J’étais assez occupé, mais voilà enfin le DNC du jour !
Bonne lecture à tous =)
Chapitre 298 : Les adieux des frères
L’Empereur Zhao Zhe était retranché au sein du palais impérial, tremblant de peur. S’il s’était attendu à une rétribution aussi brutale de la part de Diwu Qingrou… Sa Majesté était née dans un environnement aisé et on l’avait toujours protégé. Jamais de sa vie n’avait-il encore vu de tel massacre.
Le Premier ministre ne fit montre d’aucune espèce de pitié, pas même pour l’honneur du clan impérial. Peu lui importait d’avoir à tuer des milliers de personnes, qu’ils soient civils ou officiers. Quiconque lui tomberait entre les mains serait purement et simplement exécuté.
Les concubines de l’Empire furent rassemblées dans un coin. Elles étaient blêmes et tremblantes comme des feuilles, mais encore vierges de sang.
« Le premier ministre Diwu arrive ! » Cria un garde, dont l’épée était ensanglantée, à l’Empereur. Autant dire que les cloches de la mort commençaient à résonner…
« Diwu… Diwu Qingrou est là ?! » Répondit l’intéressé tandis que ses lèvres perdirent toute couleur. « Qu’est-ce qu’il vient faire ici ? »
Personne ne lui répondit jamais. Un silence pesant s’effondra dans tout le palais, à peine troublé par les sons des pas. C’étaient ceux du Premier ministre lui-même, qui arrivait parfaitement détendu, les mains confortablement jointes dans le dos et un sourire au visage.
Il ne portait qu’une robe de coton très ordinaire, comme pour montrer que toute cette situation n’avait aucune espèce d’emprise sur lui.
L’Empereur y vit cependant quelque chose de tout à fait différent. C’était un démon qu’il voyait s’avancer vers lui, sorti tout droit des enfers et exclusivement composé de sang. Les yeux légèrement révulsés, il luttait pour rester conscient.
« Très cher Empereur ! Dieu merci, vous êtes sain et sauf. » Ironisa Diwu Qingrou, encore que sa voix ne trahissait rien que la candeur.
« Sain et sauf… Vous aussi, vous l’êtes, Premier ministre… » Répondit-il en essayant de contrôler ses muscles faciaux pour ne pas trahir sa crainte. Il fallait, en dépit des circonstances, maintenir les aspects… Mais au final, il n’y parvint pas.
Diwu Qingrou lança un regard de côté, en l’occurrence à l’un des gardes, qui vint immédiatement lui apporter une chaise. Il s’y assit sans hâte, presque avec grâce.
« Votre Majesté… » Commença-t-il.
« Oui ? »
« Vous et moi, en d’autres termes, un régent et son ministre… Je crois que c’est le destin, qui nous a réunis. »
Diwu Qingrou soupira longuement avant de reprendre, un sourire au visage : « Au départ, j’étais sûr que nous allions bien nous entendre, comme l’auraient fait un régent et son ministre. J’ai pensé que nous parviendrions à travailler ensemble, avec le but commun d’unifier les terres en un seul domaine. Que nous nous tiendrions un jour au sommet du monde, et que tous se prosterneraient en respect. Voyez-vous, j’en suis capable. J’ai le courage pour diriger. Pourtant, vous ne m’avez jamais accordé votre confiance. Aujourd’hui… Peu importent les raisons qui ont motivé cette absence de confiance. Ma seule question est : tout cela en valait-il vraiment la peine ? »
« C’est… Tout est de Notre faute… » Répondit Zhao Zhe, les yeux baissés de honte.
« C’est votre merdier. Vous ne m’avez pas laissé d’autre choix que de trouver moi-même les opportunités pour gagner en pouvoir et en autorité. J’étais par contre loin d’imaginer que le chemin que j’avais entrepris m’amènerait à vous écraser. Il m’aura fallu quantités de batailles, de négociations et d’efforts inlassables pour me tenir ainsi devant vous. Et pourtant, il ne m’a fallu qu’un tout petit pas pour prendre le contrôle de toute l’armée et du gouvernement. Le destin est désormais scellé. Vous avez toujours été incapable de me contrôler… » Lâcha Diwu Qingrou avant d’observer une pause.
