TheDAB : Chapitre 71
TheDAB : chapitre 73

Chapitre 72

 

 

« Chers visiteurs, chers participants, chers amis. » La puissante voix résonna à travers la secte tout entière semblait-il. Elle faisait écho de tous les côtés et était aussi calme et ancienne que celle du patriarche Destinée en personne. « Vous vous êtes réunis ici aujourd’hui afin de participer ou assister au tournoi inter-sectes organisé par notre secte de la Porte Verte ! »

Shi Kun cessa de prêter attention à ce que la voix disait à partie de là. Qu’avait-il à faire de présentations pompeuses, sans doute porteuses de ce qu’il fallait pour glorifier cette secte amie et rivale ?

Il se tourna vers le patriarche Destinée qui ne faisait pas attention non plus aux mots vides qui résonnaient dans la secte.

« Patriarche. » Shi Kun fronça légèrement les sourcils.

« Hmm… Oui, Shi Kun ? » Le patriarche sortit d’une réflexion profonde et concernée pour répondre à Shi Kun. « Pourquoi cette tête ? Tu es inquiet pour les combats ? Ne t’en fais donc pas. »

« Non. » Shi Kun ne voulait rien dire de spécial, simplement exprimer au patriarche qu’il ferait de son mieux pour gagner – tout en cherchant implicitement un moyen de perdre, mais rassurer le patriarche était un bon plan. Cela dit, maintenant qu’il voyait le patriarche dans cet état, il ne put retenir sa curiosité. « Il se passe quelque chose ? Vous m’avez l’air soucieux. Là, la ride sur votre fr… »

WOUSH

Shi Kun ne parvint pas à prononcer un mot de plus, écrasé et réduit au silence par une pression énorme et invisible. D’ailleurs, plusieurs grosses veines venaient d’apparaître sur le front du patriarche et étaient autant de témoins équivoques de son humeur passable.

« Tu disais ? » Le patriarche relâcha légèrement la pression et permit à Shi Kun de s’exprimer à nouveau. Shi Kun n’osa pas prendre la parole immédiatement de peur d’énerver encore plus le patriarche. Après tout, il avait visiblement dit un mot de trop déjà.

« Je… » Il finit par chercher ses mots devant l’air impatient du patriarche tandis que la grosse vois vantait la splendeur et la grandeur de la secte de la Porte Verte. Shi Kun leva les yeux au ciel comme pour mieux l’entendre et secoua la tête. « Ils ont le droit de se vanter ainsi ? Ce n’est pas équitable pour les autres participants. Le public va être influencé. »

Le patriarche se mit à rire, et au bout de quelques instants, esquissa un sourire.

« Tu sais, ils font ça depuis plus de vingt ans maintenant. Que crois-tu que nous puissions y faire ? »

« Vingt ans ? » Shi Kun leva un sourcil. « Cette secte est vraiment la plus puissante des quatre sectes majeures de notre ville ? »

« Possible. Ou peut-être pas. En tout était de cause, cette façon de faire influence le public, tu as raison. Mais plus que tout, il décourage les adversaires que le public ne soutient pas. Le monde de la cultivation est peut-être une route d’abnégation mais… À votre niveau, peu sont les disciples qui parviennent à faire fi de toute distraction en se détachant totalement de ce genre de choses. »

« Mais… Ce n’est pas juste. » Shi Kun s’en fichait. En réalité, il cherchait au travers des paroles du patriarche à deviner à quel moment il pourrait perdre sans éveiller les soupçons. Jusqu’à présent, il n’en avait aucune idée. Il allait devoir attendre que les choses se déroulent avant.

« Pas juste ? Peut-être. » Le patriarche, peu désireux de laisser échapper une conversation avec Shi Kun, la força à ne pas mourir d’elle-même sur une remarque banale. « Mais c’est ainsi. La secte de la Porte verte est puissante, même parmi nos quatre sectes… mais elle ne l’est pas tant que ça. Tu sais quelle est la première chose qu’ils ont fait, il y a plus de vingt ans, en gagnant ? Ils ont immédiatement décrété qu’à partir de ce jour, les tournois seraient toujours tenus par la secte gagnante. Ainsi, ils ont bien joué leur jeu et n’ont plus jamais perdu. »

Shi Kun digéra les informations pendant quelques instants avant de secouer la tête. « Non. Vraiment pas juste. Si le tournoi se déroulait ailleurs, je suis sûr qu’ils perdraient. »

« Nous ne pouvons pas le savoir, Shi Kun, mon garçon. »

Les présentations arrivèrent à leur terme et un brouhaha se leva à nouveau dans une foule émoustillée par l’anticipation. Disciples et mortels n’attendaient que de pouvoir assister à une série de combats phénoménaux, comme seuls les cultivateurs étaient capables de montrer. De son côté, Shi Kun hésitait. Devait-il vraiment… Eh ?

