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Chapitre 177 : Défense 1/4

 

À peine Melody entra-t-elle à sa suite que la porte, poussée par une force ou un mécanisme inconnu, se referma aussitôt derrière eux. Hormis ceux produits par leur propre personne, le seul son qui leur parvint était un sifflement aigu, désagréable, à la manière des acouphènes. Woojin, pris d’une migraine, se massa les tempes afin d’apaiser la douleur.

« C’est quoi encore, ce merdier ? » lâcha-t-il.

Un léger sentiment de crainte, en ces environs étranges, le mit en état d’alerte. Il regarda tout autour de lui, mais rien ne semblait pourtant avoir changé. Face à lui, il ne vit qu’un long couloir s’achevant sur un trou au sol qui refermait une échelle, dont il vit les premiers barreaux. L’hypothèse selon laquelle il s’agissait d’un vaisseau spatial semblait se confirmer. En dépit de tout cela, ce n’était pas l’architecture du bâtiment qui le perturbait. C’était quelque chose en lui.

Ramson ?

Rien. Pas de nuage de fumée noire, pas même un soupir ne lui parvint. Il ne ressentait plus la moindre énergie magique.

« Dolsae ! Jaenis ! » cria-t-il.

L’écho de sa voix frappa chaque mur de la construction, comme un insecte essayant de s’échapper face à une fenêtre fermée. Ses familiers ne pouvaient tout simplement pas l’entendre.

« Ici, seule Aria peut percevoir votre présence. » l’informa Melody.

Se tournant vers elle, il la vit transpirer d’une énergie douce, manifestée par un halo de lumière.

« Intéressant… » répondit-il.

C’était, pour lui aussi, sa première visite dans le temple d’Aria. Malgré tout, sur Terre comme sur Alphène, il n’avait encore jamais été séparé de ses familiers.

Enfin… sauf cette fois-là.

Cette fois où il avait atterri au milieu des sacs poubelles, derrière son ancienne école. Désormais, ses familiers étaient libérés du sceau qui les avait retenus prisonniers, sauf bien sûr dans le cas du puissant Ryong.

« Fais ce que tu as à faire, Melody. » lui dit-il soudainement.

« Qu’allez-vous… »

« Je vais faire ce que j’ai à faire. » la coupa-t-il.

Que pouvait-il bien avoir à y faire ? Melody le regarda d’un air perplexe laissant deviner son inquiétude.

« Allez, en route. » ajouta-t-il.

« Bien. Alors, à plus tard. »

Melody entreprit alors de suivre le signal énergétique qu’elle ressentait, comme s’il l’appelait. C’était Aria. Woojin, quant à lui, détailla du regard chaque recoin du vaisseau. L’espace intérieur semblait assez limité, aussi se résolut-il rapidement à emprunter la seule issue possible : l’échelle.

Elle est glacée… bon, pas le choix.

Chacun de ses pas résonnait avec une intensité chaque seconde grandissante sur les barreaux, comme si elle l’invitait à s’en éloigner le plus rapidement possible. Sa place n’était pas ici… Il continua pourtant de descendre et remarqua, quelques mètres sous lui, le sommet du crâne de Melody. S’il prit la décision de s’arrêter au premier étage accessible, sa destination à elle semblait être bien plus profonde.

Arrivé dans une salle obscure, il tâta du bout des doigts les murs mais ne trouva ni interrupteur, ni rien à même de gêner le parcours qu’ils empruntaient. Des lumières intégrées au plafond s’allumèrent pourtant d’un coup, ce qui le fit sursauter.

« Hmpf. C’est vraiment grand. » remarqua-t-il.

Le vaisseau ne brillait certes pas de par sa surface au sol, mais il semblait si long, à en voir l’échelle, qu’il devait être d’une taille saisissante.

J’en viens à me demander si c’est vraiment un vaisseau…

Lui qui possédait un domaine dimensionnel avait déjà vu quantité d’êtres et d’objets étranges, issus de mondes dont il n’aurait jamais soupçonné l’existence. Finalement, ce vaisseau spatial n’avait pas réellement de quoi le surprendre, sinon pour le fait qu’il appartenait à Aria. Ses yeux rencontrèrent soudain une table dont il s’approcha, avant d’en balayer la poussière d’un revers de la main. Celle-ci sembla réagir, comme en témoigna le léger bip et l’écran qui en sortit.

