à la merci de Li Hao.

« Il combat sur la durée. Pas étonnant qu’il ne cherche pas à porter le coup de grâce trop tôt. Il sait que tôt ou tard, son adversaire tombera alors il ne prend pas de risque et ne présente aucune ouverture. Ce disciple est-il vraiment faible comme on le pensait ? Pourquoi n’a-t-il pas sa place parmi les génies ? » Le patriarche voyait déjà plus loin que le combat en cours et réfléchissait avant tout aux intérêts de sa secte.

Shi Kun balançait sa bouteille à droite et à gauche, espérant profiter d’un moment d’inadvertance de la part de son adversaire. Moment qui n’arriva pas, évidemment. Li Hao ne comptait pas baisser sa garde et esquivait tout ce que Shi Kun pouvait lui proposer comme attaques.

Au bout d’un moment, Shi Kun se rendit compte qu’il ne pouvait presque plus bouger et qu’il était obligé de bondir à certains endroits du ring pour ne pas poser le pied là où il ne fallait pas. Désormais, près de 65% du sol était recouvert d’un poison verdâtre et visqueux.

« Merde, je n’y arriverai pas comme ça… »

Shi Kun fut pris d’un sentiment d’incertitude. Il voyait d’un côté les visages d’un nombre incalculables d’anciens le regarder de haut en riant, le forçant à travailler pour eux jusqu’à ce qu’il meure d’épuisement. D’un autre côté, il voyait ce Li Hao qu’il ne pouvait battre parce que ce lâche était aussi agile qu’une fouine. Aucun coup de bouteille n’atteignait sa cible ! Comment était-il censé faire pour le vaincre autrement ?

Shi Kun ferma les yeux, l’espace d’un souffle. Il était temps de prendre une décision qui allait sans doute lui coûter mais il ne voyait vraiment plus quoi faire d’autre.

Alors que Li Hao avait baissé la tête une fois de plus pour éviter un impact de bouteille, Shi Kun ramena cette dernière à sa bouche et tout en en faisant sauter le bouchon, se mit à la vider presque d’une traite. Li Hao s’arrêta net, incrédule.

« Il… Il boit son arme empoisonnée ?! » Li Hao n’était pas stupide : il avait bien vu l’effet qu’avait eu l’explosion de cette bouteille sur Fu Tao. Il ne faisait nul doute qu’il s’agissait là d’un puissant breuvage destiné à empoisonner son adversaire – après tout, il était lui-même calé au sujet du poison et cette conclusion lui vint naturellement.

Et voilà qu’après tout ce temps à essayer de lui infliger une défaite cuisante et humiliante, Shi Kun avait simplement ouvert la bouteille pour boire le poison ?!

« Il est fou ? S’il voulait abandonner, il n’était pas obligé d’aller si loin… » Li Hao ressentit un sentiment mitigé pour Shi Kun. Mélange de respect pour avoir osé aller si loin simplement afin de ne pas abandonner, de peur d’un tel monstre capable d’ingurgiter ce genre de poison d’une seule traite et de colère pour… pour une raison obscure, ce qui lui passait par la tête ne parvint cependant pas à le déstabiliser plus de quelques instants.

« Peu importe… ! Tu vas perdre et je vais gagner ! Ta décision ne changera rien ! »

Pendant ce temps, Shi Kun venait de terminer de vider la bouteille de Déchet et pouvait déjà sentir son dantian se remplir d’énergie spirituelle argentée ; d’impuretés également mais c’était un risque qu’il était prêt à courir. Après tout, une seule bouteille de Déchet n’était pas capable de totalement obstruer ses méridiens – Guo An et les autres en avaient bu beaucoup plus que ça – et cette simple bouteille lui permettrait de faire un peu progresser sa base de cultivation.

« Pfouaaa… C’est bon, c’est à la pêche, tu sais ? » Le corps de Shi Kun contrait les effets de l’alcool très rapidement – en moins d’une minute, il serait à nouveau parfaitement sobre. Mais pour l’heure, ses veines étaient toujours pleines de ce fameux alcool et étrangement, le monde lui parut plus clair, plus serein, plus calme et plus coloré. Tout était idyllique lorsqu’on avait un peu trop bu et que la gueule de bois ne viendrait jamais.