Toutes ces batailles tragiques lui revenaient en mémoire. Tous ces exploits militaires l’avaient amené là. L’Empereur avait même dû lui offrir des titres…
« J’ai mené des guerres sur tous les fronts. D’abord, je me suis occupé d’éradiquer totalement les dissidents. Ensuite, je me suis illustré comme un chef omnipotent auprès de la population. C’est moi qui ai tiré les ficelles de cette guerre, même aux yeux de Tie Longcheng. Tout ça pour acquérir des récompenses militaires… mais il s’est trompé sur mon compte. Ce n’est pas ça, que je voulais. Ce que j’ai toujours désiré par dessus tout, c’était le pouvoir absolu. Toutes les troupes du Grand Zhao, je les ai envoyées au champ de bataille à différents intervalles afin de me faire connaître des généraux et les convaincre de reconnaître mon autorité. C’est ainsi que j’ai régné sur l’armée. Car, à la vérité, vous ne m’auriez jamais donné ce pouvoir. J’ai dû le prendre. Le Nuage de Fer a souffert de nombreuses pertes en raison des pièges que j’y avais mis en place. De la même manière, nous avons essuyé de nombreuses pertes… et pour les mêmes raisons. Vous entendez ? C’est grâce à mon embuscade que nous avons essuyé autant de pertes. »
« Mais voyez-vous, continua-t-il, ces pertes vous étaient loyales. Je ne leur ai jamais fait confiance, puisque vous ne m’avez jamais fait confiance. Il fallait qu’elles disparaissent, car je ne pouvais me permettre de garder que les gens qui m’étaient parfaitement loyaux. Au final, le Nuage de Fer a tant souffert de la guerre que leur retraite s’avéra compliquée. J’ai alors arrêté le combat et suis revenu fort de nouveaux succès militaires. »
« Personne n’a compris pourquoi je concédais du terrain au Nuage de Fer. J’avais l’armée sous mon contrôle, mais pas encore de gouvernement. Il fallait que je rentre pour en constituer un que je pourrai entièrement digérer. C’était d’autant plus vrai que le clan des impérialistes avait étendu son influence dans toute la nation. Si j’avais détruit le Nuage de Fer, votre majesté, vous m’auriez immédiatement fait exécuter. »
« Alors, je ne pouvais pas faire une guerre totale. J’ai dû concéder un avantage formidable que nous avions réussi à obtenir… et forcer la retraite pour m’occuper de ces affaires. Je vous aurais offert un territoire enfin unifié si seulement vous m’aviez fait confiance. Mais… »
Diwu Qingrou soupira à nouveau et se leva.
« Vous avez trop attendu. Il est trop tard. L’armée détient un pouvoir suprême. Les soldats n’écouteront pas vos ordres, pas plus que les généraux. Vous n’avez plus que vos rats gratte-papiers pédants sur lesquels compter. Alors, comment allez-vous vous y prendre pour défaire le chef de cette nation ? Votre Majesté, n’est-ce pas une situation grotesque ? »
Zhao Zhe s’en tint au silence. Il devint pâle comme ses concubines.
« Il y a tant de choses que j’aurais souhaité vous dire… Tant de choses que je voulais partager avec vous, après toutes ces années. Mais à quoi bon, maintenant que nous nous tenons face à face ? Il ne sert même à rien de vous parler. Je ne sais même pas pourquoi j’ai entamé ce brin de conversation avec vous. J’en ai presque honte… C’était stupide. Ou peut-être ai-je cherché à vous démontrer mon pouvoir… » Conclut-il.
Diwu Qingrou s’éloigna tout à coup sans un mot de plus, ni plus qu’un regard envers l’Empereur.
« Condamnez cet endroit ! Personne n’en sort, personne n’y entre, et ce jusqu’à la fin de la guerre ! Si nous gagnons la guerre, sa Majesté pourra constater nos exploits avant d’être décapité. Si nous la perdons, décapitez-le immédiatement ! Nous finirons ensuite les neuf générations. » Ordonna-t-il d’une voix puissante.
Zhao Zhe entendit tout. Sa mort ne faisait désormais plus aucun doute, quel que soit le résultat de la guerre. Malgré le choc de cette nouvelle, un détail le troubla plus encore. Les impérialistes avaient toujours réclamé l’exécution des neuf générations, et c’était pourtant de Diwu Qingrou qu’émanait à présent cet ordre…
Enfin, la purge continuait dans le Grand Zhao. Il semblait même qu’elle allait durer encore un moment…
Et pendant ce temps arriva un autre ordre, à l’intention de Gu Duxing. Le clan le rappelait à lui. La veille de son départ, Chu Yang lui avait remis un sac plein d’objets, dont la plupart étaient destinés à Mo Qingwu. Ils se firent leurs adieux en se souhaitant le meilleur du monde avec une synchronisation absolument parfaite… Le regard lourd, le sabreur s’était soudainement mis en route.