« Décidément, ce lieu est fascinant… » lâcha-t-il à haute voix, pour troubler le silence pesant.

Sur l’écran plat se trouvaient de mystérieux symboles qu’il n’avait encore jamais vus. L’alphabet, si c’en était un, ne semblait pas être disponible dans le magasin dimensionnel, sans quoi se serait-il déjà interrogé sur son existence. En revanche, l’interface et les jeux de couleur lui semblaient familiers.

« Un ordinateur… » fit-il d’une voix légèrement étouffée.

Pour cause, cet interface était le même que celui qui se dessinait si régulièrement devant sa rétine. D’où pouvait bien venir cette technologie ? Elle semblait similaire à celle de la Terre… Mais alors, comment était-elle arrivée sur Alphène ? Ou bien était-elle originaire d’Alphène ? Bien sûr, la réponse n’allait certainement pas lui venir à simplement se triturer les méninges. Alors il appuya sur différents points de l’écran, qui fit plusieurs bips un peu plus graves que le premier, et qui lui évoquèrent un signal d’erreur.

« Saloperie… Bon, peut-être que si je le casse… ? »

L’interrogation fit immédiatement place à la certitude. Et alors qu’il s’apprêtait à le frapper, une silhouette bleutée se dessina au milieu du singulier bureau.

« Tu m’écoutes depuis tout ce temps ? » lança-t-il, l’air quelque peu surpris.

« Il y avait longtemps… » répondit l’hologramme.

« C’est la deuxième fois que nous nous rencontrons, Aria. Je suis en train de rêver, ou c’est réel ? »

« Quelle importance ? »

« Oui. Je suppose que tu as raison. »

Il aurait voulu se renseigner davantage sur ses intentions à son égard, mais il avait une interrogation bien plus pressante à exprimer.

« Qu’est-ce que tu es, au juste ? » ajouta-t-il.

« La déesse de la prophétie. On m’appelle Aria. » répondit-elle d’une voix lente.

« Je ne t’ai pas demandé qui, mais quoi. Une IA ? »

« Je ne sais pas. » confia l’hologramme sur la même fréquence monotone.

« Ma migraine me reprend, se plaignit-il en se massant à nouveau les tempes. Bon, si je te pose des questions, tu vas y répondre ou tu vas me servir la même soupe que la dernière fois ? »

Leur dernière conversation lui avait laissé un assez mauvais souvenir. Il ne savait plus très bien dans quel endroit ni dans quel état de conscience il se trouvait, mais les propos abscons d’Aria ne l’avaient rassuré que de par leur caractère élogieux à son égard. Travaille dur, je garde un œil sur toi. Voilà tout ce dont il se rappelait.

« Je déduis de notre rencontre ici que tu as perdu la capacité de me téléporter jusqu’à toi ? » ajouta-t-il.

Toutefois, aucune réponse ne lui parvint.

« Si j’étais toi, je me magnerais de répondre avant que je ne casse tout. Je suis tellement maladroit, tu sais… » la menaça-t-il en appuyant très légèrement sur un coin de l’écran, de sorte à ce qu’il plie un peu.

« Soit. Mais dépêche-toi, le temps te manque. » finit-elle par assentir.

« C’est quoi, un code ? »

« C’est quelque chose que tout le monde possède. C’est un peu comme la nationalité. Toi, tu possèdes le code de la Terre. »

« Je ne m’attendais vraiment pas à cette réponse… »

« Je regrette, je n’ai pas compris. » signifia Aria ou, en tous cas, son hologramme.

« Pourquoi est-ce que ces crétins de seigneurs dimensionnels foutent un tel bordel pour un truc aussi insignifiant ? » poursuivit Woojin.

« Ils cherchent le code suprême. »

« Le code suprême ? »

« Oui. Celui-ci diffère des codes standards, qui permettent simplement d’occuper un lieu. Un code suprême permet de régenter. »

« Quelle connerie… Donc, ils cherchent à devenir des dieux ? »

Aria resta silencieuse. Woojin, comprenant qu’il avait fait mouche, secoua la tête.

