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Chapitre 134 – Camelot en danger (3)

 

 

— Appro…QUOI ?

Celle qui était debout devant moi n’était autre que la persona que je devais mater. JOC ! Putain, sale con ! Est-ce qu’il savait seulement ce qu’il avait fait ?! Il venait de me balancer dans une espèce d’arène à l’intérieur de mon esprit dans laquelle j’étais à armes égales avec un monstre de technique et d’efficacité, qui apparemment pouvait utiliser mes compétences !

Elle se mit à luire d’une étrange aura dorée. Je ne pouvais pas voir ce que l’Appropriation lui avait cédé mais j’imaginais que ça devait être quelque chose de bien ! Elle avait l’air de toujours savoir quand l’utiliser – sauf quand elle paniquait, comme elle me l’avait prouvé.

Si je l’utilisais à mon tour, je risquais, dans le pire des cas, de mourir. Je ne savais pas si mourir ici impacterait mon corps dans le monde réel mais il y avait fort à parier que c’était la chose à éviter à tout prix ! La persona m’attaquait et elle le faisait pour me blesser donc je supposai immédiatement que c’était le moyen que nous avions de réduire l’autre en esclavage pour de bon.

Je n’étais pas un personnage de roman ou de film. Il n’y avait pas moyen que je me dise « Je suis l’héroïne, je vais forcément gagner par un tour du destin. » Ce destin m’avait prouvé à plusieurs reprises que je pouvais moi aussi perdre et surtout perdre gros. J’étais une personne lambda et aucun scénario ne garantissait ma victoire inéluctable à la fin.

Il fallait que je fasse quelque chose. La persona se jeta sur moi à une telle vitesse… Je pus esquiver une mandale de justesse, du genre qui m’aurait peut-être décroché la tête – et je ne voulais pas tester si mon impression était fondée. Elle enchaîna rapidement, l’air concentré et sadique, pendant que je faisais de mon mieux pour esquiver et réfléchir.

Soudain me vint une idée.

— Entrave ! criai-je.

Elle ne m’avait sans doute jamais connue si rebelle. Tout ce que la persona savait de moi, c’était comment utiliser mes compétences. Elle ignorait ma façon de me battre, mes capacités favorites, celles que je pouvais utiliser plutôt que d’autres. En réalité, elle s’imaginait même sans doute que j’étais quelqu’un de lâche. Tout dans son comportement me le hurlait.

Et je n’étais pas lâche.

Loin de là !

Il en allait de ma survie, et plus qu’une vie, une âme, une servitude éternelle ! Il était parfaitement hors de question que je me laisse faire !

La persona s’immobilisa en plein milieu d’un coup de pied sauté que je n’aurais pas pu esquiver à temps.

— Rrhhh… grogna-t-elle dans sa paralysie presque parfaite.

Elle était figée dans le vide, tremblant et vibrant comme elle essayait de briser le sort. Et elle allait y arriver ! Que pouvais-je faire ? Étais-je simplement censée la tuer ? Il était étrange de frapper mon reflet parfait même si je savais qu’elle ne désirait que faire de même.

Je devais prendre une décision.

— Donc, je peux utiliser mes compétences ici. Il faut que je profite de son immobilisme pour en venir à bout pour de bon, en une seule frappe, décidai-je en la regardant droit dans les yeux.

— Bénédiction de force.

Un halo doré vint me recouvrir moi aussi, l’espace d’une seconde. Je sentis mes muscles déborder d’énergie.

— Je n’ai pas mes armilles de frappe…

Je n’avais pas mon sac, celui qui contenait toutes les affaires que j’avais l’habitude d’utiliser. Bien sûr, je me trouvais quelque part dans mon esprit et il fallait s’y attendre mais alors comment allais-je lui filer un coup qui la terrasserait pour de bon ?

Elle commençait déjà à bouger ses doigts, les ouvrant et les fermant en boucle, énervée et impatiente. Je pouvais lire la fureur et la frustration sur son visage immobile et tremblant. Non, décidément, il fallait que je fasse quelque chose. Et ce quelque chose ne pouvait pas être l’Appropriation. Trop dangereux, oui, trop dangereux.