Le premier combat venait de commencer tandis qu’il restait perdu dans ses réflexions. Deux jeunes disciples avaient entrepris d’enchaîner coups et techniques après s’être salués respectueusement.

« Au moins, ce n’est pas discourtois. Ils se respectent et ne risquent pas de se blesser mortellement. » Shi Kun était rassuré de ce côté : la dernière chose dont il avait besoin, c’était de jouer sa vie ou sa santé.

L’un des deux disciples gagna le combat et un autre combat démarra aussitôt. De la même façon, un disciple en robe verte et l’autre en robe jaune s’affrontèrent dans un respect mutuel et une démonstration de puissance qui électrisait la foule. Soudain, Shi Kun remarqua une chose étrange.

« Ah ? » Le disciple de la secte de la Porte jaune venait de sortir de sa sacoche spirituelle un bâton plus grand que lui et commençait à frapper avec. Le bâton semblait ignorer parfaitement la défense de son adversaire, le faisant hurler de douleur quand bien même il parait les coups. « Un objet magique ? C’est autorisé, ça ? »

Le patriarche leva les sourcils.

« N’as-tu pas toi-même utilisé une bouteille d’alcool, la dernière fois ? »

« Ou… Oui, mais… Ce n’est pas pareil… Ce n’est pas une… »

« C’est une arme. » Le patriarche le coupa net. « Tout accessoire annexe, qui ne provient pas de ta propre puissance, est toujours considéré comme une arme. Et oui, Shi Kun, les armes sont autorisées ; »

« Comment ? » Shi Kun soupira de dédain. « Vous ne dites donc que si l’on possède assez de richesses pour se procurer une arme de haut calibre, on sera avantagé ? »

« Oh… » Le patriarche soupira. Il oubliait souvent que Shi Kun ne savait presque rien de ce monde et beaucoup des connaissances qu’il devait posséder ne lui étaient pas évidentes. « Mais Shi Kun… Utiliser une arme trop puissante est inutile… Tu n’arriverais pas à en tirer tout le potentiel et elle s’autodétruirait après un simple coup. »

Shi Kun recula d’un pas par réflexe. N’avait-il pas détruit de la sorte plusieurs objets appartenant au patriarche, par le passé ? Cette épée et… il avait oublié le reste, à vrai dire. Ça n’avait pas eu grande importance à ses yeux. Après tout, le patriarche ne les avait-il pas laissés là pour que Shi Kun les utilise ?

« Je… Je vois. » Shi Kun finit par comprendre malgré tout. « Il ne sert à rien de leur donner des objets magiques inestimables pour un simple tournoi dont les répercussions ne sont pas si vastes, finalement.

« C’est exact, mon garçon. Contrôler la ville est une chose, mais une chose limitée par définition. Hors de son enceinte, ce pouvoir ne vaut plus rien. Gaspiller des objets magiques puissants pour ça est un gâchis sans nom et aucune secte ne s’est construite sur ce genre de stupidités. »

« Mais on peut leur donner des objets de leur niveau… » Shi Kun réalisa que ce disciple utilisant un bâton magique avait très bien pu être chouchouté par sa secte ; et le patriarche hocha la tête pour confirmer ses soupçons en silence.

Bientôt, le disciple au bâton frappa son adversaire à la tempe et ce dernier ne se releva pas. L’annonceur déclara la victoire et le combat suivant prit rapidement place.

« Shi Kun, de la secte de la Porte Bleue Azure. Xue Yan de la secte de la Porte Rouge Vermillon. Avancez, disciples. »

« Hmmm… » Le patriarche marmonna en se frottant la barbe mais n’en dit pas plus. Shi Kun supposa alors que son adversaire n’était pas quelqu’un de particulièrement puissant ou renommé et se rassura quelque peu.

Il s’avança rapidement, confiant en sa capacité à se défendre.

Dans l’arène, il fixa son adversaire dans les yeux et l’imita lorsqu’il lui adressa des salutations officielles en respectant l’étiquette. Cela dit, sans dire un mot, ce Xue Yan fit une série de gestes avec les mains et disparut comme s’il n’avait jamais existé.