« Et comment l’obtenir, ce code suprême ? »

« Tu le sais déjà. »

Et ce sans même s’en être aperçu. Qu’avaient fait les seigneurs dimensionnels jusqu’à présent ? Pillé, occupé des donjons, construit des colonies, détruit… et surtout tué.

« Je dois tuer celui qui possède un code. » affirma-t-il.

« Oui. »

« Il n’y a qu’un seul code suprême par planète ? »

« Ça dépend. »

« Oui mais ça dépend, ça dépasse. Alphène en a combien ? »

« Ils sont au nombre de 5. »

« Aria, Skia, Lécia, Hérès et Khors. J’ai juste ? »

« … Oui. »

Alphène avait, en vérité, d’autres dieux. Pourtant, il ne fallait les reliques que de cinq d’entre eux pour reconstruire l’ensemble d’équipements de Gehen. Les cinq qu’il venait de nommer.

« C’est vraiment étrange… Et Gehen ? Il possède un code ? »

« C’est un code secret. Nous avons décidé de le sceller. »

Peut-être finalement Aria allait-elle lui être d’une quelconque utilité. Peut-être allait-elle pouvoir répondre à la question qu’il se posait depuis quelques temps déjà.

« Où trouver l’Exécuteur ? »

« Les clés sont sur Alphène, mais le code secret est caché dans un autre lieu. »

Woojin regarda longuement l’absence totale d’émotion des yeux de l’hologramme. De la Terre, il avait été appelé sur Alphène. L’armure de Gehen était destinée à un nécromancien. Rien de tout ça ne pouvait être un hasard…

« Il est sur Terre ? » demanda-t-il.

À nouveau, il n’obtint aucune réponse. Cette fois, il explosa de colère et frappa des deux poings sur la table.

« Réponds-moi ! »

« Oui. »

« Et il fait quoi, ce code secret ? Il permet de devenir un dieu ? »

La question de ce que signifiait être un dieu le taraudait elle aussi depuis quelques temps. Cette appréhension atteint son comble lorsqu’il vit l’hologramme trembloter légèrement, comme si son signal s’affaiblissait. Il lui sembla pourtant être un réflexe de crainte.

« Pas exactement, non. Il ne sert pas à diriger, mais à supprimer. »

« À supprimer… » reprit-il.

C’était donc pour ça que Jaenis avait tant insisté pour qu’il trouve l’Exécuteur. L’énigme était résolue, et la solution à ses problèmes se trouvait sur Terre. Sans prendre la peine de saluer son interlocutrice, il s’apprêtait à sortir, l’air soulagé, quand elle l’interpela.

« Fais attention, Kang Woojin. D’autres que toi le cherchent, et certains se sont mis en tête de t’éliminer. »

« J’ai toujours été au centre de l’attention, de toute façon. Ils peuvent bien tous s’aligner contre moi, ça ne changera rien. » répondit-il avec une assurance qu’était très loin de partager Aria.

« Ils cherchent à détruire ta porte de sortie. » l’informa-t-elle.

« La colonie ? Je serai rentré avant même qu’ils n’y parviennent, il me suffit d’utiliser un portail de retour. Tu t’en fais pour rien. »

« Sans le code d’Alphène, tu ne pourras pas créer le moindre portail. »

« Ah. T’es sûre ? »

« Oui. »

Voilà donc la raison pour laquelle les réfugiés aussi bien que les seigneurs dimensionnels étaient si attachés à leur monde d’appartenance… Il en allait de leur code, celui qui leur permettait de rentrer chez eux à l’aide d’un portail de retour. Woojin pouvait lui-même ainsi se déplacer à gré sur Terre, mais pas sur Alphène. Sa seule façon de retourner sur Terre était de passer par sa colonie ou un donjon. Si les deux tombaient, il resterait bloqué sur Alphène, comme il l’avait déjà été pendant 20 ans.

« Il faut que je fasse vite. Melody en est où ? » trancha-t-il.

« Elle remontera bientôt. »

« Bien. L’oracle, c’était à ce sujet ? »

« Oui. C’est pour cette raison que vous n’auriez pas dû venir. »

Il obtiendra la réponse à ses questions, mais il se perdra en chemin… Tels furent ses propos.