Je me mis en tête de lui briser la nuque. Rien de tel qu’un cou cassé pour calmer des ardeurs, n’est-ce pas ? L’attrapant par derrière, une main sur la tête et l’autre sur la clavicule, je fermai les yeux pour ne pas avoir à observer au plus près son visage lorsque je lui retournerais la tête.

— Aah ! hurlai-je.

Dans un cri, mes bras, soutenus par ma force herculéenne, se replièrent et se croisèrent. Elle était toujours entravée et ne pouvait pas bouger seule. J’entendis un craquement sec qui me fit frissonner tandis qu’un éclair glacial me parcourut l’échine.

Une douleur aigüe également. Mon cou prit littéralement feu et l’espace d’une seconde, je ne vis qu’une explosion lumineuse. Quand je repris mes esprits, j’étais étendue au sol… Enfin, je flottais dans le vide, hébétée aux côtés de la persona dans le même état que moi.

La lueur dorée qui l’entourait précédemment s’était évanouie et sa tête avait adopté un angle étrange. L’espace d’une seconde, j’eus presque peur de la voir cracher une averse de noyaux de cerises.

Mais elle ne bougeait plus. Remarque, moi non plus ; je parvenais à peine à trembler en essayant de me remettre debout mais la douleur totalement inattendue m’avait choquée.

— Elle a réussi à me frapper en retour ? Salope… balbutiai-je en parvenant tout doucement à me redresser.

Je jetai un coup d’œil dans sa direction, finalement assez satisfaite que les évènements eurent pris cette tournure rapide. En définitive, la persona s’était laissée avoir par une de mes compétences les plus basiques. Elle qui calculait tout, elle le faisait sans doute… trop. Elle n’avait pas pu gérer l’éventualité d’un coup aussi simple.

— Ha… Ha ha ha ! Joc, tu as vu ça ?! hurlai-je, un sourire d’une oreille à l’autre et les mains sur les hanches. Bon, tu ne peux sans doute pas, mais tu as vu ça ?! Tu me prenais pour qui, hein ?

Derrière moi, un froissement fit frétiller mon oreille. Je me retournai d’un seul coup pour me retrouver face à la persona, debout et la tête à l’endroit. Son regard était empli d’une espèce de colère sans bornes et j’aurais pu jurer pouvoir voir la fumée sortir de ses oreilles.

— T… Tu es en vie ? lâchai-je parfaitement incrédule.

Était-ce comme dans les jeux vidéo ? Elle avait perdu une vie et en disposait toujours d’un certain nombre ? Non… Ce n’était pas possible.

— Toi ! aboya-t-elle sans cacher sa colère. Tu as osé !

Ben oui, j’avais osé. Elle s’attendait à quoi, honnêtement ?

— Tu vas crever, Wuying. Je ne te garderai même pas enfermée en moi. Tu vas disparaître !

Ah. Là, elle était vraiment tout sauf contente, en effet. Elle se jeta sur moi.

— Frappe brutale ! gueula-t-elle sans préavis.

Je n’eus même pas le temps de me demander pourquoi elle n’avait pas pris la peine de m’entraver avant, comme je l’avais fait avec elle. Je vis son poing arriver face à moi et mon nez n’eut qu’une fraction de seconde pour faire ses prières.

Une douleur immédiate, aussitôt évanouie. Un craquement et un bruit dégueulasse plus tard, c’était le néant. Ténèbres vertigineuses immédiatement suivies d’un sentiment familier : j’étais morte.

J’ouvris les yeux et alors que je m’attendais à me retrouver dans mon lit, j’eus la mauvaise surprise de constater que j’étais toujours dans ce monde tout noir, flottant en position allongée. Ainsi, on avait réellement plusieurs vies dans cet endroit ? Un peu engourdie, Je fis de mon mieux pour me relever avant que la persona ne revienne à la charge. En me levant sur un genou, je la vis, devant moi, le regard vide, hébétée. Un filet de bave coulait le long de son menton.

— Hein ? Elle va pas bien, ou quoi ?