Shi Kun s’en trouva débridé. Frapper son adversaire ? Allons-y. Lui faire mal ? Pourquoi pas. Après tout, c’est lui qui a commencé, non ? L’alcool avait vraiment ce pouvoir, quoi qu’en en dise.

Et déséquilibré par l’excès d’alcool, Shi Kun faillit tomber en arrière en essayant d’esquiver une attaque de Li Hao. Il se rattrapa de justesse en levant une jambe et en faisant tournoyer ses bras pour garder sa posture.

Li Hao était certes habitué à se battre, mais n’avait jusqu’à présent jamais affronté d’homme ivre. Il fallait dire qu’il n’était pas courant dans le monde de la cultivation de rester dans cet état ; faire tourner sa base de cultivation permettait d’éliminer l’alcool du corps et Li Hao n’avait jamais rencontré de cultivateur attendant bien sagement l’arrivée de la gueule de bois.

Aussi ne s’attendit-il absolument pas à ce coup de pied involontaire porté vers l’avant, qui frappa ses précieuses dans un Puu sourd tandis que son propre poing rasait le menton de Shi Kun. Li Hao tomba à genoux en se tenant l’entrejambes, la respiration coupée et la bouche grande ouverte. Shi Kun, à qui il restait encore un tout petit fond d’alcool dans cette bouteille presque vide, y vit, dans son monde d’ivresse bienheureuse, une tout autre invitation.

« Oh ? Tu veux en boire, toi aussi ? Il fallait le dire… ! » Shi Kun tituba légèrement en direction de Li Hao, posant le pied dans une flaque de poison au passage. Il sentit quelque chose ressemblant à un coup de fouet dans sa jambe, comme si elle venait de se faire frapper par la foudre. Fort heureusement, son corps alcoolisé ne ressentait presque plus la douleur et celle-ci passa immédiatement.

« Eh ? C’était tout ? Je n’aurais pas dû avoir peur de ces flaques, après tout… ? »

Shi Kun attrapa les cheveux d’un Li Hao encore totalement paralysé par une douleur qu’il ne souhaitait à personne, le visage rouge et la respiration qui devait toujours lui revenir. En l’attrapant ainsi, il n’était animé d’aucune mauvaise intention : il s’assurait simplement de bien viser. Après tout, il s’apprêtait à partager ce qui restait du Déchet avec son nouveau partenaire de boisson Li Hao, et puisqu’ils étaient maintenant deux Li Hao sous les yeux embrumés de Shi Kun, il fallait trouver le bon.

« Allez, toi aussi, bois. Oui, c’est bon, hein ? » Shi Kun versa le fond de bouteille directement dans la gorge de Li Hao. L’alcool fort le fit réagit tel un choc électrique et il roula au sol, haletant enfin et cherchant à recracher ce poison que Shi Kun venait de lui faire avaler de force.

Mais le mal était déjà fait : l’alcool spirituel avait fait son œuvre, et ses impuretés, même en très faible quantité, s’accumulait déjà dans les méridiens de Li Hao, qui tentait de lutter en faisant tourner comme un fou sa base de cultivation.

Il se tenait toujours l’entrejambe et la douleur devait encore se dissiper. Ce coup de pied avait-il vraiment été si violent ?! Li Hao ne cessait désormais de pleurer, à la fois à cause de cette atroce douleur mais aussi de sa gorge qui le brûlait et de cette sensation de méridiens encrassés dont il n’arrivait pas à se débarrasser.

L’ancien Tang Wuhan s’avança en voyant le triste était de Li Hao et l’ébriété avancée de Shi Kun, décidé à mettre un terme à cette parodie de combat.

Tandis que Li Hao atteignait ses limites et sombrait dans l’inconscience, les flaques de poison disparaissaient une à une, ne laissant debout qu’un Shi Kun qui n’était déjà pour ainsi dire presque plus ivre.

Le patriarche nota l’intention de Tang Wuhan et s’avança lui aussi.

« Attendez, ancien Tang. Je crois que ça va aller. Nous avons un vainqueur, il me semble. »

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Raka

Mélange satyrique de Daria et Docteur House, élevé à grands coups de Fluide Glacial pendant un peu trop longtemps, le cynisme n'est égalé que par l'excès d'humour noir et de sarcasme quotidien dont je fais preuve.

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