« Eh ? » Shi Kun se retourna mais ne le vit plus nulle part. Baissant sa garde comme si son adversaire s’était simplement volatilisé dans la nature, il posa une main sur sa hanche en se grattant la tête de l’autre. « Mais où il est passé ? »

Il tourna la tête vers le patriarche et tandis qu’un silence perplexe était tombé sur la foule entière, Shi Kun vit la tête de sa secte secouer la tête en tentant de lui faire comprendre quelque chose. Shi Kun n’eut cela dit aucunement l’occasion de tenter de comprendre. Il vit son monde basculer et sentit le vent lui battre le visage pendant l’espace de quelques souffles.

Lorsqu’il comprit ce qui se passait, il se trouvait encastré dans le mur en face de la position à laquelle il se trouvait précédemment. Mais…

« Pas mal ? »

Shi Kun ne ressentait aucune douleur. Pas le moindre picotement, rien. Et lorsqu’il baissa les yeux pour voir sa robe déchiquetée au niveau du bas de son dos et sa peau nue juste en-dessous, il réalisa avec une terreur non-feinte sur le visage.

« Non… Non… Non ! Merde ! Pas ça ! Tout mais pas ça ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé ?! » Shi Kun eut envie de pleurer des larmes de sang. Il n’était pas blessé malgré la moitié de l’arène qu’il avait traversée et le mur qu’il avait explosé. Pourquoi ?

Parce que la technique de l’Idiot Impassible avait encaissé les chocs pour lui.

« Merde… 90%… Je viens de perdre 8% en une seule attaque ?! » Le Qi stocké dans la technique s’était amenuisé. Shi Kun n’avait pas réalisé qu’il servirait non seulement à fortifier son corps lors de ses percées mais également et surtout à annuler tous les dégâts des premières attaques en situation de combat réel.

Shi Kun leva les yeux avant même de songer à s’extraire de la pierre. Il vit son adversaire debout à l’endroit où lui-même se tenait précédemment. « Ah ? Il est à nouveau là, lui ? Je pensais qu’il avait fui. Alors c’est lui qui m’a frappé ? Était-il invisible ? »

Mais le disciple de la secte de la Porte Vermillon n’avait pas l’air de remarquer que Shi Kun le regardait. Il levait les bras au ciel en tournant légèrement sur lui-même, persuadé que son attaque avait définitivement apporté une victoire expéditive.

Et Shi Kun le comprit bien. Il caressa quelque temps l’idée saugrenue de faire semblant de tomber dans les pommes afin de mettre un terme à tout ça ; mais son regard croisa celui du patriarche, qui fronçait les sourcils. Il put lire ce que ses lèvres mimaient silencieusement et comprit qu’il n’avait pas le choix.

De –

– bout.

Aussi Shi Kun abandonna-t-il l’idée de perdre la compétition aussi tôt pour se relever paresseusement avant de frotter sa robe pour en faire tomber les quelques gravats qui étaient restés collés. Il souleva un nuage de poussière qui le fit tousser et il n’y eût pas une âme – son adversaire compris – qui ne se retourna pas vers lui à ce moment. Tous étaient sidérés.

« Mais… Mais j’ai frappé si fort, et à un endroit si fragile… » Ce fut la première fois que Shi Kun entendit la voix de Xue Yan, qui ne réalisait pas comment Shi Kun faisait pour tenir debout, sans même parler du fait qu’il n’était pas blessé du tout.

Shi Kun ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Il vérifia une fois de plus ce qu’il craignait : il avait bel et bien perdu 8% du Qi stocké, tout ça pour se défendre d’une seule attaque. Huit jours !

Il ne savait pas combien de temps allait s’écouler avant que le patriarche le force à nouveau à accepter une mission et s’il n’était pas assez puissant d’ici-là pour toutes les faire avec facilité, il n’osait même pas imaginer ce qui pourrait se passer.

Et il venait de perdre huit jours parce qu’un disciple n’avait pas retenu son coup ! Merde, n’était-ce pas supposé être des combats amicaux ?! Avait-il voulu le tuer ou le rendre handicapé à vie ?!

« Il… Il n’y a aucune rancœur entre nous ! » Shi Kun ouvrit les yeux et lui lança un regard brûlant d’incompréhension et de peur du patriarche. « Aucune ! Et pourtant, tu as frappé comme pour me tuer ?! »

Raka
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9 thoughts on “TheDAB : Chapitre 72

      1. d’accord, je pensais que c’était une traduction d’un ln existant. super boulot dans tout les cas

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