Mon frère… Nous nous sommes rencontrés dans de terribles circonstances, mais tu m’as malgré tout aidé. Tu m’as offert de l’espoir et tu m’as aidé à progresser dans mon entraînement. Alors… je ne faillirai pas, Chu Yang. Jamais.
Telles furent ses pensées, mais il n’en dit rien. Chu Yang non plus, ne parvint pas à lui dire quoi que ce soit. Les adieux étaient toujours si maussades… Enfin, dans ce cas précis, leur chagrin était presque agréable. Ils savaient que leur prochaine rencontre ne pourrait se faire que dans les Trois Cieux Intermédiaires.
Le clan Mo lui-même y était très occupé. C’était un fait étonnant, la plupart des clans se préparant à la guerre sur le champ de bataille de Cang Lan, mais la cour intérieure de la maison Mo était aussi animée qu’un marché.
Mo Xingchen était dans son étude, occupé à discuter avec le Grand Ancien lorsqu’un servant vint lui annoncer que deux jeunes maîtres, du côté maternel, venaient d’arriver pour une visite.
« Comment ça, de jeunes maîtres du côté maternel ? » S’étonna Mo Xingchen.
« Oui, les maîtres Ji Zhu et Ji Mo. » Lui répondit le servant.
« Ah ! Guidez-les au salon et faites savoir à l’aîné des jeunes maîtres de bien vouloir aller les saluer. »
« Ji Zhu s’y trouve d’ores et déjà, il savoure son thé. En revanche, le second jeune maître du clan Ji est entré dans les quartiers afin d’y trouver la jeune demoiselle. »
« La jeune demoiselle ? Laquelle ? » S’étonna-t-il de plus belle.
« Eh bien, Xiao Wu. » Répondit le servant en s’inclinant, surtout afin d’éviter le regard de son maître.
« Xiao Wu ? Pourquoi est-ce que Ji Mo veut voir Xiao Wu ?! »
Justement, pendant ce temps-là dans les quartiers…
« Grand frère ! C’est toi, Ji Mo ! » S’exclama Mo Qingwu, excitée au point que sa voix résonne dans toute la cour. « Qu’est-ce qui t’amène ? Chu Yang est venu avec toi ? »
« Hmm… non. Frère Chu Yang n’est pas venu. » Avoua celui-ci.
Mais la tristesse qui vint se marquer sur son visage l’atteignit en plein cœur, aussi prit-il la petite dans ses bras et lui fit une confession.
« Chu Yang n’est peut-être pas venu, mais… il m’a chargé de te remettre des cadeaux ! »
« C’est vrai ?! Ils sont où ?! » Cria-t-elle, le sourire revenu.
« Alors, ils sont… Attends voir… »
Ji Mo s’arrêta tout à coup. Quelque chose le perturbait…
« Tu es tellement légère… Dieu du ciel, mais tu es devenue beaucoup trop maigre ! Comment est-ce possible ? Quelqu’un t’a fait du mal ?! » Explosa-t-il finalement.
« Non, ne t’énerve pas… personne ne m’a fait de mal. »
Mo Qingwu baissa les yeux un instant, semblant hésiter.
« Je ne veux plus habiter ici, grand frère. Tu peux m’emmener dans ta maison ? »
« C’est que… » Commença Ji Mo.
« Non, c’est hors de question. Xiao Wu, comment peux-tu oser parler de quitter ta maison ainsi ? » Lança celui que le maître du clan avait fait appeler.
« Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce qu’elle a ?! » L’interrogea Ji Mo, tout en la déposant.
« Second jeune maître Ji… C’est que… » commença l’expert de rang Roi. Il fit alors un signe à l’homme, l’invitant à le rejoindre afin de pouvoir discuter plus tranquillement.
« Ses trois méridiens Yin ont été brisés. » Lui chuchota-t-il.
Ji Mo en tomba des nues. Chu Yang ne lui avait rien dit, alors même qu’il avait rejoint le Pavillon de l’Armement Divin… C’était pour lui une totale découverte.
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