Tout ce qui se passait ici était décidément et complètement décalé. Plusieurs vies, une pénalité quand on tuait son adv… Oh ! C’est moi qui étais à côté de la plaque ! Je lui avais brisé la nuque et en avais ressenti la douleur ! Elle m’avait explosé la tronche et peu habituée à mourir, elle n’avait sans doute pas supporté la douleur !

— Ça va poser problème… Il faut tuer son adversaire en supportant la douleur ? Combien de fois ? Combien de vies avons-nous ?

Avant qu’elle ne puisse reprendre ses esprits, je décidai que je ne pouvais pas perdre mon avance. Elle ne se laisserait pas avoir deux fois pas l’entrave et face à face, je n’avais aucune chance de la tuer la première. Me jetant en avant, je lui brisai la nuque une fois de plus, serrant les dents alors que m’assaillait une douleur vive et électrique. La tâche était bien plus compliquée qu’avant : je ne voulais pas lancer de bénédiction de force, mon mana pouvant être utile plus tard dans un cas d’urgence.

— Haa… Haaa…

Rien que supporter le retour de douleur m’essoufflait et me faisait pleurer. Je me mis à espérer que le nombre de vies dont elle disposait allait rapidement s’amenuiser. Je regardai son corps inerte tomber et ne la quittai pas des yeux, cette fois. Sa tête allait-elle se remettre à l’endroit toute seule ? Et si je la décapitais, que je gardais sa tête avec moi, loin de son corps… Non, elle m’avait littéralement détruit le visage… Sa tête repousserait ou réapparaîtrait sans aucun doute.

Elle trembla et comme je le pensais, sa tête pivota pour prendre un angle normal, comme un mannequin de caoutchouc retrouvant naturellement sa forme. Elle ouvrit les yeux en grand, en état de choc. Hah. Elle n’était vraiment pas encore habituée au retour de l’au-delà, hein ?

Une illumination. Un éclair de génie me traversa l’esprit.

Avant qu’elle reprenne ses esprits et qu’elle se relève, je pouvais la tuer encore. Alors… J’allais très certainement le sentir passer d’une manière des plus désagréables, mais ça n’allait durer qu’un temps. Il valait mieux s’automutiler que passer une éternité en captivité, ou pire, mourir pour de bon.

Je levai la jambe et fermai les yeux en grimaçant. Dans un mouvement brutal, j’abattis mon talon sur son cou tendre et fragile. Avant qu’elle ne réagisse, avant même que je puisse rouvrir les yeux, mon monde vacilla. Je fus prise d’un vertige et d’une douleur atroce, largement au-delà de tout ce à quoi je m’attendais. Je compris qu’en plus de sa gorge, trachée et tout le tralala, j’avais écrasé ses cervicales.

Je le compris mais la douleur n’en était pas moins intolérable. Je faillis perdre connaissance, pour tout dire.

Mais j’avais de l’avance, désormais. Je ne pouvais pas savoir de combien de vies on disposait dans ce jeu morbide mais il fallait que j’en voie le bout. Je n’avais pas le choix.

Je savais supporter la mort. La persona, non. C’était sans doute mon seul et unique avantage sur elle et il fallait que j’en profite pour la tuer un maximum de fois avant qu’elle ne s’adapte ; parce qu’il ne faisait aucun doute qu’elle allait finir par s’adapter.

Je secouai la tête. Mourir et revenir à la vie, d’accord. Supporter la douleur, ok. Mais en chaîne ?

Je commençai à comprendre où Joc voulait en venir quand il parlait de soumission.

C’était un combat de volonté.

Et quand celle de la persona allait surpasser la mienne, je perdrais mon avance. Il fallait que je supporte un nombre de morts – et autant de souffrances – le plus important possible avant que ça arrive.

En espérant que le nombre de vies ne soit pas… trop important.

Raka
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5 thoughts on “DMS : Chaptre 134

  1. Moi perso j’aurai essayé de l’attaquer mentalement. Elle a l’air de commettre beaucoup d’erreurs une fois déstabilisé mentalement et de l’être assez facilement. sa aurai été fun a voir.

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