« Si tu parlais clairement, au lieu de me faire de la poésie en javanais… »

Il secoua la tête lorsqu’il entendit un son derrière lui. Une espèce de plate-forme en cercle, qui semblait, à en témoigner par la présence de Melody en son centre, constituer un ascenseur. Elle était ceinte d’une tiare dorée et incarnait désormais de manière tangible la puissance divine. Soulagé de la voir, il alla rapidement s’installer à ses côtés.

« Adieu, Aria. » lâcha Woojin.

« Je vous souhaite bonne chance. » répondit-elle.

L’ascenseur continua de monter jusqu’à revenir au sommet de la structure, où les deux virent le couloir qui les avait accueillis. La porte qui s’était refermée était désormais grande ouverte.

« Je vous souhaite bonne chance. »

L’entrée du domaine d’Alandal n’était pas le seul endroit ciblé. C’était aussi la Terre qui l’était… Si la sécurité d’Alphène était désormais garantie, il allait lui falloir une sacrée dose de chance pour sauver la planète bleue.

« Je vous souhaite bonne chance. »

La rage du héros Immortel n’allait pas tarder à frapper les seigneurs dimensionnels.

« Je vous souhaite bonne chance. »

 


 

La situation dans la colonie de la montagne Sauros dégénéra rapidement, en tous cas sur le plan de l’humeur.

« D’après les éclaireurs, il y a au moins 100 000 unités qui nous font face. Il faut prendre une décision ! » aboya Graham.

« La décision a déjà été prise. Nous protégerons la colonie et l’arbre-monde. » s’opposa aussitôt Latasha.

« Mais, c’est impossible ! Ils sont beaucoup trop nombreux, les murs ne tiendront jamais. On ne peut même pas prévenir l’Immortel, qu’est-ce que tu veux protéger au juste ?! »

« À quoi nous servirait-il de courir ? Sans cette colonie, tout est perdu. » s’énerva le roi nain.

« À rester en vie. On pourra toujours trouver un autre plan. Nous avons déjà perdu d’autres bastions. » continua Graham.

« Si seulement l’Immortel était là… » fit Latasha.

Car sans lui, tous les avantages à posséder une colonie s’effondraient. Il était le seul à pouvoir diriger ses forces et les renforcer. Latasha se tourna vers l’arbre et s’effondra à genoux.

Mère…

Le Comte Jaemin, quant à lui, restait seul dans un coin à broyer du noir et ce ne fut qu’après un cri que l’assemblée lui porta une attention toute particulière.

« Oui, hyung ! Hein ? T’es déjà au courant ?! » s’excita-t-il en entrecoupant chacune de ses répliques.

Sa surprise fut telle qu’il énonça à haute voix toutes ses pensées, que son interlocuteur comprenait pourtant clairement. Il devint tout rouge, à la fois poussé par l’excitation et la honte, et fit une annonce quelques secondes plus tard, son calme récupéré.

« J’ai pu le contacter ! Il arrive ! »

« Ah, quand même, se rassura Sunggoo à son tour. Il nous a beaucoup inquiétés… »

Latasha poussa un soupir et entreprit de prier. L’Immortel avait tué son père, et pourtant elle ressentait de la joie à la simple idée de le revoir. Le destin lui jouait décidément de drôles de tours.

« Il va lui falloir à peu près une semaine pour revenir, à condition qu’il fasse vite. » ajouta Jaemin.

Quelques soupirs indignés et quelques rires désespérés venant à se faire entendre, Tauric décida d’intervenir.

« Ce n’est pas l’idéal, mais nous avons au moins un espoir. Il faut tenir une semaine, coûte que coûte. » dit-il.

Nostra
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18 thoughts on “SSN Chapitre 177

  1. Ca depend ca depasse !! je valide +1!!!

    « Je vous Souhaite bonne chance » …..X10 elle est beugué l’IA :,)

    Merci beaucoup pour ce chapitre qui lève le voile et ma permis de me payer une bonne tranche de rire ^^

  2. Et sur la planète jaku il a fait comment pour ouvrir son portail sans code?Je crois que l’auteur a utilisé du scénarium^^

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